Meilleurs voeux pour 2013
Je savais qu'un jour je
ferai une grande découverte. Je ne me suis même pas rendu compte qu'en effet
c'est chose faite depuis un an. C'est le perpetuum mobile journalistique.
Imaginez, vous pondez un article et à sa date anniversaire, vous pouvez le
reproduire pratiquement tel quel! Il est toujours
d'actualité! Imaginez, si vous êtes payé au
mot! J'ai inventé l'article crédit-rentier! Faut seulement changer les dates et
des chiffres par-ci, par-là.
Sinon, cela reste une rengaine. Voici, mes
voeux de l'année passé, remis à neuf (en rouge).
Thursday, January 5, 2012
Aide-mémoire pour les vœux de Nouvel An officiels.
Bonne Année. Même si toutes les lignes à suivre sont claires,
il
y a des ombres au tableau. Photo E.T.
Ce qui est
bien quand on formule des vœux pour les priorités luxembourgeoises depuis un
autre continent, c'est qu'il faut se limiter obligatoirement à l'essentiel. Avec
la distance, les détails deviennent de toute façon insignifiants, sauf ceux qui
me concernent personnellement bien entendu. Voici mes 7 vœux pour le Luxembourg
en 2012, 2013 (et pour
moi-même, là où les deux se superposent):
1. Que notre gouvernement reste chez nous et s'occupe de nos
affaires
Élémentaire
mon cher Watson? Pas chez nous. Notre Premier se veut la tète de l'Eurogroupe et
sauver la Grèce, son Second se veut les jambes dans un Tour du Monde du Conseil
de Sécurité de l'ONU et sauver le monde. Mon tout est peut-être la tête et les
jambes, mais elles sont ailleurs, pas chez nous. Ce manège est couronné
d'apparitions plus ou moins réussies sur des chaînes de télévision, surtout
allemandes. Tragiquement, les membres juniors de leur équipe tentent de les
émuler de plus en plus souvent en s'y aventurant eux aussi. Chez nous, il y a
pourtant pas mal à faire, traduit en chiffres:
1500, le
nombre d'affaires pénales classées pour prescription depuis
1990
13 ans, le
temps qu'il faut à la justice pour régler le sort de la vache volée au fermier
de Mertzig
1.086 le
nombre de réclamations traitées par l'Ombudsman, d' octobre 2010 à septembre
2011
La raison que ces chiffres sont si mauvais est que ceux chargés de faire
le ménage chez nous, préfèrent s'occuper et s'illustrer ailleurs.
2. On ne commande pas un "Tout" et partie d'un "Tout"
Qui trop
embrasse, mal étreint. Cette sagesse populaire a été élevée au statut de règle
par les penseurs de l'art militaire: On ne commande pas un Tout et partie d'un
Tout. Ainsi le général Eisenhower, commandant le débarquement du 6 juin 1944 en
Normandie, ne commandait pas en même temps la 90e Division d'Infanterie du VII
Corps de la 1re Armée américaine à Utah Beach. Les écoles MBA ont toutes reconnu
la valeur de cette règle militaire et l'ont transposée dans la vie des sociétés
civiles. Lakshmi Mittal l'applique, car il n'insiste pas à être aussi magasinier
en chef à Schifflange.
Cette règle
est tellement intuitive aussi, que tout le monde (enfin presque) comprend qu'on
ne peut mener de front deux fonctions aussi absorbantes que celles de Premier
Ministre du Luxembourg et Président de l'Eurogroupe. Mais notre Premier a déjà
compris cela et a dit qu'il resterait chez lui en 2012, 2013. Il a aussi dit le
contraire. Et il a aussi dit le contraire,
encore. Le Président français devra donc décider pour lui une fois de
plus.
D'ailleurs
il faut remettre en question ces ambitions européennes, internationales et
onusiennes de nos ministres: à force de vouloir jouer ces rôles, les
confrontations avec nos voisins se multiplient au point de devenir personnelles.
