Saturday, May 30, 2015

Vatican-Luxembourg: le Grand Schisme


Conférence de Presse « Ite missa est »
Photo : compliments « Péckvillchen »

















Vatican-Luxembourg: le Grand Schisme

Cela ressemble à un film sur un drame familial : on s’aime beaucoup, on pense de la même façon, nous les spectateurs  nous savons qu’il n’en devrait pas être ainsi, mais inexorablement la séparation se déroule sur l’écran, comme dans les drames antiques.

Pourtant, si la France méritait le surnom de « Grande Fille de l’Eglise », le Luxembourg mériterait au moins celui de « Petite Fille ». Dans tous les Baedeker, le pays est présenté comme étant à peu près 100% catholique. On m’a dit que le Luxembourg, capitale européenne unique et par défaut dans les années 1950, a laissé passer l’opportunité de rester capitale unique grâce (ou dû) à l’opposition de Mgr Lommel et des autorités de l’Etat de l’époque. Ils craignaient en effet l’impact néfaste qu’auraient les nombreux fonctionnaires allemands et néerlandais, hérétiques protestants, sur les fondements de la culture catholique luxembourgeoise. Quel héroïsme d’avoir ainsi sacrifié le temporel à des valeurs supérieures !

Mais voilà, le drame se consomme, car le Saint Père au franc-parler relatif, n’a pas ménagé ses mots, probablement en latin. Il ne veut pas que le très respectable Trésor du Vatican lève de ses fonts baptismaux un fond luxembourgeois. En effet dit la langue infaillible de Rome, il y a comme qui dirait un déficit éthique au Luxembourg ! Peut-être que SS lit trop le « Feierwon », qui pensait avoir seul l’infaillibilité en ce domaine. Mais notre rédaction toute entière aime le choc des idées et le poids des photos. Et brandissant haut nos pancartes « Je suis Feierwon », nous remettons en cause l’infaillibilité du pape. Il devrait rectifier franchement qu’il s’est trompé : le Luxembourg n’est plus (officiellement) un paradis fiscal. Par contre il reste un paradis judiciaire pour les pécheurs et un enfer pour les victimes. Voilà une belle parable à développer. Et sur cela notre rédaction envisage l’absoute du pape.

Mais me semble-t-il, cette fatwa vaticane n’était surement pas destinée à être divulguée aux non-initiés. Les autorités compétentes gardent en effet un silence embarrassé, comme s’ils allaient rompre un secret de confessionnal en répondant aux questions de la presse. Alors nous nous perdons en conjectures. Mais où diable avons-nous péché ? Si nous avons péché sans le savoir, est-ce encore un péché ? Nul n’est censé ignorer le péché ? Sommes-nous seulement au purgatoire ou déjà plus loin sans espoir de jamais sortir de notre Schmuddelecke, comme disait un banquier repenti ?

Des intégristes me disaient, oui mais, regardez, les luxos exagèrent : avortement, euthanasie, mariage gay, et en veux-tu, en voilà ! On est en plein Vieux Testament ! Tel Saint Thomas, je n’en crois pas un mot. Je fis remarquer que par contre le Luxembourg vient d’avorter la séparation entre l’Eglise et l’Etat. Le pape François a Lui-Même humblement fait remarquer : qui suis-je pour juger ? Ce ne doit donc pas être la politique sociale progressiste. Non la décrétale, ou est-ce une bulle, excommunie surement la place financière, réputée dans le temps comme une place ou l’on blanchissait l’argent sale, comme on blanchit les âmes noircies au Vatican.

Ah, mais là je ne comprends plus les règles du jeu. Tout comme la banque vaticane, qui elle aussi lavait plus blanc que blanc avec ses petits bras musclés, le Luxembourg a très officiellement abandonné son label de paradis de ce monde. Quoique ce label colle encore au « nation branding » comme une bande adhésive au pouce du Capitaine Haddock.

Pourtant le Luxembourg a fait pénitence pour avoir sali la renommée de toute blanchisserie respectable, même au-delà de ce qui représente une pénitence moyenne et normale. Nous venons de sortir de l’Octave, qui, oh label frauduleux, dure 15 jours, pour envoyer nos futurs électeurs portugais en pélé à Notre Dame de Fatima, immigrante elle-aussi, car elle semble résider à Wiltz. Et je finirai par la vraie pénitence corporelle, presqu’une flagellation, la souffrance qu’est la Procession Dansante d’Echternach. Nous en avons même fait à grand frais, un patrimoine de l’UNESCO, palme que même la frite belge n'a pas encore obtenue.

Je ferais remarquer que ce sinistre coin de paradis terrestre qu’était le Luxembourg, a été imaginé, conçu et construit avec une diligence comme jadis Noé par le très catholique parti chrétien social, au pouvoir pendant une éternité terrestre, et éminence grise (ou noire ou orange) du Vatican, veillant au devenir de plus en plus vertueux du pays. Bon, maintenant même l’ancien capitaine de l’équipe papale, le présent Haut-Commissaire du Pouvoir Terrestre Joanes Claudius Juncker, divertit le blâme sur son ancien et innocent adjoint, le socialiste Jang Asselborn en le giflant publiquement à Riga.  


Je ne pense pas que celui-ci, en tant que Ministre des Affaires Etrangères, doive aller en plus se mettre à genoux à Canossa. Nous en avons fait assez. Et à la question d’éthique je répondrais du tic au tac : les chemins de la place financière ne sont pas impénétrables. Le futur de place financière qui se situe dans son avenir, passe par la finance islamique. On n’a QA TARtiner nos sukuks.