Tuesday, October 30, 2012

La candidature d'Yves Mersch au directoire de la BCE

Une lueur d'espoir. Sunset Naples, Florida. Photo: Inspecteur Clouseau


La candidature d'Yves Mersch au directoire de la BCE

Quand la Commissaire s'emmêle.

Dans le petit monde des élus permanents luxembourgeois, faute de compétition locale, une nouvelle forme de compétition a fait surface. C'est la poursuite effrénée de la gloire internationale. Ainsi Monsieur Juncker est Président de l'Eurogoupe, Monsieur Asselborn siègera au Conseil de Sécurité de l'ONU et Monsieur Frieden fait le doublé Banque Mondiale - FMI. Même Madame 40%, Viviane Reding, Commissaire et Vice-présidente de la Commission Européenne voit qu'il y a encore échelon au-dessus d'elle: La Présidence de la Commission. Elle est donc pour plus de femmes dans les échelons supérieurs de l'administration et des entreprises, 40% au moins.

Quand la deuxième phalange luxembourgeoise, celle des non-élus s'y met, le Luxembourg est moins chanceux, comme nous devons le constater avec la candidature d'Yves Mersch au directoire de la BCE. En fait les ambitions de Madame 40% sont devenues un croche-pied pour lui: Yves Mersch n'a pas eu le nombre de votes nécessaire pour déménager à Francfort, pour la simple raison qu'il n'est pas une femme. Mersch alors ! Mais que s'est-il passé? 

Honni soit qui femelle y pense.

Les Parlementaires européens, Visigoths, Celtes, Francs, Gaulois, Vandales, Lombards, Normands, Ibères, Sarazins et Barbares barbus avaient bien appris le message de Frau Kommissar Viviane, et comptant leurs collègues féminins, se sentaient bien coupables de ne pas atteindre le chiffre de l'action affirmative de 40%. Yves Mersch avait beau étaler ses qualifications devant cette assemblée, ce n'était pas cela qu'on voulait entendre. On voulait de la femme! Ah, si Yves m'avait consulté!

Je lui aurais dit de raser d'abord ses moustaches, pour faire moins macho devant ces partisans acquis à la "cause Viviane". Puis le discours aurait dû s'étendre plus sur les femmes, comme par exemple: "je suis persuadé que j'étais une femme dans une autre vie, ma chanson préférée est "j'aime les filles" de Dutronc, et j'ai épousé une femme, ou même à la BCL nous venons de nommer une femme. Je suis sûr que cette affaire aurait pu être gagnée sur les apparences et le small talk. Que faire maintenant?

La femme est l'avenir de l'homme

Je parle de notre homme, Yves. Son avenir est Frau Merkel, qui est en train de soulever des montagnes pour lui. Après que j'avais un mot avec quelques cardinaux proche du parti de Viviane et avec quelques amis du Qatar, je crois que la question des quotas féminins a été réglée. J'ai perçu en effet chez ceux-là une opposition générale et de principe à la proposition Viviane. Mais aussi une grande ouverture d'esprit. Une de leurs idées avancées avancée sert à sauver les apparences: qu'Yves porte donc soit la soutane, soit une djellaba. Quel joli compromis! L'autre idée, Madame la Commissaire l'a déjà adoptée. C'était de remettre sa proposition dans le tiroir.

Rapport s. "La Panthère Rose"

Friday, October 19, 2012

Le Luxembourg dans la folie des grandeurs: Unité, Binité, Trinité.


Götterdämmerung. Photo ET

Le Luxembourg dans la folie des grandeurs: Unité, Binité, Trinité.

ou

Quand la grandeur des folies est inversement proportionnelle à la grandeur.

Loin de moi de vouloir dénigrer les immenses efforts déployés par nos ministres pour "mettre le Luxembourg sur la carte". Trois sont parvenus à faire parler du Luxembourg et d'eux-mêmes surtout: à l'Eurogroupe, la Banque Mondiale et FMI, et au Conseil de Sécurité de l'ONU. Nous sommes tous fiers, Roude Léiw huel Se, mais  inquiets aussi. Ça y est, le Luxembourg fait mouche sur la carte! Les ambitions sont assouvies, le denier public dépensé et notre trio manquant sauve le monde. Ou est-ce sauve qui peut?

L'orchestre joue sur le Titanic luxembourgeois. Quelle chance de l'avoir pour couvrir le bruit de la collision avec l'iceberg. Ainsi la situation est grave, mais dans la joie, l'insouciance et l'unité.

