Tous les Paradis sont artificiels? Photo ET
Laurent Wauquiez est un copieur acharné
Le Luxembourg est en émoi, de nouveau. Quelqu'un en
France traite le Luxembourg de Paradis fiscal. Il s'appelle Laurent Wauquiez,
est un camarade de parti de Jean-Claude Juncker, et a comme lui des aspirations
présidentielles. Ce n'est pas ce qu'il dit. Il ne parle pas de ses ambitions,
mais il dit que le Luxembourg est un affreux Paradis fiscal et qu'il faut
refaire une Europe à six sans le Luxembourg.
Rappelez-vous qu'en janvier, un autre Monsieur qui
s'appelle Hervé Nathan, et qui écrit des choses dans un papier français qui
s'appelle Marianne, a dit aussi qu'il fallait éjecter le Luxembourg de l'Union Européenne.
Laurent Wauquiez a copié sur son camarade de classe Hervé, qui lui avait élaboré
sur les pensées profondes de Gabriel Zucman, rassemblées dans un ouvrage intitulé
"La richesse cachée des nations". Le tout avec une petite sauce
Montebourg aux extraits, je suppose de l' ENA ou d'un autre laboratoire français
centralisateur. Contrairement à mes compatriotes, ma réaction est plus calme. Au
copieur acharné, je peux répondre d'abord en copiant mes réflexions faites à Hervé
il y a quelques mois. Les voici telles que publiées en janvier.
Il y a bien-sûr quelques différences avec le discours
actuel. La nouvelle idée de Laurent Wauquiez est de faire une Europe des
pauvres: Espagne, Italie, France, la Belgique devant lesquels on attelle
l'Allemagne et les Pays-Bas, prospères. Ce qui est surprenant est que la
plupart des ces 6 membres, dont notoirement la France, n'arrivent pas à maintenir
un statut honorable dans le cadre de l'Union actuelle, alors que depuis des années
leurs déficits violent les règles de l'Union sans conséquences. Et curieusement
les 6 garderaient l'Euro, sans doute le restant de l'actuel Euro groupe aussi?
Or l'Euro est la racine du mal français, dans la simple équation
qui fait s'équilibrer la valeur de la monnaie contre cette autre variable, la productivité
et le chômage. La France affaiblie, ne
pouvant dévaluer l' Euro, voit donc son taux de chômage augmenter encore.
Facile, dit Monsieur Wauquiez, on érige de nouveau des barrières douanières
pour protéger les industries françaises, et d'ailleurs on sort aussi de Schengen.
Et ainsi s'en va un Marché unique de 550 millions de consommateurs, débouché
pour les entreprises françaises, qui maintenant pourront se concentrer sur l'
hexagone. On vient de redécouvrir les nationalismes.
Là où Monsieur Wauquiez aurait pu copier mon blog, est sur
mon langage anti-Paradis fiscal. Le Luxembourg a cheminé vers la douloureuse décision
de finalement en finir. Des leaders bancaires luxembourgeois se sont même dits soulagés.
Sur papier le Luxembourg reste un Paradis fiscal jusqu'au 1er janvier 2015.
Dans la pratique cela veut dire, qu'il n'existe plus. Aucun Français ne viendra
cacher son magot chez nous pour 8 mois. C'est déjà fait ailleurs.
Là où il y a malentendu, c'est que Monsieur Wauquiez
compare l'enfer fiscal de la France au Luxembourg, pays qui taxe avec modération.
Cela n'est pas un Paradis fiscal. C'est une juridiction à imposition modérée. L'idée de Paradis est
sans doute une opinion du centralisateur français
qui voudrait voir l' Egalite dans les tarifs partout, comme par exemple un taux
d'imposition allant jusqu'à 75%. Eliminant de la sorte la compétition fiscale.
En effet, cela est le rêve de tous les politiciens. Sans compétition fiscale ils
pourront imposer à cœur joie. Même Depardieu ne saurait à quel Saint se vouer.
Le Luxembourg, évincé de l'Europe, pourra tranquillement réintroduire
son secret bancaire, ce qui ne serait pas pour déplaire aux partis politiques français
en quête de discrétion pour leurs affaires bancaires.
On poussera cette logique jusqu'à élire Monsieur Juncker
comme Président luxembourgeois du Conseil en mai, ou alors de la Commission.