Friday, April 26, 2013

BCEE Luxembourg 2012, un résultat de REVE !

    Le nuage fantastique. Photo ET


BCEE Luxembourg 2012, un résultat de REVE !



"Le profit de la banque publique a progressé de 6,1% par rapport à 2012, grâce à la contribution de l'ensemble des métiers de la banque."

On peut toujours rêver comme dirait le directeur Finck.

Thursday, April 25, 2013

Aeroport de Luxembourg: Une aide pour insonoriser les maisons

    Vol de Nuit. Photo ET



L'Etat payera une indemnité jusqu'a  €12.500 par habitation, pour insonoriser les habitations (Fenêtres, toitures).

J'ai à vous raconter une anecdote à ce sujet. Il y a bien plus de 25 ans, j'ai eu une discussion à ce sujet avec Robert Goebbels, alors Ministre des Transports entre autres. Le courroux des riverains du Findel, dont la plupart avaient empiété sur les abords, empêchait tout développement de l'aéroport du Findel pour Cargolux, DHL et autres compagnies nécessitant des opérations de nuit. L'idée a germé de faire exactement cela: payer aux riverains dans une certaine zone mesurée en décibels, un subside pour installer du double vitrage.

Robert Goebbels a eu une riposte inattendue quand il a présente l'idée à une Biergerinitiative: un des leaders lui a fait comprendre que tout le monde dort la fenêtre ouverte !

Une demie génération plus tard on a donc appris à prendre le subside de toute façon, quitte à rouspéter  quand-même plus tard. Comme par exemple, être injustement privé du subside parce qu'on dort dans la cave.






Wednesday, April 24, 2013

Luxembourg: Luc Frieden, Bison Futé ou Caméléon Zélé?
















Le paradis fiscal se dissipera dans les nuages le 1er janvier 2015


Luc Frieden, Bison Futé ou Caméléon Zélé?                               



Je croyais être très seul et à contre-courant dans un Luxembourg gavé d'argent noir, à prévenir du danger que représente cet argent noir et le label "paradis fiscal" pour le centre financier. Et logiquement à recommander son abandon pour miser sur d'autres atouts, présents ou à développer, pour consolider l'avenir de la place financière. Selon mon analyse et conviction, il n'y aura plus de paradis fiscal sur terre d'ici 5 à 10 ans, grâce à l'action combinée des pays voisins, de la Commission Européenne, du G20, de l'OECD, et des programmes américains tels que "Qualified Intermediary", OFAC, Sarbanes Oxley, FATCA, sans parler d'intrusions technologiques impressionnantes qui font du secret une illusion. Le secret bancaire n'existe déjà plus dans les faits!

Dans le même ordre d'idées, je voudrais réitérer cet autre avertissement, qui sera sans doute également  traité avec négligence, que la future épreuve de force se fera autour deux autres concepts: la concurrence "déloyale" sur l'imposition des sociétés internationales et la qualification de certaines juridictions comme paradis judiciaire. A la clé seront deux listes colorées, comprenant le Luxembourg, selon le schéma qu'on connait.  

L'épreuve de force en ce qui concerne la concurrence fiscale internationale peut être gagnée, car les alliés et les arguments abondent. Ce sera autre chose pour le paradis judiciaire, décrit dans un avant-projet de loi américain qui dort dans un tiroir en attendant le moment propice (comme le Patriot Act ou FATCA).  Est un paradis judiciaire une juridiction qui aurait des lois moins astreignantes ou inexistantes, une application des lois défaillante avec des sanctions inferieures à celles qui sont appliquées aux Etats-Unis. Bref, un système judiciaire défaillant par rapport à l'étalon américain.

Sceptiques en ce qui concerne l'imminence de ces dangers ? Voyez donc avec quelle vitesse le FATCA américain, décrié il y a encore quelques mois comme monstruosité cynique, est devenu un standard international. Mais il reste juste quelques années au paradis judiciaire luxembourgeois pour se remettre en question.

