Sunday, December 25, 2011
La Tripartite en 2010, en 2011, en 2012, en 2013 et en 2014
Tuesday, December 13, 2011
Cargolux, l'épilogue.
Les aventures hasardeuses de Cargolux se terminent donc en deux drames personnels: Ulrich Ogiermann ancien CEO et toujours conseiller (?) auprès de Cargolux, et Robert Van de Weg ont plaidé coupable d'avoir violé les lois sur la concurrence des Etats-Unis. La US District Court à Palm Beach en Floride a en fait négocié un aveu de culpabilité contre une réduction de peine: 13 mois de prison et $20,000 d'amende.
La bonne nouvelle est que c'est peu par rapport au risque encouru initialement. Leur avocat vaut sans doute ses honoraires, car il a fait une transaction intelligente. Il y a en effet 21 co-accusés, qui auraient pu faire ce même arrangement.
Mais les deux ne sont sans doute pas au bout de leur peine. Un tel arrangement ou "plea agreement" généralement a deux composantes: un aveu de culpabilité avec condamnation négociée et surtout aussi l'obligation de coopérer avec la justice pour fournir la preuve de la culpabilité des autres inculpés. Ce qui n'est pas toujours confortable, sauf s'ils sont très gentils et comprennent la situation de leurs anciens copains.
Ce chapitre coûteux est donc pratiquement clos. Le nouveau chapitre, le tango avec Qatar Airlines est en plein développement. Qui mènera la danse? Je parie sur Qatar Airlines. Ils n'avaient aucun vol cargo vers l'Amérique du Nord. En un clin d'œil ils ont ouvert Toronto, Houston, Atlanta et Chicago. Ils suivent donc les traces de Cargolux, ou bien dansent sur ses plates-bandes. Cela, c'est une affaire d'appréciation. On me dit que l'un des importants contrats de fret a été décroché par QA, moins cher de 30% que la concurrence dont Cargolux. Si c'est vrai, l'on ne saura les accuser de collusion avec Cargolux sur une entente des prix.
Prochain épisode judiciaire américain pour une société luxembourgeoise: Clearstream et l'argent des ayatollahs.
Wednesday, November 30, 2011
Et pourquoi pas une petite partie de tripartite?
Bon vieux temps, 1960. Brochure publiée par le "Luxembourg Board of Industrial Development". Lorsque le Luxembourg était encore capable d'attirer des industries manufacturières ...
La tripartite luxembourgeoise fonctionnait à merveille comme remède à la crise historique de l'acier de 1975. Elle fournissait un contexte pour un effort de solidarité nationale et des solutions créatives comme la DAC, Division Anticrise, qui occupait des milliers de personnes à des travaux d'utilité publique. Sans ces mesures, le chômage qui n'existait virtuellement pas en 1975, serait passé de 0 à des milliers de chômeurs, chose inadmissible psychologiquement à l'époque.
Cette tripartite était un joli triangle équilatéral qui avait pour sommet le gouvernement et à sa base le patronat et les syndicats. 35 ans plus tard, il faut se rendre à l'évidence que la tripartite de bon papa n'existe plus sous forme de triangle équilatéral, qui donnait le même poids aux trois participants. Il faudra bel et bien trouver des mécanismes d'adaptation, pour sortir du déséquilibre des forces et du blocage résultant. Car il faut réaliser qu'au bout de 35 ans, le centre de gravité s'est déplacé en faveur du patronat, avec l'approbation du gouvernement, Ministre de l'Economie inclus.
L'indexation automatique des salaires, clé de voûte de la tripartite, était destinée à préserver le pouvoir d'achat des salariés. C'était un dispositif de pilotage automatique, qui assurait donc aussi une vie paisible aux représentants des partenaires sociaux, bref la paix sociale. L'indexation automatique a été pervertie cependant par la suite. Au fil des années elle a procuré au salariat une participation somme toute limitée à la manne des années de vaches grasses par son effet de freinage, limitant la vitesse de croissance des salaires à des petits pas de 2,5% aux échéances des tranches indiciaires. Elle est par contre dégradée en un arrangement vieillot qu'on a pris l'habitude de suspendre en temps de crise, avec l'effet net de diminuer le pouvoir d'achat des salariés, du moins par rapport au panier de base des accords.
La parole du jour est la compétitivité ou plutôt sa perte, avec comme conséquence, logique dit-on, le nécessaire plafonnage des salaires, ou mieux leur diminution en termes réels. L'indexation a donc cessé de servir les intérêts des preneurs d'emploi: c'est devenu un sens unique. La suspension de la prochaine tranche indiciaire est déjà programmée. En ce cas, il faudra bel et bien adapter la tripartite à la nouvelle donne.
