Friday, November 11, 2016

Des Présidentielles américaines pas comme les autres.


Curacao


Des Présidentielles américaines pas comme les autres.

Egide Thein

Je suis à une conférence à Curaçao, où les gens ne sont pas encore revenus de l’élection de Donald Trump comme Président des Etats-Unis. « Pourtant » me dit Miguel, dirigeant d’une importante banque de la place, « nous sommes généralement bien informés par CNN sur ce qui se passe sur le continent. Personne ne s’attendait à cela ». Au Luxembourg il en est de même. Des sondages avaient donné 3% de support à Donald Trump, 71% à Hillary Clinton. C’est aussi un résultat indirect de l’information, truquée comme on verra, par le même CNN. Pourtant en analysant froidement les mouvements des dix derniers jours de la campagne électorale, j’arrivais à la conclusion que Trump pourrait gagner jusqu’à 40 Etats, et avec cela la Présidence ! Mais pour arriver à cette conclusion, il fallait inclure statistiquement quelques impondérables émotionnels, mais chiffrables, qui existent dans les mouvements des grandes foules.

Ce qui s’est passé réellement est une incroyable mystification du public par une série de fautes stratégiques des deux partis, une tromperie par les medias qui ne cachent plus leurs préférences et s’ingèrent dans le débat pour favoriser leur candidat, la méconnaissance du phénomène de rejet universel du« politiquement correct » (1) aux Etats-Unis comme en Europe, et la non-maitrise sinon le truquage de l’outil statistique par les sondeurs d’opinion, qui font dire ce qu’ils préfèrent. Le public s’est révolté. Rares sont encore ceux aujourd’hui qui perçoivent et mesurent le grand chambardement fondamental dans la vie politique des Etats-Unis. Il se passe sous nos yeux.

Les élections ne sont plus des couronnements 

La démocratie américaine n’est plus ce qu’elle était, du moins telle qu’elle a été conçue il y plus de 240 ans. La politique américaine était devenue une science cynique où les meilleurs stratèges et tacticiens s’en donnaient à cœur joie pour contourner les préceptes de la constitution, de la coutume, et qui souvent ignorent la loi tout simplement. Un électorat polarisé était là pour condamner ou justifier à la fois la transgression. Il en résulte une classe politique arrogante, au-dessus de la loi, qui forme aussi la base d’un pouvoir occulte par des intérêts particuliers, de lobbies puissants, et d’ambitions personnelles qui prennent les partis en otage et créent une atmosphère mafieuse. Non, il n’y a pas de place pour les enfants de chœur.

Ainsi, il y a un peu plus d’un an, même si vous n’avez suivi les nouvelles que fortuitement, vous aurez certainement enregistré que les élections de 2016 allaient être un duel Hillary Clinton contre Jeb Bush. L’une épouse d’un ancien Président, l’autre fils et frère de deux anciens Présidents. Hillary contre Jeb, comme si cette République était destinée à être gouvernée par une dynastie alternante, soit Bush, soit Clinton. Tel était le bon vouloir des forces occultes qui dirigent les partis.

Une personne, un vote, un candidat !

Etait-ce la nouvelle démocratie américaine à l’image de la Corée du Nord ? Les partis Démocrate et Républicain avaient bel et bien choisi une stratégie du résultat inévitable. Chez les Démocrates, Hillary Clinton, dans les primaires, ne devait pas avoir de contre-candidat viable du tout, pour en arriver vite au scenario d’une personne, un vote, un candidat. Chez les Républicains, Jeb Bush, lui aurait des compétiteurs, mais ils seraient écrasés à coups de millions de dollars en marketing et attaques publicitaires. Les Présidentielles seraient dès lors un duel Hillary-Jeb, chacun dépensant au moins un milliard de dollars pour suffoquer l’autre. Mais l’un d’eux serait Président.

Après l‘élimination de Jeb tôt dans la sélection, on allait vers le couronnement de « Hillary », princesse héritière de droit, qui comme première femme hériterait de la Maison Blanche par la grâce du féminisme. Il est curieux que l’Amérique des « We the People » soit à un tel point devenu non-démocratique que de proposer comme choix principal deux dynasties.

Quand les « We the People » se rebiffent.

Les belles stratégies concoctées par les princes électoraux des deux partis avaient un hic, dans les deux cas: Bernie Sanders chez les Démocrates et Donald Trump chez les Républicains. Les deux n’étaient pas censés faire long feu, comme le politiquement correct l’aurait exigé. Nous assistions par contre à une orgie du politiquement incorrect. L’électeur, extenué de se mouvoir sur un mouchoir de libertés, a laissé libre cours à sa rancune accumulée depuis des années. Et il a puni les gérants de la pensée unique.

Pour trouver des explications, revenons d’abord au procédé des Primaires qui se veut démocratique pour choisir des candidats dans les deux partis principaux, les Démocrates et les Républicains. Ce sont les élections primaires qui ont commencé dès le premier février 2016 avec un « caucus », sorte de démocratie directe, en Iowa, puis des élections dans le New Hampshire, Nevada, South Carolina ensuite, pour finir vers le mois juillet, Etat par Etat. C’est compliqué.

Il faut savoir d’abord que ces élections primaires ne sont pas organisées par le gouvernement, mais par les partis, qui sont en fait des associations privées qui empruntent les infrastructures de l’Etat pour ces élections. Ces élections primaires sont soit réservées aux membres inscrits du parti, soit ouvertes à tout le monde selon les états. C’est le parti local qui fixe les règles. La consultation est soit sous forme d’élections à vote secret, soit le caucus, sorte de rassemblement pendant lesquels on distille un vainqueur en rejoignant la faction de l’un ou de l’autre candidat, un vote public à main levée en sorte.

Ce processus des primaires est un premier élément de divergence avec les pratiques européennes. C’est l’électeur qui sélectionne les candidats à la Présidence, et en principe pas la nomenclature du parti comme en Europe, qui impose ses candidats. Dans la trajectoire vers la nomination, un candidat doit habilement naviguer les sensibilités politiques, et des fois adroitement pencher plus vers la droite ou la gauche. Ceci parce que les deux partis couvrent chacun un large spectre idéologique, et l’aile gauche du Parti Républicain peut avoir des représentants plus à gauche que les éléments de droite du Parti Démocrate. L’histoire des partis est étonnante aussi pour leurs destinées contradictoires. Ainsi le parti Républicain de Lincoln, antiesclavagiste, tradionnellement n’a pas la majorité du vote de l’électorat noir. C’est le domaine réservé des Démocrates, quoique historiquement liés au Ku Klux Klan avec le dernier élu proéminent, le Sénateur Robert Byrd de West Virginia jusqu’en 2010. Ainsi gauche et droite ne sont vraiment reconnaissables que dans leurs phalanges extrêmes. Le reste est un « mainstream » pragmatique, souvent « Indépendant », où d’ailleurs il n’est pas rare de voir des personnages changer d’un parti à l’autre. Quelques exemples sont Ronald Reagan, Michael Bloomberg et oui, Donald Trump. Mais ces campagnes électorales-ci étaient brutales dans ses formes, et superficielles dans ses programmes.

Je te casse la gueule a la récrée.