Le capitaine Juncker a depuis longtemps abandonné le bâtiment pour s'en aller sauver l' Océan tout entier. Ainsi l'Océan portera sur ses épaules le héros qui l'a sauvé et le Titanic en même temps.

Monsieur Frieden est allé au fond des choses. Pas de l'Océan. Pour éviter toute nouvelle collision, il faut s'occuper de l'Iceberg financier, dont on sait qu'on ne voit que le sommet. Il a quitté le navire aussi pour s'occuper de cet iceberg et de l'attaquer par le sommet. Il s'est fait couronner Grand Manitou à la Banque Mondiale et au Fond Monétaire International. Deux fois! C'est, je suppose, une binité.

Monsieur Asselborn, qui vient de gagner un des sièges de l' Orchestre, réarrange les chaises sur le bateau qui coule. C'est le plus urgent. S'occuper des canots de sauvetage, c'est pour les paniqueurs.

Juncker, Frieden, Asselborn, notre Trinité absente.

Dans l'eau glacée de la nuit flottent 20,000 chômeurs et les débris  d'Arcelor, TDK, Kaupthing, BCCI, BIL, KBL, Luxguard, Hyosung, Villeroy Boch, Cargolux .

Pour la bonne mesure, et pour confirmer mes propos, le Wort vient de publier le "Größtes"Wort" aller Zeiten." Je pense qu'en abrégé cela s'écrit "GröWaZ".

Le dernier personnage souffrant de telles folies de grandeur se faisait appeler "GröFaZ".



Wednesday, October 3, 2012

Cargolux, quinze mois d'agonie


Qui mène le bateau? Coucher du soleil à Key West, Florida. Photo ET.

Cargolux, quinze mois d'agonie 


Les caïds leur ont raconté des bobards.Si j'étais eux je ne dormirais que d'un œil! (1)


J'avais écrit cela dans mon blog du 19 septembre 2011, dans le slang des mauvais garçons de Michel Audiard, pour alarmer par la dérision ceux que la simple analyse des nouvelles autour de Cargolux ne pouvait alarmer. Hélas, on a continué à prendre les paroissiens pour des pives.

D'abord, le public n'a jamais vu le contrat signé avec Qatar Airways en juin 2011. ("Financial terms of the deal were not disclosed").  Encore moins a-t-il vu cet accord global de 2011 entre le Luxembourg et le Qatar qui comporte d'autres transactions. On vous dira que Cargolux est une société privée, donc elle ne peut être forcée à publier ses documents. A moins qu'on s'inspire de la jurisprudence récente en Allemagne, qui règle cette question dans le cas où le gouvernement est majoritaire, directement ou indirectement, et ne pourra plus faire la censure. Au Luxembourg, qui ne connait pas le droit à l'information du public, l'on doit tirer des conclusions soi-même. Quinze mois d'observation du nouvel actionnaire de Cargolux sont révélateurs, car le djinn est sorti de la bouteille. Voici sa manœuvre. Elle comporte trois phases:

Phase I: la mise en ménage et à pied

Elle commence bien-sûr en juin 2011 par une déclaration d'amour de Monsieur al Bakr de Qatar Airways à la Belle: "Our investment in Cargolux, a sound, healthy and profitable company and a leading all-cargo carrier, will deliver great value to Qatar Airways proving to be an excellent strategic partnership," said Akbar al Baker, the chief executive of Qatar Airways. (The National, June 11, 2011)" (2)

Mais la Belle, toute fleur bleue, va vite apprendre qui porte la culotte. Dès le premier Conseil d'Administration, les cumulards du gouvernement qui y sont surreprésentés, assoupis et intimidés, se font traiter "d'incompétents", et Boeing, partenaire historique de Cargolux, se fait administrer une gifle sonnante par le refus d'accepter la livraison du premier Boeing 747-8F. Voilà, les pendules sont mises à l'heure. Pour pendre la crémaillère, c'étaient  Monsieur Wildgen et Monsieur Forson qui vous ouvraient la porte. Monsieur Reimen, l'ancien Président, a malheureusement dû aller s'occuper précipitamment de la Protection Nationale.

