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Wednesday, June 19, 2013

Luc Frieden disculpé par un haut fonctionnaire

           Paix au Luxembourg ou Nonnefascht dans le ciel? Photo ET


Vu d'ici, l'histoire est incompréhensible:

On ne cherche pas à sécuriser des documents. On va gaiment vers une confrontation parole contre parole. En ce cas il y en au moins un qui ment. Tout le monde semble content quand finalement quelqu'un se montre, un fonctionnaire tout proche de Frieden, qui permet d'annoncer qu'il n'y a pas de problème pour Luc Frieden. La séance a délivré la réponse espérée.


Dans ce cas bien-sur, personne, mais alors personne n'a pensé à s'encombrer de ce que Pierre Reuland aurait à dire. S'il avait un "deal" avec Luc Frieden, c'était le moment de le laisser déballer son deal!



Tuesday, June 18, 2013

Mischi Wolter et le damage control.

Damage Control: De la lumière, pas de vagues, de la transparence et demain sera une belle journée. Photo ET


Mischi Wolter et le damage control.

J'en ai marre, car mes élèves n'écoutent pas! Mischi Wolter a proféré des menaces à l'encontre de la Presse. Il devait donc faire marche arrière. Cela s'appelle "damage control", encore une fois! Combien de fois faut-il le répéter?!


J'avais pourtant bien expliqué comment fonctionne le "damage control", en rassemblant quelques règles fondamentales dans un article intitulé "Le rapport Cargolux est de la grande littérature". Quand on fait une conférence de Presse, pour expliquer SA vérité, on fait du damage control!

Je me paraphrase donc: Dans tout damage control on est prisonnier de la première règle qui dit que "l'on ne peut pas défaire ce qui a été fait".

Il aurait valu mieux ne pas faire de conférence de Presse, si l'on n'est pas prêt à exprimer ses regrets d'avoir dépassé les bornes en menaçant des gens qui font leur métier. En ce cas on ne fait que confirmer ce qui a été fait, et cela sans regret. Exprimer quelque chose qui dit que "si jamais il y en avait qui se trouveraient offensés, en ce cas j'exprime mes regrets" est un Non-Non dans le damage control. On n'exprime pas vraiment un regret par cette reconnaissance hypothétique, comme quoi s'il ya des imbéciles qui auraient mal compris, alors je condescend de parler de regrets qu'ils étaient assez stupides pour mal comprendre. N'est-ce pas un tantinet arrogant?

La deuxième règle est précisément d'éviter le piège de l'arrogance avec cette autre attitude que voici: Ecoutez ce que j'ai à dire, avalez-moi cela. Mais pas question de poser des questions. Le message est, que je ne peux rien dire en dehors de mon papier concocté par d'autres (mal fait d'ailleurs), de peur de m'embourber encore plus. Je ne suis pas sûr de moi, et bon dieu, j'ai chaud, sortez moi d'ici au plus vite.

Une autre règle est de trouver quelque chose de positif à dire pour soit divertir, soit réparer, comme par exemple, au minimum: "Je vous assure que cela ne se reproduira pas". Ou mieux: "Je suis vraiment un allié de la presse et je n'économiserai aucun effort pour que la loi Bodry sur l' accès du public à l'information sera votée dans une forme qui garantira la plus parfaite transparence."

Elèves Frieden et Wolter: Vous avez une Datz. Vous me copierez 100 fois:

Les règles du damage control que nous avons ignorées sont: 
1. L'on ne peut pas défaire ce qui a été fait.
2. Il faut éviter le piège de l'arrogance
3. Veillez à créer une sortie positive.


Vous ferez signer par vos tuteurs.



Friday, June 14, 2013

Un certificat médical pour une gueule de bois?

    Question de longueur d'onde. Photo ET

Un certificat médical pour une gueule de bois?


Après le vote de confiance .....

Comment expliquer, quand on ressent le besoin de devoir s'expliquer? Cours rapide pour débutants en cinq phrases clés:

"Je n'ai brulé le Stop qu'un tout petit peu"
"Je ne suis enceinte qu'un tout petit peu"
"Dien Heien drénkt naïscht"
"On fera mieux la prochaine fois"
"Elo gëtt et geschwënn eng op den Popo!"



Friday, June 7, 2013

Le rapport Cargolux est de la grande littérature

    Lissez les vagues. Golfe du Mexique. Photo ET

Le rapport Cargolux est de la grande littérature

Read this in English here!

Il est dit que c'est le vainqueur qui écrit l' Histoire quand la guerre est finie. Je dirais de même que c'est celui qui paye pour un rapport "indépendant", qui écrit l'Histoire. Monsieur Frieden a payé €200.000 pour son rapport. Le produit qu'on vient de découvrir est effectivement celui que le gouvernement voulait. Le client est satisfait. Mais ce n'est pas une enquête, encore moins une enquête judiciaire, c'est sans doute un exercice de "damage control" et aussi de l'Histoire-fiction.

1. Le rapport est un conte des 1001 nuits

C'est une belle histoire cousue de fil blanc, où les éléments bien connus du passé de Cargolux, disparates et désordonnés, sont tissés ensemble en un seul tapis bien lissé. Une partie de la fiction voudrait prétendre que: une équipe Cargolux-gouvernement, soudée, motivée, sous pression de Bruxelles pour accepter un autre actionnaire, a identifié Qatar Airways comme LE partenaire stratégique idéal pour Cargolux.  Grâce aux talents supérieurs de négociateur de Monsieur Frieden, ce gros poisson a finalement pu être tiré à bord en 2011, contre toute attente. Les autres parties de la fiction sont les embellies sur les éléments sous suspicion depuis toujours:  la notion de partenaire stratégique et la justification de la sortie privilégiée de BIP de l'actionnariat.

En ce qui concerne le choix de Qatar Airways comme meilleur partenaire stratégique, le terme "à l'époque" est utilisé. C'est sans doute pour excuser l'échec rapide et scandaleux de la stratégie qui n'était géniale "qu'à l'époque". Or une stratégie n'a rien de ponctuel ni dans l'espace ni le temps. C'est un plan bien réfléchi pour le long terme. La stratégie du partenariat avec Qatar Airways a foiré, parce qu'elle n'était bonne à aucun moment. Qui sont les stratèges derrière la décision de Cargolux de s'engager de la sorte? Juste pour être sûr de ne jamais les recommander à personne.