Excuse my French, diraient les américains. Mais à force d’entendre les diatribes de Donald Trump, de Lying Ted, Little Marco et Crooked Hillary, on emprunte facilement leur langage des 16 mois passés ! Uncle Joe (le Vice-Président Biden) a même lancé un défi : il attendrait le Donald derrière la salle de gym. Et le Donald a fait : « Je souffle, et Joe mord la poussière».

Après ces clarifications sur les grandes stratégies d’avenir, Trump a joué un peu au docteur, micro ouvert et pruderie nationale comprise, comme il se doit en 3ième année primaire. Et Hillary s’est fâchée aussi. Elle a traité les obtus qui n’allaient pas voter pour elle de « déplorables », et ce en criant comme une concierge dans la cage d’escalier. Cela coute cher : on n’insulte pas les électeurs, seulement les concurrents. Donald a dit qu’elle était une menteuse invétérée. Elle a dit qu’il ne respectait pas les femmes. Lui a dit que non, que ça c’était son mari Bill.  C’était un brin fatigant, et l’électeur n’aimait pas vraiment ni l’un, ni l’autre, avec une cote d’impopularité d’environ 75% chacun.

150% des américains n’aimaient pas leurs candidats

C’est une boutade bien-sûr, en pleine figure des sondeurs d’opinion qui ont misérablement failli leurs petits calculs des prédictions. J’ai additionné les deux cotes d’impopularité, ce qui donne 150%. C’est évidemment un chiffre intentionnellement faux et impossible, une démonstration par dérision que les sondages manquaient de rigueur scientifique. Mathématiquement cependant, on peut conclure que de 50% à 75% des américains n’aimaient ni l’un, ni l’autre des deux candidats. C’est dire que l’électeur a décidé non pas qui des deux candidats était le meilleur, mais qui des deux était le moins mauvais. Le public a décidé qu’il préférait le tempérament volcanique du Donald et le mouvement qu’il a créé, aux manigances des Clinton, sous enquête permanente du FBI, même si celui-ci a été politisé dans le coup.

CNN, Clinton News Network ?

CNN est l’épitomé des mauvaises nouvelles pour la Presse qui en fait perd son statut de quatrième pouvoir depuis ces élections. La Presse n’a pas été neutre dans ces élections. Elle a abandonné dans beaucoup d’occasions son devoir de neutralité par des reportages sélectifs, et des reportages intentionnellement inclinés en faveur de l’un et l’autre candidat. On connait les penchants pour la gauche des grandes chaines de télévision, pour la droite de Fox News et des nombreuses radios avec leurs programmes syndiqués à travers le pays. CNN s’est distingué avec la main dans le sac. CNN s’est fait taper sur les doigts pour avoir fourni d’avance les questions pour des interviews et les débats à Hillary Clinton, selon Wikileaks, méritant depuis le surnom de Clinton News Network. En tant que consommateurs de nouvelles, sommes-nous devenus ce que nous consommons ? Miguel de Curaçao n’a que cette source-là. Les journalistes européens eux aussi regardent CNN pour concocter leur message. Pas étonnant que faute d’enquête et d’analyse personnelles, ils épousent le parti pris de ceux qu’ils écoutent, les erreurs et les omissions comprises. En ces circonstances, le risque de se tromper n’est pas contrôlable. C’est à marée basse qu’on voit qui n’a pas de maillot.

Comme  Wikileaks est venu éclairer la proximité de certains organes de Presse et de la caste politique, l’acharnement de son propre parti contre Sanders, le désaveu de Trump par les ténors de son parti, force est de constater que c’est la tête des deux partis qui est maintenant désavouée et sevrée de la base.

Wall Street est désormais Démocrate, Main Street Républicaine

C’est le grand chambardement dont je parle plus haut. C’est le monde à l’envers. Le clientélisme électoral voulait ce que les leaders des deux partis voulaient : Hillary ou Jeb. Ce n’est ni l’une ni l’autre. Bernie Sanders, comme l’un des deux insurgés a côté de Trump, aurait eu plus de chances de réussir que Hillary, qui en fait n’était pas une candidate idéale, avec trop d’angles attaquables.

Le résultat de cet imbroglio politico-sociétal est que la classe moyenne ne se retrouve pas dans les aspirations élitaires des Démocrates. Ces élites ont perdu leur parti. Les élites Républicaines ne se retrouvent pas dans aspirations des nouveaux supports du parti, dont des syndicats ! Ce parti a perdu ses élites. La Presse a perdu la confiance du public, et les magiciens des sondages publics ont perdu leur crédibilité. Où va l’Amérique ? Elle va dans le sens du quatrième pouvoir, mais ce n’est plus la Presse. Le quatrième pouvoir est désormais la Bureaucratie, les grands serviteurs de l’Etat dans les administrations.

En attendant il y aura des mauvais perdants qui vont casser leur voisinage pendant quelques jours encore, le Président Hollande va ravaler ses hauts de cœur, l’Union Européenne cherchera sa boussole, et certains liront la Constitution américaine.

(1) Les effets pervers du politiquement correct. 15 janvier 2016. http://tinyurl.com/hp59d5h





Monday, September 19, 2016

L'interview de Juncker que Youtube et l'UE ne voulaient pas


Jean-Claude in the Cloud























L'interview de Juncker que Youtube et l'UE ne voulaient pas


« Une jeune youtubeuse était particulièrement enthousiaste après avoir été approchée par YouTube pour interviewer le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Laetitia Nadji a pourtant vite déchanté lorsqu'elle s'est rendue compte qu'elle avait été choisie pour jouer les potiches et servir la soupe au Luxembourgeois. »

Laetitia (dont l’origine du nom est charme) a papillonné autour du gérontocrate en faisant gentiment, gracieusement, l’exposé de multiples accusations par l’entremise d’un préambule assez élaboré à ses questions. On se souviendra aisément de la liste de ces accusations. Quant aux réponses de Juncker, fossile dans la phalange de l’UE, ses réponses n’ont laissé aucun impact. Surtout sur des jeunes, qui ont entendu la même salade fanée qui les écœure.  On ne s’en souvient pas. Sauf que, fidèle a une de ses devises, il a menti quand il a prétendu ne rien savoir des « tax rulings » luxembourgeois.

On aura aussi noté qu’il y avait un verre d’eau sur la petite table. Mais Juncker n’y a pas touché.


Somme toute, une initiative qui a un peu foiré.





Friday, June 24, 2016

Et pourtant l’Europe aurait pu se faire !



















Europe: extinction des lumières. Photo ET

Voici reproduit un article d’il y a 2 ans. Rien n’a changé. Ah si, la Lady britannique n’est plus cheffe de la diplomatie commune. C’est actuellement une lycéenne italienne.


Et pourtant l’Europe aurait pu se faire !

Je me rappelle du Président Pompidou revenant du Sommet de La Haye en 1969 déclarant sa satisfaction, parce que « le Sommet a été bénéfique pour la France d’abord, pour l’Europe ensuite ». Comme beaucoup de jeunes Européens « fleur bleue » de l’époque, j’étais mi- encouragé par ces propos, car la construction européenne avait été en panne, mais aussi mi- offensé, car l’égocentrisme français plaçait la France devant l’Europe. L’Europe supranationale par libre adhésion pourtant avait été un idéal suprême après deux guerres mondiales meurtrières.

