Politiquement correct / incorrect. La médiane. Photo ET |
Les effets pervers du
politiquement correct
Dans son essence le terme « politiquement correct » désigne une
conformité du comportement avec une idéologie, ses grands dogmes et ses petites
règles surtout de langage. Le politiquement correct existe dans une forme
anodine : les codes de conduite généralement acceptés pour la vie en
société. On les appelle alors les « bonnes manières ».
Quand ce respect des convenances sociales déborde en politique les confins
des spectres idéologiques, la prolifération des interdits sociaux prend souvent
l’air d’intransigeances grotesques qui contrôlent la parole, sinon la pensée.
La dictature de la pensée, les tabous évolueront vers un radicalisme de plus en
plus arrogant, à gauche aussi bien qu’à droite. Ils créent alors une
exaspération et une polarisation gauche-droite, pour-et-contre, n’entrainant
dans leurs sillages que les plus obéissants et modérés, et poussant vers le
politiquement incorrect ceux qu’ils agacent. Le résultat est donc souvent le contraire
du but initial recherché de convaincre, éduquer, rabrouer, embarrasser, ou
intimider. Le contrôle social excessif, la police du langage, et les
inévitables erreurs dans les affaires publiques qui découlent de cet
arrangement du discours public finiront par avoir des conséquences surprenantes.
Arrivera le moment de la révolte du citoyen moyen, du retour de la manivelle.
L’actualité de ces dernières semaines illustre abondamment cette surenchère
dans la pensée politique. A la Une, cette actualité témoigne des excès de la
conformité dans des situations aussi diverses que le climat, qui coûtera 2.000
milliards en 20 ans, le terrorisme amalgamé aux migrants qui détruit l’Union
Européenne, et les élections dans quelques démocraties phares, surtout aux
Etats-Unis où les favoris des bonzes des partis seront éliminés par un
politiquement incorrect.
22 ! V’là le COP 21 !
C’est dire, vingt-deux v’là les flics du climat. La « dérégulation du
climat » est un paroxysme du politiquement correct. La question du climat
a évolué vers trois concepts fondamentaux, qui sont que la terre se réchauffe,
que l’homme en est responsable par ses émissions surtout de CO₂, et que la « justice climatique » exige que
les uns paient les autres. Non pas que le pollueur paye pour une
nécessaire restauration, mais paye une taxe ou paye les « victimes »
de sa pollution. Quiconque questionne l’un des trois concepts, le
réchauffement, la responsabilité humaine, et donc la nécessité de compenser des
victimes, se fera traiter de renieur, c.à.d. de débile incorrect qui ignore une
science « établie ».
J’ai grand respect pour la méthode scientifique. Elle est la démarche de
l’intelligence humaine : partant d’une perception syncrétique du monde
matériel, c’est l’analyse de ses détails qui permet de vérifier des hypothèses,
ce dont fusera la synthèse : la solution, la vérité. Elle implique que
n’importe quelle expérience pourra être répétée, dupliquée, et vérifiée à
l’infini. La science du climat n’est pas
à ce stade. Ses prédictions à l’occasion ont été justes ou spectaculairement
fausses. Comme celle qui prédisait avec l’arrogance de la certitude que l’Océan
Arctique serait sans glace estivale dès l’été 2013. La calotte glaciaire en
fait s’étend. Non, la science du climat n’est pas établie. Elle présente plutôt
une hypothèse de travail de façon assez crédible que voici : les taux de
CO₂ dans l’atmosphère augmentent
depuis le début de l’ère industrielle, c’est donc l’homme qui en est l’origine,
et cette masse de CO₂ emprisonne la
chaleur sous sa cape. On n’est qu’au stade de l’observation, des mesures, et de
leur analyse, mais trop avide de se précipiter vers des conclusions prématurées
quant à la science et surtout la politique logique qu’elle dicterait. Curieusement
dans les années 70, une hypothèse opposée se présentait elle aussi avec une
certaine crédibilité, celle du refroidissement climatique basée sur un schéma
de pensée similaire: les taux de CO₂ dans l’atmosphère augmentent depuis le début de l’ère industrielle, c’est
donc l’homme qui est à l’origine de ce CO₂, et cette accumulation de CO₂ dans l’atmosphère agit comme écran réflecteur du
rayonnement solaire, et la Terre se refroidit. C’était donc une théorie
diamétralement opposée, qui ensuite a été réfutée par les
« réchauffistes ».
