Lueurs d'espoir. Photo ET |
Le Luxembourg est un Paradis Judiciaire selon les avocats
Parmi les acteurs d’élite dans le monde de la justice et
du droit des affaires, un consensus semble se mettre en place : le Luxembourg
serait bel et bien un paradis judiciaire. Il est pourtant difficile d’atteindre
ce niveau de discernement, quand on est acteur à l’intérieur, peut-être même intéressé
à ce que certaines formes de dysfonctionnements persistent. Car cela peut rapporter gros. Bref, il est difficile de voir la forêt
quand on ne voit que les arbres.
Il faudra certes encore attendre que cette introspection
fasse école partout. Il a bien fallu des années et une bonne dose de pressions
internationales pour en terminer avec l’autre paradis, le paradis fiscal.
L’occasion de cet aveu surprenant que la justice
luxembourgeoise laisse à désirer, est une interview dans le Wort à l’occasion des
10 ans de présence d’Arendt & Medernach à New York. (1).
Je connais bien cet épisode new yorkais et aussi la firme. J’étais à deux
reprises client d’Arendt & Medernach, avant qu’ils ne représentent une
partie adverse contre moi. Si, si, à Luxembourg on peut faire cela. J’ai posé la
question à un ancien bâtonnier, qui a dit, « tu sais, ici on est à Luxembourg
… ». Cela soit dit en passant.
Laurent Schummer dans l’interview semble disposé à réclamer
plus de consistance et de rigueur en général, et en particulier des initiatives de la part du législateur. Il
reconnait à raison que l’essor de la place est un défi pour notre législation patriarcale
et le fonctionnement pépère de la justice: les fonds américains rueront dans
les brancards et cela fera désordre quand ils demanderont justice et ne l'auront pas. Surtout ce sera du « bad business »,
car ils iront ailleurs.
Et encore une fois, le Luxembourg sous pression étrangère
devra d’une façon ou d’une autre, après la forteresse, le paradis fiscal, démanteler
enfin son paradis judicaire, qui n’est paradis que pour mauvais garçons et
filles. Changer le laxisme, c’est bon pour le business. Non, pas le business traditionnel.
Celui qui consiste à faire traîner les choses parce que cela paie bien. Mais l’autre
qui exigera un procès juste et équitable, dans des délais raisonnables, délais qui seraient
au maximum 2-3 ans. C’est un vaste chantier, encore plus urgent que de détraquer
les luxos xénophobes sur l’internet.
J’aime beaucoup la pérennisation d’un vieux réflexe
luxembourgeois, qui est dévoilé par cette recommandation de Guy Harles :
transposer les directives européennes de la façon la plus libérale possible. Je
sais, tout le monde sera volontaire pour affûter les textes. Mais attention :
qu’on évite d’y passer en contrebande le petit mot disculpant, comme « intentionnellement »
parmi d’autres, qui encourageront de nouveau les mauvaises fréquentations.
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