Le Traité de Rome de 1957 parlait d’une « union sans cesse plus étroite entre peuples européens ». Cela fait 57 ans, et à ce jour on ne sait toujours pas quelle sera cette union : seront-ce les Etats-Unis d’Europe, une Confédération, un Marché Unique ou va-t-on continuer le Grand Machin mal défini, non-démocratique, que l’on ajuste selon les besoins de refuge d’une gérontocratie européenne après des échecs électoraux chez soi ? Et on dirait que plus on avance, plus le Grand Machin mal défini s’éloigne, vers une union sans cesse moins étroite.

Combien de temps pour faire (défaire) un Empire ?

Donc on construit sans plan depuis 57 ans, une construction organique selon les courants, à peine darwinienne, sauf pour sauvegarder la gérontocratie. Vous direz que Rome ne s’est pas faite en un jour. Mais Rome avait un plan. Et elle avait fini par unir l’Europe, bien-sûr selon son plan, et avec le glaive. Atteignant un sommet de civilisation politique qu’il faudra par la suite des siècles pour retrouver, l’Empire Romain a duré des siècles. C’est l’autre considération pour mesurer le succès d’un Empire, la durée, car ils naissent et dépérissent. Une autre variable est l’idéologie qui les anime. Charlemagne et ses successeurs ont présidé au triste essor du féodalisme, garantissant l’obscurantisme qui nous a jetés plusieurs siècles en arrière. L’aventure napoléonienne avait moins de souffle : une quinzaine d’années pour atteindre Waterloo, synonyme de fin d’Empire. Comment mieux définir l’idéologie napoléonienne que par l’ego d’un homme. « Commediante, Tragediante » lui disait le Pape. Vint ensuite Hitler avec un plan d’un Empire Nazi millénaire. Cela durait 12 ans. Mais il avait un plan. Tout comme l’idéologie suivante, le communisme de Lénine et de Staline. L’Union Soviétique tenait la route tant bien que mal pendant 70 ans. Mais ils avaient un plan : la route du communisme mondial ne va pas de Moscou à Paris, mais de Moscou par Pékin à Paris.
Puis vient le Grand Machin de l’Union Européenne. On ne conquiert rien avec le glaive. On n’a pas de plan non plus sauf une idée générale de construire une union sans cesse plus étroite entre les peuples européens. C’est une idéologie agnostique, où tous peuvent imaginer une finalité à leur façon pour le Grand Machin. Sauf que ce sera basé sur une Economie de Marché. Le reste sera la conduite de la bataille des intérêts particuliers.

Avez-vous remarqué que tous ces exemples historiques de construction européenne ont tous produit une nomenclature féodale, partisane, non-démocratique. Le 1% quoi !

David Cameron a tort, s’il n’a pas raison

Sa vision du Grand Machin est en la circonstance aussi valide que celle de ses camarades dans le bac à sable européen. Mais quelque part sous-jacent à toutes ces diverses visions, il doit y avoir des dénominateurs communs. Comme par exemple si on joint un club de football, c’est parce qu’on veut jouer au football selon les règles du football. Joindre une Union Européenne, suggère qu’on ferait quelque chose en commun pour l’Europe en observant certaines règles du jeu. Là vous me parlez en fait d’une Constitution Européenne, qu’on a tronquée en Accords de Lisbonne, un autre machin. Elle a autant de pages que la Constitution américaine a de mots. Il est vrai qu’on avait confié son élaboration à un normalien français, alors que la Constitution américaine est le fruit d’esprits libres de toute contamination politique antérieure.

Que devrait être ce Machin Européen ? Certainement un Marché Unique était une bonne idée. Mais pour que l’Europe fasse le poids dans le monde, c’est l’union qui devrait faire la force. Il faut un Gouvernement central, élu, tenu responsable par un Parlement. Donc PLUS d’Europe. Il devrait recevoir un transfert de souveraineté des Etats membres. Pour « faire le poids » internationalement et être une alternative aux puissances américaine, chinoise et russe, la politique étrangère doit être d’une voix unique, la politique économique (et monétaire) un ensemble consistant et la défense une défense commune. Tout cela a été tenté partiellement, provisoirement, intuitivement, sans se soucier de quelques principes essentiels : Une Lady britannique est vaguement en charge de la diplomatie européenne qui n’est pas définie, l’Euro a connu un lancement précipité et malencontreux qui remplaçait l’Ecu seul outil monétaire viable sans plus de coordination économique, et en guise de défense commune il y a une Brigade européenne juste bonne pour défiler.

M. Cameron, M. Hollande et d’autres devraient se décider s’ils veulent appartenir au club et respecter les règles, ou sortir de là. Rester a des conséquences comme par exemple abandonner ses terrains de jeux privilégiés  en Afrique ou ailleurs, abandonner le bouton nucléaire à un Président européen et consolider les budgets de défense, réduire le nombre d’ambassades d’environ 2.000 à 192 dans une ère où le tweet a remplacé la « note verbale », et repositionner l’euro dans un contexte de gouvernance qui comporte entre autres l’élimination du menu chinois qui laisse le choix à tous de participer aux règles ou de s’en distancer, comme Schengen et d’autres.

David Cameron a raison, s’il n’a pas tort

Il est important de faire une mise au point : je ne suis pas un enthousiaste inconditionnel des choses américaines. Mais encore une fois, la Constitution américaine est une belle construction de l’esprit humain (par opposition à l’esprit partisan). Elle laisse aux Etats l’autorité de s’occuper de choses qu’ils sont les mieux équipés pour adresser. C’est le principe de subsidiarité. C’est MOINS d’Europe. L’art est de doser le partage entre PLUS et MOINS de façon à satisfaire les soucis de subsidiarité chers à  David Cameron, assez pour un compromis lui permettant d’abandonner quelques pans de souveraineté, suffisants pour que l’Europe puisse s’affirmer sur la scène internationale, économiquement, diplomatiquement et militairement.

L’Europe a besoin d’une destruction créatrice

Malheureusement l’Europe s’est égarée au point de devenir un Machin non-démocratique.  Elle a perdu le support du public, et des réformes seront difficiles. Il faudrait à la fois avancer plus vite et plus loin dans la gouvernance centrale, et faire marche arrière sur nombre d’égarements. Détruire les excroissances que nous devons aux gardiens du Machin, pour faire du neuf.

Dans ce contexte l’élection du prochain Président de la Commission est un cas d’espèce. Je parle de Jean-Claude Juncker, candidat dont la candidature semble plus importante que le projet européen. Sous l’argument de la démocratie que je cherche en vain dans la démarche de cette « élection » qui n’en est pas une. Ni dans un sens, ni dans l’autre.

