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Sunday, March 3, 2013

Au Stade National de Livange, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil.


    Le soleil se couche. La nuit tombe sur Livange.
    Golfe du Mexique. Photo ET.


Au Stade National de Livange, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil.

Et wor net keen, dien kengem keng Ligen net gesot hat.


Communiqué de l' ex ministre Jeannot Krecké:


"Suite à plusieurs réunions avec M. Guy Rollinger d'une part et MM. Claude Meisch et Francois Bausch d'autre part, j'estime avoir eu, au cours de ces discussions, satisfaction par rapport à leurs allégations à mon égard ainsi que leurs déclarations publiques me concernant dans la soi-disante [ sic ] affaire Wickrange-Livange. Par mon approche, j'espère avoir contribué à ce que les débats politiques soient menés de façon plus sereine et plus objective à l'avenir. Par conséquent je vais retirer mes plaintes en diffamation à l'encontre de MM.Claude Meisch et Guy Rollinger. Comme convenu entre parties, je ne souhaite pas faire d'autres déclarations ou commentaires à ce sujet. "


Dommage que l'on se soit rendu compte à temps que des questions autrement embarrassantes seraient posées au cours du procès. Ouf aussi pour Guy Rollinger: le nouveau contrat annule celui qui n'a jamais existé. Tout se termine donc par une chanson dont voici les paroles de Guy Béart, tout juste un petit peu manipulées:






Suppose qu'on ait de l'argent
Et qu'on soit intelligent
Pour pas faire les imbéciles
On s'achèterait une ville
On l'appellerait Livange
Ça je peux te l'assurer
Et là bougre d'animal
On ferait un Stade National
On ferait payer tous les gens
Ça nous ferait beaucoup d'argent
Puisqu'il faut t'expliquer tout
On rentrerait dans nos sous
Puis avec cet argent-là
Un vélodrome avec Becca.

Wednesday, June 20, 2012

Au Stade National de Livange, la lumière ne fut pas.


Vers l'été de toutes les contradictions

Le mercredi 13 juin, la Chambre des Députés a éteint les lumières dans le Stade National de Livange, en espérant ainsi réduire la facture du scandale que les députés avaient sur les bras.

Tout le monde connait la partie visible de ce scandale qui s'est développé suite aux révélations du Mouvement Ecologique en octobre 2011. Sous ses projecteurs, le public luxembourgeois a découvert un exemple type de la corruption à la luxembourgeoise: je gratte ton dos, tu grattes son dos et il grattera mon dos. Bien sûr, vous pouvez ajouter plus de trois personnes dans ce cercle. Et comme il n'y a presque  pas de lois qui interdiraient de gratter le dos de quelqu'un, tout cela est bien légal.

Dans le cas de Livange, ce cercle a fini par dégénérer en spirale qui s'est écrasée en vrille devant le nez de nos députés. Etalés là étaient une lettre très confidentielle signée par trois ministres, un avis légal sur cette étrange lettre, deux projets concurrents, Wickrange et Livange, la BCEE et ses relations ambiguës avec les promoteurs et les ministres, des prêts qui font rêver, sinon jaser, des copinages, des mensonges, des menaces et des disputes.

Que la lumière soit! Mais le pénal tient la Chambre des Députés en l'état.

Il est clair qu'une journée comme celle du 13 juin comporte un minimum de chorégraphie. Nous n'avons pas appris beaucoup plus que nous ne savions déjà. MM. Bausch et Meisch ont développé la liste de leurs questions, voire accusations.  A remarquer que l'avis légal de Me Turk n'en faisait pratiquement pas partie. Il ne le fallait pas non plus, il repose sur ses propres mérites. Il était dès lors un peu surprenant de voir qu'un nombre des réponses en  défense des acteurs du Stade étaient préparées par les chorégraphes avec la présomption que cet avis légal serait la pièce maîtresse des questions. Le résultat était que bon nombre de réponses répondaient à des questions qui n'étaient même pas posées, et ne répondaient pas à celles qui l'étaient. Tel le gamin qui ne savait pas sa leçon sur les poules, mais qui savait tout sur les vers de terre.