La sortie en toute beauté du groupe BIP de l'actionnariat de Cargolux devient elle un conte de fées révisé: dans cette transaction à géométrie variable, les actions privilégiées de BIP et de Luxavantage bénéficiaient d'une plus-value de 40%. C'était expliqué dans le temps par un dividende dont seules BIP et Luxavantage bénéficiaient. Une opération qu'il n'est pas facile de justifier. Nouvelle explication: en sortant de l'actionnariat, ces investisseurs de longue date allaient être privés des fantastiques plus-values que l'arrivée de Qatar Airways allait procurer à Cargolux. En d'autres mots, ces actionnaires devaient être payés plus, car sur base des projections (utopiques), l'actionnaire qui se retire perd sa part des futurs profits et a donc un manque à gagner. Il faut donc le compenser! Le Luxembourg a inventé une nouvelle forme d'investissement: l'investissement zéro, donc à risque zéro dans une affaire dont on dit qu'elle  peut rapporter gros. On sera donc immédiatement dédommagé pour son futur manque à gagner!

Ce que le rapport ne dit pas au sujet de BIP, car cela dépasse l'imagination et l'ampleur de la mission, c'est qu' il ne fallait même pas absolument que d'autres vendent 35% de leurs actions à QR. Ce n'était même pas désirable. La logique aurait voulu qu'on crée des nouvelles actions pour Qatar Airways, représentant les 35% convoitées. Tous les actionnaires existants auraient été dilués. La trésorerie de Cargolux se serait améliorée de $117,5 millions, offrant ainsi un vrai bénéfice à la société. Et si par la suite BIP trouvait un autre repreneur extérieur pour ses actions, sans recourir au grand écart qu'on a vu, c'était plus propre.  Et en partant, BIP renonçait aux fantastiques gains futurs, sans compensation. J'étais étonné de l'omission de cette alternative de la part d'un Big Four, mais il est vrai que l'exécution photographique du rapport demandée ne pouvait capter ce qui n'a jamais été envisagé par le client.  

Le grand mystère qui n'a pas été éclairé par les feux du rapport est de savoir comment et par qui 35% de Cargolux ont été valorisées à $135 millions, un montant ridiculement bas. Les stratèges d'avant?

Puis il y a la méchante sorcière de Bruxelles, la Commission, qui met le gouvernement luxembourgeois sous pression, car il pourrait être accusé de subsidier Cargolux. Pourrait-on ignorer ces "pressions"? Je le ferais sans hésitation, tant que tellement de règles européennes sont ignorées par la France, l'Allemagne et les autres, comme par exemple en ce qui concerne les déficits budgétaires et bien d'autres règles effectivement caduques. Sans ignorer qu'un autre gouvernement, celui du Qatar, peut s'accaparer la BIL à 90% et la KBL à 100%. Par contre, le gouvernement luxembourgeois ne pourrait pas sauver une de ses  activités économiques essentielles? La subsidiarité européenne laisse à désirer.

2. Le rapport est un exercice en "damage control"

 En tous cas, c'est une tentative de damage control. Pour être efficace, il eut fallu se plier à quelques règles de l'art.

La première règle est que l'on ne peut pas défaire ce qui était fait, on ne peut pas faire marche arrière. Le rapport est par contre une démarche en ce sens, et descriptive révisionniste plutôt qu'analytique. Le rapport peint une nouvelle image syncrétique de l'idylle Cargolux, décrivant un paysage plaisant, sans trop analyser les détails. Tenez, cela ressemble à l'impressionisme!  Et d'arriver à une conclusion superficielle, impressionniste aussi, sans analyse ni contradiction, que l'affaire Cargolux était rondement menée dans l'intérêt de tous. Tout plane.

Cela enfreint une autre règle: éviter de tomber dans le piège de l'arrogance. Nous y sommes en plein: voici un rapport, maintenant passons outre. L'arrogance met la scène pour violer une autre règle: l'obstruction est pire que les faits. Cacher des choses et effacer les traces n'est pas une bonne idée. Souvent cette attitude se révèle plus coûteuse et dangereuse que de présenter les faits ouvertement, tous les faits à la fois, tels qu'ils se sont produits. Car la vérité finira par prévaloir. N'oublions pas qu'à l'origine de ce rapport il y avait des sérieuses questions sur la genèse des relations avec Qatar Airways. Si la perception reste que le public n'a pas reçu toutes les informations en toute franchise, le damage control sera perçu comme une opération d'obscuration.

Cependant l'opération mérite quelque respect pour la mise en scène d'une diversion. Il faut honorer le beau geste. Au moment de la présentation du rapport on donnait également la nouvelle de la vaillante riposte du gouvernement luxembourgeois contre la recommandation de Commission européenne (encore elle), d'introduire un péage sur les autoroutes luxembourgeoises. Cette tactique de créer une diversion est souvent décrite par "mettre le feu à la cuisine pour cacher l'incendie dans le garage". Monsieur Juncker l'a appliquée également en criant au feu au SREL pour distraire des affaires Cargolux et Stade National. En notre cas, toute l'attention s'est immédiatement tournée sur le péage des autoroutes, monstruosité qui n'existe même pas. J'aurais cependant choisi plutôt un vendredi après-midi pour faire ces annonces, pour optimiser les capacités d'oubli du public luxembourgeois pendant le weekend.

3. Le rapport n'est pas une enquête non plus

Rappelez-vous, la question d'une enquête Parlementaire avait été posée. Cependant la Chambre des Députés a voté majoritairement pour l'obscurité. Et la lumière ne fut pas. Il n'y a pas eu d'enquête judiciaire non plus. Pour qu'il y ait enquête digne de ce nom, il faut des témoignages sous serment, contradictoires et la saisie de documents et autres pièces et preuves, avant leur destruction de préférence. Mais on a préféré voter tout de suite qu'il n'y avait pas scandale, avant de rassembler les faits. L'équivalent de l'ancien ordre de tir: "Feu, Visez, En Joue!"


En guise de conclusion, Monsieur Frieden a reçu un certificat médical de complaisance à l'envers. c.à.d. de bonne santé. Il a été acteur, commanditaire du rapport, payeur, témoin, éditeur je suppose, investigateur et présentateur. Tout un orchestre. Pour Cargolux et ses employés qui savent parfaitement leur Histoire, il ne reste qu'une leçon: restez vigilants, et faites votre propre rapport.




Thursday, April 18, 2013

Luxembourg - L'état de la Nation

    5 fir 12. Photo ET


Luxembourg - L'état de la Nation

Après le discours 


Le Luxembourg ne se sent pas bien. Notre Premier a parlé de ce dernier, mais ce qu'il n'a pas dit pèse au moins aussi lourd que ce qu'il a dit.

D'abord il n'a pas dit qu'il était content d'être de retour au Luxembourg, après 9 années passées en Eurozone. Et on sent la frustration de voir son successeur divaguer sur Chypre, sous le nez de notre ministre des Finances.

