Le Soleil se couche aussi. Fused Glass. Francoise Thein |
Le Luxembourg et ses héros: après Super Jhemp, voilà Super Marius
Un article bien recherché du Wall Street Journal sur les « Tax Rulings »
au Luxembourg fait actuellement le tour de la Presse internationale, avec en
vedette Marius Kohl, « Monsieur Ruling » dans le trou noir de l’Administration
des Contributions. Monsieur Ruling est entretemps parti en retraite, mais malgré
sa grande discrétion, sa réputation est internationale. Il a été la cible de
tous les désirs des intervieweurs internationaux. Mais il a été généralement
introuvable, ce qui bien-sûr attisait tous les appétits des journalistes. Grand
chef omnipotent, il pratiquait son vaudou fiscal par intuition et en une
ferveur pratiquement religieuse. Il a été repéré comme l’insider ultime par
plusieurs journalistes investigateurs, notamment par Cash Investigations dans
le temps, PaperJam et finalement le Wall Street Journal à qui revient la palme d’avoir
fait parler le Grand Muet.
Alors que Bruxelles se tord pour trouver une interdiction aux pratiques
fiscales luxembourgeoises des rulings, rien n’est acquis et rien n’est aussi
simple que ce ne l’était pour la fiscalité des personnes et l’échange
automatique de l’information. Il y a beaucoup de variables qui entrent en jeu,
parmi elles le fait que la plupart des bénéficiaires sont des multinationales, véritables
états sans frontières, que leur organigramme est d’une complexité et d’une flexibilité
telle qu’une mesure prise aujourd’hui sera défaite demain sinon hier déjà, que
les grandes sociétés de conseil auront vite trouvé des parades aux nouvelles
restrictions, et que la compétition fiscale existe et doit être maintenue,
principes de subsidiarité à l’appui. Il est fort probable que ni la Commission européenne,
ni l’OECD ne savent par où commencer, ni pour achever quoi pour combattre l’optimisation
fiscale : elle s’appuie sur des règles bien établies. Pour preuve
servirait l’exemple Dolce et Gabbana. Si l’establishment luxembourgeois ne
pouvait compter sur une victoire pour défendre le paradis fiscal de l’echange
automatique de l’information, il pouvait compter sur Marius pour défendre le
pays du merveilleux tax ruling. Et sur les successeurs de Marius.
Pour conclure avec César, le père de l’autre Marius, celui de Pagnol :
« Si on ne peut plus tricher avec
ses amis, ce n'est plus la peine de jouer aux cartes. »
No comments:
Post a Comment