Pour le patronat, la Terre est plate
L' Union Européenne d'abord, la globalisation ensuite ont facilité l'accès aux marchés. L'industrie luxembourgeoise, notamment l'acier, en a profité jusqu'au retour de manivelle: les producteurs émergeants de l'acier ont inondé la même terre plate avec des produits moins chers. Les services financiers, surtout basés sur la niche souveraine de l'imposition, se voient la cible des assauts des gouvernements étrangers et des régulateurs européens, jusqu'à ce que l'avantage fiscal s'érode.
Si l'environnement fiscal se dégradait, les services financiers iraient ailleurs. L'industrie par contre disait la sagesse universellement admise, est clouée au sol par le poids de ses investissements immobilisés. Ce n'est plus vrai à l'heure d'un Mittal, Good Year , Villeroy Boch et Dupont: une ligne de production est aisément transférée à l'intérieur du groupe sous des cieux plus cléments. Il en va de même des services locaux et l'artisanat. Pas de délocalisation, certes, mais une concurrence accrue des régions limitrophes dans la grande région.
Combinée au chiffre sous-estimé de 15,000 chômeurs, cette menace permanente de délocalisation est une situation d'otage de fait et le gouvernement souffre du syndrome de Stockholm, cette réaction psychologique qui fait sympathiser l'otage avec le preneur d'otage. Encore qu'en ce cas-ci, le preneur d'otage est lui-même otage et ne fait qu'obéir aux lois de la Terre plate, qui déterminent la viabilité d'une entreprise.
Le Gouvernement du syndrome de Stockholm
On comprendra que la première réaction du gouvernement dans ces circonstances soit la sympathie pour la cause des employeurs. La photo instantanée de l'économie luxembourgeoise n'est pas bonne en ces temps de crise. Les conséquences pour le gouvernement sont des revenus en déclin, un chômage qui augmente, une productivité qui diminue et une pression continue de l'étranger pour éradiquer les niches souveraines de prospérité. Il est clair que la réaction superficielle est d'en conclure de geler l'index.
Il en est de même avec la négligence bénigne avec laquelle on affronte l'armée des chômeurs, comme une fatalité. Or c'est un drain sur la capacité du pays de bien survivre la tempête parfaite qui est en train de se former autour de la danse infernale de l'Euro. Force est de constater que les numéros un et deux de notre gouvernement pensent qu'ils sont élus, l'un pour sauver la Grèce et un Euro moribond, l'autre pour sauver le monde avec l'ambition de faire siéger le Luxembourg au Conseil de Sécurité de l'ONU. Ils ne sont pas disponibles pendant que notre toit est en feu. Bon nombre d'électeurs ne comprennent pas cet acharnement de poursuivre des ambitions personnelles, qu'il est difficile de concilier avec l'intérêt national. Au contraire, beaucoup voient le danger que tous deux, et à travers eux le Luxembourg, se retrouvent en position de bouc émissaire, si les choses vont mal.
Pendant ce temps-là, la question de l'index suppure depuis plus d'un an. Il y a 15.000 chômeurs et la pauvreté enlaidit le Pays de Cocagne. Le devoir à domicile ne s'arrête pas là. La dépendance de l'économie nationale sur le centre financier est effrayante. Le développement industriel stagne. Aucune industrie n'est venue s'installer au Luxembourg depuis de nombreuses années. La bureaucratie est un frein, les obstacles administratifs sont décourageants, sans oublier que le système judiciaire, aux moyens anémiques pour un centre financier mondial, n'est pas en mesure de délivrer justice dans des délais raisonnables, élément non négligeable pour former un cadre économique performant. Dans ce contexte, se borner à designer l'index comme source du mal, montre bien qu'on a fait l'impasse sur le devoir à domicile.
Syndicalistes somnolents: la lutte syndicale est un long fleuve tranquille
Cette contradiction entre lutte et tranquillité me fait penser au syndicalisme d'antan, où un bon coup de gueule était OK. Nous avons une nouvelle génération de syndicalistes fonctionnarisés qui sont aussi conseillers communaux, députés, bref cumulards. Le même syndrome de Stockholm se produit chez eux. D'où la prédilection pour des solutions calmes et feutrées qui conviennent pour des héros de la paix sociale: nous parlons de tripartite et surtout de l'indexation des salaires. Finalement cette indexation a fini par devenir un marché de dupes: c'est le plafonnement quand tout va bien, le désembrayage quand cela va mal. Cette automatisation n'est pas la lutte, c'est la promenade pépère et nonchalante au bord du long fleuve tranquille. L' indexation a fini d'être une solution.