Pour le reste, pauvre monde, où le printemps arabe est givré aux portes de l'Europe, un dictateur joufflu joue avec les allumettes en Corée et le Moyen Orient est une poudrière. Sans parler de Chypre, et de sa révélation que toute richesse est éphémère. Et notre Premier compare l'ambiance à 1913 ! 
Les deux scandales du Luxembourg, ou sont-ce quatre?

Mr. Juncker voit deux scandales, j'en compte  quatre:  Bommeleeër, SREL sans oublier Livange-Wickrange et Cargolux.

Le procès Bommeleeër qui traîne, expose des dysfonctionnements dans les institutions luxembourgeoises en général, Justice et Police en tête. Surtout que ce procès, près de 30 ans après les faits, arrive comme une cerise sur le gâteau bien marbré des autres affaires non-résolues, escamotées, obstruées, de Livange-Wickrange, Cargolux et du Service de Renseignements. Le public est confus par ce procès-spectacle, les incroyables pannes dans les enquêtes, les manœuvres, et les cordées diverses, le défilé des princes, des ministres, des ex-gendarmes et autres témoins, et deux accusés que le public ne semble disculper d'avance. Le spectacle durera encore quelques mois, sans compter une douzaine de semaines de "congé judiciaire". C'est une opérette extravagante qui impitoyablement met à nu les insuffisances de la société luxembourgeoise et de son système judiciaire.

L'autre affaire traitée, le SREL, couvre un quart de siècle. C'est un problème de seconde catégorie, créé de toutes pièces pour distraire des vrais problèmes, des années après un incident rocambolesque d'écoutes. Probablement aucune des deux affaires ne livrera de conclusion. Quant aux deux autres, elles ont été étouffées avec succès. Non, ce n'est pas l'année de la grande lessive.

Pendant ce temps là, le citoyen qui n'a pas eu de chance, qui doit trouver un emploi, retrouver une santé ou tout simplement appeler une administration, appellera souvent aux abonnés absents. Telle est l'arrogance de l'appareil que nous avons laissé dériver et sa décadence rampante. Il faut redresser la barre, au plus tôt.

Faire le ménage est un vaste chantier

" Soucieux de la crédibilité et de l’irréprochabilité de l’État, le gouvernement s’est doté d’un code de conduite et a fait voter une loi sur l’accès à l’information" dit le site du gouvernement. J'ai commencé à douter de mes sources de renseignement, car je n'étais pas au courant.  J'ai cru comprendre que la loi sur le "Freedom of Information", (FOI)  serait votée, et qu'on aurait un code de déontologie? A part l' "Accès du public à l'information en matière d'environnement", pas de trace de FOI. Le Meco doit être enchanté comme une forêt, quand il voudra un jour franchir cette piste d'obstacles.

Mais c'est au moins une déclaration d'intention. Comme pour la nouvelle Constitution, en chantier depuis des années. Tant de tergiversations montrent que des intérêts particuliers sont à l'œuvre. Un résultat autre qu'une constitution instaurant un gouvernement laïque du peuple par le peuple établira une nouvelle tutelle de quelqu'un d'autre sur le peuple et sur son avenir. Pour dénier cette tutelle à quiconque,  il ne suffit pas des bons principes de séparation des pouvoirs, mais aussi de deux outils de contrôle: le droit à l'information du public pour pouvoir juger, et un code de déontologie pour sanctionner.

Quand enfin ce sera fait, encore faudra-t-il distinguer entre  la qualité des textes adoptés, le sérieux de leur application, les sanctions prévues et surtout les sanctions effectivement appliquées. Le public a raison de regarder ces projets avec suspicion: ils sont en gestation depuis 12 ans. Si le Luxembourg ne change pas, le monde global s'en chargera.

La globalisation est à double tranchant

Le Luxembourg, plus agile que certains voisins, a su profiter des ouvertures procurées par la globalisation et la construction européenne, tout en abritant un pan de ses activités économiques par le secret bancaire et le « pragmatisme » de ses institutions. Ce darwinisme demande une adaptation continue, car la globalisation est une voie à deux sens. La place financière est assiégée comme paradis fiscal, le pragmatisme est décrié comme laxisme sinon paradis judiciaire, et le site industriel, surtout l'acier, se vide de sa substance sous le double effet de la perte de compétitivité et de stratégies mal choisies.

Le problème éternel à résoudre est celui de comment garantir le futur d’une économie monolithique ? Tout à fait logiquement en consolidant ce qu'on a et en diversifiant de toute urgence.

Changer le paradis fiscal et judiciaire en centre financier respecté

C'est dire, le délivrer de ses tares, et effacer la renommée qui pêle-mêle se réfère à des activités légitimes et légales, douteuses, illicites et carrément criminelles, et  à la faiblesse des règles et surtout à une grande impunité.  Ce n'est pas l'affaire grotesque du Bommeleeër qui viendra l'infirmer. Ni la Cour Européenne des Droits de l'Homme qui a condamné le Luxembourg comme récidiviste pour ne pas fournir une justice en des délais raisonnables. Ni les victimes de Madoff ou de la BCCI. Le centre financier est en ce moment un paradis judiciaire qui desservira la défense du centre financier.

Les paradis fiscaux disparaitront à moyen terme sous les coups de butoir de la Commission Européenne, du G 20, de l'OCDE - GAFI, des gouvernements voisins et des Etats-Unis. Le Luxembourg longtemps allié objectif de la Suisse et de l'Autriche, s'est donc décidé d'abandonner le secret bancaire. C'est un pas logique, et une perte amère. Mais quelle pagaille, cette annonce: un acte non-coordonné, surprenant, comme jadis la vente catastrophique de Cargolux au Qatar. Car il y avait au moins quatre aspects qui méritaient une considération: est-il acceptable pour le Luxembourg de se dérober subrepticement  d'une alliance de fait avec la Suisse et l'Autriche, est-il acceptable de surprendre ainsi la Chambre des Députés (sinon le reste du gouvernement), comment peut-on omettre de négocier quelque chose en contrepartie d'une concession majeure comme celle-ci, et comment le dire aux clients des banques?

Faut-il se soumettre inconditionnellement aux demandes du voisin tonitruant ou aux désirs des institutions supranationales? Je décèle une contradiction étonnante entre l'arrogance avec laquelle on a développé le secret bancaire d'abord, et ensuite le zèle soumis avec lequel le gouvernement  se conforme à des demandes qui souvent heurtent nos intérêts: nous avons plié pour l'harmonisation de la TVA, Kyoto, l'aide au tiers monde, les taxes sur le commerce électronique, sans parler de la perte sans broncher de la BCE à Francfort. Sans contrepartie connue.