Ces derniers ont le vent en poupe, grâce à une cascade d’acteurs
probablement plus militants que scientifiques. Les scientifiques non-conformes à
« la science établie du climat » sont exclus. Ces gens sont
politiquement incorrects et intolérables. Ces gens sont à abattre. Se conformer
par contre est lucratif : bons boulots à l’ONU et dans les ministères,
bons films apocalyptiques, bonnes publications, bons résultats électoraux,
bonne religion. C’est le cas ailleurs en d’autres sciences, comme par exemple en physique. Si vous n’adhérez pas à la « string theory » ou la
théorie des cordes en mécanique quantique, inutile de postuler pour une
position de prof de physique dans la plupart des universités. C’est un « group
think », où tout le monde qui y adhère retrouve son compte. Et sus aux
renieurs.
L’organe de propagande par excellence de la science établie du climat est
le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) de
l’ONU, composé « d’experts » en climat. Il y a peu de science, mais
beaucoup de diplomates et de propagande. Ils ont réussi à déclencher une
hystérie collective et mondiale. Les politiciens y sentaient des votes, et même
le Pape s’y est mis. Il est vrai que le climatisme est une religion naissante
qu’il vaut mieux ingérer dans les religions existantes.
Mais bien-sûr, je ne nierai pas l’évidence des mesures des températures qui
montent et qui descendent. Mais je questionnerai peut-être l’intégrité de la
collecte de ces mesures. Je ne questionnerai pas la fonte d’un glacier, ni au
contraire la croissance de la calotte glaciaire arctique. Cela se mesure, mais
n’offre pas de conclusion immédiate, surtout pas quand les observations
deviennent contradictoires. Je questionnerai beaucoup les assomptions des
scientifiques pour constituer leurs modèles, car elles sont forcément
arbitraires. Mais j’appellerai fraudeurs ceux qui manipulent la méthode
statistique ou qui se sentent libres d’ajuster des résultats bruts inconvenants
autour de chiffres corrigés et convenant à l’hypothèse.
Gare à ces raccourcis, ces approximations, ces extrapolations et ces
ajustements statistiques. Dans le parti pris et la précipitation de conclure résident
l’erreur et la solution politique fausse. Proclamer qu’une science est établie,
est donc inacceptable. Il était une fois la science établie que le Soleil
tourne autour de la Terre, et les défenseurs de ce dogme s’immunisaient contre
toute critique par un dogme similaire à « la science est établie et
définitive ». C’était la Bible. Galilée nous a pourtant appris que la
science doit être et rester réfutable! Ne pas pouvoir la nier est le
politiquement correct dans le contexte de la COP 21.
Et à l‘unanimité le monde politiquement correct s’est engagé à dépenser
$100 milliards par an pour compenser les victimes de la dérégulation du climat.
Notez d’ailleurs l’évolution du langage qui est allé du réchauffement climatique,
au changement du climat pour en arriver à la dérégulation du climat maintenant.
Un doute affreux se serait-il même emparé des chantres du réchauffement ? Cette
évolution du langage est-elle due à la reconnaissance qu’il faut tempérer
l’hystérie collective et que la science n’est pas si bien établie, ou est-ce
pour devenir acceptable aux modérés qui demandent à voir? Notez que ces
100 milliards annuels iront aux récipiendaires traditionnels des largesses
internationales comme les aides au développement depuis 50 ans, et le
Millennium Project de l’ONU de ce début du siècle.
Et d’ici 20 ans, par un jour de grand froid, on risque fort de regarder en arrière
sur cette folie climatique, sur ces 2.000 milliards théoriquement dépensés, en réalisant
que le climat et l’atmosphère sont des infinités chaotiques qu’il est difficile
de résumer en une formule scientifique et en une grille de compensations
monétaires pour les victimes imaginaires. Pour finalement arriver à la seule
décision correcte : le climat est ce qu’il est, mais que chacun combatte
la pollution chez soi, et balaye devant sa propre porte. Le climat sera guéri.
Les origines et la chute de
l’Empire Européen
Cet entête est un peu exagéré pour mieux illustrer la gravité de ce qui
risque de se passer. Il suppose une grandiose construction européenne qui serait
en train de collapser. Ce n’est ni l’un et probablement ni l’autre. L’Europe
n’est pas devenue un Empire politique. C’est un Marché commun affublé de
quelques prétentions politiques, comme le Parlement européen. Elle a été conçue
pour croître organiquement selon Monnet. A l’insu des peuples diront certains. Et
dans sa timide croissance organique, elle n’a jamais atteint le point d’être un
Empire.