D’abord je ne suis personnellement pas en faveur des ambitions des leaders politiques luxembourgeois qui développent une obsession pour accéder à des postes internationaux. Leur terroir national leur devient trop étroit, donc ils délaissent généralement leur électorat qui les a choisis pour des responsabilités nationales. Monsieur Juncker est un de ceux qui ont négligé leur fonction nationale. Comme Premier Ministre, il a été absent pendant huit années pour assouvir des ambitions européennes telles que de jouer le rôle de M. Euro. Il vient d’être élu parlementaire luxembourgeois, avec la promesse d’être soit Premier Ministre, soit leader de l’opposition. Il est leader de l’opposition, mais déjà absent pour raison d’ambition européenne. Ce sera la continuité du Grand Machin non démocratique des 1%. Il est un vétéran de cette Europe-là et a l’avantage de connaitre ses méandres. Il peut aussi tout simplement être un intermédiaire utile et traducteur entre les autres dans le bac à sable européen, qui ne parlent qu’une langue. Mais il peut être ennuyant : ses camarades lui reprochent quelques habitudes qui ne se cachent plus.

Si ses actions passées sont une indication pour son « programme », rien ne changera. Il a fait de son parti catholique, le CSV, un parti séculaire tout venant pour les opportunités qu’il offrait comme force dominante, au point qu’on appelait ce genre népotiste luxembourgeois « l’Etat CSV ». Dernièrement le parti a voté en faveur d’agendas sociaux progressistes qui normalement ne sont pas supportés par des partis religieux. On peut parler de succès sous l’aspect de la consolidation du pouvoir.

Dernièrement cependant il y a eu problème. Les élections de 2013, anticipées, ont produit une autre majorité. Il est vrai que le Premier Ministre absent a connu une série de scandales autour des services secrets, d’un Stade National, et de Cargolux. Ailleurs le centre financier a connu le démantèlement de quelques niches bien profitables tel le secret bancaire. Et puis il y a cette plaie pour les 99% : le chômage qui sous M. Juncker a augmenté de 2,9% à 7,1%, sans compter les chômeurs frontaliers et les emplois provisoires subsidiés. Enfin comme M. Euro il a maîtrisée la crise en socialisant les pertes des banques, et surtout permis une première, permettant aux banques chypriotes en difficulté de saisir une partie des avoirs des clients.

Et pour la fin, la danse du quadrille

Ces jours-ci il y aura les grandes manœuvres pour « élire » ou ne pas élire Juncker Président de la Commission Européenne. Ce n’est pas un processus démocratique, mais un marchandage. M. Juncker était « candidat » tête de liste lors des élections européennes, sans être sur une liste. Il n’a donc pas été élu député européen, mais parait-il ces élections sont sa légitimité. Le public luxembourgeois supporte sa nomination par solidarité avec un des leurs, tout comme ils préfèreraient qu’un luxembourgeois gagne le Tour de France.. Le nouveau gouvernement aussi, car il évacuerait une belle-mère incommode à Bruxelles. Reste les discordes dans le bac à sable à résoudre. Et si tout va bien pour M. Juncker, sera-t-il le Président des 1% ? Qu’en disent 12,5% de chômeurs européens ? Les 99% constateront qu’il sera le troisième Président luxembourgeois de la Commission sur les 12 qu’il y a eus dans le passé. Comme quoi un Grand Machin a souvent besoin de plus petit que soi.

Sunday, May 22, 2016

L’affaire Becca dite « des montres » est une Quelconquerie.


20:05 h hier soir sur ma Rolex. Photo ET




















L’affaire Becca dite « des montres » est une Quelconquerie.

Quiconque lira le communiqué de presse que j’appellerai « généralement quelconque » ci-dessous, apprendra que l’affaire des montres Rolex ou autres marques généralement quelconques, est une affaire de médisance que quelconque adversaire aura inventée.

Nous apprenons que l’instruction, non-généralement quelconque, puisque clôturée en à peine 5 ans (généralement quelconque serait de 10-12 ans), arrive à la quonqlusion que toutes les montres Rolex et autres montres généralement quelconques sont répertoriées, retrouvées ou rendues. 

L’inventaire n’est pas au nom d’une quelconque société qui aurait acquis la collection, mais au nom du défendant. Qui aurait de toute façon remboursé quiconque aurait avancé les fonds pour cette acquisition selon un contrat généralement quelconque.

Quant à moi, je certifie à tout un quelconque que je n’ai jamais sollicité ni reçu de montre de quiconque ou tout autre cadeau généralement quelconque pour changer l’une ou l’autre quelconque contribution de la rédaction du Feierwon en faveur de quiconque. Ce qui montre que quiconque ne recoit pas de montres, ne peut être montré du doigt.

Après cette Quelconquerie, et pour réinventer mon inventaire, je m’offre une séance de Qigong maintenant. A la bonne heure ! Cela rolex !

Communiqué de presse

Flavio BECCA a été très satisfait d’avoir enfin pu s’exprimer devant le juge d’instruction au sujet de cette affaire, dite des montres, au terme d’une attente de près de 5 ans d’enquête.
Dès l’entrée en matière le juge d’instruction a pu nous préciser que la police judiciaire avait procédé à une enquête très fouillée au sujet du devenir de toutes ces montres achetées par Flavio Becca. L’enquête a permis de conclure que toutes les rumeurs qui ont pu circuler par le passé au sujet de remises en guise de cadeaux, voire de corruption en faveur de décideurs généralement quelconques à Luxembourg ou à  l’étranger, sont sans le moindre fondement.
 En d’autres mots toutes les montres achetées ont pu être retrouvées et ont été inventoriées par la police judiciaire et par conséquent n’ont pas servi à des fins inavouables d’une manière généralement quelconque.
En conclusion dans cette affaire il n’y avait pas lieu de parler de corruption ou de prise d’intérêt d’une manière généralement quelconque, ce que nous savions dès le départ. L’enquête minutieuse de la police judiciaire (il y a au moins une vingtaine de rapports) a permis de prouver sans ambiguïté l’absence de tout acte de corruption.
Au vu de ce que nous avons entendu et vu ce matin nous pouvons être raisonnablement confiants que cette affaire se terminera par un non-lieu en chambre du conseil.


Luxembourg, le 20 mai 2016.




Sunday, May 1, 2016

Luxleaks : Les étonnants mercredis et les merveilleux arrangements de PwC avec le gouvernement luxembourgeois !


C'est kif-kif. Photo ET




















Luxleaks : Les étonnants mercredis et les merveilleux arrangements de PwC avec le gouvernement luxembourgeois !

Soyons encore plus absurdes !

Vendredi passé nous avons appris une chose étonnante de la bouche d’un inculpé, M. Halet: PwC avait rendez-vous tous les mercredis aprèm au Bureau 6, vous savez la dernière porte secrète à droite. Dans le baise-en-ville, PwC transportait la pile de rescrits de la journée, prêts pour un cachet robot. Le matin, l’équipe de PwC, équipée du papier a entête de l’Administration des Contributions (!) aura concocté les « tax rulings » (il n’est pas connu si PwC fixait aussi les taux), et aura aussi fait des copies électroniques, pour soulager le travail du Bureau 6. En moyenne, dès 1 :30 heures, toutes les 3 minutes produisaient un tax ruling. Belle cadence, et on y voit les bénéfices du « outsourcing » à des spécialistes du « just in time ».

En apprenant les détails de cette pratique, j’ai éprouvé de la tristesse, de la honte pour eux, pour nous tous : mais qu’est-ce que nous avons construit ! L’on ne peut s’empêcher de penser à un article paru dans la vénérable publication « Foreign Policy » en 2011. L’article à l’époque, « The Lap of Luxembourgery » me paraissait déplacé dans cette publication de haut rang et une offense. Il commence: « In the dark heart of Europe lies a nation rotten to the core ». J’étais offensé. Maintenant il est temps de sérieusement faire de l’introspection. Nos ancêtres ne nous reconnaitraient plus.

