Tuesday, June 25, 2013

Le Luxembourg devant un scénario de Constitution-Fiction.


    Un avenir plein de promesses. Photo ET

Le Luxembourg devant un scénario de Constitution-Fiction.

Le Luxembourg est en ébullition depuis des mois, en alignant des scandales bien fermentés. Le gouvernement en est arrivé à mijoter un scénario pour enfin se décaper de toutes ces vilénies : la démission du gouvernement, ce qui dit-on pourrait se passer au début du mois de juillet. 

A l’origine, une série de scandales

La genèse de cette issue assez historique pour le Luxembourg aura été une série de scandales plus ou moins bien esquivés par ceux par qui le scandale arrive, pour arriver finalement au point de l’indigestion. Il y a d’abord eu l’affaire du Stade National de Livange et de ses cordées d’ »insiders » qui a fini sous le tapis d’un vote parlementaire opposant la création d’une Commission d’enquête. Il y a eu ensuite l’affaire Cargolux et ses cordées d’ »insiders » qui a également fini sous le tapis d’un vote parlementaire refusant une Commission d’enquête. Puis il y a eu l’affaire du SREL, curieusement déclenchée par le Premier Ministre lui-même, monologuant sur un enregistrement clandestin de sa conversation avec son chef du service de renseignement, il y a de ça des années. Le plan derrière ces confidences tardives était sans doute de divertir des autres scandales. Il a donc mis le feu à la cuisine pour divertir du feu dans le garage. En anglais : « wag the dog ».

L’overdose du SREL

Même l’arrogance la plus extrême ne permettait plus au Parlement de voter pour la troisième fois consécutive contre une Commission d’enquête parlementaire. Pour l’affaire du SREL, jugée bénigne, on a donc préféré dire oui à une Commission d’enquête. Dire non aurait fait un peu trop pourri. Et puis comme on ne pensait pas qu’on risquerait gros, ce que pense tout apprenti sorcier avant de déclencher un cauchemar, on a appelé les esprits. Mais voilà, de fil en aiguille des squelettes remontent du fond du marécage secret de nos vaillants agents secrets et de leur chef. L’affaire SREL et cette autre affaire qui date d’il y a un quart de siècle, le procès Bommeleeër finissent par s’alimenter mutuellement par leurs rebondissements.  C’est la tempête parfaite. Que faire pour stopper tout cela, alors qu’on ne peut quand-même plus mettre un autre feu au salon ? Cela ferait désordre et serait suspect ! Les digressions de Michel Wolter au sujet de la liberté de la presse, ne font pas l’affaire non plus. Non, il faut que le gouvernement démissionne, dit-on ! Cette idée de manœuvre est partagée par une bonne partie de l’opinion publique, qui s’est manifestée même par une démo en pleine Fête Nat.

Démission en question

Mais cette idée de démission doit être tissée un peu plus loin, car elle a un hic pour l’intérêt public. Les grands penseurs ont bien évidemment pensé deux mouvements plus loin en aval : si le gouvernement démissionne, le Parlement sera dissout ( ?). Si le Parlement est dissout, il n’y aura plus de Commission parlementaire d’enquête. Voilà comment oblitérer une Commission parlementaire que l’on n’avait pas pu voter sous le tapis : la démission pure et simple du gouvernement lave plus blanc que le feu au garage et à la cuisine, ou bien que les votes majoritaires contre les enquêtes. Et puis, à l’issue d’élections anticipées, on prendra quand-même les mêmes et on recommencera.

« Déi Lenk » ont déjà exprimé leurs réserves dans une lettre publique : si démission il y a, il faudra veiller à finir au préalable cette enquête sur le SREL. Mais justement, avorter cette enquête est le plus puissant sinon le seul motif pour considérer une démission : l’impunité espérée étant à la clé. On ignorerait facilement une manif qui demande la même chose, mais quelle aubaine si elle exprime le consensus dans le public en faveur des « Neiwahlen » au diapason avec la décision politique, sans autre condition !

A vrai dire, en ce moment aucune autre solution n’est politiquement acceptable que celle qui mène l’enquête sur le SREL à bonne fin et qui en tire les conclusions finales et les conséquences politiques. Mais nous sommes en plein brouillard constitutionnel.

