Golden Bridge. Photo ET
Le Luxembourg est officiellement un Paradis judiciaire et règlementaire
La démission de Luc Frieden
S’il y a un malaise qui est considéré comme une trivialité au Luxembourg, c’est
bien cette corruption rampante au sein du gouvernement qui consiste à
distribuer des sièges dans des Conseils d’Administration ainsi que d’autres
cumuls et privilèges. Récemment un code de déontologie a prétendu réglementer ces
pratiques douteuses. Ce code est en fait un village de Potemkine auquel on s’est
résolu pour faire taire les critiques. Plus grave, dans le group-think de cette
caste politique/fonction publique supérieure, les extras sont considérés comme
des droits acquis. Dans le monde anglo-saxon, souvent précurseur pour réprimander
et interdire des pratiques douteuses de ceux au pouvoir, il s’agit tout
simplement de corruption.
Pas au Luxembourg, où nous avons encore vu récemment des nominations de
certains cumulards de la fonction publique aux CA de la BCEE, des Chemins de
Fer et autres. Il y a bien eu quelques protestations, vite balayées. Une
question parlementaire du député Justin Turpel au Premier Ministre n’a pas été traitée
avec le respect et la transparence que le public et son représentant élu au
Parlement méritent. Connaitre la liste des privilégiés et de leurs privilèges n’est
pas un privilège du public au Luxembourg. Aux Etats-Unis, ce serait une liste
des inculpés.
Plus explicite encore est la position de Luc Frieden, ancien Ministre des
Finances et de la Justice entre autres. Il ne se voit pas encombré par un code
de déontologie qui, quoique en chantier depuis des années, n’a été adopté qu’en
2014, alors qu’il n’était plus ministre…. Et de toute façon, se tenir au code
est facultatif.
Il est remarquable qu’à ces niveaux de service public et pour un ancien
Ministre de la Justice, il faille y avoir un code écrit pour expliquer ce qui
est juste et injuste, ce qu’il devrait faire et ce qu’il ne devrait pas faire.
Bien naïfs sont ceux qui donc croient que la vertu vient avec la fonction.
Ce que les anglo-saxons appellent et interdisent est la « Revolving Door ».
Leurs codes interdisent de prendre une quelconque fonction dans le privé qui présenterait
un conflit d’intérêt, comme par exemple un ancien ministre des finances qui
rejoindrait une banque. On dira c’est à Londres. Il faudra cependant réconcilier
l'envergure européenne des responsabilités d’un ministre luxembourgeois et son accès
à l’information et aux prises de décisions politiques européennes, surtout en période de
crise bancaire.
Dans ce contexte d’une déontologie personnelle, dans le cas où la déontologie
règlementée ne s’appliquerait pas, le choix de la Deutsche Bank comme abri n’est
pas le plus heureux, sachant que la Deutsche Bank a eu un investisseur de taille juste
au mois de mai 2014, € 8 milliards de la part du Qatar. Comme Luc Frieden a eu
de grands mérites pour développer des liens privilégiés entre le Qatar et le Luxembourg et comme il a vendu 35% de Cargolux à Qatar Airways, ainsi que les banques BIL
et KBL à un des Fonds tentaculaires du Qatar, à sa place j’aurais été plus circonspect
avec mon choix de banque.
Faut-il mentionner que Luc Frieden sera en particulier en charge de
questions règlementaires bien anglo-saxonnes à la Deutsche Bank à Londres justement?
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