Maintenant que le réveil sonne et que l'urgence est là, les syndicats sont pratiquement devant un fait accompli annoncé par certains ministres: la tranche d'index sera retardée. C'est sans doute le moment pour les syndicats de vendre cher la flexibilité à répétition qui leur est demandée, et de s'adapter au nouveau paradigme. Car enfin, à quoi sert une indexation automatique qui aux moments de crise met les syndicats sous pression et les fait reculer. C'est la lutte syndicale à l'envers.
La nouvelle ligne syndicale pourrait très bien abandonner l'automatisme des tranches indiciaires qui ne fonctionne plus correctement, pour retourner forcément à des négociations salariales annuelles ou bisannuelles, où l'index sert de fil conducteur sans négliger d'autres aspects comme la sécurité sociale, l'éducation qui entreront dans un paquet d'accords. C'est un modèle certes moins commode, mais plus participatif, plus engagé et plus transparent, car la performance des entreprises, visible, entrera dans l'équation. En cas de difficulté, chaque partenaire serait un artisan de son bonheur ou malheur.
Un changement de paradigme crée une chance de sortie du blocage actuel, rend le triangle de nouveau équilatéral et permettra une vraie négociation entre partenaires tripartites, avec des propositions et des contre-propositions. Bref: une voie qui n'est pas un sens unique. Les luxembourgeois finiront par être ce qu'ils ont toujours été: des gens raisonnables.
Mais attention: pour cet avenir là, les syndicats devront disposer d'une cagnotte pour leur permettre de dire non, action syndicale à l'appui. Mais cela n'est pas très luxembourgeois.
Thursday, November 10, 2011
Appel du 11 Novembre 2011.
Embargo jusqu'au 11.11.2011 à 11:11 h.
C’est official: ma candidature comme Ministre de l’Economie :
http://peckvillchen.blogspot.com/2011/11/meng-kandidatur-fir-wiertschaftsministe.html
Sunday, October 30, 2011
QUAND L'EPOUSE DE CARGOLUX S'ETEND
Je viens juste d'avoir tante Léontine au bigophone. Elle m'a fait: "Non mais t'as pas vu Cargolux sur Papierjamme! V'là-ti pas qu'ils effeuillent tous la marguerite. Fini le vacarme. Quand je pense à la nouba ratée, le caviar jeté, juste pour trainer les pattes avec les nouveaux Zeppelins, parce que le stude Bakr a fait des siens.
Maintenant, j'ai la larme à l'œil de voir tout le monde se rabichonner. Allez fieu, ne sois pas comme-ça. Viens chanter victoire avec tantine!"
J'ai fait alors: " mais Léontine, matante, l'addition n'était pas juste cause, le bleu tire les ficelles, dit que le marchand de Zeppelins refile de la camelote et d'autres sottises. Les comitards anciens en ont pris plein les babines avec lui. Il a même balancé que les comitards étaient de la vraie bleusaille, qu'ils ont le comprenoir bouché, et qu'ils auraient dû faire du brouhaha à mort beaucoup plus tôt!"
Tante Léontine peut être raseuse des fois! Elle a lancé le potin que Cargolux a pistonné le bleu et lui a donné carte blanche pour le laisser chaparder quelques fidèles en Amérique profonde, Atlanta, Houston, Chicago et Toronto. "(1) Chez Cargolux les mecs ont du cœur!" a-t-elle fait.
J'ai bondi: "Allo, allo, Léontine? Ce que tu déballes là, me fait dresser les oreilles. J'ai fait sonner à la garde. Il faut prendre Cargolux sous ton aile. J'ai la pétoche car je renifle la combinaise. Mais dis-moi donc que ce n'est pas vrai! La guerre des prix en famille?"
(1) http://www.qatarairways.com/qa/en/press-release.page?pr_id=pressrelease_pressrelease_20111009b
Wednesday, October 26, 2011
Frank et Andy Schleck savent (se) rouler (par terre).
Tuesday, October 11, 2011
Au Stade National de Livange: Le Luxembourg bat le FOI 5-0
"Trois personnes peuvent garder un secret, si deux d 'entre elles sont mortes" (Benjamin Franklin)
Thursday, October 6, 2011
Saturday, October 1, 2011
Les dernières décisions de Cargolux, tout frais de la bouche de ...... l'actionnaire minoritaire.
Wednesday, September 28, 2011
Luxembourg, Cargolux: "You name it, we did it!"
Update 1
marche devant
un éléphant vert
marche derrière
trois éléphants bleus
marchent au milieu
enfants d'éléphants
marchez bien en rang
ran plan plan
Wednesday, September 21, 2011
Luxembourg Sondages: Tous les Luxembourgeois sont-ils des Anarchistes?
Monday, September 19, 2011
Luxembourg: Cargolux fait boing, boing sur le Boeing.
Saturday, August 20, 2011
Cargolux et Qatar Airlines III: Un Pruneau en pleine Poire.
Faut pas prendre les paroissiens pour des pives!