Luc Frieden dans cette affaire? Il dirait sans doute que le Luxembourg n'est pas un paradis judiciaire. Il a aussi dit que le Luxembourg n'était pas un paradis fiscal, jusqu'aux moments d'exaltation et de changement de cap devant des journalistes adroits de la grande presse allemande. Au moins sur ce dernier point, il n'y a plus à argumenter. Le paradis fiscal se dissipera dans les nuages le 1er janvier 2015. En tant qu'évangéliste de la fin du secret bancaire, je suis maintenant dépassé par les événements. En changeant de camp, Luc Frieden, tel Jean l'Aveugle est désormais à la pointe du combat, un chevalier blanc contre les paradis fiscaux. Quant au fond, je ne peux qu'acquiescer: le secret bancaire ne peut être défendu à la longue. Mais pourquoi le plaquer là, sans essayer de transition et une certaine réciprocité de la part de ceux qui voulaient sa fin? J'ai du mal à comprendre cette précipitation soudaine, car il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Est-ce un volte-face futé, parce qu'il lui fallait présider des réunions à la Banque Mondiale, nouvelle émulation à l'international avec les ténors seniors du gouvernement, Juncker et Asselborn? Ou y a-t-il urgence à déployer tout ce zèle pour sauver la place financière?  

J'espère qu'il n'y a pas d'autre explication aux dérapages qu'on voit par-ci, par-là. Je citerais la vente de 35% de Cargolux au moins offrant, le grand écart autour de la taxe sur les transactions, l'acceptation sans broncher des termes inacceptables imposées lors du "sauvetage" de Chypre. Termes qui pourront  heurter le Luxembourg un jour, car ils inscrivent dans la pratique européenne la réalité que les dépôts en banque ne sont plus surs. Des fois je pense que nous avons affaire à Bison Zélé et certainement pas Caméléon Futé. Mais alors, il lui faut un chaperon. En attendant il sera sous mon égide. 

Tuesday, April 23, 2013

Luxembourg and Kosovo sign bilateral agreement

     Une déferlante de six millions . Photo ET


Wort.lu - Luxembourg and Kosovo sign bilateral agreement


Marie-Josée Jacobs, dont la mission principale est de signer des chèques, a limité les dégâts à six millions d'euros cette fois-ci.

Thursday, April 18, 2013

Luxembourg - L'état de la Nation

    5 fir 12. Photo ET


Luxembourg - L'état de la Nation

Après le discours 


Le Luxembourg ne se sent pas bien. Notre Premier a parlé de ce dernier, mais ce qu'il n'a pas dit pèse au moins aussi lourd que ce qu'il a dit.

D'abord il n'a pas dit qu'il était content d'être de retour au Luxembourg, après 9 années passées en Eurozone. Et on sent la frustration de voir son successeur divaguer sur Chypre, sous le nez de notre ministre des Finances.

Pour le reste, pauvre monde, où le printemps arabe est givré aux portes de l'Europe, un dictateur joufflu joue avec les allumettes en Corée et le Moyen Orient est une poudrière. Sans parler de Chypre, et de sa révélation que toute richesse est éphémère. Et notre Premier compare l'ambiance à 1913 ! 
Les deux scandales du Luxembourg, ou sont-ce quatre?

Mr. Juncker voit deux scandales, j'en compte  quatre:  Bommeleeër, SREL sans oublier Livange-Wickrange et Cargolux.

Le procès Bommeleeër qui traîne, expose des dysfonctionnements dans les institutions luxembourgeoises en général, Justice et Police en tête. Surtout que ce procès, près de 30 ans après les faits, arrive comme une cerise sur le gâteau bien marbré des autres affaires non-résolues, escamotées, obstruées, de Livange-Wickrange, Cargolux et du Service de Renseignements. Le public est confus par ce procès-spectacle, les incroyables pannes dans les enquêtes, les manœuvres, et les cordées diverses, le défilé des princes, des ministres, des ex-gendarmes et autres témoins, et deux accusés que le public ne semble disculper d'avance. Le spectacle durera encore quelques mois, sans compter une douzaine de semaines de "congé judiciaire". C'est une opérette extravagante qui impitoyablement met à nu les insuffisances de la société luxembourgeoise et de son système judiciaire.

