Sunday, January 27, 2013

SREL: L'opéra finit quand la grosse dame chante.






SREL: L'opéra finit quand la grosse dame chante.

C'est un dicton américain, qui explique aux incultes qui s'ennuient à l'opéra, que le signal de la fin est donné quand Brunhilde, casquée, armée d'une lance et d'un bouclier, se met à "pousser une gueulante". Pour la Commission d'Enquête, Brunhilde était Jean-Claude Juncker, armé de ses atouts usuels, et qui tout juste venait de finir sa campagne de sept ans de défense de l'Euro.

Je m'attendais au déploiement de toutes les astuces dans son registre: l'esquive, la fumée et les miroirs, oserais-je dire le mensonge? Ou bien la distorsion, l'exagération, l'exaspération, la solidarité avec le questionneur, y compris l'offre d'aider la Commission à trouver le mystérieux coupable du laisser aller au SREL? Puis de couper court et de s'en aller, parce qu'il aurait plus important à faire. Si beaucoup de ces astuces ont été déployées, on voyait moins une Brunhilde belliqueuse  qu'une Castafiore qui faisait tintin à la Commission.

Le décor était de nouveau le plus grand chic disponible, en chêne, sièges disposés en U. Quoique j'avais très vite l'impression que la disposition était plutôt en L, comme dans Leçon, ou Lecture. Face au L, pas le témoin, mais plutôt le professeur, grommelant, le sage répondant volontiers aux questions des élèves timides, mais aussi aux cancres. Quand la question était mal formulée ou inappropriée, l'élève se faisait gentiment gronder par le professeur qui n'était pas pisse-vinaigre pour un sou ce jour-là. Car heureux comme Ulysse, il allait s'embarquer pour un beau voyage au Chili. Sans doute pour attirer à Luxembourg ces fonds de pension que des Colonels, tyrans eux aussi, mais visionnaires avaient créés pour assurer la pérennité de la sécurité sociale. Mais on ne va pas pinocher là-dessus.

Retenons que chez nous personne n'est obsédé ou freaké par la nébuleuse du service de renseignement, certainement pas JCJ. Sauf ceux qui prennent comme un signe d'honneur qu'ils aient été fichés, car ils avaient bien ennuyé leur bourgeois de parents  de droite ou de gauche, en rejoignant la Ligue Communiste Révolutionnaire en chantant Jacques Brel. Eux, ils voudraient tellement la voir cette fiche.

Comme tout cet exercice était initié par M. Juncker pour divertir des problèmes de Livange et de Cargolux, il a esquivé de main de maitre le piège qui se tendait par l'apparition de détails perturbants, comme les écoutes. Comme lui, ont eu raison ceux qui n'ont jamais pris cette affaire au sérieux. C'était un grand divertissement. C'était du Castafiore, pas du Brunhilde.

Friday, January 25, 2013

SREL: Les Contes d'Hoffmann (et de Juncker).

  La Commission gondole


SREL: Les Contes d'Hoffmann (et de Juncker).

L'opéra fantastique a connu des nouveaux développements. Charel Hoffmann est venu ajouter un peu de gravitas dans les fantaisies exhibées lors des premiers actes. L'inégalable frère d'armes (eh oui, nous avons gagné la guerre froide!), a fait pâlir la prestation de ses 2 successeurs pékins, qui l'avaient précédé devant la Commission.  Avouez, quel opéra confus, où  vos successeurs vous précédent. Il faudrait réarranger les actes.

Aussi vous dis-je encore une fois: cette affaire des écoutes est un faux problème créé par notre Premier, (qui sera entendu le dernier), pour détourner l'œil inquisiteur de la nation qui se posait sur Livange et Cargolux. Sauf qu'il arrive ce qui doit arriver aux apprentis sorciers: d'habitude ils perdent le livre des recettes magiques, et la machine infernale s'emballe.