Ma tante Léontine vient de me donner un coup de bigo: Cargolux a rebiffé. Le shérif canadien qui vraiment a bouffé du lion, a envoyé ses archers. Il doit y avoir du mouchard. Tous ceux de la paroisse se sont fait agrafer. Voici ce qu'elle a berluqué dans le canard, en Angliche (1):
Under the terms of the settlement agreements, the Settling Defendants have agreed to pay the following for the benefit of the settlement class in exchange for a full release of the Canadian Proceedings against them and their related entities:
-- SAS has agreed to pay Cdn $300,000
-- Qantas has agreed to pay Cdn $237,000
-- Cargolux has agreed to pay Cdn $1,800,000
-- SQ has agreed to make a contribution of Cdn $800,000 towards a settlement fund and a contribution of Cdn $250,000 in respect of notice and administration expenses, representing a total payment of Cdn $1,050,000. (Add Cdn$2,5 million for Cargolux in fines by the Cdn Government, annotation)
Le shériff dit d'aller s'acheter une conduite. Le tout coûte un bras: 5 briques en bolivars. Envie de faire le jaja au Canada! Si tu ne veux pas sauter ce sursis, la canadienne désormais est une riflarde. Tout cela arrive juste au moment où il faut allonger à tout berzingue pour l'ardoise du nouveau Zeppelin. Faut que le nabab Qatari amène toute sa ferraille sur son bossmar et délie bourse pour ce zinc.
Monday, August 15, 2011
Sunday, August 14, 2011
La Maison du Luxembourg à New York
En juillet a eu lieu au Consulat Général du Grand-duché de Luxembourg à New York la signature d'un ouvrage intitulé " The Luxembourg House on Beekman Place"(1). L’ouvrage dont les trois auteurs sont Debra Pickrel, Pamela Hanlon et Marianne Matthews et dont la directrice de production était Laurence Pierron du Consulat du Luxembourg, a gagné un prestigieux Prix d’Excellence APEX 2011 en Communication Professionnelle. Des membres de la famille de l’ancien propriétaire, avec qui j’ai croisé chemins il y a vingt ans, étaient présents. Occasion de revisiter mes mémoires :
Une « Luxembourg House » à la 48e Street à New York ?
Avant d'embarquer ma famille sur un vol Icelandair pour New York le 17 octobre 1989 pour y exercer les fonctions de Consul Général, le Ministre des Affaires Etrangères Jacques F. Poos, m'avait éclairé sur un projet en cours. Le gouvernement avait l'intention d'acquérir un immeuble à New York pour y abriter le Consulat Général du Luxembourg, le Comité de Développement Economique, la Mission Permanente auprès des Nations Unies et l'Office du Tourisme. Il n'était pas trop enchanté d'un objet qui lui avait été présenté, n'étant pas convaincu qu’il projetterait convenablement l'image du Luxembourg. L'immeuble sis au 211, 48e Street avec un "town house" adjacent avait été présenté par mon prédécesseur, dont l’épouse connaissait bien l'immobilier, étant elle-même agent. La gloire du bâtiment principal était son architecte Moderniste, William Lescaze (2). La négociation tournait autour d'un prix de $4,8 millions. Ce genre de maison est le seul qu’il est possible d’acquérir à New York, les immeubles commerciaux y sont généralement destinés à la location uniquement.
Le hasard m’a amené un jeune agent immobilier, Eric Bernstein. Il m'a montré ce qu'il pensait être 3 objets possibles de maisons de ville dans un rayon raisonnable autour des Nations Unies. Elles avaient toutes, comme le 211, 48e Street ce défaut majeur des "town houses" de New York,qui est que les deux seules façades exposées sont la largeur (le plus souvent très étroite) du bâtiment, faisant de l'intérieur un tunnel sombre d'une trentaine de mètres de longueur. J'ai montré à mon tour à l’agent les trois rares immeubles, qui à première vue n'avaient pas ce problème, deux se trouvant sur Beekman Place et un sur Sutton Place, tous en bout de bloc avec 3 façades. Le lendemain le brave agent pensait avoir une bonne nouvelle en m'annonçant le décèsà l’âge de 101 ans du propriétaire de l'un de ces 3 immeubles, le 17 Beekman Place. La propriété était à vendre pour $8,2 millions. Ce chiffre-là semblait désespérément élevé. En plus, la constitution luxembourgeoise comportait un article qui plafonnait le prix d’achat d’un bien immobilier que le gouvernement pouvait acquérir, à FLux 200 millions, à l'époque l'équivalent de $5.6 millions. Au-delà le gouvernement devait demander l’approbation du législateur, une procédure qui aurait été trop longue et même incertaine.
