Une tribune signée par les ministres des Finances des membres européens du G20, du président du Conseil de l’UE et du président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker a été publiée le 04 Septembre 2009.
http://www.europaforum.public.lu/fr/actualites/2009/09/tribune-g20/index.html
Cette lettre aurait pu être signée par les sept nains
Cette lettre laisse perplexe, car on n’apprend rien de concret sur ces règles et en fait le language est tellement incolore, qu’il pourrait très bien servir, avec peu de changements, pour se lamenter des lenteurs du tram, du manque de vaccins pour cueilleurs de prunes ou pour s’élever contre les agissements de la belle-mère de Blanche Neige et exiger la création de règles de conduite pour belle-mères. C’est une belle lettre modèle pour le Petit Guide de la Secrétaire Parfaite.
Essayons de l’utiliser â cette fin : voici une parodie du chapitre d’introduction d’un grand quotidien luxembourgeois. Remplaçons les quelques rares désignations concrètes et noms par les noms de l’intrigue des frères Grimm, Blanche Neige. Lehman Brothers = belle mère, finances = mines de diamants de Walt Disney où les sept nains travaillent à des cadences infernales.
« Dans le cadre de la réunion des ministres des finances du G20 qui se tient ce vendredi, samedi et dimanche à Londres, les sept nains ont signé une lettre ouverte qui appelle à l'encadrement au plus vite des rémunérations variables (dit Bonus) dans le secteur minier exploité par Walt Disney. »
Amusant n’est-ce pas ? Surtout en imaginant les signatures: Timide, Prof, Grincheux, Atchoum, Simplet, Joyeux, Dormeur.
Cette lettre est bien inutile parce qu’elle ne dit rien de positif sur les signataires, leurs actions ou leurs solutions.
La lettre fait miroiter un consensus entre sept personnes qui ne sont d’accord sur rien
· Les signataires n’ont rien fait pour avoir des règles en place depuis l’effondrement de Lehman Brothers il y a un an. Pourquoi publier une telle lettre, qui doit soulever des questions sur le manque d’initiative, la compétence et le courage des signataires et aussi des autres acteurs? Il n’a fallu que quelques jours aux Sauveurs du Monde pour dépenser $5.000 milliards. Mais en 365 jours, ils n’étaient pas capables de faire une seule règle. Donc ils s’adressent des lettres entre eux. La montagne n’a pas accouché de la moindre souris.
· Avez-vous remarqué que l’anglais n’a pas signé cette lettre ? Il est vrai qu’il n’y a que sept nains. Avec lui, cela aurait fait huit. Il aurait pu signer comme Picsou au moins.
· Il est vrai qu’il y a aussi une lettre concurrente des Trois Mousquetaires, Brown, Merkel, Sarkozy, ce qui comprend un anglais. C’est un autre modèle pour le Petit Guide de la Parfaite Secrétaire. Si je comprends bien, le nombre potentiel de lettres de cette sorte est une permutation de tous les acteurs financiers dans le monde pris 2 par 2.
· Sauf aux Etats Unis, où quelques têtes sont tombées, il n’y a pas eu beaucoup de sanctions non plus. La plupart des copains sont toujours en place en Europe, même après leurs performances désastreuses.
· Les sept signataires exhibent une schizophrénie bien diplomatique en se référant à la réunion du G20 d’avril 2009 : ils se cantonnent dans le rayon limité des bonus et passent sous silence l’évasion fiscale qui pourtant dominait cette réunion. Et passent plus encore sous silence le blanchiment ou la corruption. Pourtant ces sujets étaient présents dans les esprits des signataires, et ils s’en accusent mutuellement, par la presse interposée. Mais ils ont choisi le sujet facile, le bouc émissaire que tout le monde aime à haïr ces jours-ci : le banquier indélicat et grippe-sous.
· L’histoire ne dit rien du bonus que mériterait ce Superman, qui peut-être n’aurait pas fait de bénéfice, mais qui aurait sauvé Lehamn Brothers, Landsbanki et Kaupthing. Il aurait mérité un bonus impayable, malgré l’absence de profits !