L'autre affaire traitée, le SREL, couvre un quart de siècle. C'est un problème de seconde catégorie, créé de toutes pièces pour distraire des vrais problèmes, des années après un incident rocambolesque d'écoutes. Probablement aucune des deux affaires ne livrera de conclusion. Quant aux deux autres, elles ont été étouffées avec succès. Non, ce n'est pas l'année de la grande lessive.

Pendant ce temps là, le citoyen qui n'a pas eu de chance, qui doit trouver un emploi, retrouver une santé ou tout simplement appeler une administration, appellera souvent aux abonnés absents. Telle est l'arrogance de l'appareil que nous avons laissé dériver et sa décadence rampante. Il faut redresser la barre, au plus tôt.

Faire le ménage est un vaste chantier

" Soucieux de la crédibilité et de l’irréprochabilité de l’État, le gouvernement s’est doté d’un code de conduite et a fait voter une loi sur l’accès à l’information" dit le site du gouvernement. J'ai commencé à douter de mes sources de renseignement, car je n'étais pas au courant.  J'ai cru comprendre que la loi sur le "Freedom of Information", (FOI)  serait votée, et qu'on aurait un code de déontologie? A part l' "Accès du public à l'information en matière d'environnement", pas de trace de FOI. Le Meco doit être enchanté comme une forêt, quand il voudra un jour franchir cette piste d'obstacles.

Mais c'est au moins une déclaration d'intention. Comme pour la nouvelle Constitution, en chantier depuis des années. Tant de tergiversations montrent que des intérêts particuliers sont à l'œuvre. Un résultat autre qu'une constitution instaurant un gouvernement laïque du peuple par le peuple établira une nouvelle tutelle de quelqu'un d'autre sur le peuple et sur son avenir. Pour dénier cette tutelle à quiconque,  il ne suffit pas des bons principes de séparation des pouvoirs, mais aussi de deux outils de contrôle: le droit à l'information du public pour pouvoir juger, et un code de déontologie pour sanctionner.

Quand enfin ce sera fait, encore faudra-t-il distinguer entre  la qualité des textes adoptés, le sérieux de leur application, les sanctions prévues et surtout les sanctions effectivement appliquées. Le public a raison de regarder ces projets avec suspicion: ils sont en gestation depuis 12 ans. Si le Luxembourg ne change pas, le monde global s'en chargera.

La globalisation est à double tranchant

Le Luxembourg, plus agile que certains voisins, a su profiter des ouvertures procurées par la globalisation et la construction européenne, tout en abritant un pan de ses activités économiques par le secret bancaire et le « pragmatisme » de ses institutions. Ce darwinisme demande une adaptation continue, car la globalisation est une voie à deux sens. La place financière est assiégée comme paradis fiscal, le pragmatisme est décrié comme laxisme sinon paradis judiciaire, et le site industriel, surtout l'acier, se vide de sa substance sous le double effet de la perte de compétitivité et de stratégies mal choisies.

Le problème éternel à résoudre est celui de comment garantir le futur d’une économie monolithique ? Tout à fait logiquement en consolidant ce qu'on a et en diversifiant de toute urgence.

Changer le paradis fiscal et judiciaire en centre financier respecté

C'est dire, le délivrer de ses tares, et effacer la renommée qui pêle-mêle se réfère à des activités légitimes et légales, douteuses, illicites et carrément criminelles, et  à la faiblesse des règles et surtout à une grande impunité.  Ce n'est pas l'affaire grotesque du Bommeleeër qui viendra l'infirmer. Ni la Cour Européenne des Droits de l'Homme qui a condamné le Luxembourg comme récidiviste pour ne pas fournir une justice en des délais raisonnables. Ni les victimes de Madoff ou de la BCCI. Le centre financier est en ce moment un paradis judiciaire qui desservira la défense du centre financier.