Mais revenons à la mise en scène sous la direction d'Alex Bodry, flanqué de ses deux metteurs en scène délégués. Plusieurs progrès très nets depuis les premiers épisodes de la pentalogie (Si M. Santer pentait) méritent nos applaudissements, pas la standing ovation cependant. D'abord le cadre était nettement plus solennel. Fini les tables IKEA plastifiées du premier acte. Je pensais qu'elles étaient là pour suggérer  qu'une séance de waterboarding pourrait survenir à n'importe quel moment. Nous savons maintenant que la mise en scène savamment  disperse de tels éléments  visuels suggestifs comme charpente psychologique de l'œuvre. Mais on ne procèdera pas à l'acte.

Ici on faisait dans le chêne, c'est plus présentable, quoique moins amusant. Car quelqu'un m'a dit que là où il y a du chêne, il n'y a pas de plaisir. Les costumes étaient tous d'époque , ca 1983. Le dialogue était sans doute volontairement laborieux, et plat comme une crêpe mélancolique quant au fond, mais c'était sans doute à dessein pour imperceptiblement amener le spectateur vers la conclusion, une démonstration par l'absurde, comme il se doit pour une telle prestation fantastique. En effet à la fin du dialogue de sourds, Charel a lâché le morceau qui met un terme à toutes ces spéculations sur les écoutes du SREL: Ie mot de la fin nous révélait que Charel était un peu dur de la feuille, mais que demain il aurait enfin une prothèse auditive. Comment? Notre service d'écoute était donc sourd? CQFD. J'arrête là! Circulez maintenant, il n'y a plus rien à voir.

Pendant ce temps là, Luc Frieden s'était glissé subrepticement hors du pays, alors que tous les yeux étaient rivés sur le petit écran. Ceux qui le savaient en Chine, redoutaient la rechute dans son obsession de vendre Cargolux à quelqu'un. Il paraîtrait que nous l'ayons échappé belle cette fois-ci.

Tuesday, January 15, 2013

Commission d'enquête. Mille pontifie

      Smoke and Mirrors. Photo ET.


Commission d'enquête. Mille pontifie

Il faut de la patience pour écouter une telle prestation. C'est un verbiage extrême, une torture, destinée sans doute à brouiller les pistes.
Ce qui se conçoit clairement, s'énonce clairement. Les questions les plus percutantes sont celles de.... Monsieur Urbany !


Monday, January 14, 2013

Avec SREL, la Cargolux fait une tête-à-queue.


Naples, Floride: coucher de soleil. Commission parlementaire, s.v.p. éclairez notre lanterne. Phot ET.

Avec SREL, la Cargolux fait une tête-à-queue.

Si dans un cinéma, vous désirez détourner l'attention de l'audience de l'action sur l'écran, essayez de crier: "au feu!"  Instantanément, vous aurez toute l'attention. Oublié James Bond qui pendouille de son hélico. Vous aurez peut-être aussi causé une panique, un drame. Bref s'il n'y a pas le feu, vous aurez quand-même affaire aux pompiers, aux policiers aux enquêteurs et aux juges. Votre imposture se terminera en tête-à-queue.

Après Livange et en plein cinéma sur l'affaire Cargolux, Monsieur Juncker a crié "au feu", enfin presque. Du bleu du ciel, il a révélé avoir été une victime dans une affaire d'écoute datant de 2008. Je présume qu'il a crié "gare l'espion!" pour détourner l'attention du public des affaires Livange et Cargolux. En effet, le gouvernement venait d'éviter une Commission d'enquête demandée par l'opposition pour dévoiler les dessous des affaires Livange et Cargolux. C'est le vote unanime de la majorité gouvernementale qui a décidé que l'on préfère l'obscurité à la pleine lumière. N'y pensons plus, il y a plus urgent: une affaire d'espionnage!

C'est une histoire sans queue ni tête qui nous a été servie: Marco Mille, ancien espion en chef du Grand-duché de Luxembourg, qui rapporte au chef des espions qui n'est d'autre que le Premier ministre Jean-Claude Juncker, aurait subrepticement enregistré une conversation avec celui-ci sur sa montre gadget. Sacrilège ultime, mais datant de 2008! L'enregistrement, par enchantement n'existerait plus. Taisez-vous Cargolux, vous ne voyez pas qu'on a à faire. Et tout ce qui grouille, grenouille et scribouille en perd la boule. Les rumeurs vont bon train, la technique des écrans de fumée et des miroirs est un plein succès.