Sa croissance risque d’avoir passé son zénith avec l’introduction de
l’accord Schengen et de l’Euro. Elle amorce son déclin avec le déclin de
Schengen et la faiblesse de l’Euro. A force de concentrer du pouvoir indu à la
Commission non-élue, à force de critiquer cette Commission ou
« Bruxelles » pour les problèmes nationaux, l’Europe n’est plus
populaire. Elle a déjà failli éclater au moment du référendum sur la
« Constitution européenne ». Elle a poursuivi des initiatives comme l’Euro,
mal venu car charrue devant les bœufs sans plus d’intégration politique. Elle
est aussi devenue une Europe à deux vitesses avec un peloton de tête et des
lâchés, sous-performants ou politiquement incorrects. Et tout comme le projet
de l’Euro, les vagues idées lancées pour une Défense européenne sont des
fabulations, tant qu’il n’y a pas une politique commune et un gouvernement
commun élu qui s’en chargeraient.
La crise des réfugiés ou plutôt des migrants est un autre test qui sépare
le peloton en deux. Le haut du pavé est tenu par le camp des bras ouverts. Les
politiquement incorrects sont ceux qui érigent leurs fils barbelés. Ou est-ce
dans l’autre sens ? Car la révolte gronde, et les partis eurosceptiques
ont le vent en poupe. Le fait de mettre des gants dans le discours politique autour
de la crise des réfugiées, multiplie et radicalise les opposants. Même la
Presse est censurée ou s’autocensure pour ne pas rapporter des faits
inconvenants. Au Luxembourg aussi on a escamoté la nouvelle que les 30 premiers
réfugiés refusaient de s’embarquer pour le Luxembourg, et que 13 se sont enfuis.
Etait-ce pour ménager la chèvre et le chou, que la bonne volonté ne se
transforme en exaspération ?
Le trou entre le discours officiel et la réalité cachée nourrit la méfiance
du public et élargit et le camp des politiquement incorrects. Déjà l’Allemagne
apporte des nuances dans sa généreuse politique d’accueil pour tempérer la peur
sinon la colère publique. Beaucoup de cette problématique aurait pu être évitée
dès la mise en place de l’accord Schengen, car gouverner c’est prévoir. Car en
fin de compte il ne s’agit pas de choisir entre compassion et rejet. Toute
émotion a part, l’arbitre entre les deux est une solution tout à fait
bureaucratique : le triage à l’arrivée des migrants sur un territoire de
Schengen. C’est de cette façon-là que les états fonctionnent. C’est de cette
façon-là que lors de grandes crises on trie les victimes, les blessés, les
indesirables, selon des catégories propres à la situation. Ici pour trier ceux
qui sont les demandeurs d’asile légitimes
des migrants économiques et des terroristes possibles qu’on écarte ou arrête. Hélas
Schengen n’a pas vraiment été au bout de cette pensée. Il n’y avait pas les
moyens pour organiser ces tris. A frontière commune contrôle commun, or Frontex,
la douane européenne sur les frontières extérieures de Schengen a été créée avec
des années de retard. Elle était encore pratiquement inexistante et inopérante au
début de la crise des migrants. Cette faille dans le dispositif a été compensée
en expédiant de façon politiquement correcte tous les migrants qui se
présentaient, notamment en Grèce. La pratique aura permis toutes les fraudes
dans les centres d’accueil, le trafic humain, et le passage clandestin d’un
nombre inconnu de terroristes. Et c’est la vraie origine des attitudes hostiles
des autochtones, inquiets, qui rallieront les partis hostiles à cette
immigration et qui sont ou qui arriveront au pouvoir. Voyez en Europe de l’Est,
en France, et ailleurs.
Quand le terrorisme islamique est
un mot si difficile à prononcer
La palme du politiquement correct et de ses effets pervers revient aux
Etats-Unis, où de grandes batailles se font autour du vocabulaire qui
pourrait heurter les sentiments de quelqu’un. Dites « Sapin des Fêtes »,
ne dites pas « il ou elle », c’est sexiste, et « quelqu’un qui
travaille durement » et « pastèque », ces deux sont racistes. Evitez
aussi homme et femme, dites plutôt «une personne ». Si vous ne
contrôlez pas votre parole, il y a trois douzaines d’épithètes malsonnantes avec
le suffixe « -phobe » qui vous seront collées, et vous serez candidat
pour devenir phobophobe, la peur d’avoir peur. L’Université de Tennessee
-Knoxville est même arrivée à créer de nouveaux pronoms personnels gutturaux
(ze, zir, xyr), qui sont plus convenablement neutres que l’archaïque masculin-féminin.