Messieurs Blair, Sarkozy, Steinbrück, Cameron et Madame Merkel ne diront pas le
contraire. Ce qui ne peut servir l'intérêt du Luxembourg et de sa place
financière. On ne lance pas des pierres dans une maison de
verre.
Heureusement , et je suis sûr et certain
de cela, tout ce monde suivra l'exemple civique du nouveau Ministre de
l'Economie, Etienne Schneider, qui non seulement n'acceptera pas de reprendre le
siège d'administrateur d' Arcelor-Mittal de son prédécesseur, mais qui a aussi
promis de démissionner des trois autres postes d'administrateur qu'il occupait
en tant que fonctionnaire (eh oui!), pour "éviter les conflits d'intérêt". Ses
collègues fonctionnaires ne manqueront pas de suivre ce bel exemple de civisme
et de responsabilité personnelle, et n'attendront même pas que le nouveau code
de déontologie promis (si, si c'est pour cette
année
2012 encore, donc demain le 31 Décembre) post-scandale de Livange les y
oblige dès le début de l'année pour le faire. Il faut saluer le courage et
l'honnêteté de Monsieur Schneider, qui se profile ainsi en Homme d'Etat.
3. Revoyons
la Constitution
4. L'avenir sera transparent, c'est clair
C'est une bonne nouvelle: la loi concernant la liberté d'accès à
l'information devrait être votée sous peu. Si, si, sous
peu. C'est ce qui est connu internationalement comme FOI, "Freedom of
Information". On y a travaillé depuis 11, 12 ans
et demi et elle devrait être au point maintenant. Le gouvernement avait
des réticences face à la perspective de devoir se livrer à des strip-tease,
chaque fois que la presse ou le public exige un accès à des documents. Cela nous
permettra de demander où on en est avec cette révision de la constitution, ou
avec le stade de Livange. Et mes amis à "Transparence Internationale", qui
chaque année publient un index de corruption, amélioreront le score du
Luxembourg.
5. Repensons la globalisation
Je pense
que tous les luxembourgeois conviennent qu'on a souvent besoin de plus grand que
soi. L'adhésion aux projets européens et la globalisation est une nécessité,
mais a du bon et du mauvais. Donc mesurons notre enthousiasme. Ainsi l'ouverture
des marchés a aidé nos industries, l'acier en premier. Le Luxembourg a
habilement exploité des niches de souveraineté qui ont fait éclore des activités
bien lucratives: le centre financier, les services radiotélévision, la
logistique. Mais il y a eu retour de manivelle: la concurrence globale a ruiné
notre sidérurgie nationale, l'UE s'attaque aux niches de souveraineté et
ailleurs l'OECD s'occupe du secret bancaire.
La globalisation a aussi permis
l'acquisition de quelques fleurons de l'économie luxembourgeoise par des groupes
internationaux. Ceux-là ont comme motif soit d'augmenter leur bilan, soit
d'acquérir des marchés ou du savoir-faire qu'ils n'ont pas, soit de purement et
simplement éliminer tout ou partie du concurrent luxembourgeois qu'ils viennent
de s'accaparer. Sans pitié bien sûr pour la perte d'emplois qui accompagnent
l'opération. Souvent l'ogre étranger, ayant séduit les actionnaires de la belle
luxembourgeoise, commet tous les outrages sur elle, et c'est au gouvernement
luxembourgeois, parrain du mariage, de récupérer l'épave déchirée de la belle en
cas d'échec: BGL, BIL, Arcelor, Cargolux et y en
aurait-il d'autres? Mon vœu: cessons d'être naïfs, ou
incompétents.