En attendant le vote contorsionniste de la fin, les intervenants, pour ne pas répondre aux questions s'exerçaient en contradictions, en exagérations (le coup de fil a duré 10 secondes)et en esquives. Des fois aussi en prestations constructives, comme le Ministre de la Justice qui jouait à Monsieur Dictionnaire pour rétablir la bonne rhétorique.   Mais il faut surtout retenir  que l'effort principal était canalisé vers l'objectif ultime de la journée, l'avortement de la demande pour une commission d'enquête parlementaire pour  y substituer une enquête pénale .

Tombaient aussi une à une les deux distractions de la journée. Je pensais qu'elles faisaient partie de la chorégraphie d'ensemble pour divertir de la séance en cours, à cause de leur timing. Je parle des informations que le Parquet ouvrait une enquête sur Livange-Wickrange, et que Andy Schleck ne participera pas au Tour de France, à cause d'une fracture à un endroit aussi transparent que l'affaire de Livange. Un vote final scellait enfin le destin de la commission d'enquête: 39 députés contre 21 votaient pour l'obscurité.

Le Luxembourg vient d'inventer un nouvel adage judiciaire: "Le pénal tient la Chambre des Députés en l'état !" Ce sera dorénavant la méthode frivole pour bloquer l'accès du Parlement à la vérité. Le fait de porter plainte pénale préempte la création d'une commission d'enquête. En ce cas-ci c'est une faute politique qui discrédite le monde politique et laisse le public cynique. Mais il y avait aussi les promesses que l'on ferait mieux la prochaine fois.

Il y aura des changements, parole de Scout, ou honni soit qui mal y pense

Notre Premier Ministre a déroulé son parchemin plein d'innovations à venir, fruits des leçons qu'il a tirées de l'affaire Livange. Je m'en réjouis déjà comme de mon premier vélo.

Dorénavant il y aura un procès-verbal de toutes les rencontres ministérielles. J'ai toujours remarqué que l'entourage des ministres étrangers avait un ou deux scribes lors de nos réunions, et qui prenaient des notes avec application. Du côté luxembourgeois, cette tâche subalterne n'était généralement assurée par personne. On va donc maintenant introduire cette habitude exotique dans les entourages de nos ministres. C'est essentiel, car on aura aussi le droit d'accès à l'information. Vous vous rappelez, ce projet de loi sur le droit à l'information introduit par Alex Bodry à l'aurore du nouveau millénaire, il y a 12 ans ? A l'avenir, des comptes rendus devront donc exister sur des supports que l'on puisse copier ou publier sur demande du public.

 Puis on aura un "Ministeschgesetz" et un code de déontologie. Je suis déjà en train de copier ce qui se fait aux Etats-Unis, juste pour avoir des idées sur ce terrain révolutionnairement nouveau. Quand je viendrai à Luxembourg pour discuter d'un projet avec le Premier Ministre, j'apporterai bien sûr aussi mon propre témoin qui prendra des notes. En espérant que cela ne provoquera pas cet effet paralysant de la "reduzéiert Wierkungsméiglechkeet".


Il ne faudra pas non plus oublier d'adapter la législation sur la corruption à l'exemple du "UK Bribery Act" (1) au Royaume Uni, ou du "Foreign Corrupt Practices Act", FCPA (2), aux Etats-Unis. Non seulement serait-ce utile pour l'affaire de Livange, ce sera nécessaire pour prévenir des attaques futures sur le centre financier. Et il ne faudra surtout pas négliger l'importance de la révision de la constitution, qui semble être imminente depuis quatre ans.  Comme ce sera l'occasion de consolider le cadre de notre  démocratie, et comme le public n'y a pas contribué, je recommande, juste pour comparer, la lecture des réflexions profondes d'Alexander Hamilton, John Jay et James Madison en vue de l'élaboration de la constitution américaine. Elle est née du peuple, celle-là, et commence par "We the People."

Ce sont des belles promesses, rassurantes. La bonne nouvelle est qu'elles ne deviennent mensonges que si elles ne sont pas tenues. Il nous faudrait des dates d'expiration pour les promesses, auxquelles elles deviennent mensonges automatiquement.

