"Ban de Gasperich". Photo ET
La difficile réhabilitation déontologique au Luxembourg
Dans le creux des nouvelles du mois d’août, mon attention s’est arrêtée sur
une interview de Lucien Lux publiée par le Wort. L’ancien maire, ministre, chef
de parti, secrétaire de parti, et député non réélu en 2013 nous dit ce qu’il
devient. Nous apprenons avec soulagement qu’il revoit le passé presque sans
rage, ce qui veut dire un petit peu de rage quand-même.
Je ne suis pas sûr si cette rage résiduelle est au sujet de quelque mésaventure
ministérielle, ou si c’est le fait de ne pas avoir été réélu. Mais nous apprenons
que son rôle était de « push » Etienne Schneider dans les élections,
ce qui dans une équipe, comme par exemple Léopard de Becca, signifie qu’on n’aspire
pas à la victoire soi-même, mais à la victoire du capitaine. On est domestique.
Au capitaine vainqueur alors de "push" pour qu’on devienne
conseiller d’état.
Il est tout à fait louable, alors que le pays manque d’entrepreneurs, qu’enfin
un politicien crée une entreprise autre qu’avec nos deniers. Lucien Lux a créé "Minga",
une firme de conseil. Il est fort probable quand-même que cette entreprise ne créera
pas d’autres emplois. Mais c’est plus pratique pour l’agencement de ses affaires
personnelles et l’optimisation fiscale.
Les clients de Minga profiteront des choses apprises tout au long de la carrière
de son fondateur, qui s’attellera à la tâche de déblayer les blocages
bureaucratiques et d’obtenir des résultats. Entre autres, Lucien Lux rend ses
services au groupe Becca participant au projet Ban de Gasperich. Ici Minga opèrera
en terrain fertile, si je ne m’abuse. Lucien Lux a été proche de Becca depuis belle lurette. Ainsi il était impliqué dans l’écurie sportive de Becca, la Léopard
S.A. Il était aussi locataire d’une maison unifamiliale appartenant à Becca,
que celui-ci avait acquise de Jean-Claude Finck, patron de la BCEE, ancien
membre du CA de Lynx Investment Management S.A. de Flavio Becca à qui la BCEE
avait accordé des lignes de crédit importantes. C’est une bien longue phrase à prononcer sans reprendre son souffle.
Et bien-sûr, l’optique n’est pas juste. Cela sonne un peu Minga-Minga. Mais
au Luxembourg, tout ce qui n’est pas défendu est permis. C’est exactement comment
un ancien collègue de Lucien Lux, Luc Frieden écartait toute question sur les
aspects déontologiques de son recrutement par la Deutsche Bank, 6 mois après
avoir été ministre. Il est un de nos plus grands experts, car il était ministre
de la Justice.
Le Luxembourg a maintenant deux Lucky Lukes chevauchant vers le coucher de
soleil politique, et qui tous deux tirent plus vite que leur ombre. Mais
chapeau à l’intervieweur du Wort qui a su extirper pour nous toutes ces
candides révélations.
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Monday, August 25, 2014
La difficile réhabilitation déontologique au Luxembourg
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