Friday, January 15, 2016

Les effets pervers du politiquement correct


Politiquement correct / incorrect.
La médiane. 
Photo ET






















Les effets pervers du politiquement correct

Dans son essence le terme « politiquement correct » désigne une conformité du comportement avec une idéologie, ses grands dogmes et ses petites règles surtout de langage. Le politiquement correct existe dans une forme anodine : les codes de conduite généralement acceptés pour la vie en société. On les appelle alors les « bonnes manières ».

Quand ce respect des convenances sociales déborde en politique les confins des spectres idéologiques, la prolifération des interdits sociaux prend souvent l’air d’intransigeances grotesques qui contrôlent la parole, sinon la pensée. La dictature de la pensée, les tabous évolueront vers un radicalisme de plus en plus arrogant, à gauche aussi bien qu’à droite. Ils créent alors une exaspération et une polarisation gauche-droite, pour-et-contre, n’entrainant dans leurs sillages que les plus obéissants et modérés, et poussant vers le politiquement incorrect ceux qu’ils agacent. Le résultat est donc souvent le contraire du but initial recherché de convaincre, éduquer, rabrouer, embarrasser, ou intimider. Le contrôle social excessif, la police du langage, et les inévitables erreurs dans les affaires publiques qui découlent de cet arrangement du discours public finiront par avoir des conséquences surprenantes. Arrivera le moment de la révolte du citoyen moyen, du retour de la manivelle.

L’actualité de ces dernières semaines illustre abondamment cette surenchère dans la pensée politique. A la Une, cette actualité témoigne des excès de la conformité dans des situations aussi diverses que le climat, qui coûtera 2.000 milliards en 20 ans, le terrorisme amalgamé aux migrants qui détruit l’Union Européenne, et les élections dans quelques démocraties phares, surtout aux Etats-Unis où les favoris des bonzes des partis seront éliminés par un politiquement incorrect.

22 ! V’là le COP 21 !

C’est dire, vingt-deux v’là les flics du climat. La « dérégulation du climat » est un paroxysme du politiquement correct. La question du climat a évolué vers trois concepts fondamentaux, qui sont que la terre se réchauffe, que l’homme en est responsable par ses émissions surtout de CO, et que la « justice climatique » exige que les uns paient les autres. Non pas que le pollueur paye pour une nécessaire restauration, mais paye une taxe ou paye les « victimes » de sa pollution. Quiconque questionne l’un des trois concepts, le réchauffement, la responsabilité humaine, et donc la nécessité de compenser des victimes, se fera traiter de renieur, c.à.d. de débile incorrect qui ignore une science « établie ».

J’ai grand respect pour la méthode scientifique. Elle est la démarche de l’intelligence humaine : partant d’une perception syncrétique du monde matériel, c’est l’analyse de ses détails qui permet de vérifier des hypothèses, ce dont fusera la synthèse : la solution, la vérité. Elle implique que n’importe quelle expérience pourra être répétée, dupliquée, et vérifiée à l’infini. La science du climat  n’est pas à ce stade. Ses prédictions à l’occasion ont été justes ou spectaculairement fausses. Comme celle qui prédisait avec l’arrogance de la certitude que l’Océan Arctique serait sans glace estivale dès l’été 2013. La calotte glaciaire en fait s’étend. Non, la science du climat n’est pas établie. Elle présente plutôt une hypothèse de travail de façon assez crédible que voici : les taux de CO dans l’atmosphère augmentent depuis le début de l’ère industrielle, c’est donc l’homme qui en est l’origine, et cette masse de CO emprisonne la chaleur sous sa cape. On n’est qu’au stade de l’observation, des mesures, et de leur analyse, mais trop avide de se précipiter vers des conclusions prématurées quant à la science et surtout la politique logique qu’elle dicterait. Curieusement dans les années 70, une hypothèse opposée se présentait elle aussi avec une certaine crédibilité, celle du refroidissement climatique basée sur un schéma de pensée similaire: les taux de CO dans l’atmosphère augmentent depuis le début de l’ère industrielle, c’est donc l’homme qui est à l’origine de ce CO, et cette  accumulation de CO dans l’atmosphère agit comme écran réflecteur du rayonnement solaire, et la Terre se refroidit. C’était donc une théorie diamétralement opposée, qui ensuite a été réfutée par les « réchauffistes ».