Les limites de la Constitution

Ah, cela aiderait, si nous avions une Constitution qui fonctionne. Elle a 145 ans, mais son âge n’est pas le problème. Les constitutions américaine et suisse ont plus de deux et sept siècles respectivement mais sont jeunes et vigoureuses parce qu’elles annoncent des grands principes et s’appuient sur les droits de l’homme. La nôtre fournit à peine le cadre de notre vie commune. En ses 145 ans, elle a subi 37 amendements. J’ai eu l’occasion de commenter sur le massacre de la Sainte Justine du 12 mars 2009, quand le Parlement a coupé les ailes au Grand-Duc qui dorénavant ne « promulguera » plus les lois. Il signera. C’est un coup d’état qui n’est rien d’autre qu’un jeu de mots. Et telle est l’interprétation des textes tout au long des 120 articles : des jeux de mots pour initiés seulement. Aucun texte au monde n’a tant d’écart entre la lettre et l’esprit qui lui est interprété. J’en conclue que nous sommes en coup d’état permanent, au gré de la lecture variable de la Constitution. Un document vivant !
C’est pour cette raison qu’à l’ONU la lecture littérale classe le Luxembourg dans une catégorie de démocratie amoindrie. Leur conclusion que le Luxembourg n’est qu’une démocratie de seconde zone est peut-être vraie, mais basée sur le texte intégral de la Constitution. Elle l’est aussi pour nous, alors que nous savons que ces textes sont malléables dans l’interprétation « pragmatique » qui leur est donnée. Ses articles sont remplis de qualificatifs, de restrictions et d’échappatoires, de sorte qu’ils disent ce que le lecteur veut leur faire dire. Sinon on la changera selon les besoins du moment.

Basé sur ces textes, quels scénarios ou plutôt fictions existent pour la démission d’un gouvernement ? C’est le Premier Ministre qui tend la démission du gouvernement au Grand-Duc. Construisons l’arbre des actions possibles. Le Grand-Duc accepte ou n’accepte pas la démission. S’il n’accepte pas, il se crée un tollé, un nouveau massacre de la Sainte Justine. S’il accepte, va-t-il aussi dissoudre le Parlement ? En effet rien ne l’obligerait à associer démission du gouvernement et dissolution de la Chambre. Etant donné l’intérêt public de finaliser l’enquête parlementaire en cours, il pourrait surseoir à la dissolution de la Chambre et d’abord charger un informateur pour s’entourer des informations nécessaires à sa décision, et laisser la Commission finir ses travaux. Si, si, dans ce feuilleton fiction, il pourrait lire la constitution comme bon lui semble lui-aussi. Il pourrait aussi nommer un nouveau formateur.  Seulement en cas d’échec de ces tentatives sera-t-il forcé à dissoudre la Chambre des députés en vue d’élections nouvelles. Quoique la lecture de l’ONU permette ces multiples possibilités, c’est une fiction. La lecture luxembourgeoise est toute autre : Monsieur Juncker fera à sa guise. Voilà le problème et aussi la perspective d’une nécessaire action future.

Vers une Constituante

En effet notre constitution est devenue absurde à ce point. Elle n’est plus une référence pour l’action gouvernementale ni pour les droits du citoyen. La pensée politique ne contemple plus les valeurs démocratiques ni la séparation des pouvoirs. C’est documenté par les scandales du jour. Le Parlement est banalisé à force de l’ignorer et de l’affaiblir. A vrai dire aucune pièce de législation n’émane du Parlement, mais du gouvernement assisté de quelques lobbyistes ou d’une Directive de la Commission Européenne. L’élu est ainsi ravalé au statut de célébrité locale chargée d’engranger des voix aux élections.

Pour secouer tout cela, une fois le mystère SREL élucidé, les responsables sanctionnés, le gouvernement démissionné, la Parlement dissout et les élections anticipées annoncées, ne faudrait-il pas que ces élections produisent une Constituante ? Cela fait des années qu’une révision de la constitution se trame à l’abri des regards. Elle mérite au contraire un large débat public et un referendum à au moins deux tours. Une nouvelle Constitution est trop délicate pour la confier aux pouvoirs établis. Quel changement de culture politique ce serait, surtout si on limitait les mandats politiques tant qu’on y est. C’est la longévité des carrières politiques qui doit être l’explication de l’actuelle implosion de nos institutions. 



Friday, June 21, 2013

Ce que vous avez toujours voulu savoir sur le SREL ..

    Dernières lueurs? Photo ET


Ce que vous avez toujours voulu savoir sur le SREL .....


