Wednesday, July 31, 2013

Comment blanchir le Coup d'Etat au Luxembourg?

    Voyage dans le temps. Naples Florida. Photo ET

Comment blanchir le Coup d'Etat au Luxembourg?

Le Parlement ne veut plus de moi? Je change de Parlement.


Le 22 Messidor, ce qui dans le calendrier révolutionnaire est notre 10 juillet, il y a bien eu coup d'état au Luxembourg. Un coup d'état bien spécial.

Ce coup d'état n'était certes pas une révolution populaire, malgré ma référence au Messidor. Le brave peuple restait indifférent. Ce n'était pas non plus un putsch, ce qui aurait impliqué la force des armes. Mais au Luxembourg ce genre de putsch n'existe qu' à l'envers, le politique chassant l'uniforme: Fischbach, le papa, renversait le Colonel Winter, Schiltz, le neveu, envoyait promener le Colonel Ries.

Non, le coup d'état du 22 Messidor était un coup d'état à la douce, exercé subrepticement par notre propre Premier avec la connivence du Président de la Chambre, en déjouant une motion de censure. A la bonne luxembourgeoise, ce coup était aussi à l'envers. JC Juncker ne saisissait pas le pouvoir. JC Juncker avait le pouvoir et il empêchait le Parlement de le lui enlever. Sans vote de confiance, Juncker interruptus n'a pas eu lieu. La démission attendue a été remplacée par des "Neiwahlen", quelque chose que la Constitution ignore. Le Parlement ne veut plus de moi? Je change de Parlement. Le coup d'état était démarré.

Savourez la confusion!

Oui mais, éclairez ma lanterne semblait dire le Grand-Duc, sur qui JC Juncker devait compter pour la deuxième phase du coup d'état, la dissolution de la Chambre à décider de suite, mais effective seulement en Octobre ou Vendémiaire si vous préférez l'ambiance barricadière. Mais sans la démission pressentie du gouvernement. La troisième phase du coup d'état, les élections anticipées, sont en fait l'effort de légitimation de tout coup d'état.

Comme la séance de la Chambre le 10 juillet fut avortée par son Président, il n'y avait pas d'acte documenté pour le Grand-Duc qui lui permît d'agir dans le vide constitutionnel.  Le Chef de l'Etat a donc demandé conseil au Conseil d'Etat, dont l'avis était formel: la démarche envisagée est anticonstitutionnelle. "Qu'à cela ne tienne" ont rétorqué nos élus pratiquement à l'unisson. "La Constitution est un vieux chiffon du 19e siècle et ne compte plus", disaient-ils, par là reniant leur serment solennel.

"Je jure fidélité au Grand-Duc, obéissance à la Constitution et aux lois de l’Etat."

C'est cela que nos élus ont juré lors de leur prise de fonction. Le Grand-Duc en a fait de même par ces mots: "Je jure d’observer la Constitution et les lois du Grand-Duché de Luxembourg ....." Et malgré que la Constitution nous dit que "Le Grand-Duc n’a d’autres pouvoirs que ceux que lui attribuent formellement la Constitution ........." les partis politiques sont allés le convaincre de leur volonté unanime d'enfreindre la Constitution et de dissoudre le Parlement. Une pareille suspension effective de la Constitution  est par définition un coup d'état. Le Conseil d'Etat dans sa sagesse, avait avisé contre cette démarche illégale.

Je sais bien-sûr que si tout le monde se moque de la petite vieille, la Constitution, l'excuse est précisément que tout le monde le fait. Cependant sa suspension pour un oui et pour un non ne passera pas inaperçue dans le monde. Notre légendaire stabilité politique est comme la virginité: cela se perd la première fois.

Il y avait ou il y a pourtant trois moyens de la recouvrer: d'abord l'occasion manquée, hélas, puis la machine à remonter le temps (aussi farfelue que le coup d'état même), et finalement le "back to the future".

L'occasion manquée

Entretemps, tout le monde connait l'occasion manquée du 10 juillet. L'entendement  général était de procéder au vote de confiance dont on connaissait le résultat d'avance, de provoquer ainsi la démission du gouvernement et sa suite logique, la dissolution de la Chambre. Cela ne pouvait être, du fait de M. Juncker, et le Président de la Chambre était de connivence. Sans doute pris de court, aucun député n'a objecté aux entorses procédurales qui ont eu lieu. Notre Premier s'en est sorti sans conséquence, la veste blanche et avec l'auréole de la victime.