Au
Luxembourg la justice est toujours différée, ou pire, classée, faute de moyens
et de volonté politique. A la "rentrée judiciaire" en automne, le Procureur
Général Robert Biever a confirmé ce que tous les criminels et leurs victimes
savent: le Luxembourg est un paradis judiciaire, car la Justice n'a pas les
moyens de sa mission. En particulier quand il s'agit de crimes financiers et de
blanchiment d'argent. 1.500 affaires prescrites ont dû être classées faute de
moyens depuis 1990! Nous connaissons tous l'histoire (presque) amusante de la
vache volée du fermier de Mertzig, qui s'est terminée après 13 ans par la
condamnation du Luxembourg devant la Cour Européenne des Droits de l'Homme à
Strasbourg.
En 2004, j'ai été moi-même victime d'un
crime financier et j'ai porté plainte civile et pénale. L'affaire est donc dans
sa huitième,
neuvième année. Pour en décrire les
circonstances et les vicissitudes, j'ai brossé un tableau d'un microcosme
extrêmement représentatif du "système luxembourgeois" et qui couvre 2 chapitres
dans mes mémoires. Un personnage témoin est décédé entretemps, mais tous les
jugements intermédiaires m'ont été favorables. La justice est délivrée en mon
cas, mais avec extrême lenteur. Donc mon vœu pour le gouvernement est: restez
chez vous et réparez cette justice comme le Procureur Général le réclame et
comme les juges de Strasbourg vous ont enjoint de faire à plusieurs reprises.
Sans oublier la menace américaine sur les paradis
judiciaires. Bof,
faudra aller
7. L'Ombudsman, en vrai anti-Kafkaïen,
doit être une femme. Voeu
exaucé! Le seul!
On a besoin
d'un homme à tout faire quand on est trop paresseux, incapable, ou qu'on n'a pas
le temps de maintenir ses choses en ordre. Pour notre gouvernement cette
personne est donc nécessaire et s'appelle Ombudsman. Il est intervenu 1086 fois
en un an, dont une fois pour moi.
C'est au
sujet de mon affaire citée plus haut que j'ai sollicité son aide. Attendez,
attendez, ce n'était pas à propos des 8, maintenant 9 années de procédures
judiciaires. Non, c'est que l'Administration des Contributions s'en est mêlée!
Elle a découvert que selon elle je devais des arriérés d'impôt sur des revenus
disparus dans l'arnaque. Comme si le fermier de Mertzig devait payer un impôt
sur la valeur de sa vache volée! On m'a avisé qu'une procédure de "demande
gracieuse" devrait facilement corriger ce zèle fiscal. Cinq kilos de documents à
l'appui n'ont cependant pas touché la fibre gracieuse du sieur Heintz, directeur
des contributions. L'homme détient le pouvoir finalement exorbitant, arbitraire
et inéquitable de dire qui est un cas de rigueur, qui paye un impôt sur des
pertes, et d'accorder des crédits d'impôt à millions sur profits au suivant.
J'ai crié "Kafka" auprès de l'Ombudsman
Marc Fischbach. Résultat: l'impôt reste dû, mais son payement est différé
jusqu'à la fin de la procédure pénale, qui elle est déjà différée. Mais
l'administration des contributions est gargamelesque. Comme si elle regrettait
sa mansuétude après sa concession, elle est revenue avec vengeance pour amender
sa concession: il faut payer 100 € par mois (?), et le solde est frappé d' un
intérêt punitif. Pour apaiser le dragon, chaque fois que j'avais l'occasion, je
faisais des virements de mon solde entier sur mon CCP, des sommes allant de 88
centimes mensuels jusqu'à € 6.49. Non, non, attendez,
il y a du nouveau: l'Administration des Contributions n'a pas d'humour, ni le
sens de la parole donnée: elle vient de
saisir un résidu sur mon CCP ce 13 décembre. Ah, si
je m'étais tu! Avec cela
j'aide à financer donc les crédits d'impôt de Monsieur Mittal, Becca et beaucoup
d'autres! Je souhaite que la nouvelle Ombudsfra fasse le ménage!
Bonne Année. Vous allez voir, Je ne suis pas sur qu'on est soit sur la bonne route.