Récapitulons:  En 2012 le Luxembourg est secoué par deux scandales. L'un est l'épisode Cargolux-Qatar Airways, l'autre le fameux projet d'un Stade National à Livange. Les responsables en place n'en sont pas trop ébranlés, mais le Premier Ministre a une idée. Il fallait créer une petite diversion, un vieux détail croquant d'un chef des renseignements qui aurait enregistré une de ses conversations. Cela le mettrait en plus dans la situation confortable de la victime d'un coup fourré. Surtout qu'il n'a dit que "Jo, jo, Mhmm, Mhmm".


Il y a de ces pétards qui ne se fument pas en cigare! 


Wednesday, June 19, 2013

Luc Frieden disculpé par un haut fonctionnaire

           Paix au Luxembourg ou Nonnefascht dans le ciel? Photo ET


Vu d'ici, l'histoire est incompréhensible:

On ne cherche pas à sécuriser des documents. On va gaiment vers une confrontation parole contre parole. En ce cas il y en au moins un qui ment. Tout le monde semble content quand finalement quelqu'un se montre, un fonctionnaire tout proche de Frieden, qui permet d'annoncer qu'il n'y a pas de problème pour Luc Frieden. La séance a délivré la réponse espérée.


Dans ce cas bien-sur, personne, mais alors personne n'a pensé à s'encombrer de ce que Pierre Reuland aurait à dire. S'il avait un "deal" avec Luc Frieden, c'était le moment de le laisser déballer son deal!



Tuesday, June 18, 2013

Mischi Wolter et le damage control.

Damage Control: De la lumière, pas de vagues, de la transparence et demain sera une belle journée. Photo ET


Mischi Wolter et le damage control.

J'en ai marre, car mes élèves n'écoutent pas! Mischi Wolter a proféré des menaces à l'encontre de la Presse. Il devait donc faire marche arrière. Cela s'appelle "damage control", encore une fois! Combien de fois faut-il le répéter?!


J'avais pourtant bien expliqué comment fonctionne le "damage control", en rassemblant quelques règles fondamentales dans un article intitulé "Le rapport Cargolux est de la grande littérature". Quand on fait une conférence de Presse, pour expliquer SA vérité, on fait du damage control!

Je me paraphrase donc: Dans tout damage control on est prisonnier de la première règle qui dit que "l'on ne peut pas défaire ce qui a été fait".

Il aurait valu mieux ne pas faire de conférence de Presse, si l'on n'est pas prêt à exprimer ses regrets d'avoir dépassé les bornes en menaçant des gens qui font leur métier. En ce cas on ne fait que confirmer ce qui a été fait, et cela sans regret. Exprimer quelque chose qui dit que "si jamais il y en avait qui se trouveraient offensés, en ce cas j'exprime mes regrets" est un Non-Non dans le damage control. On n'exprime pas vraiment un regret par cette reconnaissance hypothétique, comme quoi s'il ya des imbéciles qui auraient mal compris, alors je condescend de parler de regrets qu'ils étaient assez stupides pour mal comprendre. N'est-ce pas un tantinet arrogant?

La deuxième règle est précisément d'éviter le piège de l'arrogance avec cette autre attitude que voici: Ecoutez ce que j'ai à dire, avalez-moi cela. Mais pas question de poser des questions. Le message est, que je ne peux rien dire en dehors de mon papier concocté par d'autres (mal fait d'ailleurs), de peur de m'embourber encore plus. Je ne suis pas sûr de moi, et bon dieu, j'ai chaud, sortez moi d'ici au plus vite.

Une autre règle est de trouver quelque chose de positif à dire pour soit divertir, soit réparer, comme par exemple, au minimum: "Je vous assure que cela ne se reproduira pas". Ou mieux: "Je suis vraiment un allié de la presse et je n'économiserai aucun effort pour que la loi Bodry sur l' accès du public à l'information sera votée dans une forme qui garantira la plus parfaite transparence."

Elèves Frieden et Wolter: Vous avez une Datz. Vous me copierez 100 fois:

Les règles du damage control que nous avons ignorées sont: 
1. L'on ne peut pas défaire ce qui a été fait.
2. Il faut éviter le piège de l'arrogance
3. Veillez à créer une sortie positive.


Vous ferez signer par vos tuteurs.



Friday, June 14, 2013

Un certificat médical pour une gueule de bois?