La machine à remonter le temps sera inaugurée ce 22 juillet passé

Tout comme l'esquive de la motion de censure était une acrobatie, la machine à remonter le temps en serait une autre pour remédier à la faute commise. Voici son fonctionnement: Nos élus n'ont pas fait leur devoir? Enfin ils disent que si, mais que Juncker l'a mangé. Ils auraient pu l'en empêcher et ils auront donc une retenue. Comme heureusement le Parlement n'est pas encore dissout, la retenue pourrait avoir lieu au mois d'août, en pleines vacances, pour amender l'article 74 de la constitution à peu près comme suit:

Le Grand-Duc peut dissoudre la Chambre.
(1) Il peut prononcer la dissolution différée de la Chambre, et l'antidater.
(2) Il est procédé à de nouvelles élections dans les trois mois au plus tard de la dissolution.

Voilà, la Constitution est respectée. Le Grand-Duc a maintenant les pouvoirs pour remplacer les deux arrêtés qui sont implicitement contestés par le Conseil d'Etat, de les antidater pour les faire appliquer dans le futur. La machine à remonter le temps sert à réécrire l'Histoire!

Le "Back to the Future" est un méchant retour de manivelle

Imaginez que lors de la retenue au mois d'août que nous venons d'infliger à nos élus, un petit futé se lève pour demander qu'on vote aussi sur les deux motions escamotées le 10 juillet. En s'attendant aux résultats escomptés en juillet, l'on pourrait s'attendre à un vote de censure de 34 - 26, selon les lignes des partis. Le gouvernement serait démis, et la gestion catastrophique du SREL aurait des conséquences. Il y aurait toujours les élections anticipées.

Mais attendez, ce vote ne serait plus si sûr. Des choses se sont passées depuis le 10 juillet. Des fidèles vétérans dans tous les partis plus ou moins volontairement ne se retrouvent plus sur les listes électorales qui ont été publiées récemment. Avec un peu d'amertume et de rancune, feraient-ils (elles) l'ultime éclat de changer leur vote escompté plus haut? Et si ce résultat était inversé? Il n'y aurait alors certes pas de démission du gouvernement. Il ne faudrait plus d'élections anticipées, car elles servaient d'écran de protection contre la démission du gouvernement. La Constitution serait vierge de nouveau. Il y a un hic: le Grand-Duc devrait annuler les élections anticipées. Il faudrait donc un ajout à l'article 74 qui dirait que "le Grand-Duc peut annuler des élections nationales." Et tout le monde crierait à l'abus.

A la fin de cette politique fiction, n'avez-vous pas ressenti le besoin d'avoir enfin une nouvelle Constitution? Je propose deux choix: ou bien faire confiance à nos élus de nous la confectionner selon leurs intérêts, ou bien photocopier la constitution américaine, bâtie sur de profondes discussions philosophiques recueillies d'ailleurs dans "The Federalist" (1). On mettrait un peu de sauce luxembourgeoise, mais les trois mots les plus importants en langue luxembourgeoise deviendraient alors "We the People".





Friday, July 19, 2013

COUP D'ETAT AU LUXEMBOURG



COUP


 D'ETAT


à l'unanimité ?



Thursday, July 18, 2013

Un vaudeville constitutionnel au Luxembourg

    We need some light. Sunset Naples FL. Photo ET

Un vaudeville constitutionnel au Luxembourg

Pour la deuxième fois depuis 2009 le Luxembourg connait une crise constitutionnelle. La première résultait du refus du Grand-Duc, communiqué bien en avance au Premier Ministre, de "sanctionner" la loi sur l'euthanasie pour raison de conscience, alors qu'une majorité des députés l'avaient votée.  Elle s'est résolue par une sorte de coup d'état en changeant la Constitution.