(1) La Maison du Luxembourg, 17 Beekman Place, NY(En haut) et le 211, 48th Street, NY(En bas) (2)
I’m Dreaming of a White Christmas.
Les chances d’acquérir cette maison semblaient être nulles. Mais qu'elle était grande, lumineuse et belle! Puis il y avait ce curieux hasard, que c’était la demeure d’une grande célébrité, Irving Berlin, auteur non seulement de « God Bless America » et de « I’m Dreaming of a White Christmas », mais aussi du musical « Call Me Madam » qui relate le fait historique de la nomination par le Président Truman de la première femme, Madame Perle Mesta, comme Ambassadeur à Luxembourg. (Le Luxembourg, dit l’histoire dans « Call me Madam », est en faillite. Il voudrait un emprunt de $10 millions des Etats-Unis pour le mariage d’une Princesse, mais Perle Mesta devra dire non. Elle arrive, rencontre le Ministre des Affaires Etrangères, bel homme, curieusement portant un uniforme militaire, et elle ne sait plus dire non à rien du tout!). Quelle belle revanche luxembourgeoise ce serait que de se payer cash l’endroit où cette médisance devenue succès hollywoodien était écrite !
Une Bataille de Cannes.
Mais la conquête de cette belle, construite en 1932 par une autre célébrité, James Forrestal, Ministre de la Défense, allait forcément devenir une difficile Bataille de Cannes, la bataille classique par lignes intérieures. (Hannibal, Deuxième Guerre punique). Il fallait confronter les problèmes l'un après l'autre:
- produire une bonne affaire au gouvernement, mais pour moins de $8,2 millions
- éviter les complications de la limite constitutionnelle, donc diminuer le prix jusqu'à $5,6 millions
- convaincre le vendeur de réduire son prix de $2.6 millions, c.à.d. 32% ! Un fol espoir.
- se préparer à voir un lobby de la 48e rue pousser sa solution comme la seule réaliste.
- convaincre la Communauté luxembourgeoise de New York de supporter l'achat de ce bijou.
Une expertise de la maison ne donnait pas de levier du tout pour négocier. En effet, l'expertise revenait au même chiffre de $8,2 millions demandé par le vendeur. C’était donc un prix réaliste. Le seul levier qui restait était notre limite constitutionnelle. J'avançais donc le chiffre de $5,6 millions à JP Morgan, le »trustee» chargé de la vente. La famille n'allait même pas se déranger pour nous parler. Entretemps la Communauté luxembourgeoise commençait à trouver l'idée d'acquérir la villa d'Irving Berlin bien séduisante. La Grande-duchesse Joséphine-Charlotte, qui de passage à New York y a jeté un coup d'œil, trouvait la maison merveilleuse et disait, "vous savez Colonel que Perle Mesta était à mon mariage!" Ah, voilà un argument ! Voilà un pan de la Bataille de Cannes tombé !
Mais le Colonel bataillait sur les 4 autres positions contre un ennemi supérieur en nombre de millions de dollars. Une deuxième tentative, pour démontrer notre intérêt continu était du moins amusante. Je proposais le chiffre de Flux 200 millions à JP Morgan en expliquant que cela ne signifiait pas du tout que l'on dénigrerait la valeur de l'objet. Au contraire cela documenterait plutôt que nous voulions ardemment acquérir cette propriété, mais que hélas, notre constitution y faisait obstacle et requérait une loi, opération longue et aléatoire. Le vendeur trouvait qu’il pouvait bien attendre une loi et insistait sur le prix plein. Dans la bataille de Cannes, cette deuxième position semblait impossible à conquérir. Cela donnait une nouvelle vigueur au lobby de la 48e rue. Le projet 17 Beekman ne pouvait rester viable qu’en faisant tomber la résistance du vendeur sur le prix, c.à.d. l’amener à abandonner $2,6 millions de son prix de vente. Il fallait ébranler sa confiance de voir un jour un meilleur acheteur, bref le convaincre qu’il valait mieux le moineau dans la main que la colombe sur le toit.
Pour cela, il fallait cesser les communications avec le vendeur. Le marché immobilier newyorkais était faible. Notre offre rejetée avait cependant un attrait qui plaisait forcément au « trustee » banquier : c’était du cash. En jouant ainsi sur le temps et les nerfs, le risque était grand qu’une organisation patriotique n’achète l’immeuble pour des raisons historiques et émotionnelles autour d’un concept de musée « God bless America », hymne national américain numéro deux. Sur l’autre front, le lobby 48 a saisi l’incertitude pour soumettre sa proposition au Conseil du Gouvernement. Je l’ai appris un jeudi soir et j’ai mis mon réveil à 2 heures du matin, ce qui est vendredi 8 heures du matin à Luxembourg pour appeler le Secrétaire d’Etat de l’époque, Robert Goebbels, lui demandant s’il pouvait suspendre ce point de l’ordre du jour. Son répit a sans doute sauvé l’issue de cette Bataille de Cannes.
