Friday, December 18, 2009

Copenhague 2009


"C'est mon chant qui fait se lever le soleil tous les matins." (Le coq Chantecler)



Au sujet de Copenhague 2009, nous pensons savoir trois choses pour sûr:


La grande réunion des Nations Unies sur le réchauffement climatique se déroule actuellement à Copenhague, par un froid de canard.

Le monde presqu'entier est au diapason pour mettre le blâme du réchauffement climatique, science à l'appui, sur les pays riches qui polluent la planète en libérant des gaz à effet de serre, surtout le CO2 en quantités dangereuses.

Les pays pauvres demandent que ceux-là réparent "l'injustice climatique" qui leur a été infligée. C'est à dire les pollueurs-payeurs payent et réduisent leur empreinte carbone. Les chiffres avancés sont astronomiques.

Nous n'avons pas hérité le monde de nos parents, nous l'avons emprunté de nos enfants.

Pour commencer, je ferai volontiers mienne cette sagesse issue de la culture de la Nation Indienne Haida dans le Nord-Ouest Canadien. En préambule, pour noter mon attachement à ma planète. Et je pratique ce que je prône en jetant papiers, verres et plastiques dans des poubelles séparées. Je roule aussi en voiture hybride, je mange de l'organique et j'ai renoncé à ma participation à la grande réunion de Copenhague pour réduire mon empreinte carbonique. Je suis donc un environnementaliste modèle, et pourtant, j'aimerais tellement qu'on m'ôte d'un doute.

Un doute affreux s'empare de nous.

Au commencement le doute jaillit comme une intuition. Jadis, quand il faisait beau et chaud, nous savions que le soleil réchauffait la Terre et en même temps les cœurs. Aujourd'hui dit-on, c'est l'irresponsable comportement humain qui réchauffe la Terre, et en même temps chauffe les esprits. Jadis, c'était gratuit. Aujourd'hui nous devrons payer.

Mon intuition me dit aussi qu'il doit y avoir erreur. Rappelez-vous les blagues absurdes de notre enfance: L'éléphant et la souris traversent le désert. Et la souris dit: "Regarde derrière nous Jumbo, la poussière que nous soulevons!"

Transposé au cas du réchauffement climatique, je devrais dire à mon copain le soleil: " T'as remarqué Soleil, combien nous réchauffons la Terre?" Il est en effet contre-intuitif de penser que je fais une quelconque différence à côté du soleil pour chauffer la Terre. Ou que c'est Chantecler qui fait que le soleil se lève tous les matins. Mais en osant proférer cela, voilà que déjà les gardiens du temple sortent de partout pour m'administrer une séance de rééducation:

La science est bien établie et définitive!

On ne discute plus! Il faut agir maintenant! L'Arctique sera sans glace estivale dans 5 ans nous dit l'ancien Vice-président Al Gore, Prix Nobel de la prévision météo pour 2014 donc. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) de l'ONU a stigmatisé le CO2, ce gaz que nous expirons, comme l'ennemi de la race humaine. Nous sommes donc notre pire ennemi. Un enfant par femme suffît maintenant! Le Président du GIEC, qui est végétarien, trouve à redire que nous mangions des hamburgers, car il faut des vaches pour cela, donc des prés, donc déboiser. Cela n'est pas fini: ces vaches ruminent et ont de ces mémorables flatulences qui vous décoiffent et qui contribuent 20% (!) du méthane, CH4, cet autre gaz à effet de serre. Je ne mangerai plus jamais de hamburger ........ sans penser au Président du GIEC.

Mais il ya des voix qui se lèvent pour mettre en doute les travaux d'une organisation internationale qui semble pratiquer une science de plus en plus militante. Les données empiriques qu'elle recueille sont-elles un peu manipulées pour justifier à posteriori leurs prévisions antérieures? Je voudrais savoir pour quelle raison tant de certitude est affichée par le GIEC que la science est définitive. Pour être certain montrez moi.

Ce qui se conçoit bien, s'énonce clairement.

Force est de constater qu'il ya un certain obscurcissement et une arrogance scientifique quant au travail de ce groupe en ce qui concerne l'éducation du public. Les dogmes et les fatwas émis par le GIEC ne servent pas à me rassurer. Leur support militant se résume souvent à des slogans, des logos, des prières, des lance-pierres et des incendies volontaires. Ce qui est alors 100% émotionnel et 0% scientifique. Cette hystérie nuit au mouvement. Je voudrais entendre plus sur la science et moins sur les slogans. Chers membres du Club des GIEC, n'ayez pas peur de m'expliquer la science, j'essayerai de comprendre. Mais en attendant je reste sceptique.

Au fil de ma carrière j'ai vu des calculs aussi compliqués que les formules de l'artilleur qui sont un amalgame de mathématiques, chimie, mécanique, physique et de dynamique des fluides. Voici une confidence: même avec ces calculs savants aux nombreuses variables connues, il est pratiquement impossible d'atteindre une cible sur une distance de quelques km seulement, sans l'aide empirique d'un observateur avancé. Je serais très intéressé de savoir comment vous faites, pour établir votre certitude que la science est bien définitive, que vos cibles seront atteintes, alors que le nombre de variables est un large multiple de celles entrant dans les formules de l'artilleur. Certaines variables ne sont probablement pas encore humainement compréhensibles. N'oubliez pas que Galilée a voulu mettre en question la science bien définitive de ses juges, mais le "consensus" était plus fort.