La présente crise résulte de l'affaire du Service de renseignement de l'Etat, SREL, qui aurait dû se terminer tout simplement par un vote de confiance, avec les conséquences normales si un tel vote mettait le blâme sur le Premier Ministre ou son gouvernement. Ce qui était entendu. Une fois de plus le Grand-Duc a été mis dans l'inconfortable situation de manœuvrer sans repère constitutionnel clair. Curieusement dans ce vaudeville, nous voyons M. Juncker jouer un rôle multi-facettes de responsable, d'accusé, de défenseur, de démissionnaire, d'arbitre, de médiateur, de victime, de conciliateur et de grand sauveur tête de liste.

La grande esquive

La panne remonte à la séance de la Chambre des Députés du 10 juillet, consacrée au vote sur le rapport de la Commission d'enquête sur le SREL. Ce vote et les motions de censure y attachées n'ont tout simplement pas été soumis aux députés. La séance a été avortée avant son terme par l'action de M. Juncker, qui a agité le drapeau blanc de la démission. Le Président de la Chambre, endormi au volant ou en panne de décision, a omis de finir l'ordre du jour, comportant ces deux motions de censure. M. Juncker dirait-on ne voulait pas qu'on le critique, et a fait une manœuvre d'esquive. Je ne sais quel autre motif justifierait cette manipulation, alors que la seule tâche restante, le vote sur la rapport SREL et la question de confiance y rattachée aurait été évacuées en bonne et due forme. Et un gouvernement démissionnaire aurait continué à vaquer à la bonne marche des affaires courantes. Cela respectait la lettre et l'esprit de la Constitution, et ce que le public croyait avoir compris. Le pays s'en serait sorti avec ce gouvernement en sursis en place pour 3 mois. Comme on s'est débrouillé pendant les huit années d'absence de M. Euro de son poste de Premier Ministre. Mais une défaite par un vote de confiance est un stigmate que M. Juncker n'entendait sans doute pas endosser.

Quand on n'a rien à gagner d'une situation, il vaut mieux la laisser pourrir. Comment? En introduisant des manœuvres dilatoires, comme cette idée, justifiée je ne sais comment, mais éventuellement plausible, que le Grand-Duc prononce la dissolution différée du Parlement pour le 7 octobre. Le Conseil d'Etat, qui vient de donner son avis sur cette dissolution différée a opiné que la Constitution luxembourgeoise ne prévoit pas ce moyen. Pour des raisons obscures, le gouvernement en crise n'a pas démissionné non plus. La pensée était dès lors que le Parlement devait continuer son contrôle constitutionnel? Un peu boiteux me semble-t-il.

La provocation d'une autre affaire

Ce qui était une affaire de dysfonctionnement est en train de devenir une autre affaire à l'initiative de ....M. Juncker. Le rapport SREL lui aurait valu une sanction. Mais il a esquivé le vote parlementaire qui devait le sanctionner et créé un nouveau problème. Selon la Constitution il est le premier conseiller du Grand-Duc, à qui il refile le valet de pique. Alors que le Conseil d'Etat, dans lequel tous les partis ont leurs représentants nommés, émet son avis, les mêmes partis au Parlement ont un avis contraire. En ce cas, pourquoi perdre une semaine pour demander un avis du Conseil d'Etat qu'on n'entend respecter que s'il rencontre les désirs? En tous cas le consensus à l'issue d'une réunion de la Commission institutionnelle (à laquelle M. Juncker démissionnaire non-démissionné de l'exécutif semble avoir assisté!) est que le Grand-Duc procède à la dissolution différée de la Chambre. C'est une dissolution que selon l'avis du Conseil d'Etat le Grand-Duc n'a pas le droit de prononcer. Qui protégera le Grand-Duc du reproche qu'il aurait violé la Constitution? En attendant, le Parlement fonctionnerait donc comme le bloc des condamnés à dissolution, en attendant la date de l'exécution.

Et pourquoi pas une petite révision de la Constitution?


Je voudrais puiser dans les grands moments de sagesse passée du Parlement et du gouvernement. Rappelez-vous du 12 mars 2009 quand on a changé l'article 34 de la Constitution, en un quart de tour. Le Grand-Duc tout simplement ne "sanctionne" plus les lois, il les "promulgue". Je propose un coup similaire, un article 74bis par exemple qui dirait à peu près: "Le Grand-Duc peut prononcer la dissolution différée de la Chambre à la demande d'une majorité simple des députés." Juste comme protection de l'acte à venir et par fair play, vu les déboires de 2009. Au point où on en est avec cette Constitution, ce ne serait "que" le 38e amendement!