Une splendide ouverture s’offrait tout d’un coup : la sœur du Shah d’Iran mettait en vente sa propriété au 31 Beekman Place pour $7,2 millions. (Aujourd’hui la chancellerie du Consulat de Tunisie). Une visite a convaincu notre agent que nous allions abandonner le 17 Beekman Place, devenu mission impossible, pour saisir cette nouvelle opportunité. Allait-il rapporter son opinion au trustee, JP Morgan ?
Pour quelques dollars de moins.
Deux jours plus tard, JP Morgan rappelait avec la question, comment pourrait-on garantir que Flux 200 millions serait l’équivalent de $5,6 millions ? Je suis resté incrédule pour un moment, voyant l’implication que le vendeur était prêt à céder. Une heure plus tard, c’était chose faite.
J’ai reçu l’approbation du gouvernement et le pouvoir de signature, le taux du dollar serait le taux du fixing de Bruxelles le lundi 11:00 heures et le Trésor allait s’assurer ce montant. Chose faite ? Non, pas si vite, pas tout de suite.
Le Ministre des Affaires Etrangères, quoique n’étant sous aucune obligation se sentait plus confortable s’il demandait quand même un vote au sein de la Commission des Affaires Etrangères de la Chambre. Cela coinçait, mais ça passait. Le coup d’adrénaline venait d’Yves Mersch, Directeur du Trésor à l’époque, qui me faisait savoir que le lundi à 11 :00 heures le Trésor n’avait pas acheté du dollar. Par chance, le dollar descendait le lendemain, nous épargnant l’embarras de ne pas tenir promesse. Et ce jour-là, la Bataille de Cannes était gagnée, les autres fronts collapsant tous en même temps. La finalisation de la transaction comprenait, détail important, la reprise du système d’alarme et de l’assurance incendie/tous-risques existante. La bureaucratie luxembourgeoise a protesté, me faisant la remontrance que l’Etat était son propre assureur, et que c’était donc une dépense injustifiée.
Call me Smokey
Les travaux de rénovation valent certes un musical, mais je ne retiendrais que l’incident qui par réduction à l’absurde, invalidait la remontrance mentionnée: vers la fin des travaux, l’alarme a sonné, il y eut un incendie qui a détruit l’ancienne bibliothèque d’Irving Berlin. La fumée avait envahi toute la maison. Au total, les dégâts se situaient au-delà de $ 500.000. Le New York Post couvrait l’incendie avec le titre « Call Me Smokey ». Les pompiers de New York ont enquêté, mais la cause est restée incertaine. L’assurance tellement contestée auparavant, a payé rubis sur ongle. Et si personne ne l’a annulée après mon départ, elle est encore en vigueur aujourd’hui.
Une belle victoire mérite une belle parade : je prenais l’initiative de créer le « Luxembourg Business Journal » en 1990 et la « Luxembourg American Chamber of Commerce en 1991 » pour y faire défiler nos messages de promotion du Luxembourg. Le support de la communauté luxembourgeoise et du monde des affaires était immédiate. Le tout fut couronné par une campagne de relations publiques sous le thème : « We may be small, but we don’t think that way ! », à l’occasion de notre présidence de l’Union Européenne en 1991. On me dit que le Luxembourg House vaudrait aujourd’hui de 7 à 10 fois son prix d’achat. Comme disait Pierre Werner : « quand c’est un succès, personne ne regarde le prix ».
(2) http://djhuppatz.blogspot.com/2008/11/william-lescaze-house.html
Saturday, August 13, 2011
L'essentiel: L'indépendance de la CSSF mise en doute
Friday, July 22, 2011
Cargolux et Qatar Airlines II Quand OGBL et LCGB s'en mêlent.
Frères Schleck, Tour de France, 19e etape, 22 juillet 2011
L'indispensable page culturelle et sportive. Tous ensemble!
Frères Schlek-ke,
Frères Schlek-ke,
Dormez-vous?
Dormez-vous?
Sonnez Thomas Voeckler,
Sonnez Cadel Evans!
Conta dort,
Conta dort.
Thursday, June 23, 2011
Cargolux: la Catharsis par les Qataris
Les députés et les syndicats luxembourgeois se sont émus des nouvelles de la restructuration de l'actionnariat de Cargolux, désormais liée à Qatar Airlines: c'est une vraie catharsis, qui dans le drame grec classique est l'extériorisation de traumatismes vécus.
