SREL: L'opéra finit quand la grosse dame chante.
C'est un dicton américain, qui explique aux incultes qui
s'ennuient à l'opéra, que le signal de la fin est donné quand Brunhilde, casquée,
armée d'une lance et d'un bouclier, se met à "pousser une gueulante".
Pour la Commission d'Enquête, Brunhilde était Jean-Claude Juncker, armé de ses
atouts usuels, et qui tout juste venait de finir sa campagne de sept ans de défense
de l'Euro.
Je m'attendais au déploiement de toutes les astuces dans son
registre: l'esquive, la fumée et les miroirs, oserais-je dire le mensonge? Ou
bien la distorsion, l'exagération, l'exaspération, la solidarité avec le questionneur,
y compris l'offre d'aider la Commission à trouver le mystérieux coupable du
laisser aller au SREL? Puis de couper court et de s'en aller, parce qu'il
aurait plus important à faire. Si beaucoup de ces astuces ont été déployées, on
voyait moins une Brunhilde belliqueuse
qu'une Castafiore qui faisait tintin à la Commission.
Le décor était de nouveau le plus grand chic disponible,
en chêne, sièges disposés en U. Quoique j'avais très vite l'impression que la
disposition était plutôt en L, comme dans Leçon, ou Lecture. Face au L, pas le témoin,
mais plutôt le professeur, grommelant, le sage répondant volontiers aux
questions des élèves timides, mais aussi aux cancres. Quand la question était
mal formulée ou inappropriée, l'élève se faisait gentiment gronder par le
professeur qui n'était pas pisse-vinaigre pour un sou ce jour-là. Car heureux comme
Ulysse, il allait s'embarquer pour un beau voyage au Chili. Sans doute pour
attirer à Luxembourg ces fonds de pension que des Colonels, tyrans eux aussi,
mais visionnaires avaient créés pour assurer la pérennité de la sécurité
sociale. Mais on ne va pas pinocher là-dessus.
Retenons que chez nous personne n'est obsédé ou freaké
par la nébuleuse du service de renseignement, certainement pas JCJ. Sauf ceux
qui prennent comme un signe d'honneur qu'ils aient été fichés, car ils avaient
bien ennuyé leur bourgeois de parents de
droite ou de gauche, en rejoignant la Ligue Communiste Révolutionnaire en
chantant Jacques Brel. Eux, ils voudraient tellement la voir cette fiche.
Comme tout cet exercice était initié par M. Juncker pour
divertir des problèmes de Livange et de Cargolux, il a esquivé de main de
maitre le piège qui se tendait par l'apparition de détails perturbants, comme
les écoutes. Comme lui, ont eu raison ceux qui n'ont jamais pris cette affaire
au sérieux. C'était un grand divertissement. C'était du Castafiore, pas du
Brunhilde.
No comments:
Post a Comment