· Elle ne dit pas non plus comment compenser Gaston Ghrenassia, ou au moins déflecter son impact négatif et le faire taire. Ce silence serait impayable aussi, si cela pouvait être fait. Comment, vous ne connaissez pas Gaston ? Non, il n’a rien à voir avec Walt Disney, mais il est une célébrité du showbiz quand-même. Il s’agit du vrai nom d’Enrico Macias, qui paraît-il a perdu 20 millions d’euros dans une banque islandaise à Luxembourg. Tout produit cherche une célébrité pour promouvoir son message. Enrico va-t-il chanter les avantages du centre financier de Luxembourg ?
A Pittsburgh, le Luxembourg pourra donner le fier exemple
Les sept signataires donnent seulement l’impression d’être d’accord sur une chose : les bonus. Ils risquent finalement de diverger entre eux et aussi avec les Etats Unis. Reste que le Luxembourg pourra donner l’exemple. Car finalement faut-il le rappeler que le Gouvernement luxembourgeois, depuis des années, paye des bonus controversés à certains de ses fonctionnaires. Il peut donc montrer l’exemple en revoyant sa politique.
Les bonus sont les compensations que quelques rares fonctionnaires, sélectionnés et en grâce partisane, accumulent comme représentants du gouvernement dans divers Conseils d’Administration de banques et de sociétés. Le conflit éthique évident est rapidement classé par l’argument que ces individus sont tellement qualifiés, que sans cet avantage supplémentaire, ils quitteraient leurs emplois pour le secteur civil… Plus maintenant, car les bonus dans le civil seront limités, si je comprends bien la lettre dont nous parlons.
Voilà donc une proposition concrète pour en faire de même pour ces fonctionnaires, au risque de sonner aussi « populiste » que la lettre en question. Je recommande que l’on limite ces compensations en exigeant que 90% soient automatiquement à céder à une œuvre charitable telle que la Fondation Prince Henri – Princesse Maria Teresa qui supporte les causes des personnes handicapées. De cette sorte la générosité gouvernementale s’étendrait aux plus défavorisés parmi nous. A partir de là, toute critique serait sans objet.
Les 10% restants collectés par ces fonctionnaires semblent en effet représenter une prime justifiable pour des prestations qui somme toute viennent avec la fonction et sont fournies pendant les heures normales de travail. Ce sera aussi plus facile de désigner de temps en temps, pour raison de diversité, d’autres fonctionnaires méritants comme administrateurs: un instituteur, un douanier, un policier un magistrat par exemple. Tout ce qu’il faut pour fonctionner dans un tel Conseil d’Administration est une tête bien pensante, pas une affiliation politique.
Finalement, faut-il rappeler qui fait les lois et les règles? Celles-là seraient plus utiles qu’une lettre avec sept signatures.
Egide Thein
egidethein.blogspot.com
Sunday, September 20, 2009
Tuesday, September 8, 2009
Tax Justice Network: TJN letter to the Pittsburgh G-20 summit
Tax Justice Network: TJN letter to the Pittsburgh G-20 summit
Voici confirmation par TJN de ce que dit mon dernier post d'aujourd'hui:
Luxembourg : Une leçon de démocratie qui sauvera la démocratie.
Egide Thein
Voici confirmation par TJN de ce que dit mon dernier post d'aujourd'hui:
Luxembourg : Une leçon de démocratie qui sauvera la démocratie.
Egide Thein
Luxembourg : Une leçon de démocratie qui sauvera la démocratie.
"It is the mark of an educated mind to be able to entertain a thought without accepting it." Aristotle
Il y a dans le monde des multitudes d’organisations appelées « non-gouvernementales » ou ONG, toutes actives et plus ou moins militantes pour des causes diverses. Parmi elles il y a deux principales qui militent pour la propreté du système financier international. « Transparency International » (TI) lutte contre la corruption dans le monde, alors que « Tax Justice Network » (TJN) pourfend les réseaux de l’évasion fiscale. Généralement, ce n’est pas très bon d’apparaître sur leurs écrans radar. Mais généralement aussi, quand le Luxembourg fait surface dans leurs publications, c’est en compagnie d’autres pays, parmi des statistiques, ce qui noie le poisson au moins un petit peu.
L’autre jour cependant le Luxembourg a eu les honneurs d’être mis à nu tout seul par TJN pour autre chose qu’une banale histoire d’évasion fiscale: pour un déficit démocratique! (1)
Harakiri des ONG luxembourgeoises, ou Galilée revisité
L’histoire veut qu’une association regroupant les ONG luxembourgeoises (2) ait fait une étude au sujet de l’argent de la corruption qui appauvrirait le « monde en voie de développement » pour venir se cacher au Luxembourg. Les forces vives de la place financière, outragées par pareil sacrilège (pas la corruption, mais l’allégation que cet argent se retrouverait au Luxembourg) ont neutralisé ces mauvaises langues avec un tir de barrage avant de les entrainer, coupables à priori, devant les instances gouvernementales qui leur accordent les subsides pour fonctionner et pour accomplir leurs missions, surtout d’aide au tiers monde.