Phase II: l'engourdissement de la Belle 

La pauvre. Elle ne se rend même pas compte que sa dot est cannibalisée. On avait parlé de "synergies". Le mot se transforme en "singerie", car QA "singe" en un temps record des routes parallèles à celles de Cargolux en Amérique du Nord pour mieux la manger, c.à.d. lui rafler sa clientèle en cassant les prix. Facile d'opérer à perte, quand on dispose d'un budget illimité en gaz naturel et pétrole sous les pieds. La Belle, saine et profitable en juin 2011 verra ses pertes revenir et s'accumuler. $27 millions, rien qu'en janvier-février 2012. Les 1001 nuits sont devenues un cauchemar. Est-ce par manque de chance ou par dessein diabolique? Voyons, nous avons quelques indications par quelles erreurs de calcul la mésaventure s'est développée:

·         Cargolux et le gouvernement ont négocié exclusivement avec QA. C'est superbement intelligent.
·         On dira aussi que ce n'est pas vrai que la Yangtze River Express aurait offert 50% de plus que QA. (Yangtze  entretemps a opté pour Hahn en Allemagne, un pis aller).
·         Yangtze proposait aussi un prêt à des termes favorables. On a démenti cela aussi.
·         Les "synergies" promises se traduisent en pertes de clients et de revenus, donc en l'opposé de synergies qui est antagonisme.
·         Les dirigeants coutumiers luxembourgeois sont traités d'incompétents et QA finalement impose ses pions.

Ce début est troublant, tout comme l'est la suite. Lisons ce qui se passe sur le terrain maintenant:

·         Il fallait une étude. Un certain Monsieur Wymans présentera les grandes conclusions, qu'on lui aura sans doute données dès le premier jour de son engagement. A lui d'écrire l'introduction. C'est toujours plus facile de faire dire par un expert ce qu'on ne veut pas dire soi-même.
·         Monsieur Forson donne des interviews pour préparer le KO à venir, préparer le terrain et amollir la résistance du personnel aux douloureuses conclusions du Monsieur ci-dessus. La clé de voûte est la remise en question de MRO (entretien des avions) au Findel, et l'idée d'utiliser dorénavant 2 types d'avion, ce qui rendra la maintenance encore plus compliquée et chère au Luxembourg, donc intenable diront-ils.
·         Monsieur Forson finalement dénonce les contrats d'emploi pour renégocier. C'est pour cela qu'il est là. Il aura bien mérité de QA, et un jour il s'en ira ailleurs, vers le soleil levant.

On en est là. La dégringolade a été rapide depuis juin 2011. Depuis la Cargolux saine et profitable de 2011 a été réduite à l'ombre d'elle-même. Etait-ce aux mains d'un partenaire abusif?

Phase III: La situation telle qu'elle se déploie

Nous savons que le corporatisme d'état à la luxembourgeoise est opaque. Le public n'a pas eu le droit de savoir les détails des accords passés avec le Qatar. Pour extrapoler les possibilités futures, nous pouvons lire le passé récent, contempler les motivations usuelles d' un investisseur, et les stratégies et techniques financières disponibles à QA.  C'est spéculatif, mais face à l'opacité et aux contradictions officielles, l'analyse des possibilités apporte la seule lumière. Voici la "check-list":

1. Pourquoi vend-on des actions?

On vend (donc Cargolux) généralement pour un de ces deux motifs:
·         parce qu'on a besoin de capital. On vendra donc des nouvelles actions, ce qui correspond à l'obtention de capitaux nouveaux. Cela aurait dû se faire.
·         parce qu'on a décidé de sortir de l'affaire (par exemple BIP). On vendra donc ses actions existantes. La société changera simplement de propriétaire sans apport de capitaux nouveaux. C'est ce qu'on a fait.

2. Pourquoi achète-t-on?

On achète (donc Qatar Airlines):
·         soit pour améliorer son bilan avec des revenus supérieurs (ce n'est manifestement pas le cas en ce qui concerne les revenus de Cargolux, en perte).
·         soit pour acquérir un savoir faire (Monsieur El Bakr a eu des mots peu élogieux au sujet de la compétence de la direction de Cargolux dans le passé). Donc le savoir-faire des dirigeants n'est pas son motif, mais l'expertise dans opérations de la société.
·         soit pour obtenir des marchés qu'on n'a pas. Qatar Airlines a en effet déjà marché sur les plates-bandes de Cargolux notamment aux USA, cannibalisant ses clients,
·         soit pour à terme éliminer un concurrent gênant et avoir le champ libre pour ses propres activités. Ce qui se fait pas à pas en contrôlant l'actionnariat et quelques postes clés. C'est fait.

