Monday, September 7, 2020

Les élections américaines de 2020


 








Les élections américaines de 2020

Le 3 novembre l’Amérique décidera si elle reconduit le Président Donald Trump, le Républicain dans sa fonction ou si en revanche elle préfère son challenger Joe Biden, le Démocrate.

J’habite aux Etats-Unis depuis trente ans, et c’est avec un œil tantôt amusé, tantôt surpris que je regarde les nouvelles européennes sur ces élections. Elles sont parsemées du parti pris de celui qui les rapporte. Généralement elles sont plus ou moins ouvertement anti-Trump et pro-Biden. La Presse luxembourgeoise est au diapason avec les représentations de leurs collègues européens. Clairement leur choix privilégié est Joe Biden, arguments de circonstance à l’appui. Les divers sondages d’opinion semblent conforter ces sentiments. Joe Biden caracole en tête de la course. Cependant il faut se méfier de cette unanimité ouverte ou subliminale pour déclarer Biden le favori dans cette élection. Deux mois jusqu’aux élections sont une éternité. Pendant ces deux mois les écarts vont changer, des surprises et des éclaboussures de boue viendront secouer les sondages. Et parmi les perdants des élections présidentielles pourraient se trouver les instituts de sondages dont les arithmétiques sont souvent trop simplistes pour saisir les intangibles et les convulsions dans l’électorat qui dans les dernières semaines de campagne viennent fausser les sondages bruts.

En effet, je détecte un parallèle entre les élections de 2016 et de 2020. Au Luxembourg, Donald Trump aurait reçu 3% de support la semaine avant les élections de 2016, contre Hillary Clinton qui rassemblait 71% des voix. Vous connaissez la suite. Comme cette fois-ci, j’avais prévenu dès janvier 2016 pendant les primaires que les résultats seraient surprenants pour beaucoup. En effet que si Hillary Clinton ne survivait pas à une enquête du FBI sur l’emploi illégal d’un ordinateur privé pour les secrets d’Etat, ce serait Bernie Sanders qui affronterait Donald Trump. En fin de compte les élections de 2016 produisaient Donald Trump, une victoire du politiquement incorrect sur les dynasties politiques traditionnelles comme Bush, Clinton, Kennedy et autres.

Ici il importe de relever la faute stratégique du Parti Démocrate : il s’agit de l’effort mal inspiré en 2016 de faire élire la princesse héritière Hillary Clinton en éliminant toute compétition avant les élections. Le parti avait ainsi empêché la candidature la plus logique, celle du Vice-Président de Barack Obama, Joe Biden. Restait un irréductible, le rebelle Bernie Sanders qui rassemblait beaucoup de support à gauche et avait des réelles chances de succès dans ce climat d’après-Obama. Le parti a fait obstruction à la marche vers la nomination de Bernie Sanders. Le parti a ainsi dérobé tous les deux, Biden et Sanders d’une meilleure chance de gagner en 2016 qu’aujourd’hui.

Mais nous voilà en 2020. Comme en 2016 déjà, Sanders a été éliminé une deuxième fois in extremis parce que le parti favorisait ouvertement Biden cette fois-ci. Il est vrai que Sanders n’est qu’affilié au parti démocrate en tant qu’Indépendant. Le candidat démocrate Biden, en politique depuis 47 ans affronte donc le candidat républicain Trump qui lui est en politique depuis 5 ans. L’électeur contemplera les bilans politiques des deux hommes, tous deux septuagénaires, et leur santé physique et mentale. Les paramètres qui influenceront l’électeur dans ses choix sont au nombre de quatre :

  • Son appartenance à l’un des deux partis détermine son vote. Les impondérables sont l’absentéisme et les défections. Combien de « Reagan Democrats » y aura-t-il et combien de « Never Trumpers ».
  • Les réalités politiques et économiques qui sont principalement la reprise après Covid-19.
  • Les émotions que la bataille politique génère, surtout dans le domaine de la sécurité. La mise a sac de grandes villes par des émeutiers plus ou moins professionnels et l’augmentation spectaculaire des meurtres combine avec l’ambition de couper les budgets des forces de police favoriseront le Président sortant.
  • Finalement l’abstinence du vote est directement proportionnelle à l’enthousiasme pour un candidat. C’est une autre faiblesse actuellement du candidat Biden, confiné jusque la a une campagne virtuelle. 

Il reste deux mois pour tirer les choses au clair. L’économie américaine sous Trump était florissante jusqu’en mars 2020. L‘emploi atteignait des niveaux historiques records surtout parmi les minorités noires et latinos. La crise Covid-19 a mis une fin provisoire à cette abondance. Comment sortir le mieux de la crise sera le facteur le plus important dans l’attitude de l’électeur.  Si l’avantage va au candidat qui mise sur la prudence, Biden sera favorisé. Au contraire Trump pousse au retour à la normale maintenant. L’histoire donnera raison à l’un ou l’autre. « C’est l’économie tout bêtement » disait un slogan de Bill Clinton en 1992. En ce cas Biden mise sur la moins bonne politique : trop lent pour endosser le confinement, trop lent pour en sortir.

La liste des facteurs secondaires dans ces élections est longue : le retour à la vie normale, la réouverture des écoles, des voyages, la distribution d’un vaccin, le retour au plein emploi et surtout la fin des protestations violentes qui à l’origine étaient des émeutes raciales. L’arrière-fond de ces émeutes est à l’origine mort d’homme aux mains de la police, avec un usage plus ou moins légitime de force létale lors d’interventions, souvent filmées par des témoins. Ces émeutes dont certaines durent depuis plus de 100 jours à Portland, Oregon ont été déclarées « protestations paisibles » par les media, alors que des bâtiments officiels et des commerces étaient saccagés et mis à feu.

Des protestations similaires ou plutôt des insurgences semblables sont actives dans une bonne dizaine de villes dirigées par des maires démocrates. On est en présence d’une confrontation politique en arrière-fond. A qui profite le désordre public ? Le Président avait revendiqué la pleine autorité sur les Etats en matière sanitaire et ordre public pendant la crise sanitaire. Les gouverneurs des Etats surtout démocrates ont protesté immédiatement, insistant sur le principe de la subsidiarité des Etats. Donald Trump a habilement cédé, laissant aux élus locaux la responsabilité de résoudre leurs problèmes d’ordre public et de crise sanitaire, à moins d’appeler le gouvernement fédéral à l’aide. Trump a ainsi récolté les accolades des gouverneurs des Etats qui ont bénéficié d’aides considérables en matière sanitaire, y compris la mobilisation des deux plus grands bateaux sanitaires sur les côtes est et ouest.

Alors que la crise sanitaire s’estompe un peu, l’arrivée sous peu de vaccins contre le Covid-19 sera un soulagement qui influencera l’ampleur et le calendrier de la reprise, donc les résultats électoraux. De même que l’issue des débats sur la sécurité publique et la diminution des budgets des forces de police.

Les semaines à venir seront houleuses. Trois débats Trump-Biden auront lieu. Le plus grand défi est sur Biden : il devra surtout montrer que ses capacités mentales, que d’aucuns questionnent, sont intactes. Sinon on revisitera le Reagan « landslide » de1984.






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