Les paradis fiscaux disparaitront à moyen terme sous les coups de butoir de la Commission Européenne, du G 20, de l'OCDE - GAFI, des gouvernements voisins et des Etats-Unis. Le Luxembourg longtemps allié objectif de la Suisse et de l'Autriche, s'est donc décidé d'abandonner le secret bancaire. C'est un pas logique, et une perte amère. Mais quelle pagaille, cette annonce: un acte non-coordonné, surprenant, comme jadis la vente catastrophique de Cargolux au Qatar. Car il y avait au moins quatre aspects qui méritaient une considération: est-il acceptable pour le Luxembourg de se dérober subrepticement  d'une alliance de fait avec la Suisse et l'Autriche, est-il acceptable de surprendre ainsi la Chambre des Députés (sinon le reste du gouvernement), comment peut-on omettre de négocier quelque chose en contrepartie d'une concession majeure comme celle-ci, et comment le dire aux clients des banques?

Faut-il se soumettre inconditionnellement aux demandes du voisin tonitruant ou aux désirs des institutions supranationales? Je décèle une contradiction étonnante entre l'arrogance avec laquelle on a développé le secret bancaire d'abord, et ensuite le zèle soumis avec lequel le gouvernement  se conforme à des demandes qui souvent heurtent nos intérêts: nous avons plié pour l'harmonisation de la TVA, Kyoto, l'aide au tiers monde, les taxes sur le commerce électronique, sans parler de la perte sans broncher de la BCE à Francfort. Sans contrepartie connue.

Equilibrer les finances

Ces gentilles concessions pèsent sur un déficit de 2 milliards d'euros en 2016 et des charges futures, il faudra  réduire les dépenses ailleurs.  Certains postes budgétaires échappent miraculeusement à la tonsure, alors que d'autres, impactant la vie des luxembourgeois se retrouveront facilement à l'ordre du jour d'une tripartite. Documentant ainsi un certain manque de discernement dans l'établissement des priorités budgétaires, alors que le pays a 22.000 chômeurs et 15% de la population se retrouvent en-dessous du seuil de pauvreté.

Opposez à cela l'image extravagante de la ministre de la Coopération Marie-Josée Jacobs roulant sa bosse à Bamako. Le Luxembourg y a planté des millions dans le sable dans le passé. Eh bien on recommence, 10 millions d'euros d'aide par an plus un spécial élections de 1million d'euros maintenant. Cela se fête. J'imagine qu'au menu il y avait des loukoums, graines de couscous et du chameau à la crapaudine. Comment? On aurait mangé le chameau offert à Hollande? Notre million permettra au moins de le remplacer par plus grand et plus beau encore. 

Honni soit qui Mali pense.




Wednesday, April 17, 2013

Luxembourg - Autriche : la valse d'adieu au secret bancaire.

                                                            Coucher de Soleil sur les paradis fiscaux. Photo ET


Luxembourg - Autriche : la valse d'adieu au secret bancaire.

Sag' beim Abschied leise Servus




N'est-ce pas admirable, la façon dont fonctionne le gouvernement luxembourgeois? Un ministre, Luc Fieden s'en va papoter avec un journal allemand. Ce n'est pas nouveau, car c'est achever un ultime degré de respectabilité et de prestige de la classe politique luxembourgeoise, que de jouer aux copains outre-Rhin. C'est aussi risqué, car des fois on en dit trop devant la caméra. Pas moyen de nier plus tard.

Donc Luc Frieden parle et lâche son secret bancaire. Le renard s'en saisit et dit: "Mon beau Monsieur, apprenez que ..." Il est étonnant, les morceaux de taille que l'on peut lâcher en très peu de temps: secret bancaire, 35% de Cargolux et autres BIL.