La zizanie au Luxembourg

    Que la lumière soit. Photo ET

La zizanie au Luxembourg

Nous connaissons nos classiques bien-sûr. Vous choisirez entre "La Zizanie" d'Astérix  et celle de Louis de Funès. Dans l'un Tullius Détritus est envoyé par César pour semer la discorde, dans l'autre Louis de Funès est opposé à sa femme dans les élections.

A Luxembourg, le Conseil d'Etat vient de donner son avis sur la dissolution différée de la Chambre des Députés. Le Conseil d'Etat a opiné que la Constitution luxembourgeoise ne prévoit pas ce moyen. Pour des raisons obscures, le gouvernement en crise n'a pas démissionné. La pensée était dès lors que le Parlement devait continuer son contrôle constitutionnel.

La panne remonte à la séance de la Chambre des Députés du 11 juillet, qui a été avortée avant son terme par l'action de M. Juncker, qui a agité le drapeau blanc de la démission. Le Président de la Chambre, endormi au volant ou en panne de décision a omis de finir l'ordre du jour de fait, comportant deux motions de censure. M. Juncker dirait-on ne voulait pas qu'on le critique.

Or la ligne d'action était toute tracée: le Parlement allait retirer sa confiance à M. Juncker. Il allait donc démissionner, ce qui dans sa lecture signifiait la démission du gouvernement. Pourtant cela n'était qu'une une de deux interprétations possibles. L'autre, peu probable,  étant qu'on le remplace par quelqu'un d'autre. 

Donc dès le 12 juillet le gouvernement aurait pu être démissionnaire et le Parlement dissout. Je ne sais quel est le motif de la manipulation qui s'y est substituée, alors que la seule tâche restante, le vote sur la rapport SREL et la question de confiance y rattachée aurait été évacuée en bonne et due forme. Et un gouvernement démissionnaire continuerait à vaquer à la bonne marche des affaires courantes. Tout comme on s'est débrouillé pendant les huit années d'absence de M. Euro de son poste de Premier Ministre.

Ce qui était une affaire de dysfonctionnement est en train de devenir une affaire Juncker. La rapport SREL lui a valu une sanction. Il esquive le vote parlementaire qui devait le sanctionner et crée un nouveau problème. Selon la Constitution il est le premier conseiller du Grand-Duc, à qui il refile le valet de pique. Alors que le Conseil d'Etat, dans lequel tous les partis ont des représentants nommés,  émet son avis, les mêmes partis dans le Parlement ont un avis contraire. En tous cas le consensus à l'issue d'une réunion de la Commission institutionnelle (à laquelle M. Juncker de l'exécutif semble avoir assisté!) est que le Grand-Duc ignore l'avis du Conseil d'Etat et procède à la dissolution différée de la Chambre. Tout fonctionnera donc comme le bloc des "condamnés à dissolution" attendant la date de l'exécution.

Je voudrais cependant puiser dans les grands moments de sagesse passée du Parlement et du gouvernment. Rappelez-vous de ce que j'appelle le massacre dela Sainte Justine du 12 mars 2009. On a fait un coup d'etat à la luxembourgeoise en changeant l'article 34 de la Constitution, en un quart de tour. Le Grand-Duc ne "sanctionne" plus les lois. Je propose un coup similaire, un article 74 bis qui dirait à peu près: "Le Grand-Duc peut prononcer la dissolution différée de la Chambre à la demande d'une majorité simple des députés." Oui, sans blague, au point où on en est avec cette constitution.



Wednesday, July 17, 2013

La crise luxembourgeoise, une mise à jour

    Une atmosphère bananière. Photo ET


La crise luxembourgeoise, une mise à jour

Récapitulons: La dernière séance de la Chambre des Députés a été virtuellement avortée. La séance tournait mal pour M. Juncker. Selon son style habituel, il a parlé de démission, sans prendre un acte et sans lever la séance de fait. Ce n'était pas son rôle. Mais M. Juncker l'a fait "implicitement"?

