Sunday, December 30, 2012

Meilleurs voeux pour 2013

Le soleil se couche aussi. Naples sur le Golfe du Mexique. Photo ET.

Meilleurs voeux pour 2013



Je savais qu'un jour je ferai une grande découverte. Je ne me suis même pas rendu compte qu'en effet c'est chose faite depuis un an. C'est le perpetuum mobile journalistique. Imaginez, vous pondez un article et à sa date anniversaire, vous pouvez le reproduire pratiquement tel quel! Il est toujours d'actualité! Imaginez, si vous êtes payé au mot! J'ai inventé l'article crédit-rentier! Faut seulement changer les dates et des chiffres par-ci, par-là.
Sinon, cela reste une rengaine. Voici, mes voeux de l'année passé, remis à neuf (en rouge).



Thursday, January 5, 2012


Aide-mémoire pour les vœux de Nouvel An officiels.









Bonne Année. Même si toutes les lignes à suivre sont claires,
il y a des ombres au tableau. Photo E.T.

Ce qui est bien quand on formule des vœux pour les priorités luxembourgeoises depuis un autre continent, c'est qu'il faut se limiter obligatoirement à l'essentiel. Avec la distance, les détails deviennent de toute façon insignifiants, sauf ceux qui me concernent personnellement bien entendu. Voici mes 7 vœux pour le Luxembourg en 2012, 2013 (et pour moi-même, là où les deux se superposent):

1. Que notre gouvernement reste chez nous et s'occupe de nos affaires

Élémentaire mon cher Watson? Pas chez nous. Notre Premier se veut la tète de l'Eurogroupe et sauver la Grèce, son Second se veut les jambes dans un Tour du Monde du Conseil de Sécurité de l'ONU et sauver le monde. Mon tout est peut-être la tête et les jambes, mais elles sont ailleurs, pas chez nous. Ce manège est couronné d'apparitions plus ou moins réussies sur des chaînes de télévision, surtout allemandes. Tragiquement, les membres juniors de leur équipe tentent de les émuler de plus en plus souvent en s'y aventurant eux aussi. Chez nous, il y a pourtant pas mal à faire, traduit en chiffres:

15.164, 15.578 le nombre de chômeurs + 4.872 en mesures pour l'emploi, + les frontaliers chômeurs (4.000?)

10.221,94, 12.175,68 en Euros, dette du gouvernement central par tête d'habitant

1500, le nombre d'affaires pénales classées pour prescription depuis 1990

13 ans, le temps qu'il faut à la justice pour régler le sort de la vache volée au fermier de Mertzig

8, 9 ans, mon compteur judiciaire personnel provisoire

1.086 le nombre de réclamations traitées par l'Ombudsman, d' octobre 2010 à septembre 2011

La raison que ces chiffres sont si mauvais est que ceux chargés de faire le ménage chez nous, préfèrent s'occuper et s'illustrer ailleurs.

2. On ne commande pas un "Tout" et partie d'un "Tout"

Qui trop embrasse, mal étreint. Cette sagesse populaire a été élevée au statut de règle par les penseurs de l'art militaire: On ne commande pas un Tout et partie d'un Tout. Ainsi le général Eisenhower, commandant le débarquement du 6 juin 1944 en Normandie, ne commandait pas en même temps la 90e Division d'Infanterie du VII Corps de la 1re Armée américaine à Utah Beach. Les écoles MBA ont toutes reconnu la valeur de cette règle militaire et l'ont transposée dans la vie des sociétés civiles. Lakshmi Mittal l'applique, car il n'insiste pas à être aussi magasinier en chef à Schifflange.

Cette règle est tellement intuitive aussi, que tout le monde (enfin presque) comprend qu'on ne peut mener de front deux fonctions aussi absorbantes que celles de Premier Ministre du Luxembourg et Président de l'Eurogroupe. Mais notre Premier a déjà compris cela et a dit qu'il resterait chez lui en 2012, 2013. Il a aussi dit le contraire. Et il a aussi dit le contraire, encore. Le Président français devra donc décider pour lui une fois de plus.

D'ailleurs il faut remettre en question ces ambitions européennes, internationales et onusiennes de nos ministres: à force de vouloir jouer ces rôles, les confrontations avec nos voisins se multiplient au point de devenir personnelles. Messieurs Blair, Sarkozy, Steinbrück, Cameron et Madame Merkel ne diront pas le contraire. Ce qui ne peut servir l'intérêt du Luxembourg et de sa place financière. On ne lance pas des pierres dans une maison de verre.