Pour conclure, le bêtisier de l'été

Clairement, si j'ose dire, l'obscurité autour du Stade National n'aide en rien pour regagner la confiance du public. L'été, s'il y en a un,  verra sa  part de salades de soupçons qui alimenteront les rumeurs, faute de vouloir jouer cartes sur table. Voici les ingrédients du menu de l'été:

LIVANGE:
  • Personne n'est intervenu auprès de la BCEE. J'ai bien appelé la BCEE, mais beaucoup plus tard. La conversation a duré 10 secondes.
  • La BCEE n'est pas engagée dans le projet Livange. La BCEE a fait un prêt de € 16 millions au promoteur Rollinger. Le taux d'intérêt est un taux normal. J'ai appelé la BCEE suite à la demande de Rollinger.
  • On va te rompre le cou. Tu n'auras plus de marchés publics. Je vais porter plainte en diffamation.  
  • M. Finck est au Conseil d'administration de Lynx/Becca à la demande de la CSSF.  M. Finck est au Conseil d'administration de Lynx/Becca à la demande de M. Becca. Il représente les 4 banques. Il représente les 3 banques. Vingt employés de la BCEE se partagent 100 postes d'administrateurs.
CARGOLUX:
  • L'Etat n'est pas actionnaire de Cargolux. L'Etat ne fera pas d'interventionnisme. L'Etat intervient pour Rollinger. L'Etat intervient auprès du Qatar.
  • Les BVI c'est mieux pour Cargolux. Il n'y aura pas de "outsourcing" de la maintenance.
 
EUROGROUPE
  • Je ne suis plus candidat à la présidence. J'ai besoin de temps pour moi. C'est un job à plein temps. Il ne peut être cumulé avec une autre fonction. Le candidat doit aussi être Ministre des Finances. Le candidat doit être un ancien chef de gouvernement
MOODY's:
 
  • La BCEE a automatiquement la note triple A de l'Etat. Moody's dégrade la BCEE. La nouvelle notation est sans incidence sur la bonne marche des affaires de la banque. Il faudrait une agence de notation européenne.

On utilisera les vacances d'été soit pour oublier ce méli-mélo. C'est la préférence de tous ceux qui ont voté pour l'oubli. Soit il faudra que le chorégraphe coordonne mieux les performances.

(1) http://tinyurl.com/3mntake
(2) http://tinyurl.com/ye7sbg6
(3) http://tinyurl.com/6pcf9kn

 
 
 
 
Article publié au tageblatt et au Journal, juin 2012


 
 
 

Thursday, January 5, 2012

Aide-mémoire pour les vœux de Nouvel An officiels.




Bonne Année. Même si toutes les lignes à suivre sont claires, il y a des ombres au tableau. Photo E.T.



Ce qui est bien quand on formule des vœux pour les priorités luxembourgeoises depuis un autre continent, c'est qu'il faut se limiter obligatoirement à l'essentiel. Avec la distance, les détails deviennent de toute façon insignifiants, sauf ceux qui me concernent personnellement bien entendu. Voici mes 7 vœux pour le Luxembourg en 2012, (et pour moi-même, là où les deux se superposent):

1. Que notre gouvernement reste chez nous et s'occupe de nos affaires

Élémentaire mon cher Watson? Pas chez nous. Notre Premier se veut la tète de l'Eurogroupe et sauver la Grèce, son Second se veut les jambes dans un Tour du Monde du Conseil de Sécurité de l'ONU et sauver le monde. Mon tout est peut-être la tête et les jambes, mais elles sont ailleurs, pas chez nous. Ce manège est couronné d'apparitions plus ou moins réussies sur des chaînes de télévision, surtout allemandes. Tragiquement, les membres juniors de leur équipe tentent de les émuler de plus en plus souvent en s'y aventurant eux aussi. Chez nous, il y a pourtant pas mal à faire, traduit en chiffres:

15.164, le nombre de chômeurs

10.221,94, en Euros, dette du gouvernement central par tête d'habitant

1500, le nombre d'affaires pénales classées pour prescription depuis 1990

13 ans, le temps qu'il faut à la justice pour régler le sort de la vache volée au fermier de Mertzig

8 ans, mon compteur judiciaire personnel provisoire

1.086 le nombre de réclamations traitées par l'Ombudsman, d' octobre 2010 à septembre 2011

La raison que ces chiffres sont si mauvais est que ceux chargés de faire le ménage chez nous, préfèrent s'occuper et s'illustrer ailleurs.

2. On ne commande pas un "Tout" et partie d'un "Tout"

Qui trop embrasse, mal étreint. Cette sagesse populaire a été élevée au statut de règle par les penseurs de l'art militaire: On ne commande pas un Tout et partie d'un Tout. Ainsi le général Eisenhower, commandant le débarquement du 6 juin 1944 en Normandie, ne commandait pas en même temps la 90e Division d'Infanterie du VII Corps de la 1re Armée américaine à Utah Beach. Les écoles MBA ont toutes reconnu la valeur de cette règle militaire et l'ont transposée dans la vie des sociétés civiles. Lakshmi Mittal l'applique, car il n'insiste pas à être aussi magasinier en chef à Schifflange.