Le moment était choisi parfaitement aussi pour optimiser les dégâts  juste avant une visite d'Etat en Autriche. Le Grand-Duc arrivait à Vienne comme un cheveu dans la soupe. Et les deux ministres dans la délégation officielle, Asselborn et Schneider ramaient pour limiter les dégâts, avec des déclarations qui soit contredisaient les faits, soit mettaient le blâme sur une action inconsidérée d'un membre du gouvernement agissant seul.(1)(2) 

Si le côté officiel faisait bonne mine, la presse était obsédée par le cavalier seul du Luxembourg, pourtant supposé être un allié de l'Autriche dans la défense du secret bancaire. Le Luxembourg a isolé l'Autriche  dans l'Union.

Vu de Luxembourg ce n'est pas seulement un faux pas diplomatique au plus mauvais moment. C'est aussi une faute tactique d'annoncer une décision unilatérale pour laquelle les autres parties intéressées étaient sans doute prêtes  à négocier et à faire des concessions ailleurs.

Comme une prémonition, j'avais partagé la réflexion suivante dans un article rédigé le jour avant la gaffe: "Si le Luxembourg est appelé à faire des concessions, envoyez des négociateurs, des vrais pour défendre nos intérêts".

Quant au fond du problème: Les paradis fiscaux disparaitront à moyen terme sous les coups de butoir de la Commission Européenne, du G 20, de l'OCDE - GAFI, des gouvernements voisins et des Etats-Unis. Le Luxembourg longtemps allié objectif de la Suisse et de l'Autriche, s'est donc décidé d'abandonner le secret bancaire. C'est un pas logique, et une perte amère. Mais quelle pagaille, cette annonce: un acte non-coordonné, surprenant, comme jadis la vente catastrophique de Cargolux au Qatar. Car il y avait au moins quatre aspects qui méritaient une considération: est-il acceptable pour le Luxembourg de se dérober subrepticement  d'une alliance de fait avec la Suisse et l'Autriche, est-il acceptable de surprendre ainsi la Chambre des Députés (sinon le reste du gouvernement), comment peut-on omettre de négocier quelque chose en contrepartie d'une concession majeure comme celle-ci, et comment le dire aux clients des banques?




Monday, April 8, 2013

Luxembourg - L'Etat de la Nation

   Le Soleil se couche aussi. Tourmente. Photo ET

Luxembourg - L'Etat de la Nation


Etant toujours de nature optimiste, je mettrai donc mes lunettes roses pour décrire l'état de la Nation en cette année 2013: cela va mal, très mal. La majorité des luxembourgeois ne ressent qu'une vague inquiétude, mais inexorablement nous récoltons ce que nous avons semé depuis de nombreuses années. Nous voyons le pauvre état des relations internationales, le printemps arabe qui est givré aux portes de l'Europe, un dictateur enfantin et joufflu jouant avec les allumettes en Corée, un Moyen Orient qui est une poudrière de sorte que nous renoncerons à notre croisière Luxair sur le Nil et aux pélés à Jérusalem. Sans parler de Chypre, et de sa révélation que toute richesse est éphémère. Pendant ce temps-là, chez nous, notre Premier voit des réflexes de 1913, et on n'en croit plus ses instincts!

Le procès du Bommeleeër est un Miroir National

Ce procès, en cours depuis des semaines, expose des dysfonctionnements dans les institutions luxembourgeoises en général, Justice et Police en tête, et en fait une décadence rampante  dans tout le gouvernement. Surtout que ce procès, près de 30 ans après les faits, arrive comme une cerise sur le gâteau bien marbré des autres affaires non-résolues, escamotées, déraillées, obstruées, avortées de Livange-Wickrange, Cargolux et du Service de Renseignements. Le public est confus de voir défiler dans le procès du Bommeleeër en cours d'incroyables pannes à répétition dans les enquêtes, des manœuvres, des cordées diverses, des princes, des ministres, des ex-gendarmes et deux accusés que le public ne semble même pas haïr mais au contraire disculper d'avance. C'est un méli-mélo d'interférences aussi inacceptables que suspectes. Le spectacle durera encore quelques mois, probablement entrecoupé par 8 autres semaines de "congé judiciaire" en été, qui s'ajoutent aux 2 semaines de vacances judiciaires de Pâques. C'est une opérette extravagante qui impitoyablement met à nu les insuffisances de la société luxembourgeoise et de son système judiciaire.