La règle devrait avoir force de loi quand il s'agit de cumuls rémunérés, ardemment convoités par des fonctionnaires. L'exécutif qui est ainsi rémunéré par des intérêts privés fait une moquerie de nos institutions démocratiques et de l'indépendance de l'Administration. Et ailleurs, dans le reste de la vie publique la règle devient une question de pure décence. Cela comprend les syndicats.

Heureusement , et je suis sûr et certain de cela, tout ce monde suivra l'exemple civique du nouveau Ministre de l'Economie, Etienne Schneider, qui non seulement n'acceptera pas de reprendre le siège d'administrateur d' Arcelor-Mittal de son prédécesseur, mais qui a aussi promis de démissionner des trois autres postes d'administrateur qu'il occupait en tant que fonctionnaire (eh oui!), pour "éviter les conflits d'intérêt". Ses collègues fonctionnaires ne manqueront pas de suivre ce bel exemple de civisme et de responsabilité personnelle, et n'attendront même pas que le nouveau code de déontologie promis (si, si c'est pour cette année 2012 encore, donc demain le 31 Décembre) post-scandale de Livange les y oblige dès le début de l'année pour le faire. Il faut saluer le courage et l'honnêteté de Monsieur Schneider, qui se profile ainsi en Homme d'Etat.

3. Revoyons la Constitution

J'ai eu l'occasion (1) de commenter sur les mystérieux travaux qui semblent avoir lieu en vue d'une révision de la Constitution. Elle est bien archaïque, faible, tout au plus un peu gênante de temps en temps. Alors on la change au quart de tour, 37 fois en tout depuis son octroi et la fréquence s'accélère. Je compte 46 articles sur les 121 qui énoncent un principe tout en incluant des restrictions qui permettent d'invalider l'article par des simples lois , voire règlements. Je compte 27 qui me semblent bizarres en cette année 2012, 2013. Bref, notre loi fondamentale ne l'est pas. Elle ne garantit pas solidement la séparation des pouvoirs, les libertés et droits de l'homme. Elle a été pensée et concédée pour être facilement contournée. Je souhaite donc que l'équipe qui se penche sur la malade dans une chambre noire, montre sa face et ses travaux au grand jour pour laisser une place au débat public, et qu'un référendum permette au peuple de déterminer Sa loi fondamentale. Rome ne s'est pas construit en un jour.

4. L'avenir sera transparent, c'est clair

C'est une bonne nouvelle: la loi concernant la liberté d'accès à l'information devrait être votée sous peu. Si, si, sous peu. C'est ce qui est connu internationalement comme FOI, "Freedom of Information". On y a travaillé depuis 11, 12 ans et demi et elle devrait être au point maintenant. Le gouvernement avait des réticences face à la perspective de devoir se livrer à des strip-tease, chaque fois que la presse ou le public exige un accès à des documents. Cela nous permettra de demander où on en est avec cette révision de la constitution, ou avec le stade de Livange. Et mes amis à "Transparence Internationale", qui chaque année publient un index de corruption, amélioreront le score du Luxembourg.

5. Repensons la globalisation

Je pense que tous les luxembourgeois conviennent qu'on a souvent besoin de plus grand que soi. L'adhésion aux projets européens et la globalisation est une nécessité, mais a du bon et du mauvais. Donc mesurons notre enthousiasme. Ainsi l'ouverture des marchés a aidé nos industries, l'acier en premier. Le Luxembourg a habilement exploité des niches de souveraineté qui ont fait éclore des activités bien lucratives: le centre financier, les services radiotélévision, la logistique. Mais il y a eu retour de manivelle: la concurrence globale a ruiné notre sidérurgie nationale, l'UE s'attaque aux niches de souveraineté et ailleurs l'OECD s'occupe du secret bancaire.
La globalisation a aussi permis l'acquisition de quelques fleurons de l'économie luxembourgeoise par des groupes internationaux. Ceux-là ont comme motif soit d'augmenter leur bilan, soit d'acquérir des marchés ou du savoir-faire qu'ils n'ont pas, soit de purement et simplement éliminer tout ou partie du concurrent luxembourgeois qu'ils viennent de s'accaparer. Sans pitié bien sûr pour la perte d'emplois qui accompagnent l'opération. Souvent l'ogre étranger, ayant séduit les actionnaires de la belle luxembourgeoise, commet tous les outrages sur elle, et c'est au gouvernement luxembourgeois, parrain du mariage, de récupérer l'épave déchirée de la belle en cas d'échec: BGL, BIL, Arcelor, Cargolux et y en aurait-il d'autres? Mon vœu: cessons d'être naïfs, ou incompétents.