Equilibrer les finances

Ces gentilles concessions pèsent sur un déficit de 2 milliards d'euros en 2016 et des charges futures, il faudra  réduire les dépenses ailleurs.  Certains postes budgétaires échappent miraculeusement à la tonsure, alors que d'autres, impactant la vie des luxembourgeois se retrouveront facilement à l'ordre du jour d'une tripartite. Documentant ainsi un certain manque de discernement dans l'établissement des priorités budgétaires, alors que le pays a 22.000 chômeurs et 15% de la population se retrouvent en-dessous du seuil de pauvreté.

Opposez à cela l'image extravagante de la ministre de la Coopération Marie-Josée Jacobs roulant sa bosse à Bamako. Le Luxembourg y a planté des millions dans le sable dans le passé. Eh bien on recommence, 10 millions d'euros d'aide par an plus un spécial élections de 1million d'euros maintenant. Cela se fête. J'imagine qu'au menu il y avait des loukoums, graines de couscous et du chameau à la crapaudine. Comment? On aurait mangé le chameau offert à Hollande? Notre million permettra au moins de le remplacer par plus grand et plus beau encore. 

Honni soit qui Mali pense.




Wednesday, November 28, 2012

Cargolux - Qatar Airways: Autopsie d'un mariage forcé

Sunset in Key West Florida. Photo Egide Thein



Cargolux - Qatar Airways: Autopsie d'un mariage forcé



Par intervention divine ou était-elle prime-ministérielle, une histoire d'espionnage de série B hallucinante, avec B comme dans Bommeleeër, est venue masquer le fin mot sur le mariage forcé et raté de Cargolux. Or le fin mot sur ce mariage est que c'était une faute, une fausse solution à un vrai problème, une opération inutile, superflue, opaque et douteuse, abusive et coûteuse. L'affaire laisse une Cargolux divorcée avec plus de plomb dans l'aile qu'auparavant.

La vente de 35% de Cargolux ne faisait d'autre sens que de libérer les investisseurs privés.

La volonté affichée de s'allier avec un "partenaire industriel" qui donnerait aussi accès à du capital, sans spécifier comment, était une belle pensée théorique. C'est la base fragile de l'appréciation erronée qui a été faite.

La réalité est que deux sociétés actives dans le même secteur sont essentiellement des concurrents. La pensée était que le partenariat avec Qatar Airways, (QR), allait produire des avantages mirobolants à Cargolux, (CV). Ce n'était qu'une rêverie dépourvue de bonne diligence, et selon mes sources, sans engagement ni promesse formelle de la part de QR. Selon les dires de Monsieur Juncker, ce partenariat allait fournir des nouvelles routes, des nouveaux clients, du nouveau business et de nouveaux emplois à CV. Cette affirmation n'était basée sur rien. Mais concrètement CV projetait 500-600 tonnes de fret supplémentaires par semaine au Findel et Luxair de par son handling voyait des revenus en augmentation de plusieurs millions de dollars. Sans parler du résultat de la vente d'une partie de sa participation dans CV.

Selon mes sources encore, la bonne diligence conduite par QR était extensive et n'avait aucune réciprocité du côté luxembourgeois. Ainsi QR demandait contractuellement accès à tous les renseignements comptables, commerciaux, opérationnels, organisationnels et légaux sur CV. Aucune demande réciproque de la sorte n'était faite à QR! Il faut conclure qu'à ce jour CV ne sait même pas si QR est profitable, quels sont leurs clients, leurs obligations quelconques envers des tiers, quel est la stratégie de développement du hub de Doha, pourtant essentielle pour comprendre le business de QR. En effet, le négociateur luxembourgeois était quasi inexistant.

Ainsi la lamentable valorisation à $117,5 millions pour 35% de la société est la preuve de cette incompétence, sinon de mauvaise foi. Une vague référence à la valeur comptable de la société ne suffit pas pour convaincre le commun des mortels du bien fondé de cette valorisation, à peine $335 millions. Cargolux avait bien plus de valeur pour un acheteur qui opère 4 tires depuis 5 ans seulement. CV, c'est 42 ans d'expérience, plus de 1500 employés parfaitement entrainés, des routes, des clients , des marchés. A l'issue de l'année 2010 avec un profit de $60 millions, il n'y avait pas d'arrogance de chiffrer la valeur entre $500 millions et $1 milliard. Le candidat chinois Yangtze River Express/HNA, ne s'y est pas trompé: il a offert pour ouvrir une négociation un prix bas de $175 millions pour 35% de CV, certain qu'il serait négocié vers le haut. Cela vaut acquiescement d'une valorisation de $500 millions au moins. Il adoucissait même son offre avec une offre de prêt de $200 millions à 2% d'intérêt, alors que QR offrait vaguement d'augmenter sa participation à 49% sans indication de prix ou des modalités envisagées. La question du capital supplémentaire, tout comme des "synergies" était habilement escamotée, sinon négligée pour se concentrer sur ce qui paraissait la priorité des priorités: libérer les actionnaires privés, surtout BIP et le fond Luxavantage de la BCEE, aux meilleures conditions. Cet épisode à l'intérieur de l'affaire a été détaillée dans un article de V. Poujol dans le Land (1) et vaut la peine d'être rappelé ici.

L'acquisition de 35% de CV par QR était une transaction à géométrie variable.

C'était un jeu d'actions ordinaires et d'actions privilégiées, qui au cours d'une opération fiduciaire confiée à la banque ING apparaissaient et disparaissaient comme dans un grand numéro de prestidigitation. L'opération, qui serait probablement illégale dans la plupart des pays occidentaux, a en fait procuré une plus-value équivalente à $12,50, soit près de 40%, aux actions privilégiées de BIP et du fond Luxavantage de la BCEE, qui ont liquidé toutes leurs positions. La SNCI et la BCEE en tant que banque appartenant 100% à l'Etat et Luxair ont simplement converti leurs actions privilégiées en actions ordinaires au taux 1:1, donc sans la plus-value de 40%. L'Etat curieusement n'avait pas d'actions privilégiées lui-même. Par contre l'Etat, donc le contribuable, étant le commun propriétaire de SNCI, BCEE et Luxair a fait renoncer ceux-là à une plus value d'environ $43 millions dans la conversion, mais a permis aux investisseurs privés sortants de réaliser une plus value de près de $7 millions.

C'est donc le gouvernement qui décide qui fait un bénéfice.

C'est ce que j'appelle le corporatisme d'Etat. L'Etat a aussi décidé contre l'investisseur chinois, qui avait offert $175 millions pour la même participation, soit 50% de plus que QR, soit une valorisation de la compagnie de $500 millions ou $165 millions de plus que QR. Les actionnaires de BIP et Luxavantage qui n'avaient d'autre souci que de sortir de là calculeront leur manque à gagner en ce cas eux-mêmes. Sans avaler l'excuse de négociations exclusives avec QR. L'exclusivité avec QR n'existait que pour trois mois, le délai standard dans ce genre de contrat entre la signature et le "closing".