Le Président de la Chambre, à qui appartient ce rôle,  a de fait démissionné de ses responsabilités. Il n'a pas osé contredire celui qui n'admet pas de contradiction. Il n'a pas conclu la séance de façon ordonnée. Il n'a pas considéré les deux motions en relation avec la crise de la journée, ce qui est une faute et qui est la vraie cause de l' impasse. Ne voyait-il pas qu'au point où on en était, Juncker menait la barque dans un cul-de-sac?  Il est vrai que Monsieur Mosar donne l'impression de somnoler sur son perchoir, alors qu'il y a un renard dans le poulailler. Sa meilleure réponse est que la prochaine constitution devra permettre d' éviter la panne qu'on a en ce moment. En attendant on laisse au Grand-Duc le soin de faire la vaisselle. On lui a refilé le valet de pique.

En attendant que le Conseil d'Etat joue le rôle dépanneur des institutions (!), le pays est de fait incapable de réagir convenablement à une situation de crise. C'est impardonnable.

C'est grotesque et indigne d'une démocratie évoluée. Convenons-en, elle ne l'est pas. Ce n'est pas le spectacle du genre "flash mob" du congrès national du CSV qui a désigné M. Juncker comme tête de liste à l'applaudimètre, qui va atténuer cette impression bananière de l'état de notre démocratie.


Je voudrais me répéter ici: Si à la suite de ces turbulences qui font remonter à la surface des graves insuffisances institutionnelles, le Luxembourg rate l'occasion de se réformer, il ira vers la ruine politique et financière. Pour commencer, il y a le vaste chantier d'une nécessaire réforme politique.

Il y a d'abord la nécessaire et urgente nouvelle constitution. Notre constitution a 145 ans et elle a subi 37amendements. Elle tend vers l'absurde dans de nombreux articles. Cela fait des années qu’une révision de la constitution se trame à l’abri des regards. Elle mérite au contraire un large débat public et un referendum à au moins deux tours. Une nouvelle Constitution est trop délicate pour la confier aux pouvoirs établis et à leur agenda. Quel changement de culture politique ce serait, si on limitait aussi les mandats politiques tant qu’on y est. C’est la longévité des carrières politiques qui doit être l’explication de l’actuelle implosion de nos institutions. Je recommande entretemps la lecture du "The Federalist" comme source d'inspiration, 85 dissertations publiées par James Madison, Alexander Hamilton et John Jay comme accompagnement philosophique de l'élaboration de la constitution américaine.

Basé sur les péripéties du passé, j'y verrais bien aussi l'introduction du principe de subsidiarité comme obstacle constitutionnel à la braderie de nos intérêts, pour empêcher que des intérêts vitaux soient sacrifiés inutilement sur l'autel des institutions internationales. Je pense en particulier à cette tendance luxembourgeoise de vouloir être le meilleur élève, sinon candidat à quelque chose dans le grand monde international, avec le contribuable luxembourgeois bon pour payer pour la frivolité.  



Sunday, July 14, 2013

Le Luxembourg à la croisée des chemins

Mettant les voiles. Photo ET

Le Luxembourg à la croisée des chemins

Le mercredi 10 juillet la scène, sinon la culture politique luxembourgeoise a eu son choc qui, j'espère en fin de compte sera salutaire. Malgré le fait qu'au niveau mondial il s'agisse d'une anecdote locale impénétrable, le choc a même été remarqué par la presse internationale(1), du moins pour ses causes immédiates: une lugubre affaire d'espions et la chute de l'aspirant européen permanent, Jean-Claude Juncker.