6. Justice différée est justice déniée

Au Luxembourg la justice est toujours différée, ou pire, classée, faute de moyens et de volonté politique. A la "rentrée judiciaire" en automne, le Procureur Général Robert Biever a confirmé ce que tous les criminels et leurs victimes savent: le Luxembourg est un paradis judiciaire, car la Justice n'a pas les moyens de sa mission. En particulier quand il s'agit de crimes financiers et de blanchiment d'argent. 1.500 affaires prescrites ont dû être classées faute de moyens depuis 1990! Nous connaissons tous l'histoire (presque) amusante de la vache volée du fermier de Mertzig, qui s'est terminée après 13 ans par la condamnation du Luxembourg devant la Cour Européenne des Droits de l'Homme à Strasbourg.

En 2004, j'ai été moi-même victime d'un crime financier et j'ai porté plainte civile et pénale. L'affaire est donc dans sa huitième, neuvième année. Pour en décrire les circonstances et les vicissitudes, j'ai brossé un tableau d'un microcosme extrêmement représentatif du "système luxembourgeois" et qui couvre 2 chapitres dans mes mémoires. Un personnage témoin est décédé entretemps, mais tous les jugements intermédiaires m'ont été favorables. La justice est délivrée en mon cas, mais avec extrême lenteur. Donc mon vœu pour le gouvernement est: restez chez vous et réparez cette justice comme le Procureur Général le réclame et comme les juges de Strasbourg vous ont enjoint de faire à plusieurs reprises. Sans oublier la menace américaine sur les paradis
judiciaires. Bof, faudra aller

7. L'Ombudsman, en vrai anti-Kafkaïen, doit être une femme. Voeu exaucé! Le seul!

On a besoin d'un homme à tout faire quand on est trop paresseux, incapable, ou qu'on n'a pas le temps de maintenir ses choses en ordre. Pour notre gouvernement cette personne est donc nécessaire et s'appelle Ombudsman. Il est intervenu 1086 fois en un an, dont une fois pour moi.

C'est au sujet de mon affaire citée plus haut que j'ai sollicité son aide. Attendez, attendez, ce n'était pas à propos des 8, maintenant 9 années de procédures judiciaires. Non, c'est que l'Administration des Contributions s'en est mêlée! Elle a découvert que selon elle je devais des arriérés d'impôt sur des revenus disparus dans l'arnaque. Comme si le fermier de Mertzig devait payer un impôt sur la valeur de sa vache volée! On m'a avisé qu'une procédure de "demande gracieuse" devrait facilement corriger ce zèle fiscal. Cinq kilos de documents à l'appui n'ont cependant pas touché la fibre gracieuse du sieur Heintz, directeur des contributions. L'homme détient le pouvoir finalement exorbitant, arbitraire et inéquitable de dire qui est un cas de rigueur, qui paye un impôt sur des pertes, et d'accorder des crédits d'impôt à millions sur profits au suivant.

J'ai crié "Kafka" auprès de l'Ombudsman Marc Fischbach. Résultat: l'impôt reste dû, mais son payement est différé jusqu'à la fin de la procédure pénale, qui elle est déjà différée. Mais l'administration des contributions est gargamelesque. Comme si elle regrettait sa mansuétude après sa concession, elle est revenue avec vengeance pour amender sa concession: il faut payer 100 € par mois (?), et le solde est frappé d' un intérêt punitif. Pour apaiser le dragon, chaque fois que j'avais l'occasion, je faisais des virements de mon solde entier sur mon CCP, des sommes allant de 88 centimes mensuels jusqu'à € 6.49. Non, non, attendez, il y a du nouveau: l'Administration des Contributions n'a pas d'humour, ni le sens de la parole donnée: elle vient de saisir un résidu sur mon CCP ce 13 décembre. Ah, si je m'étais tu! Avec cela j'aide à financer donc les crédits d'impôt de Monsieur Mittal, Becca et beaucoup d'autres! Je souhaite que la nouvelle Ombudsfra fasse le ménage!

Bonne Année. Vous allez voir, Je ne suis pas sur qu'on est soit sur la bonne route.