3. Pourquoi n'y a-t-il pas eu augmentation de capital?

C'est le point de confusion: Cargolux avait besoin de capitaux. Les amendes brutales et les pertes des dernières années, les pertes de clients, la fourniture de nouveaux avions etc. crient à l'augmentation du capital. Il aurait fallu créer dès lors des nouvelles actions à acquérir par le plus offrant, qui officiellement était Qatar Airlines, inofficiellement Yangtze River. Ainsi l'un aurait renfloué Cargolux de $117.5 millions, l'autre de $175 millions, se voyant attribuer 1 nouvelle action pour chaque deux d'actions existantes, en pratiquant les mêmes chiffres.

Pourquoi a-t-on privilégié la sortie d'actionnaires existants à la place, en déclarant qu'il ne fallait pas d'augmentation de capital, contre toute évidence? Et subitement il en faut une rapidement. De récentes informations indiquent qu'un investisseur substantiel et mystérieux serait disponible. Pourrait-il s'agir de QA? Les accords existants pourraient nous éclairer !

4. Quels sont les termes des accords avec QA et le Qatar?

Il se pourrait que ces termes de fait empêchent tout autre investisseur que ceux existants. Comme les termes ne sont pas connus, voici donc les questions ouvertes:
·         Y a-t-il une clause de non-dilution dans le contrat avec QA? Si oui, le pourcentage de 35%  de QA devra être maintenu en toute circonstance. Ainsi, si un nouvel investisseur veut acquérir 1/3 de Cargolux, QA doit garder son 1/3 intact, ce qui diluera le groupe des luxembourgeois au 1/3 restant. Les intérêts luxembourgeois perdront le contrôle.
·         QA a-t-il un droit de préemption (right of first refusal)? En quels termes? A en croire leur expertise exhibée lors des 15 derniers mois, je parierais qu'en effet ils ont un tel droit. Etant donné leur savoir-faire il est probable que QA ait mis ces verrouillages en place, et serait déjà maître à bord. C'est peut-être cette conquête facile de leur partenaire qui est la raison de leur peu d'estime pour l'ancienne garde.
·         QA a aussi le droit d'augmenter sa participation de 35% à 49%. Est-ce aux mêmes termes que pour les 35% au départ, c.à.d. acquérir les 14% additionnels pour $46 millions? C'est une autre approche pour le contrôle de CV, par leur intérêt additionnel via BIL/Luxair.

Voilà les options pour l'avenir. La question de la maintenance des avions à Luxembourg deviendrait bien aléatoire. Presque toutes les options vont vers un contrôle de Cargolux par Qatar Airways, qui a établi une jolie "Féckmillchen".

Pensez-vous que Cargolux est dans des meilleurs draps en octobre 2012 qu'en janvier 2011? Il est très possible qu'en ne pas entrant dans ce partenariat, la situation Cargolux serait bien meilleure aujourd'hui.

(1) http://tinyurl.com/9ydla96
(2) http://tinyurl.com/62rv99a








Monday, October 1, 2012

Augmentation du Capital chez Cargolux. Vraiment?

Vol de nuit. Naples, Florida. Photo ET.


Cargolux a besoin d'améliorer sa situation financière. C'est pour cela qu'on comprend mal l'opération conclue avec Qatar Airways en juin 2011, qui servait juste à faire rentrer QA dans l'actionnariat, et de permettre à d'autres d'en sortir. Le bénéfice pour Cargolux? Des "synergies" disait-on. Je dirais plutôt des singeries. Car CV depuis l'arrivée de QA, les pertes sont revenues. L'on vous dira que sans QA, les pertes auraient ete plus importantes encore.  A en croire les événements, c'est plutôt QA qui les a causées par sa concurrence.  L'opération QA n'a certainement pas renfloué la situation financière de CV!

Une des réalités du moment est qu'il faut du capital frais. Yangtze avait même prévu des prêts importants.  15 mois plus tard, l'on ne dement plus qu'il faut du liquide, maintenant.

Selon CARGOFORWARDER, ça y est. 
Heiner Siegmund rapporte que Cargolux peut compter sur une importante augmentation de son capital, un nombre de millions à trois chiffres. Vraiment.

Avant de se réjouir, le passe nous apprend qu'il vaut mieux attendre confirmation, et comprendre qui apporte le capital et à quelles conditions. Attention aux solutions expéditives à court terme, la joie aujourd'hui, les regrets demain.