Ces derniers ont le vent en poupe, grâce à une cascade d’acteurs probablement plus militants que scientifiques. Les scientifiques non-conformes à « la science établie du climat » sont exclus. Ces gens sont politiquement incorrects et intolérables. Ces gens sont à abattre. Se conformer par contre est lucratif : bons boulots à l’ONU et dans les ministères, bons films apocalyptiques, bonnes publications, bons résultats électoraux, bonne religion. C’est le cas ailleurs en d’autres sciences, comme par exemple en physique. Si vous n’adhérez pas à la « string theory » ou la théorie des cordes en mécanique quantique, inutile de postuler pour une position de prof de physique dans la plupart des universités. C’est un « group think », où tout le monde qui y adhère retrouve son compte. Et sus aux renieurs.

L’organe de propagande par excellence de la science établie du climat est le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) de l’ONU, composé « d’experts » en climat. Il y a peu de science, mais beaucoup de diplomates et de propagande. Ils ont réussi à déclencher une hystérie collective et mondiale. Les politiciens y sentaient des votes, et même le Pape s’y est mis. Il est vrai que le climatisme est une religion naissante qu’il vaut mieux ingérer dans les religions existantes.
Mais bien-sûr, je ne nierai pas l’évidence des mesures des températures qui montent et qui descendent. Mais je questionnerai peut-être l’intégrité de la collecte de ces mesures. Je ne questionnerai pas la fonte d’un glacier, ni au contraire la croissance de la calotte glaciaire arctique. Cela se mesure, mais n’offre pas de conclusion immédiate, surtout pas quand les observations deviennent contradictoires. Je questionnerai beaucoup les assomptions des scientifiques pour constituer leurs modèles, car elles sont forcément arbitraires. Mais j’appellerai fraudeurs ceux qui manipulent la méthode statistique ou qui se sentent libres d’ajuster des résultats bruts inconvenants autour de chiffres corrigés et convenant à l’hypothèse.

Gare à ces raccourcis, ces approximations, ces extrapolations et ces ajustements statistiques. Dans le parti pris et la précipitation de conclure résident l’erreur et la solution politique fausse. Proclamer qu’une science est établie, est donc inacceptable. Il était une fois la science établie que le Soleil tourne autour de la Terre, et les défenseurs de ce dogme s’immunisaient contre toute critique par un dogme similaire à « la science est établie et définitive ». C’était la Bible. Galilée nous a pourtant appris que la science doit être et rester réfutable! Ne pas pouvoir la nier est le politiquement correct dans le contexte de la COP 21.

Et à l‘unanimité le monde politiquement correct s’est engagé à dépenser $100 milliards par an pour compenser les victimes de la dérégulation du climat. Notez d’ailleurs l’évolution du langage qui est allé du réchauffement climatique, au changement du climat pour en arriver à la dérégulation du climat maintenant. Un doute affreux se serait-il même emparé des chantres du réchauffement ? Cette évolution du langage est-elle due à la reconnaissance qu’il faut tempérer l’hystérie collective et que la science n’est pas si bien établie, ou est-ce pour devenir acceptable aux modérés qui demandent à voir? Notez que ces 100 milliards annuels iront aux récipiendaires traditionnels des largesses internationales comme les aides au développement depuis 50 ans, et le Millennium Project de l’ONU de ce début du siècle.

Et d’ici 20 ans, par un jour de grand froid, on risque fort de regarder en arrière sur cette folie climatique, sur ces 2.000 milliards théoriquement dépensés, en réalisant que le climat et l’atmosphère sont des infinités chaotiques qu’il est difficile de résumer en une formule scientifique et en une grille de compensations monétaires pour les victimes imaginaires. Pour finalement arriver à la seule décision correcte : le climat est ce qu’il est, mais que chacun combatte la pollution chez soi, et balaye devant sa propre porte. Le climat sera guéri.

Les origines et la chute de l’Empire Européen

Cet entête est un peu exagéré pour mieux illustrer la gravité de ce qui risque de se passer. Il suppose une grandiose construction européenne qui serait en train de collapser. Ce n’est ni l’un et probablement ni l’autre. L’Europe n’est pas devenue un Empire politique. C’est un Marché commun affublé de quelques prétentions politiques, comme le Parlement européen. Elle a été conçue pour croître organiquement selon Monnet. A l’insu des peuples diront certains. Et dans sa timide croissance organique, elle n’a jamais atteint le point d’être un Empire.