Parmi les autres actionnaires paraétatiques, on n'a entendu protester personne contre ces pratiques. La BCEE, par sa double présence en tant que banque et son fond Luxavantage pousse la schizophrénie dans cette opération jusqu'à approuver sous les mêmes signatures le traitement privilégié pour Luxavantage et non-privilégié pour la banque. C'est preuve que le corporatisme d'Etat tend à promouvoir ses plus fidèles et obéissants membres aux postes de commande. Besoin de leadership? Survient alors QR avec Monsieur Al Baker, qui lui tire les mêmes conclusions, et le fait savoir.

Mariage abusif

Déjà l'accord prénuptial avec CV penchait totalement en faveur de QR, lui donnant accès à tous les secrets et informations, sans réelle réciprocité. Monsieur Al Baker arrive au Luxembourg en Septembre pour consommer le mariage. Selon le principe que "His Highness kicks ass", il apprend au management de Cargolux qu'ils sont incompétents et Boeing apprend qu'ils vendent de la camelote, provoquant le bel embarras d'une livraison festive du premier Boeing 747-8 avortée.  

On connait la suite dans laquelle CV perd sa dot, ses clients, sa confiance et son reste de stabilité. L'absence de synergies, de nouveau business et l'accumulation de menaces en appellent au bon sens pour corriger la trajectoire. Les plans dans les tiroirs, ou ceux mijotant chez des consultants, ou tout simplement certains accords existants ont fait craindre le pire aux employés, car les idées avancées ne laissaient aucune place à un quelconque attachement émotionnel au Luxembourg. Elles étaient toutes en chiffres. Les syndicats ont probablement vu le piège potentiel qui existait en une prise de contrôle par QR pas seulement dans les faits (on y était déjà!), mais aussi formellement. Car QR pouvait détenir jusqu'à 49% de CV. Par le biais de BIL, acquise par Precision Capital, et Luxair, une prise d'influence était programmée.  De même jouait l'évident corollaire que 51% de CV, le solde, devaient appartenir à des groupes européens: Precision Capital est un groupe européen.

C'est sans doute l'impatience, une attitude de prima-donna qui a alarmé tant de monde et mis le public luxembourgeois en défensive. La raison formelle du divorce est en fait superficielle et même absurde: Monsieur Forson n'a pas été accepté par les actionnaires luxembourgeois comme CEO alors qu'en même temps ils lui ont exprimé leur confiance. Les raisons sont plus profondes comme nous savons.

Rendre la divorcée plus belle encore

Quel gâchis. Ajoutez deux années d'opportunités ratées. Bien-sûr, personne n'est responsable dans le système du corporatisme d'Etat. L'Etat, gouffre anonyme, assume. Ainsi il se rendra compte, après une autre expertise peut-être, que le Luxembourg s'est vidé de beaucoup de substance économique ces dernières années, que perdre Cargolux ferait franchir le pas vers une catastrophe d'ampleur. En attendant d'autres investisseurs, car c'est une question de capital dorénavant, l'Etat devra bien colmater la brèche, consolider, économiser, développer CV.

En ce qui concerne le partenaire cargo idéal, il n'existe pas. En supposant que QR veuille vendre ses parts, les autres actionnaires ont le droit de premier refus. En somme, ce sera une sorte de vente aux encheres. Tenez, pour faire avancer le schmilblick, qui offre $1 pour démarrer? Mais en attendant QR garde ses droits contractuels. S'il faut vraiment un autre partenaire "stratégique", voici un petit dessin: vaut-il mieux s'allier avec quelqu'un qui est géographiquement très loin, opère dans un grand marché exportateur en plein développement, qui donc offre plus que cet autre choix qui est plus près, un débutant qui doit apprendre, qui veut construire un grand aéroport à Doha, près de ses cousins qui tous veulent faire la même chose juste 50 km plus loin?

(1) http://tinyurl.com/d2vnuk6


Monday, November 12, 2012

Qatar: Les grands choix stratégiques du Grand Duché de Luxembourg

A la croisée des routes. Sunst, Key West, Florida. Photo ET


Qatar: Les grands choix stratégiques du Grand Duché de Luxembourg

Un petit pays sait qu'on a souvent besoin de plus grand que soi. L'inverse, que l'on a souvent besoin d'un plus petit que soi, fleurit plutôt dans les fables. Fort de cette sagesse, le Luxembourg a toujours œuvré pour compenser ses faiblesses, en adhérant à des alliances avec plus grand que soi pour sa sécurité, à des partenariats économiques et des unions politiques. Certains ont donné à nos récentes relations avec le Qatar le caractère de "relation stratégique". Le Qatar est-il vraiment une relation stratégique, et quelle est cette stratégie? Est-il plus grand que nous ou avait-on besoin de plus petit que soi?

Nos partenaires stratégiques traditionnels

Historiquement, le Luxembourg a toujours eu besoin de plus grand que soi économiquement. Ce fut le cas avec le Zollverein, suivi en 1921 par une relation économique et monétaire très étroite avec la Belgique scellée par la signature du traité d'Union économique belgo luxembourgeoise. L'après-guerre a vu l'extension de l'UEBL au Benelux, pour aboutir à l'UE.

Pour sa sécurité extérieure, après les leçons sur la validité de son ancien statut de neutralité, le Luxembourg a rejoint des alliances, l'Union de l'Europe Occidentale (UEO) d'abord sous la panique de la menace soviétique d'après-guerre, puis l'OTAN, qui est essentiellement le parapluie nucléaire américain. Ces politiques étaient destinées à nous fournir une stabilité économique et financière, des marchés, des innovations et à garantir notre sécurité extérieure. Elles étaient portées par un large consensus national. Les arrangements entre Etats se prolongeaient aussi dans la vie par des réalisations concrètes d'échanges économiques et culturels, des implantations d'entreprises grâce à une promotion ciblée du Luxembourg aux Etats-Unis, au Japon et dans les pays européens. Bref, une ouverture du pays sur l'extérieur.

Le Qatar est-il un partenaire stratégique?

Il faut le penser, étant donné que les échanges officiels au plus haut niveau ont initié les relations économiques subséquentes, et en sont même parties. Cela correspond à une politique volontairement menée, c'est donc une stratégie. Est-elle heureuse et bien pensée?