(1) Luxembourg: Vers la révision de la Constitution, le 03 novembre 2009: http://feierwon.blogspot.com/2009/11/luxembourg-vers-la-revision-de-la.html

Monday, December 10, 2012

La feinte des écoutes au Luxembourg: Mille et une grosse oreille


Florida Sunset. Photo ET.

La feinte des écoutes au Luxembourg: Mille et une grosse oreille


Le Président de l' Eurogroupe, qui est dorénavant un candidat sérieux au poste de Premier Ministre du Grand-Duché de Luxembourg, vacant depuis quelques années, a passé quelques heures au Luxembourg pour une première séance d'entrainement à son futur travail. Le candidat a préféré les "figures libres" pour cette première séance de travaux pratiques, en choisissant un sujet initié par lui-même il y a deux semaines: une affaire d'écoutes où faits et fictions s'entre-jean-claudent. Il a soigneusement évité Cargolux.  

Mais le sujet ainsi abordé était une feinte.  Une feinte qui devait masquer le fiasco de la Cargolux et la vraie urgence de son sauvetage. La feinte devait aussi faire oublier les vrais problèmes et les suspicions d'un scandale financier autour de l' affaire Cargolux, tout comme dans d'autres affaires récentes. On aura même une Commission d'Enquête pour enquêter sur la grotesque nébuleuse des écoutes, mais on n'en aura pas pour les sérieux problèmes économiques et immédiats de Cargolux ou ceux  un peu plus anciens du Stade National de Livange.

Attention! Une feinte peut en cacher une autre.

En effet, mon titre est une feinte aussi, pour attirer le lecteur désormais attentif à tout ce qui est écoutes. Avouez que c'est réussi, car vous pensiez que j'aurais des révélations succulentes à faire. Pas encore. Mais j'ai utilisé la double feinte à l'envers pour démonter cette politique-fiction sur les écoutes et les droits et libertés, montée, gonflée et agitée comme l'énorme oreille de l'éléphant Dumbo par ceux qui voudront attirer l'attention sur les écoutes et détourner les regards des autres vraies affaires.
                                                                                                                           
Mon but est de recentrer l'attention sur la grave urgence du moment, le feu dans la toiture économique du pays, dont le foyer chaud est la catastrophe menaçant Cargolux, sans oublier de demander des comptes aux Grands Commis qui ont commis cette catastrophe.

Cargolux: on prend les mêmes et on recommence.

Le grave catarrhe de Cargolux, qui est dû au refroidissement des relations avec le Qatar, demande qu'on s'occupe du malade d'urgence. Un second avis médical s'impose. Mais va-t-on demander un second avis aux mêmes docteurs bonimenteurs? C'est apparemment ce qui se passe. Les ministres Frieden et Wiseler ont été tacitement reconduits dans leur rôle. Ils ont appris aux chefs des fractions parlementaires qu'ils préconisaient maintenant un traitement en deux phases, mais il n'y a pas de diagnostic encore. Tout le monde semble rassuré. Pour le moment, le malade ne réagit pas, car ses organes de décision sont bloqués du fait de la participation continue de QR, toujours actionnaire.

Les deux ministres ont expliqué leur première phase, une manœuvre de déblocage qui consisterait en un rachat en portage des 35% des actions de CV détenues par le Qatar. Rien à voir avec le portage assuré par ING en 2011 pour la vente des actions de CV au Qatar. Cette fois-ci ce sera "propre et correct". Enfin, j'interprète des propos rapportés par la presse, pour me demander s'il s'agit là d'un aveu qu'en 2011 le portage occulte avec ING n'était pas propre ni correct? Retenons que pour le moment nous avons une solution provisoire, même si c'est cette obsession avec les portages.

Le diable est dans les détails.      

La bonne nouvelle du rachat des actions de QR par portage est une bonne nouvelle seulement si le Qatar est au courant de ce portage et s'il est d'accord. Il y avait au moins trois façons de procéder pour organiser la sortie de QR de CV, nous voilà donc avec l'option trois, qui est une solution hybride entre les deux autres possibles, le rachat direct ou la vente à une tierce partie.