Pendant ce temps là, le citoyen qui n'a pas eu de chance, qui doit trouver un emploi, retrouver une santé ou tout simplement appeler une administration, appellera souvent aux abonnés absents. Telle est l'arrogance de l'appareil que nous avons laissé dériver. Il faut redresser la barre, au plus tôt.

Faire le ménage est un vaste chantier 

Le changement est donc indispensable. Et il y a une lueur d'espoir, car les opportunités existent et ont été annoncées ou du moins énoncées comme liste à souhaits. Il y a d'abord la nouvelle Constitution, en chantier depuis des années. Je me fais des soucis, car des années de tergiversations montrent que des intérêts particuliers sont à l'œuvre. Un résultat autre qu'une constitution instaurant un gouvernement laïque du peuple par le peuple sera une nouvelle tutelle de quelqu'un d'autre sur le peuple et sur son avenir. Découlant des grands principes d'une telle constitution, qui sont la séparation des pouvoirs et leur contrôle mutuel, est cimentée la notion que les administrations et les ministres sont les employés des contribuables, avec leurs droits certes, mais surtout des devoirs.  Mais le contribuable, ni son représentant au Parlement, ni le quatrième pouvoir, la Presse n'ont de cadre établi pour accéder à l'information. Les devoirs et les limites du pouvoir ne sont pas définis non plus. La loi promise depuis 12 ans sur la transparence ou "Freedom of Information - FOI" (que notre Premier déclare ne pas aimer), et le fameux code de déontologie (Ministeschgesetz) qui devrait avoir son pendant pour les fonctionnaires, sont des projets remis toujours à plus tard. En cette matière, un tiens vaudrait mieux que deux tu l'auras.

Quand enfin ce sera fait, encore faudra-t-il distinguer entre  la qualité des textes adoptés, le sérieux de leur application, les sanctions prévues et surtout les sanctions effectivement appliquées. Le manque de transparence et l'absence du droit à l'information sont des portes ouvertes aux abus, à la discrimination et à la corruption. Si le Luxembourg ne se charge pas de ses propres changements, le monde global s'en chargera.

La globalisation est à double tranchant

Le Luxembourg a montré une capacité remarquable de s’adapter à la globalisation pendant des dizaines d'années. Il a su tirer avantage des changements dans le monde, et il a aussi été attaqué pour ces mêmes raisons. Petit pays plus agile que certains voisins, il a su profiter des ouvertures procurées par la globalisation et la construction européenne, tout en abritant un pan de ses activités économiques par le secret bancaire et le « pragmatisme » de ses institutions.

Mais ce darwinisme demande une adaptation continue, car la globalisation est une voie à deux sens. La place financière est assiégée comme paradis fiscal, le pragmatisme est décrié comme laxisme sinon paradis judiciaire, et le site industriel, surtout l'acier, se vide de sa substance sous le double effet de nos stratégies incompétentes et de la perte de compétitivité.