Cette règle est tellement intuitive aussi, que tout le monde (enfin presque) comprend qu'on ne peut mener de front deux fonctions aussi absorbantes que celles de Premier Ministre du Luxembourg et Président de l'Eurogroupe. Mais notre Premier a déjà compris cela et a dit qu'il resterait chez lui en 2012. Il a aussi dit le contraire. Le Président français devra donc décider pour lui une fois de plus.

D'ailleurs il faut remettre en question ces ambitions européennes, internationales et onusiennes de nos ministres: à force de vouloir jouer ces rôles, les confrontations avec nos voisins se multiplient au point de devenir personnelles. Messieurs Blair, Sarkozy, Steinbrück, Cameron et Madame Merkel ne diront pas le contraire. Ce qui ne peut servir l'intérêt du Luxembourg et de sa place financière. On ne lance pas des pierres dans une maison de verre.

La règle devrait avoir force de loi quand il s'agit de cumuls rémunérés, ardemment convoités par des fonctionnaires. L'exécutif qui est ainsi rémunéré par des intérêts privés fait une moquerie de nos institutions démocratiques et de l'indépendance de l'Administration. Et ailleurs, dans le reste de la vie publique la règle devient une question de pure décence. Cela comprend les syndicats.

Heureusement , et je suis sûr et certain de cela, tout ce monde suivra l'exemple civique du nouveau Ministre de l'Economie, Etienne Schneider, qui non seulement n'acceptera pas de reprendre le siège d'administrateur d' Arcelor-Mittal de son prédécesseur, mais qui a aussi promis de démissionner des trois autres postes d'administrateur qu'il occupait en tant que fonctionnaire (eh oui!), pour "éviter les conflits d'intérêt". Ses collègues fonctionnaires ne manqueront pas de suivre ce bel exemple de civisme et de responsabilité personnelle, et n'attendront même pas que le nouveau code de déontologie promis post-scandale de Livange les y oblige dès le début de l'année pour le faire. Il faut saluer le courage et l'honnêteté de Monsieur Schneider, qui se profile ainsi en Homme d'Etat.

3. Revoyons la Constitution

J'ai eu l'occasion (1) de commenter sur les mystérieux travaux qui semblent avoir lieu en vue d'une révision de la Constitution. Elle est bien archaïque, faible, tout au plus un peu gênante de temps en temps. Alors on la change au quart de tour, 37 fois en tout depuis son octroi et la fréquence s'accélère. Je compte 46 articles sur les 121 qui énoncent un principe tout en incluant des restrictions qui permettent d'invalider l'article par des simples lois , voire règlements. Je compte 27 qui me semblent bizarres en cette année 2012. Bref, notre loi fondamentale ne l'est pas. Elle ne garantit pas solidement la séparation des pouvoirs, les libertés et droits de l'homme. Elle a été pensée et concédée pour être facilement contournée. Je souhaite donc que l'équipe qui se penche sur la malade dans une chambre noire, montre sa face et ses travaux au grand jour pour laisser une place au débat public, et qu'un référendum permette au peuple de déterminer Sa loi fondamentale.

4. L'avenir sera transparent, c'est clair

C'est une bonne nouvelle: la loi concernant la liberté d'accès à l'information devrait être votée sous peu. C'est ce qui est connu internationalement comme FOI, "Freedom of Information". On y a travaillé depuis 11 ans et demi et elle devrait être au point maintenant. Le gouvernement avait des réticences face à la perspective de devoir se livrer à des strip-tease, chaque fois que la presse ou le public exige un accès à des documents. Cela nous permettra de demander où on en est avec cette révision de la constitution, ou avec le stade de Livange. Et mes amis à "Transparence Internationale", qui chaque année publient un index de corruption, amélioreront le score du Luxembourg.