    Question de longueur d'onde. Photo ET

Un certificat médical pour une gueule de bois?


Après le vote de confiance .....

Comment expliquer, quand on ressent le besoin de devoir s'expliquer? Cours rapide pour débutants en cinq phrases clés:

"Je n'ai brulé le Stop qu'un tout petit peu"
"Je ne suis enceinte qu'un tout petit peu"
"Dien Heien drénkt naïscht"
"On fera mieux la prochaine fois"
"Elo gëtt et geschwënn eng op den Popo!"



Thursday, June 13, 2013

Un vote de confiance qui déjà règle le résultat des élections de 2014


































Percez le brouillard de 2014. Photo ET


Un vote de confiance qui déjà règle le résultat des élections de 2014

Le vote de confiance qui a eu lieu aujourd'hui  a eu deux résultats. Le premier est qu'il n'y aura pas d'élections anticipées. Curieusement les positions prises aujourd'hui précipitent les résultats  des élections de 2014 avec plus de certitude que ne l'auraient fait des élections anticipées, de loin plus incertaines. En effet les équations émotionnelles et politiques sont établies pour les résultats de 2014. Vous ne voyez pas? Analysez !


Ce vote aura fait autre chose. Il consacre la culture politique qui était la base de discussion aujourd'hui. Il n'y a pas eu purge.  Les affaires prolongées continueront à déstabiliser l'atmosphère du pays.




Tuesday, June 11, 2013

PwC en damage control sur le Cargolux damage control

    Pas besoin de se voiler la face. Ce qui est fait, est fait. Photo ET


PwC  a distribué un communiqué de Presse à propos du Rapport Cargolux rendu public la semaine passée. Le fait même de recourir à ce genre de communiqué, est une preuve d'embarras, et on comprend.

Comme dans tout damage control on est prisonnier de la première règle qui dit que "l'on ne peut pas défaire ce qui a été fait", il aurait valu mieux ne pas faire de communiqué, sinon un très court qui aurait exprimé les regrets que PwC ait mis les pieds dans cette affaire. Il fallait en effet refuser une telle mission impossible, tellement le danger d'être compromis  était grand dès le départ. Je ne sais d'ailleurs pas si le sujet est un domaine d'expertise de PwC, qui prenait un risque inutile.


Toutes les autres explications sont aléatoires, y inclus le prix. Je n'aurais même pas été surpris de voir un chiffre supérieur, si en effet plus de mille pages de documents devaient être analysées et 24 interviews collectés, sachant que les heures facturées pourraient se chiffrer à des centaines d'euros pas heure.

Friday, June 7, 2013

Le rapport Cargolux est de la grande littérature

    Lissez les vagues. Golfe du Mexique. Photo ET

Le rapport Cargolux est de la grande littérature

Read this in English here!

Il est dit que c'est le vainqueur qui écrit l' Histoire quand la guerre est finie. Je dirais de même que c'est celui qui paye pour un rapport "indépendant", qui écrit l'Histoire. Monsieur Frieden a payé €200.000 pour son rapport. Le produit qu'on vient de découvrir est effectivement celui que le gouvernement voulait. Le client est satisfait. Mais ce n'est pas une enquête, encore moins une enquête judiciaire, c'est sans doute un exercice de "damage control" et aussi de l'Histoire-fiction.

1. Le rapport est un conte des 1001 nuits

C'est une belle histoire cousue de fil blanc, où les éléments bien connus du passé de Cargolux, disparates et désordonnés, sont tissés ensemble en un seul tapis bien lissé. Une partie de la fiction voudrait prétendre que: une équipe Cargolux-gouvernement, soudée, motivée, sous pression de Bruxelles pour accepter un autre actionnaire, a identifié Qatar Airways comme LE partenaire stratégique idéal pour Cargolux.  Grâce aux talents supérieurs de négociateur de Monsieur Frieden, ce gros poisson a finalement pu être tiré à bord en 2011, contre toute attente. Les autres parties de la fiction sont les embellies sur les éléments sous suspicion depuis toujours:  la notion de partenaire stratégique et la justification de la sortie privilégiée de BIP de l'actionnariat.