Car Cargolux a connu des traumatismes, le dernier étant sa valorisation minimale à $350 millions. Cargolux est un fleuron de la diversification économique à la luxembourgeoise. Créée par des entrepreneurs étrangers, la famille Salén de Suède et l'islandaise Loftleidir au début des années 1970, Cargolux a trouvé un terrain fertile au Luxembourg. La société a su conquérir un espace respectable dans le domaine du fret aérien, où la concurrence est redoutable (à moins de s'arranger entre concurrents) et les prévisions sont souvent aléatoires.
Les Luxembourgeois y voyaient une fière réincarnation du Feierwon, et l'Etat luxembourgeois n'a pas lésiné avec son support, les intérêts nationaux se confondant souvent avec les intérêts de cette société privée. Ainsi je me rappelle d'un fait assez extraordinaire, la signature d'un accord aérien lors de la visite d'Etat en Chine en 1979, accord qui profitait en fait uniquement à Cargolux. Le symbolisme allait jusque dans les détails de la cérémonie de signature, qui se passait dans la salle "Province de Taiwan" dans le Palais des Peuples à Pékin. Fait exceptionnel: Cargolux, active à Taiwan, avait même les droits pour des vols directs entre Taiwan et la Chine. Voilà pour les attentions dont bénéficiait la société qui n'avait pas encore 10 ans à l'époque. En 40 ans elle a su ainsi grandir en desservant près d'une centaine de destinations dans tous les continents, elle a su innover comme par exemple avec le logiciel logistique CHAMP, ou forger des alliances avec une attitude proactive: "You name it, we fly it!"
Braderie?
Mais que donc s'est-il passé que ce fleuron de l'économie luxembourgeoise, qui opère 16 Boeings 747 ne vaut que $350 millions, le prix d'un Boeing? Car c'est cette valorisation là que la participation de Qatar Airlines a déterminée, en mettant la valeur de 35% de la société à $117,5 millions.
La valorisation d'une société est certes difficile. Elle dépend surtout de celui qui la contemple. Selon la méthode utilisée, les chiffres varieront significativement. Selon les revenus récents, Qatar Airlines a probablement fait une bonne affaire, selon la valeur créée, le prix est de loin trop bas et selon le marché (les autres acheteurs potentiels), certainement aussi. Au moins une autre partie intéressée, la Yangtze River Express, aurait avancé le chiffre de $175 millions pour la même participation, mettant la valeur de Cargolux à 50% au-dessus de la valeur concédée par Qatar. Ce chiffre là était certainement encore négociable vers le haut! Mais la nouvelle a été faiblement démentie, non pas par Yangtze, mais par Cargolux, avec comme preuve l'affirmation que les négociations avec Qatar Airlines étaient exclusives.
Vraiment, des négociations exclusives? Quelle fine stratégie! Je conclue de ces messages discordants qu'il y avait deux tendances au moins au sein de la gérance de cette affaire, et que les deux avaient des préférences divergentes. Ce qui a alarmé nos députés et les syndicats qui ont tous des doutes.
Droits de l'homme? The business of Luxembourg is business.
Quelques questions timides, entre autres au sujet des droits de l'homme ont été posées. Pour résumer les réponses lapidaires fournies aux uns et aux autres, je dirais que le « business of Luxembourg is business » en paraphrasant le Président américain Calvin Coolidge qui dans les années 20, a fameusement dit que le « business of America is business ». Tandis que lui parlait de non-ingérence du gouvernement américain et de laisser faire, l'énorme différence avec le gouvernement luxembourgeois est qu'il pratique au contraire une ingérence soutenue. Dans certains cas, le gouvernement est le business. Et la raison d'Etat a ses raisons que la raison ne connait pas.
Le corporatisme d'Etat luxembourgeois.
Au fil des vicissitudes de Cargolux, le gouvernement luxembourgeois a fini par contrôler 60% de la société à partir de 2009, soit directement ou indirectement. Que fait-il dans cette galère?
Car on ne fait pas toujours dans la dentelle dans le monde du fret aérien. Ainsi au milieu des années 1980, le gouvernement appuyait l'ambition de Cargolux d'obtenir des droits d'atterrissage à Tokyo. Alors que Fukuoka était finalement proposé comme seule possible destination par un Japon réticent, la société a cru bon insister en utilisant des canaux parallèles. Un diplomate luxembourgeois est même tombé dans le proverbial piège à miel, photos compromettantes à l’appui, tellement ces terrains parallèles sont féroces et minés. Alors que cette anecdote indiquait une propension de certains à jouer au corsaire, elle aurait pu servir d'avertissement au gouvernement, qui avait un des siens exposé en situation délicate. Or il y a eu des traumatismes pires que celui-là.