Les pays du Golfe regorgent de richesses en hydrocarbures. Ces richesses se retrouvent généralement dans des fonds souverains ou le "souverain" du pays et le fond sont souvent la même entité. Ou alors elles se retrouvent dans une suite de "family offices" des quasi banques privées. Il n'est certes pas interdit à un centre financier d'attirer cette clientèle. Mais elle est particulière et demande des lignes de conduite et un encadrement particuliers. 

La stratégie est reflétée par des visites multiples de MM. Krecké et Frieden qui ont emmené à l'occasion le Grand-duc héritier. Fort de mes anciens instincts et expérience, j'ai mis en question cet engouement, qui me paraissait sans nuance, pour ce genre de partenaire privilégié (1) (feierwon.blogspot.com du 23 juin 2011). La plus belle illustration du grand écart que le Luxembourg s'apprêtait à faire avec le Qatar a été donnée par le Ministre Krecké, qui a déclaré à l'occasion que "si nous restons attachés à nos principes, nous perdrons le business!" Au point qu'un illustre membre d'Amnesty International, Monsieur Robert Altmann s'est ému aussi dans une lettre publique de cette amitié. (2).

Les objections ne s'arrêtent pas aux seules questions de principe. Le choc culturel est large. La constitution du Qatar est telle, qu'elle ne servira pas de modèle à le révision de la constitution luxembourgeoise (3) La loi islamique est appliquée et est susceptible d' hérisser quelques poils occidentaux. La législation du travail est rudimentaire, les dizaines de milliers de travailleurs migrants sont soumis aux velléités des employeurs et les syndicats n'existent pas.

Déjà quelques orientations fondamentales du Qatar semblent renfermer des sources de conflit avec les positions internationales du Luxembourg, voire la mentalité luxembourgeoise. Ainsi il y a déjà conflit avec un Luxembourg, membre du Conseil de Sécurité de l'ONU, et la position sur le Hamas, organisation terroriste pour nous, objet de largesses financières pour le Qatar. Le Moyen Orient devient un champ de mines pour notre diplomatie entre ONU, Hamas, Qatar, Iran et Israël. Il est vrai que l'on ne peut gérer cela que si on laisse filer quelques principes comme disait l'autre.

Enfin et c'est presque une caricature, le Qatar est un membre proéminent de l'OPEC, ce qui est un cartel qui manipule les prix du pétrole, tout comme Cargolux, qui comme on le sait, a manipulé les tarifs en collusion avec les autres lignes Cargo. Cargolux a été puni, le Qatar et l'OPEC pas encore. Mais ils le seront doublement: d'abord quand les Etats-Unis passeront la loi connue sous le nom de " No Oil Producing Cartels Act", ce qui donne le joli acronyme de "NOPEC", destiné à mettre fin aux chantages de l'OPEC. Le deuxième choc est entrain de se réaliser avec l'exploitation en accélération de gaz et pétrole de schiste aux Etats-Unis et dans le monde, qui sont entrain de casser les prix, avec des réserves US de 20 fois celles de l'Arabie. C'est dans cet environnement de conflit, de désaccord et d'incompréhension et de disharmonie culturelle que le Luxembourg croit avoir trouvé un nouvel allié stratégique?

Cargolux: Quand Luc s'embourbe

C'est sous un soleil écrasant qu'en février 2011 Luc Frieden débarque dans les sables du Qatar. Il reviendra au Luxembourg avec, à la surprise générale, un accord pour la participation de Qatar Airways dans Cargolux. Les uns diront qu'ils n'étaient pas au courant. Si, si répond l'autre. Entretemps  Frieden met en scène sa propre trilogie de Wallenstein avec comme acteur principal son ami François Pauly qui selon "Forum" rejoint tour à tour Hinduja pour briguer ensuite la direction de KBL, en instance d'acquisition, et finir au troisième acte dans cette même position  à la BIL. C'est sans doute une de ces fameuses synergies, sinon singeries annoncées. Voilà au moins un objectif luxembourgeois atteint donc, mais limité et tactique seulement. Le Qatar voit plus grand que cela. Car toutes les autres "stratégies" luxembourgeoises annoncées en 2011, slogans superficiels sans contenu et sans réflexion, font figure de vaudeville en rétrospective. Monsieur Juncker, qui dit-on est déjà titulaire de l'ordre "Wider den Thierischen Ernst" a fait une prestation à l'occasion de la visite du Premier du Qatar en juin 2011, qui en fait se révèle maintenant comme de l'humour noir. Il a annoncé que grâce à ce mariage arrangé par Luc Frieden, Cargolux ouvrirait des nouvelles routes, embarquerait des nouveaux clients, augmenterait ses affaires, bref créerait des nouveaux emplois. Je comprends si personne ne rit de cet humour là, un an plus tard.

Il est remarquable que le Qatar, par Precision Fund interposé, acquiert toutes ses propriétés luxembourgeoises en-dessous de valeurs repères annoncées antérieurement: €300 millions en-dessous du prix offert par Hinduja pour la KBL, 50% en-dessous du premier chiffre annoncé pour la BIL, et environ $60 millions de dollars en moins que HNA/Yangtze pour Cargolux. En commerce cette tactique  s'appelle "Bait and Switch". Il faudrait quand-même donner quelques apaisements au bon peuple à ce sujet, car Ali Baba vide notre caverne et semble connaître tous nos mots de passe.

D'un autre côté, on est resté le champion de l'ingénierie financière et réglementaire. Ainsi avec les superbes négociateurs du Qatar, on s'est creusés pour circonvenir les objections de la Commission Européenne à un accroissement futur de la participation de Qatar Airways dans Cargolux, en établissant Precision Capital à Luxembourg. Precision a bien visé et est ainsi européenne. Eux, ils ont une mission avec des objectifs, et ils ont mis en place les moyens pour atteindre leurs objectifs qui sont grands et multiples. Nous, naïfs et en crise, avons développé une mentalité de perdants. Nos objectifs sont à cette hauteur: sauver les meubles.

Un autre petit objectif particulier luxembourgeois était de permettre la sortie des investisseurs privés de Cargolux par le biais d'une acrobatie financière avantageuse pour eux, avec l'aide d'un contrat fiduciaire avec ING. Le "Land" a baptisé l'opération de "Friedengate".

Cargolux: Le gouvernement luxembourgeois décide qui fait des profits.

Tout bagne rétorque Monsieur Frieden sur les ondes de RTL. Tout est légal et transparent, et sera montré au public, qui a le droit de savoir, comme vous savez. A ce stade, sa narration s'entendait comme un exercice pratique dans un cours de logique sur les sophismes: Cargolux qui avait cessé de négocier avec Qatar Airways, se retrouve lié par un accord qui n'avait pas son accord? L'offre chinoise de HNA était de 50% supérieure, mais les vendeurs préféraient vendre pour moins. Puis les actionnaires privés voulaient quand-même plus?