Or cette nouvelle, rapportée comme un fait divers qui vaut 15 secondes sur les télévisions internationales, est tronquée. Elle ignore la genèse de ce fait rare en politique luxembourgeoise, la chute du gouvernement. Cette chute a ses origines lointaines dans ce bouillon de méfiance publique colportée depuis des décennies, l'affaire Bommeleeër qui couvre l'espace du temps pendant lequel J.C. Juncker était un des responsables politiques, dont 18 années comme Premier Ministre. L'accélération de la désintégration du système s'est produite à partir de 2011 avec une réaction en chaîne de scandales gouvernementaux plus ou moins habilement esquivés: l'affaire  Livange-Wickrange, l'affaire Cargolux, l'affaire SREL, toutes sur l'arrière-fond des grondements de l'affaire et du procès Bommeleeër. Le tout saupoudré d'allégations d'obstruction de la justice et de musellement de la Presse. A part l'affaire pan-luxembourgeoise de Livange-Wickrange, toutes les autres sont placées sous l'égide de Monsieur Juncker ou de ses lieutenants politiques immédiats. Même le partenaire de coalition le plus docile ne pouvait continuer à couvrir de tels dysfonctionnements. Le LSAP n'avait plus que le choix du divorce, car qui ne dis rien consent, et certes on comprendra son amertume d'avoir été aspiré malgré lui dans cette tourmente.

La grande dilution, la grande évasion, la grande illusion

Pourtant nous avons suivi les travaux douloureux de la Commission d' Enquête Parlementaire qui peinait pour trouver une raison pour diluer la responsabilité dans les pannes du SREL. Ainsi espérait-on, que leur chef Juncker ne serait pas le seul responsable, mais aussi la Commission de Surveillance et si possible d'autres. On dira aussi, pour amadouer l'opinion, qu'on veillera à ce que cela ne se reproduise plus! La Commission finissait par discutailler du sexe des anges en accouchant d'une notion de responsabilité objective et subjective, en espérant trouver là une autre échappatoire. Il n'en fut rien. Il ne restait que la grande évasion: la démission au lieu du vote de confiance. Bref, une dérobade devant les responsabilités.

La grande illusion qui s'ensuivit est que le CSV, feignant la surprise totale à propos de cette tournure des événements pourtant signalée depuis des semaines, tel un essaim d'abeilles que des sales gamins auraient dérangées, se retrouvaient sans préavis, endéans quelques minutes pour un congrès "flash mob" national extraordinaire à Hespérange. Pas besoin de préparer ce congrès, car l'adrénaline se substituait au processus démocratique pour "stante pede" sélectionner J.C. Juncker pour se succéder à lui-même comme tête de liste aux élections anticipées, que l'on anticipait sans doute correctement, seraient décidées par le Chef de l'Etat.     

Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation

Cette précipitation contraste certes avec la démarche des autres partis, s'autorisant un moment de réflexion, et le pas délibéré qu' a pris le Grand-Duc, qui en tant que Chef de l'Etat a voulu d'abord s'entourer de tous les renseignements pour déterminer la sagesse des décisions à prendre: dissolution de la Chambre et élections anticipées en Octobre. S'il est clair que le pays ira vers des élections anticipées, il eut été plus élégant pour les partis d'attendre ces décisions formelles, tout en son temps, ne fut-ce que pour sauvegarder les apparences d'une constitution qui fonctionne. La plupart des partis le font. Comme quoi l'amertume n'est pas bonne conseillère, et la constitution ne commande pas de respect.

Le grand nettoyage

Si à la suite de ces turbulences qui font remonter à la surface des graves insuffisances institutionnelles, le Luxembourg rate l'occasion de se réformer, il ira vers la ruine politique et financière. Pour commencer, il y a le vaste chantier d'une nécessaire réforme politique.

Il y a d'abord la nécessaire et urgente nouvelle constitution. Notre constitution a 145 ans et elle a subi 37 amendements. Elle tend vers l'absurde dans de nombreux articles. Cela fait des années qu’une révision de la constitution se trame à l’abri des regards. Elle mérite au contraire un large débat public et un referendum à au moins deux tours. Une nouvelle Constitution est trop délicate pour la confier aux pouvoirs établis et à leur agenda. Quel changement de culture politique ce serait, si on limitait aussi les mandats politiques tant qu’on y est. C’est la longévité des carrières politiques qui doit être l’explication de l’actuelle implosion de nos institutions. Je recommande entretemps la lecture du "The Federalist" comme source d'inspiration, 85 dissertations publiées par James Madison, Alexander Hamilton et John Jay comme accompagnement philosophique de l'élaboration de la constitution américaine.

