Une histoire ténébreuse. Photo ET
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Une version en français de la version anglaise à: http://egidethein.blogspot.com/2014/12/lux-leaks-ii.html
Lux Leaks II
Une promesse est une promesse. Voici Lux Leaks II. Celui-ci est spécial à
bien des égards:
- Il détruit la perception que les décisions fiscales au Luxembourg sont trop généreuses.
- Il montre aussi qu'il doit y avoir un grave problème de discrimination, si ce n’est de corruption, que les décisions n’étaient pas toujours favorables au contraire de Lux Leaks I.
- Il s’agit en effet de ma propre demande pour être exempté de payer des impôts sur des sommes qu’on m’avait volées. Ma quête pour une décision fiscale favorable a été rejetée catégoriquement, mais jetons un coup d’œil sur les détails. Je « leak » certains documents essentiels ci-après.
L'histoire:
En 2002-03 j’ai été associé en affaires avec d'autres personnes au Luxembourg,
mais je réside aux États-Unis. Comme certains associés se sont désengagés, j’ai
fait de même à la fin de 2003. Les choses n’étaient pas transparentes. Plus
d'un an plus tard, j’ai été amené à déposer plainte pénale pour détournement de
fonds et abus de biens sociaux.
En 2007, l'administration fiscale m’a réclamé des arriérés d'impôts de
2002-03, sur des revenus de cette association que je ne ai jamais vus, dont je
ne connaissais pas l’existence, et qui de toute évidence ont été détournés par
les anciens partenaires. Comme être obligé de payer des impôts sur l'argent
volé ne sonne pas juste, j’ai été avisé par un agent des impôts d’appliquer
pour un "RULING"! En ce cas le ruling est appelé "demande
gracieuse". Elle est disponible pour des cas de rigueur.
Exigence de 2007 réclamant des arriérés d’impôt
de 2002-03 sur des revenus
inconnus
et probablement détournés.
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Le 3e paragraphe mérite toute l’attention |
Signé avec un smiley
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Mon Ruling
J’ai présenté ma demande gracieuse avec diligence, 50 pages de documents en
appui du cas de rigueur. Il a fallu environ cinq mois pour obtenir une réponse,
d'un gars nommé Guy Heintz, le patron de l'organisation. Non pas Marius ou un
autre employé de même niveau. Non, le boss. Ma demande pour éviter l'imposition
sur des sommes qu’on m’avait volées a été rejetée sans ambages, alors qu'une
procédure pénale en cours contre les auteurs venait confirmer les motifs de la
demande. L’argument du directeur étant qu’ « une remise gracieuse n'est
envisageable que si, soit objectivement selon la matière, soit subjectivement
dans la personne du contribuable, la perception des intérêts apparait comme
constituant une rigueur incompatible avec le principe de l'équité ». Donc,
la conclusion de Guy Heintz était qu'un impôt perçu sur des revenus qui n’existent
pas, parce qu’ils ont été détournés (à l’insu du contribuable) ne contredit pas
son principe d’équité. Il a également le droit de discriminer personnellement,
«subjectivement», en fonction de qui est le contribuable. Même un recours à l'Ombudsman
du Luxembourg, Marc Fischbach, récemment distingué comme veilleur sur la déontologie
des ministres, ne pouvait pas influencer la décision. Je dois conclure que, à la
vue des largesses prodiguées par le Bureau 6, la décision était malveillante visant
ma personne et ignorant les faits. J’ai fini par payer plus d'impôt sur un
revenu zéro que des individus ultra riches et les sociétés internationales cajolés
par PwC, Marius et l’opération dirigée
par Guy Heintz en général.
Comme insider ultime luxembourgeois, ayant parcouru
5 ministères et institutions du système, je connais exactement les rouages de la « flexibilité »
administrative. C’est l’arbitraire, mais
des fois cela peut jouer dans les deux sens. Si vous vous trouvez du mauvais côté
de l’équation, ce n’est pas le jovial « ruling » toujours en votre
faveur, mais le lynchage. C’est la corruption typique luxembourgeoise : pas
un centime ne change de main, c’est la corruption par influence, imperceptible
aux radars de Transparence Internationale. Elle ne pénètre pas la République
des Copains.
Or les faits « objectivement selon la matière », ne pourront pas être
mieux confirmés que par un jugement récent. Après plus de 10 ans de procédures,
il y a bien eu un jugement définitif sur
le fond: les deux accusés ont été reconnus coupables de plusieurs chefs
d'accusation, abus de biens sociaux et détournements, et ont été condamnés à une
peine réduite de 1 et 2 ans de prison, avec sursis, étant donnés les retards
excessifs, mais typiques dans le paradis judiciaire du Luxembourg. Ils devront également
retourner les fonds détournés, estimés à € 950,000. Bien qu’un autre délai vienne
de s’ajouter in extremis: soi-disant le langage de la condamnation n’est pas
clair. Il faut une nouvelle procédure qui encombre la justice défaillante pour interpréter
la chose jugée. Mais maintenant, je peux être en mesure de les poursuivre en
justice civile, et espérer une conclusion dans plusieurs années peut-être. Vous
les victimes de Madoff et Landsbanki, prenez note. Vous n'êtes même pas encore
à mi-parcours. Comptez encore plusieurs années de retards. J’espère que
personne ne viendra vous réclamer des arriérés d’impôts sur des revenus
fictifs. Si vous faites une demande gracieuse, la réponse sera non,
subjectivement.
Vous trouverez ici le récit de l'affaire pénale, telle que rapportée par
PaperJam:
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