Comme on n'a pas élaboré sur le détail, faut-il rappeler que généralement le diable est dans le détail? Comme c'est un portage, quels en sont les termes? J'imagine que le bénéficiaire économique reste bien-sûr le Qatar en attendant une vente ferme. Dans l'intérim, CV a-t-elle sa liberté opérationnelle? C'est essentiel, sans dire que d'autres clauses détaillant les attentes des deux côtés ne soient pas importantes pour éviter des tergiversations et surprises de dernière minute quand le "closing" arrivera. Rien n'est plus sûr, si l'on se rappelle les accords passés par nos ministres auparavant, accords totalement déséquilibrés en faveur de QR. La transparence annoncée permettra certainement de transcender cet amateurisme luxembourgeois passé, car enfin des témoins mieux avisés pourront faire du bruit et protéger les naïfs d'eux-mêmes.

Cependant les résultats néfastes de cet amateurisme incompréhensible du deal de 2011 sont: une valorisation de CV en-dessous de sa réelle valeur de marché, le cannibalisme de CV par QR, et finalement une perte de réputation pour CV. C'est une accumulation néfaste de mauvaises nouvelles qui viendront hanter le redressement en cours. Qui est en plus confié aux perdants de la première manche, sans même leur demander des comptes sur le fiasco passé.

Le diable sera surtout dans le détail crucial d'une valorisation actualisée de CV après avoir subi tous ces dommages. Ce sera le grand écart entre vendeurs et acquéreurs. Avant de choisir la solution du portage des actions de QR, il pouvait y avoir plus d'une demi-douzaine de façons de plumer ce canard. D'ores et déjà il reste peu de choix. On verra l'astuce de nos négociateurs, ceux qui lors de la première transaction avaient vendu au moins offrant (!), car la fourchette de la valorisation pour 35% de CV va désormais de moins des $117,5 millions payés par QR (après dommages considérés) à plus de $175 millions, (offre d'ouverture de HNA en 2011). Ce sera dur de remonter la pente. Le gouvernement ne pourra échapper à des garanties solides sinon un investissement pour renforcer la crédibilité de CV. Simple formalité pourrait-on croire: il l'a fait dans d'autres proportions pour les banques. Ce qui est bon pour la cane est bon pour le canard.

Qu'est-ce qui vient d'abord, un partenariat ou une recapitalisation?

L'expérience qatarienne a privilégié le partenariat sur l'apport de capital. Il faut espérer qu'à aucun moment nos apprentis sorciers auront confondu ce partenariat avec l'apport de capital, car bien évidemment il n'y en avait pas. Il est clair qu'il servait la sortie de BIP et de Luxavantage de Cargolux. Le bilan est qu'au niveau de la capitalisation, deux années ont été perdues. Après un sursaut en revenus en 2010 produisant des bénéfices, l'hémorragie a repris.

La réalité est que l'un n'exclut pas l'autre, comme l'a montré la candidature au partenariat de HNA en 2011, dont l'offre pour sa participation n'était pas seulement supérieure à celle de QR. Elle était assortie d'un prêt de $200 millions à des conditions bien favorables. Le corporatisme d'Etat luxembourgeois, c.à.d. les décideurs bureaucrates, n'avaient que du mépris pour une équation chinoise qui ne satisfaisait on ne sait quels intérêts. Pourtant au niveau des cadres professionnels de CV, la mémoire collective de CV doit toujours être présente, une mémoire de vision, de positivité, de certitude, d'hardiesse, celle du "You name it, we fly it", qui aurait sans doute fait preuve de plus de pragmatisme.

La nouvelle garde par contre est typique pour le corporatisme d'Etat luxembourgeois. Voilà CV, une initiative vieille de plus de 40 ans. Vue avec scepticisme au début, elle se révèle un succès étonnant. Et hop, le système s'en saisit, place ses fidèles serviteurs du corporatisme d'Etat aux commandes, qui, incompétents, doivent se tourner vers des partenaires, des consultants, des tontons, des mécanismes de portage et d'autres valses d'hésitation pour cacher leur incapacité de comprendre les problèmes et de décider, et pour cacher aussi leurs astucieuses manœuvres occultes par-ci et par-là. Et l'Etat justifiera son manque  d'action en arguant qu'il ne saura se mêler des affaires d'une société "privée". C'est le triste état du corporatisme d'Etat.

Grâce à la nouvelle transparence, on sera tous aux premières loges pour suivre les exploits de notre duo de ping-pong Frieden-Wiseler. Nous savons déjà que le public sera attentif et ne sera pas silencieux. Car en plus, notre aspirant Premier Ministre a promis un Code de Déontologie avant la fin de l'année! J'y ajouterais une commission d'enquête, car à quoi bon un petit code de déontologie, si même les grosses questions sur la légalité des actions passées des responsables ne sont pas investiguées?