Luxleaks. Photo ET |
Luxleaks: Guy le Taciturne, ou l’Omerta à la luxembourgeoise
Guy Heintz aurait pu être la star du procès Luxleaks aujourd’hui. Il était supposé
répondre aux questions qui auraient été posées à Marius Kohl, mais qui, de santé
fragile a dû rester chez lui. Cela aurait valu la peine que la Cour se déplace pour
être à son chevet et poser les questions dont nous savons toutes les réponses. Juste
pour confirmer. Car Guy s’est montré taciturne,
Guy Heintz s’est en effet réfugié sur les derniers centimètres carrés de souveraineté
nationale : il s’est abrité derrière son statut de fonctionnaire et les
lois luxo-luxembourgeoises pour dire zut à la face du monde. Le Luxembourg vient
de gagner la bataille en respectant l’Omerta. Le Luxembourg vient aussi de perdre
la guerre. Et voilà pour le « nation branding ». Un Chef d’Administration,
qui a certainement dû se concerter avec ses chefs politiques au gouvernement
avant son apparition, a donné le ton du défi luxembourgeois au reste du monde.
Luxleaks, comme une torture chinoise à l’eau, va continuer à creuser la réputation
du pays, goutte par goutte. Et ce n’est pas fini. Ajoutez à cela les Panama
Papers et les autres, à venir bientôt.
Pourtant, Luxleaks est le moindre des deux maux que le pays a dû affronter,
l’autre étant l’évasion fiscale pure et simple. Luxleaks est le problème le
plus facile à esquiver parce qu’on n’est pas seul a optimiser par rescrit :
tout le monde le fait (moins bien que nous), les grandes firmes de consultance
l’ont promu mondialement, les gros clients sont des états dans les états, et le
Parlement Européen dit « bof » pour une enquête. C’est que « l’optimisation
fiscale » est déjà un terme assaini. Aux Etats-Unis une blague entre
consultants résume la question : « quelle est la différence entre « optimisation
fiscale » et « évasion fiscale » ? Réponse : 10 ans !
En effet les Etats-Unis mettent les fraudeurs du fisc en prison. Pas les
optimiseurs. Au Luxembourg personne ne court ce risque; seul Antoine Deltour
risque la prison.
Avec son incapacité de déflecter ainsi l’attention des journalistes
investigateurs vers d’autres cibles, comme cette occasion ratée d’aujourd’hui aurait
permis de faire, le goutte à goutte continuera pour dénicher ce qui continue à grouiller
et grenouiller, comme au bon vieux temps, derrière la façade de la nouvelle conformité
acquise récemment à coups de traités sur la double imposition.
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