Sa croissance risque d’avoir passé son zénith avec l’introduction de l’accord Schengen et de l’Euro. Elle amorce son déclin avec le déclin de Schengen et la faiblesse de l’Euro. A force de concentrer du pouvoir indu à la Commission non-élue, à force de critiquer cette Commission ou « Bruxelles » pour les problèmes nationaux, l’Europe n’est plus populaire. Elle a déjà failli éclater au moment du référendum sur la « Constitution européenne ». Elle a poursuivi des initiatives comme l’Euro, mal venu car charrue devant les bœufs sans plus d’intégration politique. Elle est aussi devenue une Europe à deux vitesses avec un peloton de tête et des lâchés, sous-performants ou politiquement incorrects. Et tout comme le projet de l’Euro, les vagues idées lancées pour une Défense européenne sont des fabulations, tant qu’il n’y a pas une politique commune et un gouvernement commun élu qui s’en chargeraient.

La crise des réfugiés ou plutôt des migrants est un autre test qui sépare le peloton en deux. Le haut du pavé est tenu par le camp des bras ouverts. Les politiquement incorrects sont ceux qui érigent leurs fils barbelés. Ou est-ce dans l’autre sens ? Car la révolte gronde, et les partis eurosceptiques ont le vent en poupe. Le fait de mettre des gants dans le discours politique autour de la crise des réfugiées, multiplie et radicalise les opposants. Même la Presse est censurée ou s’autocensure pour ne pas rapporter des faits inconvenants. Au Luxembourg aussi on a escamoté la nouvelle que les 30 premiers réfugiés refusaient de s’embarquer pour le Luxembourg, et que 13 se sont enfuis. Etait-ce pour ménager la chèvre et le chou, que la bonne volonté ne se transforme en exaspération ?

Le trou entre le discours officiel et la réalité cachée nourrit la méfiance du public et élargit et le camp des politiquement incorrects. Déjà l’Allemagne apporte des nuances dans sa généreuse politique d’accueil pour tempérer la peur sinon la colère publique. Beaucoup de cette problématique aurait pu être évitée dès la mise en place de l’accord Schengen, car gouverner c’est prévoir. Car en fin de compte il ne s’agit pas de choisir entre compassion et rejet. Toute émotion a part, l’arbitre entre les deux est une solution tout à fait bureaucratique : le triage à l’arrivée des migrants sur un territoire de Schengen. C’est de cette façon-là que les états fonctionnent. C’est de cette façon-là que lors de grandes crises on trie les victimes, les blessés, les indesirables, selon des catégories propres à la situation. Ici pour trier ceux qui sont  les demandeurs d’asile légitimes des migrants économiques et des terroristes possibles qu’on écarte ou arrête. Hélas Schengen n’a pas vraiment été au bout de cette pensée. Il n’y avait pas les moyens pour organiser ces tris. A frontière commune contrôle commun, or Frontex, la douane européenne sur les frontières extérieures de Schengen a été créée avec des années de retard. Elle était encore pratiquement inexistante et inopérante au début de la crise des migrants. Cette faille dans le dispositif a été compensée en expédiant de façon politiquement correcte tous les migrants qui se présentaient, notamment en Grèce. La pratique aura permis toutes les fraudes dans les centres d’accueil, le trafic humain, et le passage clandestin d’un nombre inconnu de terroristes. Et c’est la vraie origine des attitudes hostiles des autochtones, inquiets, qui rallieront les partis hostiles à cette immigration et qui sont ou qui arriveront au pouvoir. Voyez en Europe de l’Est, en France, et ailleurs.

