Tuesday, March 26, 2013

Le Raid sur Chypre, ou la politique de la Schadenfreude


    Zone Euro: "Ripple Effect". Photo ET


Le Raid sur Chypre, ou la politique de la Schadenfreude *

Le weekend passé à Bruxelles, le ministre Luc Frieden était aux premières loges et suivait silencieux, c.à.d. sans protester, la mise à sac des banques chypriotes. Se rendait-il compte qu'il assistait à la répétition générale d'un nouveau procédé de combat contre les paradis fiscaux? Il dira que le Luxembourg n'en est pas un, affirmation contredite par tous les autres conjurés présents à ce macabre spectacle. Y compris le trio non-élu de la troïka qui, comme quintessence de la sagesse, présidait la liturgie du sacrifice russo-chypriote et concluait en tant que bourreau.

Luc Frieden a commenté tout juste un petit peu sur la disparité entre les traitements réservés aux systèmes faillis de la zone Euro. Le nouveau Monsieur Euro, Jeroen Dijsselbloem a expliqué: "Chypre est un cas spécifique, qui justifie les mesures prises sur ses banques".

Spécifique? On y trouve en effet des comptes russes dont la rumeur dit que ce sont des biens mal-acquis: oligarches, argent noir, argent suspect. Donc la mesure populiste est inévitable: confisquer sans grands chichis légaux. Pourquoi s'encombrer? Mais la banque ne sera plus jamais ce qu'elle était. N'importe où dans la zone Euro.

Aussi au Luxembourg? Mais non vous dira-t-on, nos banques sont solides. Et elles sont pour la plupart étrangères. Expliquez cela à Enrico Macias, ruiné dans un krach luxembourgeois.  

Le Ministre luxembourgeois des Affaires Etrangères  Jean Asselborn cependant a transpercé la perfide conspiration que nos voisins de l'Est mijotent contre les "paradis fiscaux", terminologie mal digérée à Luxembourg si ce terme désigne son centre financier. Face à la vague de propagande anti-paradis fiscaux dans la presse allemande, même haut de gamme, Jean Asselborn est la seule voix lucide. Mais n'est-ce pas trop tard? Les principes de processus démocratiques et du droit à la propriété privée ont été bafoués à Bruxelles. Mais Luc Frieden, donc le gouvernement luxembourgeois, était de connivence, alors que d'habitude il sortirait l'argument de la légalité internationale pour défendre les concepts   des centres financiers comme celui du Luxembourg, OECD à l'appui.  

Pourtant, l'Europe aurait pu se faire !

Schadenfreude: dans la langue de Monsieur Schäuble veut dire "prendre plaisir dans le malheur d'autrui".



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