Monsieur Frieden explique que c'est normal que l'actionnaire qui se retire mérite une rémunération supérieure. Ah bon, donc avec HNA ils auraient obtenu d'abord plus et encore plus selon cette logique? Retenons qu'en ce cas, en tant qu'actionnaire, moins on gagne plus on reçoit si on est privé? Les employés de Cargolux supporteraient une telle idée pour eux-mêmes. Hélas, l'histoire n'est pas crédible:
D'abord l'Etat voulait se retirer lui aussi, mais n'a pas eu le traitement de faveur, tout comme les paraétatiques qui cédaient partie de leur participation.

Ce n'est pas la pratique internationale non plus, et c'est contraire à la sagesse populaire: quelqu'un qui se retire,  qui se sauve du Titanic, y laisse son fromage. La sagesse populaire et professionnelle aurait préféré aussi le plus offrant, le groupe chinois HNA.

L'égalité entre actionnaires est également violée. Comment banaliser cela alors qu'il s'agit entre autres de l'argent du contribuable?

Et l'argument que la plus-value accordée aux investisseurs partants augmenterait la valeur des parts détenues par ceux qui restent est fallacieux. C'est plutôt leur moins-value et l'effet psychologique du sauve-qui-peut qui tire la valorisation de Cargolux vers le bas. Il ne faut pas faire d'un vice une vertu.
Comme quoi certaines relations stratégiques peuvent égarer.



Thursday, July 12, 2012

Au Stade National de Livange, il n'y aura pas de BCEE.


 Mir brauchen e bësschen méi Liicht! Photo: ET

Les absents ont toujours tort.

Y a-t-il quelque chose de pourri au Luxembourg? Une institution, la Banque et Caisse d'Epargne de l'Etat, ou BCEE,  vient de faire un bras d'honneur à une autre vénérable institution, la Chambre des Députés.  Le directeur général de la BCEE, Monsieur Finck, invité pour venir témoigner devant la Commission des Finances au sujet de l'affaire Livange, a refusé de paraître, selon une lettre signée par l'équipe entière du Comité Exécutif, invoquant le secret bancaire. C'est évidemment un argument fallacieux, car paraître devant la commission et violer le secret bancaire sont deux choses bien distinctes. Le sophisme utilisé ne trompe pas sur la volonté de se soustraire à des questions délicates, qui probablement ne mettraient pas le secret bancaire en péril. Et de nouveau, on ouvre la voie à toutes les spéculations. L'espoir est sans doute de faire mijoter un dossier empoisonné pendant tout l'été, en espérant qu'il sera oublié à la rentrée. Ce n'est pas particulièrement astucieux.

Construire un stade dans le pré, c'est le bonheur, mais c'est compliqué

Surtout si le pré est une zone d'inondation en pleine zone verte protégée, a dit le Méco. Bof, on aurait pu passer outre, comme d'habitude, si seulement ce grain de sable n'avait pas fait grincer la machine si admirablement pilotée jusque-là. Des deux projets concurrents, Wickrange et Livange, le premier a été éliminé par discrimination, carottes et bâtons à l'appui dit-on. Et du coup la gentille petite protestation du Méco a dévoilé le château de cartes que nous connaissons ou plutôt que nous commençons à découvrir. 

L'argent fait le bonheur, mais obtenir un prêt à la BCEE, c'est compliqué

Dans mon ancien village de Beckerich, quand j'étais enfant, j'ai souvent entendu les anciens dire cette phrase pleine de sous-entendus et d'admiration respectueuse: "Hien huet een Décken an der Hand." C'est intraduisible, et même aujourd'hui je ne puis imaginer ce que ces braves gens savaient, mais au moins une chose est explicite. L'expression suggère qu'il vaut mieux être bien connecté, pour qu' une demande ou un projet quelconque ait une chance d'aboutir.

Heureusement pour Monsieur Rollinger, après avoir passé un mauvais quart d'heure parait-il, s'est vu bien connecté malgré lui. Quelle chance, comme il lui fallait 16 millions d' Euros pour que tout ce machin tourne dans le sens du tourniquet mis en place par ses nouveaux amis. Monsieur Becca pouvait aider avec la BCEE. C'est ce que Monsieur Becca a raconté. Facile, le directeur général de la BCEE, Monsieur Finck, est son bon ami aussi et est même membre du conseil d'administration de Lynx, une société appartenant à Monsieur Becca. Attention, ne faites pas la confusion entre BECCA et BCEE.

A partir de là, suivez bien la narration surréaliste notée au fil des événements: Nous apprenions d'abord qu'il n'y avait aucune intervention du gouvernement auprès de la BCEE pour un prêt à quiconque. Ce n'était pas nécessaire, car la BCEE n'avait fait de prêt à personne en connexion avec Livange? C'est Finck qui l'a dit en octobre. Par contre, pour s'enquérir si ce prêt, qui n'existait pas, avait été accordé à des bonnes conditions, Monsieur Halsdorf, Ministre de l'Intérieur et à la Grande Région, a téléphoné à Monsieur Finck. Cela a duré 10 secondes. Monsieur Halsdorf, sachant bien sûr que le prêt n'existait pas, s'est contenté de la réponse laconique de Monsieur Finck: les conditions du prêt qui n'existait pas, étaient bien les conditions normales de la BCEE. Nous apprécions tous que le Ministre n'ait pas abusé de sa position pour contraindre Monsieur Finck à améliorer les conditions d'un prêt qui n'existait pas. Reste encore cette question: comment Monsieur Finck savait-il que c'était bien le ministre au téléphone et pas un imposteur qui voulait violer le secret bancaire? Comment Monsieur Halsdorf savait-il en 10 secondes qu'il parlait à Finck et non à son répondeur? Tout ceci vaut un sketch de Raymond Devos.

Si vous voulez le savoir: le secret bancaire, c'est compliqué!

Un beau jour, notre Chambre des Députés, souveraine, a doté le pays du secret bancaire. Ayant également une responsabilité de surveillance, il est un peu troublant qu'une banque de la place refuse de paraître, suite à un convocation de ce même Parlement. Même si la lettre permet un tel refus, l'esprit ne le permet pas. C'est encore plus déconcertant s'il s'agit de la banque de l' Etat. Car en effet, paraître est une chose. La parution ici est apparentée à la politesse sinon elle est aussi synonyme de devoir de fonctionnaire. Paraître et ne pas répondre à une question pour ne pas violer un présumé secret bancaire est tout à fait autre chose.