Quand le terrorisme islamique est un mot si difficile à prononcer

La palme du politiquement correct et de ses effets pervers revient aux Etats-Unis, où de grandes batailles se font autour du vocabulaire qui pourrait heurter les sentiments de quelqu’un. Dites « Sapin des Fêtes », ne dites pas « il ou elle », c’est sexiste, et « quelqu’un qui travaille durement » et « pastèque », ces deux sont racistes. Evitez aussi homme et femme, dites plutôt «une personne ». Si vous ne contrôlez pas votre parole, il y a trois douzaines d’épithètes malsonnantes avec le suffixe « -phobe » qui vous seront collées, et vous serez candidat pour devenir phobophobe, la peur d’avoir peur. L’Université de Tennessee -Knoxville est même arrivée à créer de nouveaux pronoms personnels gutturaux (ze, zir, xyr), qui sont plus convenablement neutres que l’archaïque masculin-féminin. D’autres ont réservé un petit espace sur leur campus où l’on peut exercer la libre expression, alors que c’est un droit constitutionnel qui s’exerce partout.

Nul ne doute, un des mandats du Président Obama que l’électeur US lui a donné, est de finir les guerres en Iraq et en Afghanistan. Il a même reçu en acompte le Prix Nobel de la Paix. Finir une guerre est une opération militaire en soi : cela ne se décide pas unilatéralement. C’est ce qui s’est fait pourtant, annoncé d’avance, unilatéralement, sans armistice ni traité de paix, avec des résultats désastreux dans les vides politiques et militaires laissés par le retrait des forces américaines du théâtre d’opérations. Vides promptement comblés par des forces plus ou moins violentes ou extrémistes, où les plus violentes prévalent. L’Iraq, l’Afghanistan et les pays du Printemps Arabe sont devenus proies de l’islamisme extrémiste. La langue de bois américaine est proportionnellement absurde. « Al Qaeda est battu, ISIS est une équipe de juniors, les USA mènent par derrière (!). Un militaire américain islamiste qui abat ses camarades sur une base, ce n’est pas du terrorisme, mais de la violence au travail. Et finalement ISIS, ou ISIL ou Daesh va être contenu, décimé et détruit dit un langage martial, mais langage de bois désamorcé par de l’idéologie. Pour le moment Daesh ne sera pas détruit. Ils sont en expansion.

Cette situation a déjà et va encore jouer un rôle dans les élections présidentielles à venir. Elles sont déjà différentes de toutes celles du passée à plus d’un titre. Dès le départ, il y a des mois, les forces un peu occultes qui gèrent la destinée des deux partis, ont opposé une princesse héritière, Hillary Clinton, à un prince héritier, Jeb Bush. Drôle de république ! Parmi les centaines de millions de citoyens il n’y aurait que ces deux-là ? Le leadership démocrate a établi qu’il n’était pas politiquement correct de se poser en concurrent de Clinton. Le leadership des Républicains pensait la même chose au sujet de Bush, mais déjà voit son candidat politiquement correct recevoir un bras d’honneur. La candidature Bush bat de l’aile malgré des dizaines de millions dépensées par sa campagne. Hillary Clinton se maintient, faute de combattants, sauf pour un socialiste (pourtant un vilain mot aux EU) indépendant et ermite du Vermont. Elle court aussi le risque d’aller en prison si l’affaire de son maniement de messages secrets se mesure aux précédents comme celui du général Petraeus, bien plus anodin, mais qui lui était condamné à 2 ans avec sursis et 100.000 dollars d’amende. Sinon elle sera probablement opposée à Donald Trump, leader inattendu pour les forces invisibles derrière le parti républicain, qui est resté inamovible en tête des sondages, malgré tous les efforts de le faire sombrer.
Donald Trump a bâti son avance sur sa commande des media et sur une orgie de déclarations politiquement incorrectes. Plus il y avait de l’insolence, plus il a solidifié son avance. Il déclare aussi qu’il dépense son argent propre. En  fait il n’a pratiquement rien dépensé tellement ses déclarations politiquement incorrectes lui donnent une couverture gratuite dans les media de jour et de nuit. En comparaison Hillary Clinton est supposée collecter de 1 à 2 milliards de Wall Street surtout et de Hollywood. Elle sera tributaire de ces donateurs. 

Mais le public américain est fatigué de la corruption des élections par l’argent, fatigué du politiquement correct et est en révolte. L’Europe serait abasourdie d’apprendre un jour que les deux finalistes pour les élections présidentielles sont Berni Sanders et Donald Trump. Ce seraient les élections du retour de la manivelle sur le politiquement correct. A moins qu’un nouvel élément vienne renverser la charrette, mais dorénavant il sera politiquement correct d’être politiquement incorrect.





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