En ce qui concerne le choix de Qatar Airways comme meilleur partenaire stratégique, le terme "à l'époque" est utilisé. C'est sans doute pour excuser l'échec rapide et scandaleux de la stratégie qui n'était géniale "qu'à l'époque". Or une stratégie n'a rien de ponctuel ni dans l'espace ni le temps. C'est un plan bien réfléchi pour le long terme. La stratégie du partenariat avec Qatar Airways a foiré, parce qu'elle n'était bonne à aucun moment. Qui sont les stratèges derrière la décision de Cargolux de s'engager de la sorte? Juste pour être sûr de ne jamais les recommander à personne.

La sortie en toute beauté du groupe BIP de l'actionnariat de Cargolux devient elle un conte de fées révisé: dans cette transaction à géométrie variable, les actions privilégiées de BIP et de Luxavantage bénéficiaient d'une plus-value de 40%. C'était expliqué dans le temps par un dividende dont seules BIP et Luxavantage bénéficiaient. Une opération qu'il n'est pas facile de justifier. Nouvelle explication: en sortant de l'actionnariat, ces investisseurs de longue date allaient être privés des fantastiques plus-values que l'arrivée de Qatar Airways allait procurer à Cargolux. En d'autres mots, ces actionnaires devaient être payés plus, car sur base des projections (utopiques), l'actionnaire qui se retire perd sa part des futurs profits et a donc un manque à gagner. Il faut donc le compenser! Le Luxembourg a inventé une nouvelle forme d'investissement: l'investissement zéro, donc à risque zéro dans une affaire dont on dit qu'elle  peut rapporter gros. On sera donc immédiatement dédommagé pour son futur manque à gagner!

Ce que le rapport ne dit pas au sujet de BIP, car cela dépasse l'imagination et l'ampleur de la mission, c'est qu' il ne fallait même pas absolument que d'autres vendent 35% de leurs actions à QR. Ce n'était même pas désirable. La logique aurait voulu qu'on crée des nouvelles actions pour Qatar Airways, représentant les 35% convoitées. Tous les actionnaires existants auraient été dilués. La trésorerie de Cargolux se serait améliorée de $117,5 millions, offrant ainsi un vrai bénéfice à la société. Et si par la suite BIP trouvait un autre repreneur extérieur pour ses actions, sans recourir au grand écart qu'on a vu, c'était plus propre.  Et en partant, BIP renonçait aux fantastiques gains futurs, sans compensation. J'étais étonné de l'omission de cette alternative de la part d'un Big Four, mais il est vrai que l'exécution photographique du rapport demandée ne pouvait capter ce qui n'a jamais été envisagé par le client.  

Le grand mystère qui n'a pas été éclairé par les feux du rapport est de savoir comment et par qui 35% de Cargolux ont été valorisées à $135 millions, un montant ridiculement bas. Les stratèges d'avant?

Puis il y a la méchante sorcière de Bruxelles, la Commission, qui met le gouvernement luxembourgeois sous pression, car il pourrait être accusé de subsidier Cargolux. Pourrait-on ignorer ces "pressions"? Je le ferais sans hésitation, tant que tellement de règles européennes sont ignorées par la France, l'Allemagne et les autres, comme par exemple en ce qui concerne les déficits budgétaires et bien d'autres règles effectivement caduques. Sans ignorer qu'un autre gouvernement, celui du Qatar, peut s'accaparer la BIL à 90% et la KBL à 100%. Par contre, le gouvernement luxembourgeois ne pourrait pas sauver une de ses  activités économiques essentielles? La subsidiarité européenne laisse à désirer.

2. Le rapport est un exercice en "damage control"

 En tous cas, c'est une tentative de damage control. Pour être efficace, il eut fallu se plier à quelques règles de l'art.

La première règle est que l'on ne peut pas défaire ce qui était fait, on ne peut pas faire marche arrière. Le rapport est par contre une démarche en ce sens, et descriptive révisionniste plutôt qu'analytique. Le rapport peint une nouvelle image syncrétique de l'idylle Cargolux, décrivant un paysage plaisant, sans trop analyser les détails. Tenez, cela ressemble à l'impressionisme!  Et d'arriver à une conclusion superficielle, impressionniste aussi, sans analyse ni contradiction, que l'affaire Cargolux était rondement menée dans l'intérêt de tous. Tout plane.