Basé sur les péripéties du passé, j'y verrais bien aussi l'introduction du principe de subsidiarité comme obstacle constitutionnel à la braderie de nos intérêts, pour empêcher que des intérêts vitaux soient sacrifiés inutilement sur l'autel des institutions internationales. Je pense en particulier à cette tendance luxembourgeoise de vouloir être le meilleur élève, sinon candidat à quelque chose dans le grand monde international, avec le contribuable luxembourgeois bon pour payer pour la frivolité.  

La transparence

Le meilleur cadre constitutionnel ne vaut pas grand chose, si le public n'a pas le droit de savoir. Une loi crédible sur l'accès à l'information (Freedom of Information, FOI), le projet de loi Bodry, est en train de mijoter depuis 12 ans. L'ancien Premier Juncker n'aime pas cette idée d'accès du public à l'information, et il l'a dit lors de la réception de la Presse pour le Nouvel An. Il n'y a aucune autre raison de ne pas la passer de toute urgence, mais pas sous une forme qui usurpe et pervertit son but premier: l'accès sans obstacle du public à l'information. Son corollaire est une législation sur le lobbying pour affiner la transparence du gouvernement. Le public en effet est aussi en droit de savoir qui est autorisé à jouer de son influence auprès du gouvernement pour influencer sa politique et sous quelles conditions.

Finalement afin de préserver autant qu'on pourra du secteur financier, il importe de réformer la Justice et surtout son fonctionnement de toute urgence. La multiplication d'affaires comme BCCI, Madoff, Kaupthing et autres finiront par rendre le Luxembourg toxique, car il ne fonctionne pas comme un état de droit. Les multiples condamnations par la Cour Européenne des Droits de l'Homme en témoignent, surtout en ce qui concerne les délais systématiquement exagérés. "Justice delayed, is Justice denied". Au moment où le fameux procès du Bommeleeër est interrompu pour 10 semaines de congés judiciaires, et accusés, défense, procureur et juges s'en vont à la plage, vous n'allez pas m'expliquer que tout roule. Mes amis américains la trouvent bien bonne que notre procès du siècle s'offre un tel hiatus après trente ans de retards.

Les urgences

Si des grandes questions de principe doivent être résolues, il y a plus terre à terre: il y a urgence et c'est bel et bien la situation financière du pays. Le défi massif de 22.000 chômeurs combiné aux déficits budgétaires grandissants et une dette publique qui vient de monter de €2 milliards, est en train de ruiner la prospérité et les chances d'arriver à des nouveaux accords de la tripartite. Le phlegme et la négligence avec laquelle ces trois urgences, chômage, dette publique et tripartite  ont été traitées font que leur réparation sera un défi majeur et désormais urgent car grandissant de jour en jour.

Les jours des solutions faciles, improvisées et vendues au public avec un bon mot à la clé, ou au contraire reculées aux calendes grecques, sont finies. Finies aussi les combines d'arrière boutique. Le monde est à la transparence et à plus de démocratie, médias sociaux aidant.

Le prochain gouvernement décidera du sort du Luxembourg. Il présidera à sa prospérité ou à son appauvrissement. Le consensus devra être large, et par conséquent, la coalition devra être large.

On ferait bien de rompre avec le passé pour sauver le futur.


(1) New York Times: Luxembourg’s Prime Minister Resigns.   http://tinyurl.com/ordcfyk 

Wednesday, July 10, 2013

Den Etienne Schneider an esou weider!


Ass dat do den Péckvillchen? Ma nee, dat ass een Osprey. 
A keng Spuer vum Etienne Schneider. Photo ET

Den Etienne Schneider an esou weider!

Ech sot zu menger Fra “ elo geet et awer duer,
Elo gëtt direkt emol op New York gefuer!
Ech wollt endlech dach den Etienne Schneider gesinn,
Ier all déi Ministeren an der Pensioun sinn.“

Et war ee grousst Fest am “University Club”.
D’ Dammen am sonndessen Kleed and d’ Hären am Schlapp,
Waren ugetratt fir Airtech ze feieren.
Doheem bezuelt déi jo alt e puer Steieren.

Prënz, Prinzessin, Fernand Lamesch a Michel Franck,
Waren all do, mee keen Schneider, war hien dann krank?
Nee, guer nit, mee hien konnt den Risk nit huelen,
Keng Regierung ze hunn fir d’ Réckrees ze bezuelen!