Je maintiendrais volontiers que cette attitude est une insulte à la Chambre des Députés d'abord. Toute la Chambre réunie a voté pour exactement ce compromis, c.à.d. d'entendre des témoins au niveau des Commissions parlementaires, au lieu d'une Commission d' Enquête. Monsieur Finck a déjà été entendu dans les mêmes circonstances en automne 2011, sans invoquer le secret bancaire. Il ne l'a pas invoqué non plus pendant l'appel téléphonique de Monsieur Halsdorf. Dans le cadre des récents accords sur la double imposition du type OECD, nous communiquons des détails financiers sur demande aux autorités et administrations étrangères, en faisant exception du secret bancaire. Nos banques ont signé des exceptions similaires au secret bancaire avec les Etats-Unis dans le cadre des programmes  "Qualified Intermediary" et bientôt "FATCA". Comment ce secret bancaire, troué comme une passoire, peut-il être érigé en obstacle par la BCEE aux questions des représentants du peuple?

Les questions à poser par la Commission des Finances, selon l'état actuel du dossier, n'ont probablement rien à voir avec le secret bancaire. Le secret en ce cas est en plus un secret de polichinelle, car rarement a-t-on vu un tel déballage de détails financiers sur la place publique, par les intéressés Rollinger et Becca eux-mêmes. Pour éviter toute crainte de fuite, le témoignage aurait pu se prendre à huis clos, surtout que les députés et fonctionnaires présents sont eux-mêmes sous serment. 

Reste que le refus de la BCEE, signé par les cinq membres du Comité Exécutif est essentiellement un papier "politique", une dérobade qui met en question sa crédibilité, sinon son savoir-faire politique. Pourquoi cette dérobade à cinq signatures, alors que la banque est normalement engagée par deux signatures? Est-ce pour répandre une responsabilité parmi le plus grand nombre? La BCEE n'a rien à gagner par cet affront au Parlement. Les pourtours de cette attitude défiante sont tels qu'un autre Ministre, Monsieur Frieden, est sollicité pour assurer que les employés sous ses ordres  coopèrent avec un maximum de transparence avec nos élus. Sans doute faudrait-il dorénavant entendre les cinq signataires, un à un.
                                                   
Au moment où droits et devoirs des fonctionnaires et en fait de tout porteur d'un titre officiel sont sur la sellette ici, il m'a paru bon de combler une lacune, en proposant un code de déontologie, promis depuis si longtemps par d'autres. Je n'ai pas de grand mérite cependant.  C'est un vieux document que j'ai traduit librement de l'anglais, et que vous pourrez étudier pendant les vacances.  Tout le monde sera interrogé à la rentrée!

Code de déontologie des services du gouvernement des États-Unis. Pas compliqué

Adopté Juillet 11, 1958

Il est résolu par la Chambre des Représentants en concordance avec le Sénat, qu'il est le sens du Congrès que le code d'éthique doit être respecté par tous les employés du gouvernement, y compris les titulaires d'une charge.

CODE DE DEONTOLOGIE DU SERVICE DU GOUVERNEMENT

Toute personne au service du gouvernement devrait:
1. Mettre sa loyauté envers les plus hauts principes moraux et le pays au-dessus de la fidélité aux personnes du gouvernement, des partis, ou des ministères.
2. Respecter la Constitution, les lois et règlements juridiques des États-Unis et de tous les gouvernements qui y sont et ne jamais être une partie pour les  évader.
3. Donner une journée de travail entière pour un salaire d'une journée entière; donnant à l'exercice de ses fonctions son effort sérieux et ses meilleures compétences.
4. Chercher à trouver et à employer des moyens plus efficaces et plus économiques pour l'accomplissement des tâches.
5. Ne jamais discriminer injustement par la distribution de faveurs ou de privilèges spéciaux à toute personne, que ce soit pour une rémunération ou non, et ne jamais accepter pour lui-même ou sa famille, des faveurs ou des avantages dans des circonstances qui pourraient être interprétées par des personnes raisonnables comme influençant la performance de ses fonctions gouvernementales.
6. Ne jamais faire des promesses privées de toute nature ayant un caractère contraignant sur les devoirs de sa charge, puisqu'un employé du gouvernement ne peut avoir de mot privé qui peut être contraignant pour le service public.
7. Ne pas s'engager dans aucune affaire avec le gouvernement, soit directement ou indirectement, qui est incompatible avec l'accomplissement consciencieux de ses fonctions gouvernementales.
8. Ne jamais utiliser une quelconque information obtenue en toute confidentialité dans l'exercice de fonctions gouvernementales pour faire des profits privés.
9. Exposer la corruption partout où elle est  découverte.
10. Défendre ces principes, en étant toujours conscients du fait que la fonction publique est un bien public.

[Source: Chambre des Représentants américaine Comité d'Ethique]

Pour finir, je lis que Monsieur Biever, Procureur d'Etat aurait remis un rapport d'enquête préliminaire, en expliquant qu' un Ministre ne pourra être inculpé que par la Chambre des Députés. Nous ne savons s'il ya motif pour cela, mais retenons notre souffle. Parce que je sais que si le ministre a un "Décken an der Hand", cela n'arrivera pas. J'en ai fait l'expérience.  J'ai porté plainte pénale moi-même contre quelques malfrats il ya huit ans (tiens, déjà!), et malgré des inculpations, il n'y a pas de fin en vue.  Je suis à la recherche moi-même maintenant d' un "Décken an der Hand". Mais me voilà douteux: que faire si leur "Décken" est plus gros que mon "Décken"?

Bonnes vacances.

Wednesday, September 21, 2011

Luxembourg Sondages: Tous les Luxembourgeois sont-ils des Anarchistes?



Un sondage d'opinion récent, commissionné par le Luxemburger Wort et RTL donne le tiercé gagnant des membres du gouvernement les plus populaires. Dans l'ordre: Juncker, Frieden, Asselborn avec  le premier atteignant les 92% de votes favorables! Il s'agit là d'un joli pied de nez à la loi normale gaussienne.

Cependant cet outil mathématique peut très bien justifier les résultats incroyablement excellents par une interprétation purement politique du résultat: l'opinion publique luxembourgeoise est particulièrement à l'unisson quant à ces trois ministres. Pour quelle raison? Pour la seule chose qu'ils ont en commun: ces trois-là ne sont jamais là. Ils sont toujours à l'étranger.

Juncker est en "Europe" et sauve la Grèce.
Frieden est au Moyen Orient et au Brésil et sauve qui peut.
Asselborn est à l'ONU et sauve le monde.

Donc plus on n'est pas là, plus on est populaire. Le Luxembourg est-il content quand ils sont partis, en fait de ne pas avoir de Gouvernement? Sommes-nous devenus anarchistes ou tout simplement Belges?

A moins que ..... ce sondage ne serait qu'un message publicitaire.