5. Repensons la globalisation

Je pense que tous les luxembourgeois conviennent qu'on a souvent besoin de plus grand que soi. L'adhésion aux projets européens et la globalisation est une nécessité, mais a du bon et du mauvais. Donc mesurons notre enthousiasme. Ainsi l'ouverture des marchés a aidé nos industries, l'acier en premier. Le Luxembourg a habilement exploité des niches de souveraineté qui ont fait éclore des activités bien lucratives: le centre financier, les services radiotélévision, la logistique. Mais il y a eu retour de manivelle: la concurrence globale a ruiné notre sidérurgie nationale, l'UE s'attaque aux niches de souveraineté et ailleurs l'OECD s'occupe du secret bancaire.

La globalisation a aussi permis l'acquisition de quelques fleurons de l'économie luxembourgeoise par des groupes internationaux. Ceux-là ont comme motif soit d'augmenter leur bilan, soit d'acquérir des marchés ou du savoir-faire qu'ils n'ont pas, soit de purement et simplement éliminer tout ou partie du concurrent luxembourgeois qu'ils viennent de s'accaparer. Sans pitié bien sûr pour la perte d'emplois qui accompagnent l'opération. Souvent l'ogre étranger, ayant séduit les actionnaires de la belle luxembourgeoise, commet tous les outrages sur elle, et c'est au gouvernement luxembourgeois, parrain du mariage, de récupérer l'épave déchirée de la belle en cas d'échec: BGL, BIL, Arcelor et y en aurait-il d'autres? Mon vœu: cessons d'être naïfs.

6. Justice différée est justice déniée

Au Luxembourg la justice est toujours différée, ou pire, classée, faute de moyens et de volonté politique. A la "rentrée judiciaire" en automne, le Procureur Général Robert Biever a confirmé ce que tous les criminels et leurs victimes savent: le Luxembourg est un paradis judiciaire, car la Justice n'a pas les moyens de sa mission. En particulier quand il s'agit de crimes financiers et de blanchiment d'argent. 1.500 affaires prescrites ont dû être classées faute de moyens depuis 1990! Nous connaissons tous l'histoire (presque) amusante de la vache volée du fermier de Mertzig, qui s'est terminée après 13 ans par la condamnation du Luxembourg devant la Cour Européenne des Droits de l'Homme à Strasbourg.

En 2004, j'ai été moi-même victime d'un crime financier et j'ai porté plainte civile et pénale. L'affaire est donc dans sa huitième année. Pour en décrire les circonstances et les vicissitudes, j'ai brossé un tableau d'un microcosme extrêmement représentatif du "système luxembourgeois" et qui couvre 2 chapitres dans mes mémoires. Un personnage témoin est décédé entretemps, mais tous les jugements intermédiaires m'ont été favorables. La justice est délivrée en mon cas, mais avec extrême lenteur. Donc mon vœu pour le gouvernement est: restez chez vous et réparez cette justice comme le Procureur Général le réclame et comme les juges de Strasbourg vous ont enjoint de faire à plusieurs reprises. Sans oublier la menace américaine sur les paradis judiciaires.

7. L'Ombudsman, en vrai anti-Kafkaïen, doit être une femme

On a besoin d'un homme à tout faire quand on est trop paresseux, incapable, ou qu'on n'a pas le temps de maintenir ses choses en ordre. Pour notre gouvernement cette personne est donc nécessaire et s'appelle Ombudsman. Il est intervenu 1086 fois en un an, dont une fois pour moi.

C'est au sujet de mon affaire citée plus haut que j'ai sollicité son aide. Attendez, attendez, ce n'était pas à propos des 8 années de procédures judiciaires. Non, c'est que l'Administration des Contributions s'en est mêlée! Elle a découvert que selon elle je devais des arriérés d'impôt sur des revenus disparus dans l'arnaque. Comme si le fermier de Mertzig devait payer un impôt sur la valeur de sa vache volée! On m'a avisé qu'une procédure de "demande gracieuse" devrait facilement corriger ce zèle fiscal. Cinq kilos de documents à l'appui n'ont cependant pas touché la fibre gracieuse du sieur Heintz, directeur des contributions. L'homme détient le pouvoir finalement exorbitant, arbitraire et inéquitable de dire qui est un cas de rigueur, qui paye un impôt sur des pertes, et d'accorder des crédits d'impôt à millions sur profits au suivant.