D’autres ont réservé un petit espace sur leur campus où l’on peut exercer la
libre expression, alors que c’est un droit constitutionnel qui s’exerce
partout.
Nul ne doute, un des mandats du Président Obama que l’électeur US lui a
donné, est de finir les guerres en Iraq et en Afghanistan. Il a même reçu en
acompte le Prix Nobel de la Paix. Finir une guerre est une opération militaire
en soi : cela ne se décide pas unilatéralement. C’est ce qui s’est fait
pourtant, annoncé d’avance, unilatéralement, sans armistice ni traité de paix,
avec des résultats désastreux dans les vides politiques et militaires laissés
par le retrait des forces américaines du théâtre d’opérations. Vides
promptement comblés par des forces plus ou moins violentes ou extrémistes, où
les plus violentes prévalent. L’Iraq, l’Afghanistan et les pays du Printemps
Arabe sont devenus proies de l’islamisme extrémiste. La langue de bois américaine
est proportionnellement absurde. « Al Qaeda est battu, ISIS est une équipe
de juniors, les USA mènent par derrière (!). Un militaire américain islamiste
qui abat ses camarades sur une base, ce n’est pas du terrorisme, mais de la
violence au travail. Et finalement ISIS, ou ISIL ou Daesh va être contenu, décimé
et détruit dit un langage martial, mais langage de bois désamorcé par de l’idéologie.
Pour le moment Daesh ne sera pas détruit. Ils sont en expansion.
Cette situation a déjà et va encore jouer un rôle dans les élections présidentielles
à venir. Elles sont déjà différentes de toutes celles du passée à plus d’un
titre. Dès le départ, il y a des mois, les forces un peu occultes qui gèrent la
destinée des deux partis, ont opposé une princesse héritière, Hillary Clinton, à
un prince héritier, Jeb Bush. Drôle de république ! Parmi les centaines de
millions de citoyens il n’y aurait que ces deux-là ? Le leadership
démocrate a établi qu’il n’était pas politiquement correct de se poser en
concurrent de Clinton. Le leadership des Républicains pensait la même chose au
sujet de Bush, mais déjà voit son candidat politiquement correct recevoir un
bras d’honneur. La candidature Bush bat de l’aile malgré des dizaines de
millions dépensées par sa campagne. Hillary Clinton se maintient, faute de
combattants, sauf pour un socialiste (pourtant un vilain mot aux EU) indépendant
et ermite du Vermont. Elle court aussi le risque d’aller en prison si l’affaire
de son maniement de messages secrets se mesure aux précédents comme celui du
général Petraeus, bien plus anodin, mais qui lui était condamné à 2 ans avec
sursis et 100.000 dollars d’amende. Sinon elle sera probablement opposée à
Donald Trump, leader inattendu pour les forces invisibles derrière le parti républicain,
qui est resté inamovible en tête des sondages, malgré tous les efforts de le
faire sombrer.
Donald Trump a bâti son avance sur sa commande des media et sur une orgie
de déclarations politiquement incorrectes. Plus il y avait de l’insolence, plus
il a solidifié son avance. Il déclare aussi qu’il dépense son argent propre.
En fait il n’a pratiquement rien dépensé
tellement ses déclarations politiquement incorrectes lui donnent une couverture
gratuite dans les media de jour et de nuit. En comparaison Hillary Clinton est supposée
collecter de 1 à 2 milliards de Wall Street surtout et de Hollywood. Elle sera
tributaire de ces donateurs.
Mais le public américain est fatigué de la
corruption des élections par l’argent, fatigué du politiquement correct et est
en révolte. L’Europe serait abasourdie d’apprendre un jour que les deux
finalistes pour les élections présidentielles sont Berni Sanders et Donald
Trump. Ce seraient les élections du retour de la manivelle sur le politiquement
correct. A moins qu’un nouvel élément vienne renverser la charrette, mais dorénavant
il sera politiquement correct d’être politiquement incorrect.
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