Mais voilà! A l'époque du "copy and paste" et des media sociaux les vieux trucs ne sont plus garantis. Surtout si l'on veut dévoiler et rehausser un détail anodin en action héroïque,  en espérant qu'on oublie les cadavres dans la cave. Mieux vaut ne pas réveiller le tigre qui dort. Il se trouvera bien une preuve, un souvenir ou une copie quelque part. Et par bribes et morceaux on en arrive à la divulgation pure et simple de toute la vérité, cadavres inclus.

Ah, oui, pendant ce temps là, Qatar Airways cède ses 35% de participation dans Cargolux au gouvernement luxembourgeois. Pour $117,5 millions.

Mais le tout Luxembourg s'égosille sur les enregistrements, un disque CD crypté, le Bommeleeër, le Grand-duc dernière recrue du MI6. Le Premier ministre qui a lui-même déclenché l'affaire est furax, et en victime outragée, il  demande qu'on trouve celui qui a déclenché l'affaire. Le Figaro, Spiegel , la presse internationale se met aux premières loges de l'opérette qui se déroule. Et comme tout le monde est outragé entretemps, cette fois-ci on l'aura cette Commission d'enquête.

Comme le Figaro et le Spiegel, je me suis installé devant mon écran l'autre jour, pour suivre le premier acte de l'opérette. Le décor était un peu décevant pour moi qui suis habitué de voir sur ce même écran des sénateurs américains, cheveux argentés, costume cravate, perchés dignement sur un podium au-dessus du tiers état. La classe. Le témoin au milieu en contrebas, jamais certain de ne pas partir de là menottes aux poings.

Ici le scénariste a voulu une interprétation plus sobre, plus égalitaire. En témoigne le choix des tables IKEA disposés en U. Le témoin avait même rejoint la commission à la même table. Sa performance était une des plus brillantes, et on pouvait lire son expérience dans des organismes internationaux rien que dans son apparition et ses tremolos.

Monsieur Bodry jouait son rôle de capitaine unificateur et Monsieur Meyers mérite aussi un Oscar pour une démonstration très crédible qu'il connait sa boite à outils constitutionnelle. La voix du peuple était brillamment interprété par un second rôle, Monsieur Urbany.

Par contre, l'acoustique laissait à désirer. Par moments, je devais lire sur les lèvres de Monsieur Lux. Le cousin de quelqu'un qui a installé le système sonore devrait rembourser.

La diva du jour était Patrick Heck, et il a chanté. Nous avons appris au paroxysme de l'action qu'il y a bien eu des écoutes illégales, six ou sept en 2007 - 2009. Nous savons que Monsieur Juncker était au courant d'une au moins, le Monsieur avec les Madames thaïlandaises, comme nous savons tous depuis que nous avons écouté la montre de Mille. Et nous avons tous entendu Juncker qui disait Mhmm, jojo. Nous savons aussi qu'il ne va pas démissionner pour si peu. Même si par impossible le Wort le demandait.

Mais tout cela est du grand art, très récréatif. Et si entretemps, à l'entracte, on travaillait un peu sur Cargolux et les vraies affaires? 

Saturday, January 12, 2013

Luxembourg: Les assureurs punis


    Naples sur le golfe du Mexique. Soleil assuré. Photo ET.



Comme paperJam rapporte, les assureurs luxembourgeois se sont fait punir d'une amende pour ententes illicites.(1) Le total des amendes de € 676.807 est étonnamment élevé pour le Luxembourg.

Mais ce n'est qu'une petite remontrance pour ces sociétés, qui en pareil cas à l'étranger auraient vu s'infliger des montants plus conséquents.  Au prochain sinistre, l'expertise récupérera les montants perdus. Cela valait donc la peine d'essayer.

Mais c'est un bon début. L'ULC veillait. Le veilleur de service, le Commissariat aux assurances, lui, était endormi au volant. Et paperJam d'enchainer dans un second article (2) en parlant d'une demande pour entendre le ministre des Finances sur les relations entre le Commissariat aux Assurances (CAA) et l' Association des compagnies d'assurances (ACA). Il y aurait "une certaine connivence" ?!

Corporatisme d'état? Paradis réglementaire?