J'ai crié "Kafka" auprès de l'Ombudsman Marc Fischbach. Résultat: l'impôt reste dû, mais son payement est différé jusqu'à la fin de la procédure pénale, qui elle est déjà différée. Mais l'administration des contributions est gargamelesque. Comme si elle regrettait sa mansuétude après sa concession, elle est revenue avec vengeance pour amender sa concession: il faut payer 100 € par mois (?), et le solde est frappé d' un intérêt punitif. Pour apaiser le dragon, chaque fois que j'avais l'occasion, je faisais des virements de mon solde entier sur mon CCP, des sommes allant de 88 centimes mensuels jusqu'à € 6.49. Avec cela j'aide à financer donc les crédits d'impôt de Monsieur Mittal, Becca et beaucoup d'autres! Je souhaite que la nouvelle Ombudsfra fasse le ménage!

Bonne Année. Vous allez voir, on est sur la bonne route.

(1) Luxembourg: Vers la révision de la Constitution, le 03 novembre 2009: http://feierwon.blogspot.com/2009/11/luxembourg-vers-la-revision-de-la.html

Tuesday, October 11, 2011

Au Stade National de Livange: Le Luxembourg bat le FOI 5-0



"Trois personnes peuvent garder un secret, si deux d 'entre elles sont mortes" (Benjamin Franklin)

Le 20 juin de l'an 2000, le député Alex Bodry déposa la "Proposition de Loi concernant la liberté d'accès à l'information" (1). Le Luxembourg allait enfin rejoindre la toute grande majorité des pays démocratiques, embrassant les principes mondialement connus sous la dénomination "Freedom of Information", ou FOI, et qui consacrent le droit du public de savoir. En pratique la loi créerait une obligation pour le gouvernement et les administrations publiques et parapubliques de fournir endéans les 2 mois tout document demandé par le public. A l'étranger, c'est surtout la presse qui use de ce droit pour se procurer tout document et toute correspondance officielle pour les besoins de ses investigations journalistiques.

FOI à la luxembourgeoise

Onze ans et 4 mois plus tard, cette loi n'est toujours pas adoptée!  La Mongolie et le Nigeria viennent de passer la leur. Quel joli consensus national que de faire trainer cette chose appelée transparence, que personne ne semble vouloir. Par contre, les directives européennes en matière financière voient une transposition en loi luxembourgeoise en un rien de temps, business oblige, tandis que le droit du public de savoir peut attendre. Le Luxembourg, pays le plus riche du monde, brille ainsi par son obstination de tronquer l'ouverture et la communication. Selon l'organisation internationale "Access Info" (2), seuls Chypres et l'Espagne font encore partie de ce club des opaques dans l'Union Européenne.

Dans l'exposé des motifs de sa proposition de loi, le rapporteur Alex Bodry note: "De nos jours le processus de décision ne peut être le fruit de procédures opaques, mûries dans le cloisonnement de l'Administration, décisions prises à huis clos à l'insu de ceux qui sont directement concernés." A en juger par ce retard sinon le sabordage de la proposition de loi, elle fait sans doute l'objet d'un concept hautement indésirable pour notre gouvernement. La solution est dès lors de laisser le projet mijoter jusqu'à l'oubli.

Les barbares dans le temple secret, ou un projecteur en pleine chambre noire.

Quel sacrilège dès lors quand le Mouvement Ecologique, MOUVECO, vient déranger cette conspiration feutrée en éclairant de tous ses feux d'abord un processus de décision opaque et une lettre signée par trois ministres, dont le Premier Ministre, et adressée à des intérêts particuliers. Incroyablement, cette lettre est classée "très confidentielle" pour la soustraire à l'examen du public. Benjamin Franklin serait ravi. Cette lettre représente donc bien une décision prise volontairement à huis clos, à l'insu du public.

Le MOUVECO s'est ainsi positionné en agent de révélation pour dévoiler une face cachée dans un débat public. Il a attiré l'attention du public luxembourgeois, généralement pas dupe mais tolérant-bof et cynique vis-à-vis du "système", sur le caractère illégal et inadmissible de la trame qui s'est tissée. Cette fois-ci, au-delà du fatalisme coutumier et des blagues de circonstance, le public voudrait des réponses. Hélas, la loi concernant la liberté d'accès à l'information fait défaut pour obliger les responsables publics et parapublics à les fournir et d'en finir avec la mascarade.

