Crépuscule sur un
Concordat. Photo ET
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Le Luxembourg et son Eglise pauvre pour les pauvres
Le Pape François disait, lors de sa première conférence de presse, qu’il
portait dans son cœur le désir d’une « Eglise pauvre pour les
pauvres ».
Pour y parvenir au Luxembourg, il nous faudra trois ans, selon l’Archevêque
de Luxembourg, et seulement à partir du moment quand la séparation de l’Eglise et
de l’Etat est parfaite. Selon lui, sans
l’obole du contribuable, l’Eglise sera au bord de la faillite dans trois ans. C’est-à-dire
elle sera pauvre comme 15% des Luxembourgeois le sont. Et aussi pauvre que le voudrait
la vision de Jorge Begoglio, 266e chef de l’Eglise, le Pape François.
Tout comme l’Archevêque de Luxembourg,
qui a fait part aussi de son inquiétude et de sa profonde réflexion quant au
manque de dynamisme et au côté vieillot de L’Eglise d’Etat luxembourgeoise, je
me suis réjoui aussi de cette nécessaire remise en question. Prise à bras le
corps, la séparation de l’Eglise et de l’Etat sera l’opportunité de redynamiser
les vrais fidèles. Et il convient de féliciter notre gouvernement, qui a réussi
à faire de la séparation de l’Eglise et de l’Etat une priorité, confirmée,
helas sans plus de précision l’autre jour par Etienne Schneider, Vice-Premier
Ministre.
En amalgamant ainsi trois visions, celle du Pape, de l’Archevêque et du Gouvernement,
c’est à première vue l’Archevêque qui perd. Je ne peux être accusé d’avoir
commis un sophisme en interprétant ce qui est dit en faveur de l’un des deux jésuites.
Non, pas Monsieur Schneider, mais le Pape et l’Archevêque.
Quant à M. Schneider, lui, il ne connait pas ses Ecritures. Sinon il aurait
eu une réponse recta pour expliquer les modalités de cette future séparation,
se traduisant pour l’Eglise surtout par la perte du denier du contribuable. Je
connais les Ecritures par contre, enfoncées dans mon crane et dans ceux de mes
camardes de classe, les deux testaments en même temps par le curé de Beckerich,
à grands coups de gifles sonnantes et libératoires (pour lui). J’étais même
enfant de chœur, enrôlé par je ne sais qui. De cette science infuse jaillit la réponse
à la question escamotée : qui paye pour les besoins bassement matériels de
L’Eglise si l’Etat ne la fait plus ? Mais ce sont les fidèles, qui selon les
Ecritures paient la dîme, c.à.d. 10% de leur revenu. Le mot « dîme »
désigne une offrande matérielle de 10% (dix pour cent) du revenu ou biens
acquis. Ainsi Abraham offrit la dîme à Melchisédech, prêtre du Très-Haut. En
luxembourgeois, ce sera le « Zéngten ».
Oh, on peut payer plus de 10%. Il peut y avoir des discussions à ce sujet au
sein de la paroisse, et pour des cas de rigueur on sera plus indulgent que ce
M. Heintz des Contributions au Luxembourg. Cette pratique de la dîme est un succès
pour les multiples églises qui existent aux Etats-Unis, depuis les Catholiques aux Luthériens et aux Mormons. On
y pratique la dîme, « tithe » en anglais. Elle est à la base du
dynamisme étonnant des religions dans ce pays. Mais il faut que Monsieur le curé
se décarcasse, et Dieu l’aidera. C’est ainsi que la paroisse offre outre ses
services spirituels toutes sortes de services, de loisirs et de distractions,
sources aussi de revenus (exempts d’impôt pour l’Eglise). Tenez, j’ai participé
hier à une réunion on ne peut plus séculaire dans les locaux de la paroisse Saint
Jean l’Evangéliste. Et ce sera pour le plus grand bien de l’entreprise, qui se
transforme ainsi aussi en Club social, et arrondit ses fins de mois.
Reste à M. Schneider et ses paroissiens au gouvernement d’accepter tout béatement
ce qui est écrit : la dîme est une affaire entre le fidèle et son Eglise.
Bonne nouvelle, n’est-ce pas ? Une fois la séparation décidée, vous ne
vous occupez de rien d’autre que de réduire les impôts. Pas question pour vous
de délibérer sur une solution opt-in ou opt-out d’un impôt de l’église. Ce sera
l’affaire de l’église de compter ses brebis.