Il aurait sans doute valu mieux recourir aux pratiques anciennes et qui ont fait leur preuve : retarder et encore retarder un procès qui finit par exposer de telles incongruités.

Mais cela me donne une idée : si on peut faire de l’outsourcing des rescrits à PwC, ne peut-on pas faire un outsourcing du jugement dans le procès Luxleaks aux avocats de la défense ? Ce serait équivalent. Selon le schéma, Me Penning recevrait du papier à entête de la Justice, pour essentiellement rédiger un jugement qui blanchirait les inculpés mercredi prochain. Je sais que c’est loufoque. Mais qui serait encore étonné de pareilles entourloupettes ? 


En attendant, nous avons déclenché une histoire où l’on ne peut pas gagner l’argument moral. Il reste une échappatoire : l’un ou l’autre inculpé oublie de revenir d’un rapide voyage à l’étranger ……. Et puis, il y a encore ce médecin.





Friday, April 29, 2016

Luxleaks: Guy le Taciturne, ou l’Omerta à la luxembourgeoise


Luxleaks. Photo ET











































Luxleaks: Guy le Taciturne, ou l’Omerta à la luxembourgeoise

Guy Heintz aurait pu être la star du procès Luxleaks aujourd’hui. Il était supposé répondre aux questions qui auraient été posées à Marius Kohl, mais qui, de santé fragile a dû rester chez lui. Cela aurait valu la peine que la Cour se déplace pour être à son chevet et poser les questions dont nous savons toutes les réponses. Juste pour confirmer. Car Guy s’est montré taciturne,

Guy Heintz s’est en effet réfugié sur les derniers centimètres carrés de souveraineté nationale : il s’est abrité derrière son statut de fonctionnaire et les lois luxo-luxembourgeoises pour dire zut à la face du monde. Le Luxembourg vient de gagner la bataille en respectant l’Omerta. Le Luxembourg vient aussi de perdre la guerre. Et voilà pour le « nation branding ».  Un Chef d’Administration, qui a certainement dû se concerter avec ses chefs politiques au gouvernement avant son apparition, a donné le ton du défi luxembourgeois au reste du monde. Luxleaks, comme une torture chinoise à l’eau, va continuer à creuser la réputation du pays, goutte par goutte. Et ce n’est pas fini. Ajoutez à cela les Panama Papers et les autres, à venir bientôt.

Pourtant, Luxleaks est le moindre des deux maux que le pays a dû affronter, l’autre étant l’évasion fiscale pure et simple. Luxleaks est le problème le plus facile à esquiver parce qu’on n’est pas seul a optimiser par rescrit : tout le monde le fait (moins bien que nous), les grandes firmes de consultance l’ont promu mondialement, les gros clients sont des états dans les états, et le Parlement Européen dit « bof » pour une enquête. C’est que « l’optimisation fiscale » est déjà un terme assaini. Aux Etats-Unis une blague entre consultants résume la question : « quelle est la différence entre « optimisation fiscale » et « évasion fiscale » ? Réponse : 10 ans ! En effet les Etats-Unis mettent les fraudeurs du fisc en prison. Pas les optimiseurs. Au Luxembourg personne ne court ce risque; seul Antoine Deltour risque la prison.


Avec son incapacité de déflecter ainsi l’attention des journalistes investigateurs vers d’autres cibles, comme cette occasion ratée d’aujourd’hui aurait permis de faire, le goutte à goutte continuera pour dénicher ce qui continue à grouiller et grenouiller, comme au bon vieux temps, derrière la façade de la nouvelle conformité acquise récemment à coups de traités sur la double imposition.





Thursday, April 28, 2016

Luxleaks: Guy Heintz, Chef des Impôts a plus d’un Deltour dans son sac.


Luxleaks. Photo ET












































Luxleaks: Guy Heintz, Chef des Impôts a plus d’un Deltour dans son sac.

Une histoire vraie

Demain je serai un observateur très attentif de la déposition de Guy Heintz, Chef Suprême de votre destinée de contribuable au Luxembourg. Chez Amazon on ne dit que du bien de lui. Chez moi c’est le contraire, mais je suis très de parti pris : j’ai payé des impôts sur de l’argent qu’on m’a volé, parce que Guy insistait. J’expliquerai comment ceux qui gagnent des millions ne paient rien, et comment un pauvre bougre qui n’a rien gagné finit par payer plus impôts que ceux qui gagnent des milliards. Comme au Monopoly. Ceux qui n’ont pas de chance vont en taule, les autres gagnent un bon de sortie.
Donc, mon ami Guy doit sauter dans la brèche pour colmater le vide laissé par Marius Kohl, qui était prévu pour témoigner demain. Vous vous rappelez, le dernier bureau secret à droite ? L’homme avec le cachet tampon ? Oui, Marius !

Mais comme le destin joue souvent des tours, Marius est tombé malade après un coup de fil au Ministère des Finances me dit-on. Du coup, il a dû cocher 15 jours de congé de maladie sur son calendrier Pirelli. Vous vous joindrez à moi pour lui souhaiter un prompt rétablissement à Marius. Et, entre nous, si vous apprenez le nom de son médecin, cela m’intéresse ! On ne sait jamais.

Heureusement donc que Guy saute à la rescousse. C’est aussi un raccourci, parce qu’il sait plus que Marius, et qui sait plus peut dire moins. Le tout Luxembourg sera fier d’apprendre comment on était devenus de nouveau les meilleurs dans la course vers l’impôt zéro.

Je sais que vous pensez que je serai en fait le seul mécontent, un mec qui a payé des impôts sur du fric qu’on lui a volé ! S’il fallait une preuve, la maréchaussée a investigué, et a trouvé ! Pas le fric mais ceux qui le détournaient. Et la justice, faut-il préciser toute luxembourgeoise qu’elle fut, après un sprint d’une dizaine d’années s’est montrée impitoyable : 1 et 2 ans de prison avec sursis, cependant sans les félicitations de la Cour. Et tout le monde gardait sa Porsche.

Sauf qui ? Sauf moi. Mais se trouvait là un employé des Contributions, tendre du cœur comme Marius. Il m’a pris en pitié, on a fait semblant qu’on avait un cousin lointain commun, et on a sympathisé. Il m’a dit qu’il n’y aurait pas de problème, si je faisais une « demande gracieuse ». Je me voyais déjà faire le mariole sur la pointe de mon grand orteil. Mais non, c’est une procédure qui existe pour adoucir les rigueurs de la bureaucratie fiscale. Je rassemblais les éléments de la chicanerie dans un dossier, 52 pages. Plus de pages qu’Amazon, IKEA et Apple réunis.  Je pensais que cela ferait la besogne comme pour Bezos. Eh ben, Guy, il a dit non ! Pas de pitié pour les caves qui se font voler !