Non seulement y eut-il un tourbillon de 3 années de pertes de 2007 à 2009. Il y eut aussi la perte de l'actionnaire Swissair et il y eut surtout une avalanche de condamnations pour violations de diverses législations anti-trust de par le monde. La liste est longue et les chiffres sont importants: un total d'environ $250 millions d'amendes ont été infligées par l'Australie, le Canada, la Corée du Sud, les Etats-Unis, la Nouvelle Zélande et l'Union Européenne pour activités illicites voire criminelles de Cargolux. Au Luxembourg bien-sûr, personne n'a rien vu d'illégal. Le corporatisme, par définition, ne peut criminaliser les ententes. Mais enfui dans les communiqués actuels est l'information que dare-dare un chef "compliance" vient d'être nommé. Car les régulateurs étrangers appliqueront la loi qui n'existe pas chez nous.
Encore une fois, que fait le gouvernement dans cette galère, qui le met directement en conflit avec ces grands pays? Le gouvernement, c'est Cargolux par son capital et aussi ses organes de direction, comme le Comité Exécutif et le Conseil d'Administration dans lequel siègent 6 voire 8 fonctionnaires ou employés de l'Etat ou assimilés, sur un total de 15 conseillers. Ces conseillers qui ont donc des fonctions de surveillance partagent pour la plupart leur temps entre une fonction principale en tant que fonctionnaires et une multitude d'autres Conseils d'Administration. Mais comment font-ils avec tant de choses à faire? C'est d'une part une mission impossible et une pratique luxembourgeoise très discutable d'un point de vue de l'éthique et des usages internationaux policés. C'est d'autre part l'émanation d'une tendance corporatiste de l'Etat luxembourgeois qui a inventé cette pratique somme toute féodale pour récompenser ses bons et loyaux serviteurs par des nominations à ces fonctions d'administrateurs. Les fidèles lui assurant son contrôle en contrepartie. Contrôle? Pas celui d’administrateurs indépendants. Il est certain qu'ils n'ont pas protesté quand pendant des années, les ententes illégales sur les tarifs étaient à l'ordre du jour de Cargolux. Ailleurs, même la tripartite finit par se révéler comme un organe de ce corporatisme d’Etat avec sa tentative d'établir progressivement des "normes" limitatives sur les syndicats et même les entreprises dans le débat social.
Les questions à poser.
Sur cet arrière-fond de l'accord Cargolux - Qatar Airlines se posent des questions que tous les actionnaires, c.à.d. nous les contribuables, et à double titre les syndicats doivent se poser. Pour nous, Cargolux quoique privée, doit être transparente.
Il y a bien sûr la question pourquoi la vente de 35% de Cargolux, qui est essentiellement une vente aux enchères, est allée au moins offrant? On justifie en vous parlant de synergies dans la langue de bois des communiqués officiels préfabriqués. Que croire? Surtout si le seul actionnaire vraiment privé, qui doit vraiment rendre compte à ses actionnaires, la BIP, vote avec ses pieds. En investisseurs avertis, qui en plus étaient actionnaires depuis 10 ans, ils saisiraient plutôt l'occasion de faire encore et encore partie de cette aubaine, si cela en était une encore! A remarquer aussi que Qatar Airlines a racheté uniquement des actions à ceux qui par manque de confiance ou raison d'Etat ont été amenés à les vendre. Il n'y a pas eu injection de capital nouveau. Comparé à la valeur réelle de Cargolux le risque qu'ont pris les Qataris semble bien couvert.
Un doute affreux s'empare de nous: Cargolux, avec ses récents maigres résultats financiers, est-elle l'offrande sur l'autel du corporatisme d'Etat luxembourgeois? Les synergies avec le Qatar sont-elles moins sur le plan de Cargolux, mais plus sur le plan de la place financière et surtout de cet autre Feierwon qu'est la SES, qui a signé des accords avec le même Qatar en même temps? Regardez bien la composition des Conseils d'Administration de Cargolux et de la SES et comptez les affiliations des administrateurs avec le gouvernement, et qui souvent sont les mêmes personnes. C'est déjà en quelque sorte la « Luxembourg Investment Authority » ou L.I.A., copie de la Qatar Investment Authority, Q.I.A.. Pour les syndicats de Cargolux, c'est une grave question: y a-t-il eu cet amalgame ici? Une commission d’enquête parlementaire n’est malheureusement pas réalisable pour y répondre. Le corporatisme d'Etat a-t-il inspiré une stratégie qui miserait sur la SES au détriment de Cargolux? Un tel amalgame, avec une logique de favoriser l'entreprise la plus profitable, serait répréhensible, voire illégale dans d’autres pays, au même titre que l'étaient les violations anti-trust. Les anglo-saxons y verraient sans doute du « Commingling ». Si tel était le cas nous aurions franchi une nouvelle étape dans l'application d'une stratégie corporatiste toujours un peu plus absolutiste au Grand Duché de Luxembourg, semblable à celle que l'on privilégie là où cela sent bon le sable chaud.