Luxembourg - Autriche : la valse d'adieu au secret bancaire.
Sag' beim Abschied leise Servus
N'est-ce pas admirable, la façon dont fonctionne
le gouvernement luxembourgeois? Un ministre, Luc Fieden s'en va papoter avec un
journal allemand. Ce n'est pas nouveau, car c'est achever un ultime degré de respectabilité
et de prestige de la classe politique luxembourgeoise, que de jouer aux copains
outre-Rhin. C'est aussi risqué, car des fois on en dit trop devant la caméra.
Pas moyen de nier plus tard.
Donc Luc Frieden parle et lâche son secret
bancaire. Le renard s'en saisit et dit: "Mon beau Monsieur, apprenez que
..." Il est étonnant, les morceaux de taille que l'on peut lâcher en très
peu de temps: secret bancaire, 35% de Cargolux et autres BIL.
Le moment était choisi parfaitement aussi pour
optimiser les dégâts juste avant une visite d'Etat en Autriche. Le Grand-Duc
arrivait à Vienne comme un cheveu dans la soupe. Et les deux ministres dans la délégation
officielle, Asselborn et Schneider ramaient pour limiter les dégâts, avec des déclarations
qui soit contredisaient les faits, soit mettaient le blâme sur une action inconsidérée
d'un membre du gouvernement agissant seul.(1)(2)
Si le côté officiel faisait bonne mine, la presse était obsédée par le cavalier seul du Luxembourg, pourtant supposé être un allié de l'Autriche dans la défense du secret bancaire. Le Luxembourg a isolé l'Autriche dans l'Union.
Si le côté officiel faisait bonne mine, la presse était obsédée par le cavalier seul du Luxembourg, pourtant supposé être un allié de l'Autriche dans la défense du secret bancaire. Le Luxembourg a isolé l'Autriche dans l'Union.
Vu de Luxembourg ce n'est pas seulement un faux
pas diplomatique au plus mauvais moment. C'est aussi une faute tactique
d'annoncer une décision unilatérale pour laquelle les autres parties intéressées
étaient sans doute prêtes à négocier et à
faire des concessions ailleurs.
Comme une prémonition, j'avais partagé la réflexion
suivante dans un article rédigé le jour avant la gaffe: "Si le Luxembourg est appelé à faire des
concessions, envoyez des négociateurs, des vrais pour défendre nos intérêts".
Quant au
fond du problème: Les paradis fiscaux disparaitront à moyen terme sous les
coups de butoir de la Commission Européenne, du G 20, de l'OCDE - GAFI, des gouvernements
voisins et des Etats-Unis. Le Luxembourg longtemps allié objectif de la Suisse
et de l'Autriche, s'est donc décidé d'abandonner le secret bancaire. C'est un
pas logique, et une perte amère. Mais quelle pagaille, cette annonce: un acte
non-coordonné, surprenant, comme jadis la vente catastrophique de Cargolux au
Qatar. Car il y avait au moins quatre aspects qui méritaient une considération:
est-il acceptable pour le Luxembourg de se dérober subrepticement d'une alliance de fait avec la Suisse et
l'Autriche, est-il acceptable de surprendre ainsi la Chambre des Députés (sinon
le reste du gouvernement), comment peut-on omettre de négocier quelque chose en
contrepartie d'une concession majeure comme celle-ci, et comment le dire aux clients
des banques?
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