Furax, je me suis adressé à l’Ombudsman. Guy a encore dit non à l’Ombudsman. En vraie résurrection de Michael Kohlhaas, je suis monté sur mes grands chevaux, et j’ai insisté. Au cours de l’opération, l’Ombudsman est même devenu une Ombudsfra. Rien à faire. Quand j’ai poussé l’effronterie jusqu’à ne pas payer, Guy m’a d’abord infligé son taux d’intérêt d’usurier, puis est allé tout simplement se servir sur mon Compte Chèques. Heureusement qu’il était presque vide. Mais j’ai plié sous la négligence bénigne de l’Ombudsman-fra, et sous la rage de Guy et son mépris du petit contribuable qui se fait voler, au profit des grands voleurs de qui Guy fait des tout petits contribuables.


Demain j’aurai finalement la réponse à cette question shakespearienne : mais comment aurais-je dû m’y prendre ? Un élément de réponse  se trouve dans cette histoire d’arroseur arrosé pour laquelle je dois remercier Antoine Deltour, d’avoir joué ce tour à Guy. Je parlerai de toi à Bradley Birkenfeld la semaine prochaine, et je militerai avec lui pour récompenser les lanceurs d’alerte. Mais cela prendra 10 ans.




Tuesday, April 26, 2016

Antoine Deltour, en vedette au Luxembourg


Et soudain, la lumière fut. Photo ET 




















Antoine Deltour, en vedette au Luxembourg



Hier en Europe on célébrait Edward Snowden, le « Lanceur d’Alerte. » La Cour de Justice de l’Union Européenne s’est basée sur ses actes jugés criminels aux Etats-Unis pour prendre une décision phare pour toute l’Europe, et invalider l’accord connu sous le nom de « Safe Harbor » sur la protection des données transitant entre les Etats-Unis et L’Union Européenne.
A partir de ce lundi, la kafkaïenne Justice luxembourgeoise devra s’acharner à trouver Antoine Deltour un label de criminel redoutable. Chroniquement lente et flemmarde, elle a agi en ce cas avec célérité pour protéger notre fonds de commerce : le secret, la confidentialité, l’opacité.

C’est bien-sûr un exercice stupide et futile. On dira : « il faut bien que justice se fasse ! » Oui certes, le Luxembourg pourra se venger de ce malvenu. Mais le Luxembourg ne pourra pas gagner le débat moral qui se situera à quelques étages au-dessus de ses préoccupations inavouables. Certainement pas trois semaines après les Panama Papers, où le même Luxembourg finit 4e pays au classement général et place 4 de ses champions dans les 10 premiers, la BIL avec sa fiduciaire Experta obtenant même la médaille d’or. Faut-il préciser que la banque appartient à 90% au Qatar, grâce aux grands écarts du gouvernement précédent, et, oh chose inavouable aussi, à 10% au …… gouvernement luxembourgeois, dont les juges jugeront Antoine Deltour.

Les deux affaires Luxleak et Panama Papers se conjugueront ainsi pour solidifier la réputation du Luxembourg comme Paradis Fiscal. Pourtant on avait finalement gagné la première manche : de ne plus figurer sur des listes noires ou grises, moyennant quelques travaux de réfection de la façade. Maintenant on saura que derrière la façade, le Luxembourg reste un Paradis, sauf pour le lanceur d’alerte.

Le résultat net de l’opération sera à terme un effort universel de protéger les lanceurs d’alerte, de les supporter et de les encourager, sinon de les récompenser. Selon l’exemple de Bradley Birkenfeld dans l’un des deux articles anciens, mais d’actualité, ci-après :


Publié le 8 janvier 2016

Ce sera du grand cinéma. Sur cinq jours, à partir du 26 avril 2016, Antoine Deltour, le copieur acharné des documents secrets de PwC, sera devant ses juges à Luxembourg. Edouard Perrin, journaliste à France 2 qui le premier a publié ces documents y sera aussi avec un troisième homme dont on ne sait qu’il est âgé de 38 ans depuis 2 ans ….

Il est d’ores et déjà certain que ce cinéma sera en direct sur de nombreuses chaines à travers le monde. Alors que Luxleaks a été virtuellement balayé sous le tapis, y compris au Parlement européen, le Luxembourg persiste pour s’auto-flageller publiquement avec un procès perdu d’avance pour sa réputation. Du nation-branding un peu pervers sans doute ?

Bien-sûr, il faudrait que justice soit faite. Mais n’oublions pas que le Luxembourg est un énorme paradis judiciaire, bien camouflé certes, mais il faut le vivre pour y croire et le voir. J’ai vécu moi-même les lenteurs de la justice dans une affaire pénale que j’avais intentée contre deux fraudeurs. Le paradis judiciaire n’est paradis que pour les malfrats. C’est un enfer pour leurs victimes. Cette affaire vieille de plus 10 ans n’est toujours pas résolue. Une telle lenteur ne peut s’expliquer que  par une ingérence politique. Si, si, sinon il faudrait démontrer qu’il n’en était rien.

L’ingérence étant ainsi établie comme mode opératoire pratiqué dans ce paradis judiciaire, je ne comprends pas qu’en ce cas d’Antoine Deltour, le gouvernement n’ait pas usé de ses longs bras pour faire trainer la justice, faire oublier la chose pendant une dizaine d’années, bref lui accorder un petit coin de paradis, contre un coin de parapluie. Au contraire, on a l’impression que les longs bras (j’allais dire braz) aient précipité la chose pour la faire aboutir en un temps record. A quoi sert cette précipitation ? Ah, bon cela dépend du plaignant !

La Raison d’ Etat joue à la folle encore plus, en insistant sur des poursuites pénales contre le journaliste Edouard Perrin. Comme ancien combattant contre le paradis judiciaire, je ne suis pas seulement complètement désorienté par tant de « transparence » et de justice sans délai, que dis-je, expéditive pour le Luxembourg. Pour une fois il est à regretter que ce journaliste ne puisse pas profiter au moins de la mansuétude dont les vrais criminels jouissent habituellement. Selon l’ancien Procureur Robert Biever, en particulier quand il s'agit de crimes financiers et de blanchiment d'argent, (dont le financement du terrorisme), 1.500 affaires prescrites ont dû être classées « faute de moyens » de 1990 à 2011, en moyenne 75 crimes financiers impunis par an! Depuis on a renoncé à compter.

Donc, en résumé, la justice luxembourgeoise, qui n’est pas vraiment indépendante, ouvre une boite de Pandore, et ce faisant elle n’agit pas sans avoir la certitude d’un feu vert du gouvernement et le support d’un large consensus de la place financière.

La boite de Pandore fera resurgir d’autres squelettes, comme la loi Freedom of information, enterrée sans fioritures, la loi sur les whistleblowers, et toutes les pratiques inavouables qui ont survécu des assauts comme FATCA et la fin officielle du paradis fiscal.



Communiqué du Parquet de Luxembourg

Par la présente je vous informe que le procès dit « LuxLeaks » débutera le mardi 26 avril 2016 au tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Trois personnes ont été renvoyées devant la chambre correctionnelle.
Suite à l’ordonnance de renvoi de la chambre du conseil du tribunal d’arrondissement de Luxembourg du 25 novembre 2015, Monsieur Antoine Deltour doit répondre, pour les faits par lui commis en tant qu’auteur, de vol domestique, d’accès ou de maintien frauduleux dans un système informatique, de divulgation de secrets d’affaires, de violation de secret professionnel et de blanchiment-détention des documents soustraits.