Cette crainte de la lumière du jour est un état de fait dans l'écosystème luxembourgeois. Elle est décrite également dans l'exposé des motifs par: "les réticences de certains milieux de la société luxembourgeoise d'admettre vraiment un droit à l'information complet et un droit d'ingérence du public dans le domaine des affaires publiques." Une réminiscence féodale donc. Et de conclure: "Dès lors, à l'instar du droit communautaire et de nombreuses législations étrangères, notre droit national doit enfin reconnaître explicitement le droit à l'information détenue par les autorités publiques ou parapubliques. La présente proposition de loi entend consacrer ces droits fondamentaux de tout citoyen dans un Etat de droit qui se veut démocratique." C'était il y a onze ans et quatre mois.

La dérive

Mais voilà, entretemps nous évoluons vers le contraire, et Livange en est une démonstration. Questionnées, les autorités publiques pratiquent l'esquive, les parapubliques l'exception et la menace de poursuites. Nous sommes en pleine dérive, en fait en plein délire. La crédibilité de nos institutions est en jeu, à cause de l'absence de transparence et de son corollaire, du droit d'accès à l'information. En fait nos institutions sont en zone de danger et la méfiance du public est en croissance.

Certes le Parlement tente aussi bien que mal de jouer son rôle de surveillance du gouvernement en posant des questions aux ministres (du latin minister, serviteur), dans des dossiers comme Livange. Au-delà des "c'est pas moi, c'est lui, connais pas, les autres l'ont fait aussi" parmi d'autres excuses et assurances, le public sera difficile à convaincre. Il faut en effet expliquer que des drôles de hasards aient aligné des initiatives, des circonstances et des acteurs d'une certaine façon, mais  que les choses ne sont pas du tout ce qu'elles paraissent être. D'esquive en esquive, d'obstruction en obstruction se nourrissent des soupçons, des spéculations, des accusations, basés sur les simples perceptions. Elles sont nourries par la volonté documentée de garder le secret et le refus de communiquer les faits. Il faut se rendre compte que l'on a dépassé dans le contexte Livange le simple niveau d'un jeu de questions-réponses. Les protagonistes se trouvent effectivement dans une phase ultérieure, le "damage control", qu'ils le veuillent ou non.  Et le "damage control" est un art et une science, qu'on soit faussement accusé ou en train de vouloir minimiser l'inavouable. En tous cas, le quatrième pouvoir, la presse, n'a pas été convaincue. Elle ne dispose pas des faits et des preuves pour être convaincue que tout ce cirque est une tempête dans un verre d'eau.

Le quatrième pouvoir, ligoté, doit spéculer   

Le public a le droit de savoir. C'est le moment d'appliquer ce grand principe démocratique, même
si l'on a choisi de renoncer ou d'escamoter une législation sur le libre accès à l'information. A défaut, la presse, qui le plus souvent est le vecteur d'investigation et de communication de cette information, ne peut être tenue à rapporter des faits. Elle n'a pas accès à ces informations. Au mieux, elle ne pourra que rapporter les rumeurs, à la grande exaspération des gardiens du secret. Mais comment lui faire des reproches, alors que les moyens d'investigation démocratique sont déniés?

C'est donc l'occasion d'appliquer maintenant et délibérément, au nom de la transparence, les provisions de la proposition de loi égarée. Même si elle n'a pas force de loi, elle fournit la guidance pour informer le public et répondre aux questions. D'ailleurs si par impossible cette proposition devait être reconsidérée par le législateur, il faudra la revoir pour l'adapter à l'après-Wikileaks et pour prévoir des sanctions sévères pour les refus de produire des informations, la destruction de documents ou leur falsification, comme cela existe dans les autres juridictions. Pour ne citer que l'exemple américain, où un banal "hearing" devant une commission parlementaire se fait sous serment, et celui qui se fait attraper en plein mensonge, à n'importe quel grade, se fait durement punir. L'exigence d'un code de déontologie pour politiques et fonctionnaires exigé par certains élus est évidemment nécessaire pour avoir des paramètres pour mesurer les incidents et le degré de "malgoverno".

Pssst! Ceci reste entre nous!

Pour finir, je voudrais partager un secret, une très bonne nouvelle, mais cela doit rester strictement entre nous deux, vous et moi: j'ai bon espoir que si le stade se construit, le club de foot parisien PSG, qui appartient à 70% au Qatar, viendra jouer à Livange. On les fera jouer contre la nouvelle équipe professionnelle luxembourgeoise qu'on appellerait Léopard? J'ai aussi bon espoir que vous et moi, nous serons invités, à la loge!

(1) Document 4676/00, Chambre des Députés: