Wednesday, April 17, 2013

Luxembourg - Autriche : la valse d'adieu au secret bancaire.

                                                            Coucher de Soleil sur les paradis fiscaux. Photo ET


Luxembourg - Autriche : la valse d'adieu au secret bancaire.

Sag' beim Abschied leise Servus




N'est-ce pas admirable, la façon dont fonctionne le gouvernement luxembourgeois? Un ministre, Luc Fieden s'en va papoter avec un journal allemand. Ce n'est pas nouveau, car c'est achever un ultime degré de respectabilité et de prestige de la classe politique luxembourgeoise, que de jouer aux copains outre-Rhin. C'est aussi risqué, car des fois on en dit trop devant la caméra. Pas moyen de nier plus tard.

Donc Luc Frieden parle et lâche son secret bancaire. Le renard s'en saisit et dit: "Mon beau Monsieur, apprenez que ..." Il est étonnant, les morceaux de taille que l'on peut lâcher en très peu de temps: secret bancaire, 35% de Cargolux et autres BIL.

Le moment était choisi parfaitement aussi pour optimiser les dégâts  juste avant une visite d'Etat en Autriche. Le Grand-Duc arrivait à Vienne comme un cheveu dans la soupe. Et les deux ministres dans la délégation officielle, Asselborn et Schneider ramaient pour limiter les dégâts, avec des déclarations qui soit contredisaient les faits, soit mettaient le blâme sur une action inconsidérée d'un membre du gouvernement agissant seul.(1)(2) 

Si le côté officiel faisait bonne mine, la presse était obsédée par le cavalier seul du Luxembourg, pourtant supposé être un allié de l'Autriche dans la défense du secret bancaire. Le Luxembourg a isolé l'Autriche  dans l'Union.

Vu de Luxembourg ce n'est pas seulement un faux pas diplomatique au plus mauvais moment. C'est aussi une faute tactique d'annoncer une décision unilatérale pour laquelle les autres parties intéressées étaient sans doute prêtes  à négocier et à faire des concessions ailleurs.

Comme une prémonition, j'avais partagé la réflexion suivante dans un article rédigé le jour avant la gaffe: "Si le Luxembourg est appelé à faire des concessions, envoyez des négociateurs, des vrais pour défendre nos intérêts".

Quant au fond du problème: Les paradis fiscaux disparaitront à moyen terme sous les coups de butoir de la Commission Européenne, du G 20, de l'OCDE - GAFI, des gouvernements voisins et des Etats-Unis. Le Luxembourg longtemps allié objectif de la Suisse et de l'Autriche, s'est donc décidé d'abandonner le secret bancaire. C'est un pas logique, et une perte amère. Mais quelle pagaille, cette annonce: un acte non-coordonné, surprenant, comme jadis la vente catastrophique de Cargolux au Qatar. Car il y avait au moins quatre aspects qui méritaient une considération: est-il acceptable pour le Luxembourg de se dérober subrepticement  d'une alliance de fait avec la Suisse et l'Autriche, est-il acceptable de surprendre ainsi la Chambre des Députés (sinon le reste du gouvernement), comment peut-on omettre de négocier quelque chose en contrepartie d'une concession majeure comme celle-ci, et comment le dire aux clients des banques?




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