Un deuxième ancien collaborateur de PwC se voit reprocher les mêmes infractions, à savoir le vol domestique, l’accès ou le maintien frauduleux dans un système informatique, la divulgation de secrets d’affaires, la violation de secret professionnel et le blanchiment-détention des documents soustraits, mais pour des faits différents et postérieurs à ceux commis par Antoine Deltour.

Monsieur Edouard Perrin, quant à lui, doit répondre comme coauteur ou complice des infractions de divulgation de secrets d’affaires et de violation de secret professionnel et, comme auteur, de l’infraction de blanchiment-détention des seuls documents soustraits par le second collaborateur.
Afin que vous puissiez prendre vos dispositions, je vous signale que le procès a été prévu pour durer cinq audiences. 

Les dates exactes d’audience sont les suivantes :
-          Mardi le 26 avril 2016 à 9h00
-          Mercredi le 27 avril 2016 à 15h00
-          Jeudi le 28 avril 2016 à 9h00
-          Mardi le 3 mai 2016 à 9h00
-          Mercredi le 4 mai 2016 à 15h00


Toutes les audiences auront lieu dans la salle TL 1.10 du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. L’affaire sera traitée par la 12e chambre correctionnelle du même tribunal.




Publié le 10 novembre 2015

L’évolution des technologies de l’information et le commerce électronique multiplient les exemples de paranoïa quant à la protection des données. Le droit à la vie privée est certes une question d’importance, mais qui de plus en plus souvent se définit par un grand écart : ce qui vaut pour l’individu ne vaut pas pour les gouvernements, et vice-versa.

La Cour de Justice de l’Union Européenne, CJUE, a récemment pris son flambeau activiste pour invalider « Safe Harbor », un cadre US-UE pour la protection « adéquate » des données personnelles. C’est une décision politique à plus d’un titre. D’abord le pouvoir judiciaire invalide des décisions de l’exécutif européen sur la réciprocité de la protection des données personnelles avec les USA. Puis elle se livre à la guéguerre culturelle : Safe Harbor est un compromis entre deux cultures. Les Etats-Unis privilégient sans doute la sécurité sur le droit à la vie privée. L’Europe semble faire l’inverse, mais c’est à voir. En tous cas, le jugement de la CJUE amalgame espionnage et protection des données, vie privée et transparence et droit de savoir.

La CJUE et Edward Snowden, même combat

Le fait remarquable est que la Cour se soit embarquée dans le sens d’activistes qui apportent comme seul élément pour invalider un mode opératoire vieux de 15 ans sur la protection de la vie privée, des révélations d’un espion américain, fugitif à Moscou. Ils ont réussi ce que j’appellerai un coup fumant : ils ont attiré la Cour dans leur territoire et la Cour a pris leur parti. Edward Snowden, le fugitif américain finit par exercer une influence démesurée et indue sur cette décision.

D’abord, je me demande à quel point les révélations de Snowden ont été corroborées par la Cour avant d’être prises comme pierre angulaire de la décision. Il est héros « whistleblower » ou sonneur d’alerte pour les uns, criminel pour les autres, quoiqu’il n’avait pas accès au trésor de guerre de la NSA. Mais lequel est-il ? Il a certes divulgué des secrets. Pour cela il serait en prison aux Etats-Unis. Il a sonné l’alerte ? Il est crédité pour cela, mais il fallait être simplet pour ne pas savoir que l’espionnage électronique existe. Donc Snowden n’a rien révélé d’extraordinaire si ce n’est l’envergure du programme. Mais l’espionnage massif n’est pas qu’américain. Il y en a beaucoup d’autres. Et attendez l’essor de Big Data !

En fin de compte la CJUE se réfère principalement au programme Prisme de la NSA, et en particulier la collecte de Meta data dans la lutte antiterroriste. C’est la solution qui considère que pour trouver une aiguille dans une meule de foin, amenons d’abord toute la meule de foin dans la grange. Nous savons que l’aiguille s’y trouve, s’il y en a une. Le contenu de la communication n’est pas capté, seulement l’emballage, les données des contacts. S’il faut trouver l’aiguille, connecter des personnes, dégager des modes de comportement, on décortiquera la meule pour fondre sur les suspects. Un juge ad hoc en donnera la permission. Bien-sûr on critiquera qu’il fait partie de la maison.

NSA ne s’occupe pas de M. Schrems, l’étudiant qui a porté plainte, et qui pourrait se trouver dans la meule. Il n’est pas assez important pour eux. L’étudiant militant continuera sans doute d’aller de guichet en guichet pour embarrasser, par rafales de plaintes judiciaires, d’autres grands de l’internet qui sont pratiquement tous américains. Avec sans doute aussi et toujours NSA et Edward Snowden comme argument à l’appui. Ira-t-il s’occuper de Baidu, le Google Chinois, ou Ali Baba, l’Amazon chinois ? Probablement pas plus que Wikileaks ne s’attaque à la Chine ou la Russie, car le joli bras d’honneur n’y est pas sans danger.

Entretemps si Face Book vous fait trembler pour votre vie privée, mais que vous avez l’habitude de faire vos courses au Supermarché en payant avec votre carte de crédit, sachez que ce magasin sait autant sur vous et même plus que FB. Ce magasin pourrait avec grande précision prédire quand vous achèterez de nouveau du papier de toilette. Et en déduire des conclusions pour son marketing, si vous n’en achetez plus. Votre vie privée de tous les jours est plus menacée par vos marchands locaux que par les communications internationales et par NSA.

NSA, SREL, SRV, Unité 61398

Il n’y a certainement pas un manque de services secrets qui opèrent aussi massivement et avec moins de règles de conduite que NSA. La Fédération Russe a ses deux agences de Sécurité et de Renseignement, le FSB et SVR. Elles sont connues pour leurs bonnes technologies et leurs intrusions dans les systèmes américains et européens. Les hackers très officiels de l’Armée de Libération du Peuple de Chine sont notoires. Son Unité 61398 à Kunming travaille avec Naikon, une communauté de hackers. Leurs cibles sont de multiples gouvernements et c’est un organe de guerre électronique. Des intrusions répétées sont rapportées sur le réseau de l’énergie électrique américain, dans un but de répétition générale pour un sabotage futur. Il est évident qu’un collapse du réseau électrique mettrait à genou une économie avancée. Ces intrusions sont source de tensions ouvertes entre Washington et Pékin.

Et il y a bien d’autres services de ce genre : Citons ceux de l’Iran, d’Israël, de la Corée du Nord, et tous les autres BND et MI5. Et rappelez-vous qu’un client de Hacker Team, le développeur de logiciels d’espionnage italien compte parmi ses clients  … le Luxembourg. Officiellement et étonnamment l’Administration des Contributions (!) pour vous espionner ? Pour vous dire, que si ces agences veulent savoir quelque chose sur vous, ou sur des secrets industriels ou militaires, ils l’obtiendront. Ce n’est pas la culbute de Safe Harbor qui vous protègera mieux. Si par protection des données privées vous comprenez aussi le secret bancaire, sachez que le trend là aussi est vers la transparence et même l’échange de données. Et le danger que votre banque voie ses secrets embarrassants, voire criminels, dévoilés par un agent secret est infiniment plus petit que par un de ses propres employés, qui sera tantôt criminel pour la banque ou héros pour le grand public.
Où sont, après le jugement de la CJUE, les bons et les mauvais ? C’est une jungle.