Le problème éternel à résoudre est celui de comment garantir le futur d’une économie monolithique ? Pendant un bon siècle, l’industrie sidérurgique était ce monolithe qui garantissait un bon niveau de vie aux luxembourgeois. On pensait qu’elle n’allait pas disparaitre, car enfin, on ne déménage pas des hauts-fourneaux comme une banale armoire, n’est-ce pas ? Eh bien si, dans le monde global c'est possible, et ne pas considérer cette possibilité lors d’une acquisition telle que celle de Mittal est incompréhensible : Mittal achète pour quelles raisons ? Soit pour acheter du revenu supplémentaire, soit pour acheter du savoir-faire, soit pour éliminer un concurrent, soit les trois à la fois. ARCELOR était les trois à la fois. Sachant cela, comment cette chose a-t-elle pu se passer, pire, comment a-t-on pu subventionner le plan Mittal de la mise à mort de la sidérurgie européenne, transférée de fait dans les autres sites du groupe? Le même scenario s’est répété avec d’autres, comme avec Cargolux, sauvée in extremis je dirais par la sagesse populaire.

Comment remplacer les activités industrielles perdues ? Le Luxembourg se sauve en sautant d'un monolithe, l'industrie, sur cet autre monolithe pour assurer son futur, la place financière qui est essentiellement plus vulnérable, plus déménageable que la sidérurgie. D'ailleurs 42 plans sociaux dans le secteur financier en quatre ans démontrent sa fragilité en tant qu'employeur. Plus grave, les sauvetages à répétition  des banques en difficulté comme DEXIA-BIL et BGL sont une menace pour la stabilité financière du pays entier.  Pour sortir de cette dépendance sur une seule activité économique en poussant les diversifications en cours tout en consolidant et rénovant les activités légitimes du secteur financier et lui enlever les épithètes péjoratifs ci-dessous.

Le paradis fiscal et judiciaire

Il fut un temps quand personne à l'étranger ne savait où se trouvait Luxembourg. Aujourd'hui le Luxembourg est connu en tant que "paradis fiscal" qui pêle-mêle se réfère à des activités légitimes et légales, douteuses, illicites et carrément criminelles. Souvent on entend aussi, même des parlementaires étrangers influents, utiliser le label "paradis judiciaire", qui fait référence à l'absence de règles et surtout à une grande impunité. Monsieur Contzen, Président de l'ABBL, a récemment parlé de la bonne infrastructure légale du Luxembourg. Je pense qu'il parle de la législation seulement, et non pas de l'application des lois, qu'il n'a sans doute jamais eu  à attendre. Je pourrai l'éduquer, ayant porté plainte civile et pénale il ya neuf ans contre des délinquants en col blanc, sans conclusion à ce jour. A croire que les manœuvres dilatoires ont eu de l'aide pour faire trainer les affaires de la sorte. Ce n'est pas l'affaire grotesque du Bommeleeër qui viendra infirmer mon opinion. Ni la Cour Européenne des Droits de l'Homme qui a condamné le Luxembourg comme récidiviste pour ne pas fournir une justice en des délais raisonnables. Ni les victimes de Madoff ou de la BCCI. Le centre financier est en ce moment un paradis judiciaire.
Comme chaque  gouvernement, surtout en Europe et aux Etats-Unis cherche des revenus désespérément, les havres de secrets, l'optimisation fiscale ou l'évasion fiscale sont désignés comme boucs émissaires responsables des déficits. Les paradis fiscaux disparaitront à moyen terme sous les coups de butoir de la Commission Européenne, du G 20, de l'OCDE - GAFI, des gouvernements voisins et des Etats-Unis. Pour le Luxembourg protester, prier, pleurer est également lâche. Il faut des actions hardies: consolider ce qui est légitime, l'expertise et savoir faire, et abandonner les activités qui moralement et politiquement ne pourront être défendues, p.ex. le secret bancaire. Aucune propagande luxembourgeoise ne pourra se débarrasser du label stéréotype du paradis fiscal, mais seulement les faits et ajustements qu'il faut.

