Saturday, March 21, 2015

La révision de la Constitution du 7 juin 2015


Golfe du Mexique. Lumiere sur la Constitution.























La révision de la Constitution du 7 juin 2015

Le nouveau gouvernement en place depuis 15 mois est composé en grande partie de nouvelles têtes. Ce qui pour la santé de notre démocratie est une bonne chose. Ainsi des initiatives surtout dans le domaine des innovations sociales ont été votées, ce que cette constellation gouvernementale particulière rendait politiquement possible. On dira qu’il y a eu des couacs.  Mais on apprend vite, et comme le montre le projet de referendum du 7 juin, un peu trop vite. En effet de l’élan idéaliste au départ du « tout le monde est sollicité », on en arrive à la maitrise de comment dégonfler les expectations et amenuiser les promesses. D’élus innovateurs, on passe déjà au statut de gouvernants qui savent mieux que celui qui les a élus. L’électeur retiendra surtout la fausse étiquette, le « Bait and Switch » de la séparation de l’Eglise et de l’Etat.

Alors que la révision de la Constitution, par son recours au referendum, est en soi l’affirmation de ce principe fondamental de la démocratie que la souveraineté réside dans le peuple, le gouvernement a fini par ruiner sa propre chance d’en faire l’évènement historique du siècle.  

Au lieu d’être le résultat d’un large débat populaire, notre Histoire voit l’avènement d’une Constitution des partis politiques, après celle d’un Roi Grand-duc, et de l’ordre féodal avant lui. Le peuple souverain sera servi trois questions inappétissantes, régurgitées par les partis qui ont à cœur l’intérêt des partis d’abord, avant celle du citoyen, tout comme le Roi-Grand-duc tentait de préserver ses intérêts, et ne faisait des concessions que dans la mesure où elles étaient inévitables. Ne parlons pas du seigneur féodal qui n’en faisait pas du tout. Les partis suivent aujourd’hui cette logique de ne concéder que ce qu’il faut.

Pourtant  le président de la commission de la révision constitutionnelle, Alex Bodry, avait pris le bon départ, en esquissant une approche qu’il faut applaudir : provoquer le débat au niveau de toute la population en organisant des rencontres, afin de distiller les vraies aspirations du peuple et de les traduire dans des questions simples presque article par article obsolète.

J’ai l’habitude de citer deux constitutions nées de la volonté du peuple : la Confédération Helvétique et surtout la Constitution des Etats-Unis, qui s’est formée au cours de longs débats, dont la publication d’un remarquable catalogue de dissertations « The Federalist ».

Quoiqu’annoncée comme principe moteur pour le referendum, une consultation préalable organisée systématiquement à travers le pays n’aura pas lieu. Même en présumant que l’organisation de telles réunions était la responsabilité du gouvernement, les forces vives de la nation n’ont semble-t-il pas non plus colmaté le vide par leur propre initiative. Encore faut-il relativiser l’impact que cette consultation aurait eu, car même les suggestions des partis d’opposition n’ont pas été entendues. Qu’en aurait-il été d’une suggestion émanant d’une Biergerinitiativ de Knaphoscheid ?

Ce démantèlement des espoirs initiaux est incompréhensible. Car étendre par contre la portée du referendum ne portait pas de risque politique. L’affirmation du gouvernement, que je supporterai volontiers, que le gouvernement n’a pas à tirer des conséquences d’un éventuel rejet d’une proposition, est validée par, et respecte le principe du referendum.

En conclusion, je dirai comme les sportifs qui ont raté une occasion : on fera mieux la prochaine fois.

A lire aussi :