La crise luxembourgeoise, une mise à jour
Récapitulons: La dernière séance de la Chambre des Députés a été
virtuellement avortée. La séance tournait mal pour M. Juncker. Selon son style
habituel, il a parlé de démission, sans prendre un acte et sans lever la séance
de fait. Ce n'était pas son rôle. Mais M. Juncker l'a fait "implicitement"?
Le Président de la Chambre, à qui appartient ce rôle, a de fait démissionné de ses responsabilités.
Il n'a pas osé contredire celui qui n'admet pas de contradiction. Il n'a pas
conclu la séance de façon ordonnée. Il n'a pas considéré les deux motions en
relation avec la crise de la journée, ce qui est une faute et qui est la vraie cause
de l' impasse. Ne voyait-il pas qu'au point où on en était, Juncker menait la
barque dans un cul-de-sac? Il est vrai
que Monsieur Mosar donne l'impression de somnoler sur son perchoir, alors qu'il
y a un renard dans le poulailler. Sa meilleure réponse est que la prochaine
constitution devra permettre d' éviter la panne qu'on a en ce moment. En
attendant on laisse au Grand-Duc le soin de faire la vaisselle. On lui a refilé le valet de pique.
En attendant que le Conseil d'Etat joue le rôle dépanneur des institutions
(!), le pays est de fait incapable de réagir convenablement à une situation de
crise. C'est impardonnable.
C'est grotesque et indigne d'une démocratie évoluée. Convenons-en, elle ne
l'est pas. Ce n'est pas le spectacle du genre "flash mob" du congrès
national du CSV qui a désigné M. Juncker comme tête de liste à l'applaudimètre, qui va atténuer
cette impression bananière de l'état de notre démocratie.
Je voudrais me répéter ici: Si à la suite de ces turbulences qui font remonter à la surface des graves
insuffisances institutionnelles, le Luxembourg rate l'occasion de se réformer,
il ira vers la ruine politique et financière. Pour commencer, il y a le vaste
chantier d'une nécessaire réforme politique.
Il y a d'abord
la nécessaire et urgente nouvelle constitution. Notre constitution a 145 ans et elle a subi 37amendements. Elle tend vers l'absurde dans de nombreux
articles. Cela fait des années qu’une révision de la constitution se trame
à l’abri des regards. Elle mérite au contraire un large débat public et un
referendum à au moins deux tours. Une nouvelle Constitution est trop délicate
pour la confier aux pouvoirs établis et à leur agenda. Quel changement de
culture politique ce serait, si on limitait aussi les mandats politiques tant
qu’on y est. C’est la longévité des carrières politiques qui doit être
l’explication de l’actuelle implosion de nos institutions. Je recommande
entretemps la lecture du "The
Federalist" comme source d'inspiration, 85 dissertations
publiées par James Madison, Alexander Hamilton et John Jay comme accompagnement
philosophique de l'élaboration de la constitution américaine.
Basé sur les
péripéties du passé, j'y verrais bien aussi l'introduction du principe de
subsidiarité comme obstacle constitutionnel à la braderie de nos intérêts, pour
empêcher que des intérêts vitaux soient sacrifiés inutilement sur l'autel des
institutions internationales. Je pense en particulier à cette tendance
luxembourgeoise de vouloir être le meilleur élève, sinon candidat à quelque
chose dans le grand monde international, avec le contribuable luxembourgeois bon
pour payer pour la frivolité.
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