Cela enfreint une autre règle: éviter de tomber dans le piège de l'arrogance. Nous y sommes en plein: voici un rapport, maintenant passons outre. L'arrogance met la scène pour violer une autre règle: l'obstruction est pire que les faits. Cacher des choses et effacer les traces n'est pas une bonne idée. Souvent cette attitude se révèle plus coûteuse et dangereuse que de présenter les faits ouvertement, tous les faits à la fois, tels qu'ils se sont produits. Car la vérité finira par prévaloir. N'oublions pas qu'à l'origine de ce rapport il y avait des sérieuses questions sur la genèse des relations avec Qatar Airways. Si la perception reste que le public n'a pas reçu toutes les informations en toute franchise, le damage control sera perçu comme une opération d'obscuration.

Cependant l'opération mérite quelque respect pour la mise en scène d'une diversion. Il faut honorer le beau geste. Au moment de la présentation du rapport on donnait également la nouvelle de la vaillante riposte du gouvernement luxembourgeois contre la recommandation de Commission européenne (encore elle), d'introduire un péage sur les autoroutes luxembourgeoises. Cette tactique de créer une diversion est souvent décrite par "mettre le feu à la cuisine pour cacher l'incendie dans le garage". Monsieur Juncker l'a appliquée également en criant au feu au SREL pour distraire des affaires Cargolux et Stade National. En notre cas, toute l'attention s'est immédiatement tournée sur le péage des autoroutes, monstruosité qui n'existe même pas. J'aurais cependant choisi plutôt un vendredi après-midi pour faire ces annonces, pour optimiser les capacités d'oubli du public luxembourgeois pendant le weekend.

3. Le rapport n'est pas une enquête non plus

Rappelez-vous, la question d'une enquête Parlementaire avait été posée. Cependant la Chambre des Députés a voté majoritairement pour l'obscurité. Et la lumière ne fut pas. Il n'y a pas eu d'enquête judiciaire non plus. Pour qu'il y ait enquête digne de ce nom, il faut des témoignages sous serment, contradictoires et la saisie de documents et autres pièces et preuves, avant leur destruction de préférence. Mais on a préféré voter tout de suite qu'il n'y avait pas scandale, avant de rassembler les faits. L'équivalent de l'ancien ordre de tir: "Feu, Visez, En Joue!"


En guise de conclusion, Monsieur Frieden a reçu un certificat médical de complaisance à l'envers. c.à.d. de bonne santé. Il a été acteur, commanditaire du rapport, payeur, témoin, éditeur je suppose, investigateur et présentateur. Tout un orchestre. Pour Cargolux et ses employés qui savent parfaitement leur Histoire, il ne reste qu'une leçon: restez vigilants, et faites votre propre rapport.




Cargolux: c'est le conciliateur qui tranchera

    Vol de Nuit. Photo ET


"La réunion de la dernière chance ce vendredi n'a abouti sur aucun accord: LCGB et OGBL ont décidé de saisir l'office national de conciliation." (L'Essentiel)

Incroyable! J'aurais espéré que la management verrait une opportunité et une singulière ouverture dans l'offre des syndicats. C'est impardonnable de gâcher ainsi une chance d'abord pour une solution, puis d'assurer la paix sociale, et en même temps donner un coup de pouce au moral de tous dans l'entreprise.  C'était une façon inédite de faire partager à tout le monde une vision et une ambition de faire encore mieux. Subordonner ces considérations au payement d'un dividende, (alors que l'actionnaire est l'Etat!), est de la pure arrogance. C'est aussi une occasion ratée pour acquiescer que les fronts rigides de la tripartite ont fait place à l'imagination créative. Dommage, une telle opportunité est difficile à recréer. L'occasion était optimale.


Wednesday, June 5, 2013

Les enquêteurs de la Commission d'enquête sur le Service de Renseignement de la Chambre des Députés ont perdu un enquêté!

   Allo ! Il y a quelqu'un? Photo ET


    Gérard Reuter. Photo RTL

 « Par la présente et conformément aux dispositions de l'article 5 de la loi du 27 février 2011 sur les enquêtes parlementaires, Monsieur Gérard Reuter est convoqué à comparaître le lundi 10 juin 2013 à 10h30 en la salle de réunion 4&5 des Maisons Richard et Printz, bâtiment administratif de la Chambre des Députés, sis 23, rue du Marché-aux-Herbes, L-1728 Luxembourg, à l'audition en séance publique en qualité de témoin. »


La rédaction du feierwon et du Péckvillchen est fière d'offrir ses bons offices pour faciliter le transfert de notre fidèle lecteur des Caraïbes au Luxembourg.