Est-ce à dire qu'il faille se soumettre inconditionnellement aux demandes du voisin tonitruant ou aux désirs des institutions supranationales? Je décèle une contradiction étonnante entre l'arrogance avec laquelle on a développé le secret bancaire d'un côté, et d'un autre côté le zèle soumis avec lequel le gouvernement luxembourgeois se conforme à des demandes qui souvent heurtent nos intérêts légitimes: nous avons plié pour l'harmonisation de la TVA, la taxe sur les transferts, l'aide au tiers monde, les taxes sur le commerce électronique, sans parler de la perte sans broncher de la BCE à Francfort. Sans contrepartie connue.

Si le Luxembourg est appelé à faire des concessions, envoyez des négociateurs, des vrais pour défendre nos intérêts. Les élections de 2014 en fournissent l'opportunité, surtout si la proposition d'un membre du gouvernement de limiter les mandats à deux pouvait se réaliser. Personne n'est indispensable, et en politique la longévité n'est pas un signe de fraicheur.

La diversification économique trop diversifiée ?

Consolider le nouveau monolithe est une chose, s'en distancer et diversifier en est une autre. Mais le Luxembourg manque d'entrepreneurs créant des entreprises. Il faut donc les importer, c.à.d. aller les chercher, les convaincre et les appuyer. Le système est en place, depuis que Joe Gurley en 1958 a convaincu le gouvernement de créer une cellule appelée Board of Industrial Development avec un bureau à New York. (1) Il est remarquable que l'établissement de certaines des rares productions industrielles luxembourgeoises datent de cette époque comme Dupont de Nemours, ou même la consolidation de Good Year. Victime de son succès, l'initiative n'a pas survécu les protestations d'Arbed notamment et a fermé après trois ans seulement. Dommage, 25 années de diversification ont été perdues par la suite.

En 1975, la réactivation d'un Board of Economic Development a revisité les anciennes politiques de prospection économique à l'étranger qui restent indispensables. Je voudrais comme preuve la prolifération plus ou moins désirable d'entités chargées de la promotion économique. Quant à celles des différents Ministères, "Luxembourg for" ceci et cela, je me demande cependant comment justifier cette prolifération, le double emploi et l'éparpillement des moyens budgétaires et des efforts. Serait-ce du "moi aussi", ou l'attrait du côté récréatif des voyages officiels, ou la guerre des Ministères? 

Nos moyens pour consolider et diversifier nos activités ne sont pas illimitées. Le gouvernement emprunte comme jamais, et vient d'annoncer un trou de 2 milliards d'euros en 2016. L'année passée, 2014 était annoncée comme l'année de l'équilibre. Le fait est que la dette publique est au plus haut, mais certains postes budgétaires échappent à la tonsure, alors que d'autres, impactant la vie des luxembourgeois se retrouvent facilement sur l'ordre du jour d'une tripartite. Exemple, l'aide aux pays en développement qui reste taboue. On va se faire valoir dans le monde qu'à euros 475 millions, nous sommes champions du monde des donateurs. C'est l'équivalent du capital que Cargolux recherche en 2013 et 2014. L'exemple est représentatif pour un certain manque de discernement dans l'établissement des priorités budgétaires, alors que le pays a 22.000  chômeurs et 15% de la population se retrouvent en-dessous du seuil de pauvreté.

Notez aussi que le dernier emprunt de 750 millions d'euros nous donne les moyens pour faire don de ces 475 millions. Quoique par temps de crise, même une charité bien chrétienne pourrait s'accommoder de moins. Tel Saint Martin, qui n'a donné que la moitié de son manteau militaire au mendiant. Je me suis toujours demandé comment il a fait pour rembourser la propriété de l'Empire Romain? Je me demande comment nos enfants feront pour rembourser nos dettes?

(1) http://tinyurl.com/cbkqqny


Update: Cet article date du 7 avril 2013. Ce jour là FAZ publiait une interview surprenante de Luc Frieden, qui me donne raison quant au fond de ma position sur le paradis fiscal. Mais le quand et comment de cette interview n'est pas acceptable. Voir mes commentaires: 
http://egidethein.blogspot.com/2013/04/wortlu-luxembourg-ready-to-revise-bank.html