Je sais que vous travaillez sur des modèles. Combien de paramètres arbitraires avez-vous établi à priori? Habitant en Floride, je regarde de temps en temps dans l'œil du cyclone. Malgré le fait que l'ouragan est un phénomène énorme mais très bien étudié, il est limité dans l'espace avec des variables bien connues. Mais personne ne peut répondre à cette question cruciale quelques jours en avance: à quel endroit et avec quelle force cette tempête va-t-elle toucher terre? Vous en seriez capables me semble-t-il?

D'ailleurs, si vous avez raison, j'accepterais la certitude avec soulagement. Reste cependant à me montrer quelle température globale est idéale pour notre planète. Est-ce 14 degrés C, et pourquoi pas 17? Vous ne parlez que de conséquences catastrophiques. Y en a-t-il des bonnes? Qu'est ce qui est mauvais avec l'image de palmiers au Kirchberg? Cela ferait bien plus offshore.

Et si les modèles du GIEC étaient irréalistes?

Je pense qu'une vingtaine de modèles sont considérés par le GIEC, tous avec un grand nombre de présomptions plus ou moins arbitraires au départ. Il apparait qu'une présomption capitale, le réchauffement linéaire allant de pair avec un accroissement linéaire du dioxyde de carbone, n'ait pas eu exactement une confirmation empirique dans la dernière décade, comme révélé par un incident de "hacking" appelé ici "Climategate". Se pourrait-il que le consensus autour du réchauffement soit du "group-think"? Et si dans une génération ou deux les résultats empiriques révèlent que notre époque avait produit des prévisions climatiques absurdes et non-fondées? La fin du monde a souvent été exagérée dans le passé. C'est une chose d'être ridicule, il en est une autre, pire, c'est de devoir payer pour être ridicule.

La guerre contre le dioxyde de carbone.

Il serait folie de nier que les températures changent c.à.d. montent ou descendent. Je serai le dernier à nier une évidence. Mais dire que c'est l'homme qui, produisant du dioxyde de carbone, en est la raison principale demande une bonne démonstration. Ce qui est un fait mesurable est la démesure de l'hystérie collective, qui prend l'allure d'une religion, complète avec peur de la fin du monde, un péché originel de l'homme de l'hémisphère Nord qui doit réparation au Sud pour injustice climatique et qui doit se repentir en payant des centaines de milliards de dollars. Même les religions millénaires se cramponnent et se couvrent du petit manteau alarmiste du GIEC.

C'est une belle histoire de dollars

Nous y voilà, aux dollars. Certains disent que le consensus scientifique est porté par cette évidence: cela paye bien. Le confort de beaucoup de militants est ainsi assuré. Mais il me vient à l'esprit cet autre mécanisme, actuellement pomme de discorde entre Nord et Sud à Copenhague: non pas s'il y a payements, mais combien. Les pays présumés récipiendaires ont même quitté une réunion hier sous protestation. C'est comme si nos enfants boycottaient St Nicolas.

J'ai eu le privilège en 1991 d'occuper la fonction de porte parole des Communautés Européennes à l'Assemblée Générale des Nations Unies pour une réorganisation de l'ONU dans les domaines économique et social. De cet observatoire unique, j'avais conclu que les aides au développement des pays "en voie de développement" depuis 50 ans vont dans un puits sans fond. Et de conclure que pour certains, le plus ardent désir était de pouvoir un jour, dans le cadre de l'ONU, mettre la main sur la caisse de la Banque Mondiale par simple vote majoritaire. Vingt ans après on y est presque. Pensez à cette situation: Copenhague sera le quatrième programme d'aide pour en somme toujours la même catégorie de pays dirigés par des gouvernements échoués. Les trois autres programmes étant l'aide privée des ONG, l'aide dans le cadre du programme Millénaire du développement de l'ONU et les opérations de maintien de la paix. Et oui, ce sont souvent les mêmes clients. En attendant, plus d'un milliard d'êtres humains n'ont toujours pas d'eau potable. Quand mettra-t-on ces récipiendaires à l'épreuve, sous protectorat de l'ONU, avec expectations et critères de réussite à la clé?

Conclusions pour le Luxembourg

Par les temps qui courent notre monde politique suit le trend, va à Copenhague, dépense un petit paquet et sauve le monde. C'est compréhensible, c'est là que se trouvent les voix électorales. Cela n'aide pas à établir ou à confirmer la vérité scientifique. Qu'importe, car on peut par contre être très pragmatique: je propose que le Luxembourg, en catimini, approche les deux grands "carbon trade" brokers qui sont Cantor Fitzgerald à New York et ECO Securities à Londres pour attirer ces activités à Luxembourg. L'après Copenhague risque de faire exploser ce secteur des finances. En faisant semblant d'y croire, c'est une belle niche et c'est du bon business.

Egide Thein