Hervé, Bradley, Denis, Antoine, Klaus et Monsieur X

La CJUE vient donc indirectement de célébrer Edward Snowden comme grand bienfaiteur de l’UE. Cela ne peut que lui conférer le statut de whistleblower. Au grand dam des Etats-Unis, il est accueilli les bras ouverts en Chine, en Russie et célébré en Europe ? Donc il est traitre aux Etats-Unis et héros partout ailleurs, y compris au Luxembourg. La Schadenfreude est grande aussi, mais elle est symptôme de schizophrénie.

En effet nous pensons volontiers à l’envers dans les cas plus proches de nous. L’autre jour TV 5 Amérique a diffusé un film, « L’enquête ». C’est la version cinéma de « Révélation$ », les recherches du journaliste français Denis Robert sur les comptes opaques de la chambre de compensation CEDEL devenue ensuite Clearstream. Suite à ses révélations, Denis Robert a passé un mauvais quart d’heure, ou plutôt 10 ans de harcèlement judiciaire orchestré avec des dizaines et des dizaines de procédures judiciaires lancées contre lui au Luxembourg, en France et en Belgique depuis 2001, dans le but évident de le détruire. Car on ne gagne pas contre la banque. En 2011, il a été blanchi par un jugement de la cour de cassation en France.

Après cet acharnement judiciaire, le Luxembourg devient curieusement coproducteur avec la France et la Belgique du film « L’enquête » réalisé par Samsa Films de Luxembourg. Le « Fonds National de Soutien à la Production Audiovisuelle du Grand-Duché de Luxembourg » figure en grande évidence au générique. Ce support, est-ce manifester du regret pour les torts du passé, est-ce du cynisme ou est-ce un symptôme d’un désordre de la pensée ? Cela dépend du repère. Mesuré à Edward Snowden le héros des juges, Denis Robert est d’abord traité en criminel, puis réhabilité et ses souvenirs finissent par valoir un sérieux subside pour un film. Mesurant Antoine Deltour, employé de PwC qui est à l’origine de Luxleaks, à Denis Robert, il se dessine la même carrière pour celui-ci pour les 10 années à venir : poursuites pénales d’abord, puis une vague réhabilitation dans l’oubli.

Pour Hervé Falciani, la classification Suisse est nette : c’est un criminel recherché internationalement.  L’ex-employé de HSBC à Genève avait copié des listes de plus de 100.000 clients de la banque sur un CD, pour le vendre dit-on à des gouvernements, et le procurer aussi au gouvernement français pour former la base de la fameuse Liste Lagarde de fraudeurs du fic. Pour la  Suisse un crime a été commis. Falciani ne se rendra pas en Suisse. Même pas aux Etats-Unis qui, comme d’autres états le déporteraient immédiatement vers la Suisse sur base d’un mandat d’arrêt international, alors même que ces gouvernements ont volontiers consulté son CD. Par contre Falciani est appelé le « Edward Snowden de l’évasion fiscale » par ses supporters.

Plus net était le sort de Klaus Lins, informaticien autrichien qui au Liechtenstein a dérobé les données de clients de la fiduciaire Herbert Batliner, surtout des « Stiftungen ». Il a été fêté comme un Robin Hood d’abord, et est un homme ruiné aujourd’hui, qui a écopé de 6 mois de prison en Autriche. Il n’a pas vendu ses informations, mais logé des accusations diverses et de taille sur l’opération au Liechtenstein.

La quadrature du cercle a certainement été le cas de Bradley Birkenfeld. L’affaire porte son nom en Suisse, et a constitué une grande brèche dans ce plus vieux sanctuaire de l’évasion fiscale. Birkenfeld qui avait soulevé des objections contre la facilitation de l’évasion fiscale des clients américains, a été débouté par son employeur, l’UBS. Il a ensuite dénoncé la pratique et les noms des clients aux autorités américaines qui l’ont à la fois condamné pour ses activités à 40 mois de prison, et l’ont récompensé de USD 104 millions payés par le IRS (Administration des Contributions) Whistleblower Office sur base de la législation US sur le whistleblowing, qui récompense les alerteurs. Un héros criminel en quelque sorte. L’IRS a récupéré USD 10 milliards en impôts et amendes, et UBS a payé une amende d’USD 780 millions.

Encore plus près de chez nous il y a X, Monsieur ou Madame, pour compléter notre galerie de portraits. X aurait vendu des données bancaires provenant de la BCEE, qui porte plainte contre X, et « la BCEE rappelle que ses pratiques commerciales sont et ont toujours été conformes aux exigences de la réglementation bancaire luxembourgeoise et européenne applicable [sic]. »

Quelle étiquette faut-il coller à X, héros ou criminel ? Et au receleur allemand ? La réponse est que cela dépend du moment, de l’endroit, et du stade d’avancement de la crise. Soit on le condamnera comme criminel, le réhabilitera beaucoup plus tard, ou au contraire on le fêtera comme héros. Il est clair aussi que notre galerie de whistleblowers a changé chaque fois la banque en forçant l’éthique et la transparence. Leur action va de pair avec des législations sur la transparence des gouvernements, généralement connus comme « Freedom of Information » ou FOI, sauf au Luxembourg où la loi Bodry sur l’accès à l’information est en souffrance depuis presque 15 ans.

La justice assise, entre deux chaises

Les juges de la CJUE sont-ils à contre-courant de l’évolution en célébrant la transparence de Snowden et la confidentialité des données personnelles? En fait on va vers l’érosion du secret d’état et à celle de la confidentialité personnelle.
Le secret d’état, centenaire, fond sous les coups de FOI. La sphère privée, invention citadine plus récente, se rétrécit bon gré mal gré par l’omniprésence de technologies, le besoin de sécurité, et le simple besoin de communication. Ainsi nous avons protesté les caméras de surveillance avant de concéder qu’elles préviennent des crimes ou aident à les résoudre. Nous nous soumettons à la prise de nos empreintes digitales, et perdons notre temps dans les lignes de sécurité aux aéroports. Et comme M. Schrems, nous n’avons aucun problème à mettre nos données personnelles sur FB ou sur la carte de garantie du nouveau fer à repasser. Je me revois dans mon ancien village, où chacun savait tout sur chacun. On se livrait soit spontanément, soit on était l’objet du « Beschass ». Personne ne pouvait cacher grand-chose, même pas le curé.



Dans cette évolution la CJUE a pris la décision de protéger une ambition politique et peut-être utopique, celle de protéger les données personnelles en invalidant Safe Harbor.  En ce faisant, elle a érigé des obstacles nouveaux pour startups et innovateurs de l’internet de tout genre qui auront très difficile financièrement à se conformer aux nouvelles restrictions.  La Cour a aussi atomisé la politique européenne de la protection des données en 28 parcelles qui risquent des conflits d’interprétation entre eux. Il est urgent que l’UE et les USA remettent Safe Harbor à flot. La politique devra prévaloir sur les phantasmes de la paranoïa.