Ces galiléens par qui le scandale était arrivé, se sont vus admonestés, puis menacés de se voir retirer leur havresac plein de subsides. Ils ont battu leur coulpe, jurant qu’ils ne le feraient plus tant que le Soleil tourne autour de la Terre. Ils ont dû escamoter leur étude qui a disparu d’à peu près tous les sites sur l’internet.
Je les encourage cependant à tenir tête et à insister sur le bien-fondé de leur étude au nom de la vérité, au nom du droit à la libre expression et pour souligner l’arbitraire dont ils ont été la cible au défi de tout principe démocratique. Leurs donateurs privés sont certainement solidaires avec eux. Je leur dis : « N’ayez pas peur que ce havresac magique des subsides vous soit confisqué. Sans vous, le Luxembourg n’a pas les moyens d’exécuter ses programmes d’aide ambitieux, pour lesquels il serait d’ailleurs champion du monde toutes catégories, s’il n’y avait pas ces zélés de Suédois qui nous devancent. » En fait, pour maintenir sa position tellement briguée dans le peloton de tête des pays donateurs, sans les ONG, le Gouvernement luxembourgeois devrait envoyer ses chèques directement aux potentats et autres démocrates suspects dans le tiers monde. Ceux- là mêmes qui si souvent ont tellement bien réussi à rester ce qu’ils sont: des preneurs d’otages de leurs peuples et de pays entiers et qui ne cessent d’être des pays en voie de développement, éternellement. Nul doute que beaucoup de ces Messieurs (les femmes sont rares dans ce business) prendraient ces chèques luxembourgeois pour les retourner et les déposer à Luxembourg, ou en Suisse, ou ailleurs. C’est précisément ce que le Luxembourg et les autres donateurs veulent éviter grâce à l’entremise de ces ONG dévouées, désintéressées et vigilantes sur le terrain.
L’argent de la corruption dans le monde
Quant au fond de cette étude incriminée, il y a peu de chose à réfuter en ce qui concerne les principes:
1. Le fait frustrant est que quelques douzaines de pays en voie de développement, malgré des milliards en aides, ne se sont pas développés comme espéré. C’est une indication que ces milliards ont été en partie dilapidés, voire volés par les systèmes et cliques politiques en place, pour les planquer dans une juridiction qui garantit confidentialité et sécurité. Les exemples historiques ne manquent pas. Sans parler d’autres pratiques peu généreuses qui heurtent le développement, comme le « transfer pricing », édifices fiscaux des multinationales qui souvent minimisent artificiellement leur dette fiscale dans les pays en développement.
2. Le Fonds Monétaire International estime le total de l’argent blanchi mondialement à $800- $2.000 milliards par an. Excusez du manque de précision. Ce n’est que le FMI qui estime. Cela montre en tous cas la difficulté de mesurer l’impact global de ces activités opaques.
3. Transparency International et Kroll estiment la corruption internationale, sur contrats uniquement, à $500 milliards annuellement minimum, soit à 10% des contrats passés. (3)
Il n’y aurait pas d’argent de la corruption à Luxembourg ?
Considérant ces faits et chiffres, il est statistiquement plausible d’estimer que cet argent sale se retrouve proportionnellement réparti, au pro rata des dépôts, dans les centres financiers du monde. Un peu plus d’ailleurs dans les centres qui n’attrapent jamais personne. Les mauvais garçons apprennent vite.
Voilà une bonne question de quiz radiophonique : Qui est le plus grand blanchisseur d’argent sur Terre dès lors ? Réponse, un peu plus loin.
La réponse est simple à calculer. Ernst & Young estime le total des dépôts dans les banques privées du monde à plus de $15.500 milliards. Il suffit d’estimer le pourcentage détenu par les institutions luxembourgeoises, disons 10% pour faciliter les calculs, ce qui est proche de la réalité, surtout en considérant d’autres formes de dépôts. Il ya grand risque qu’on y trouve donc aussi 10% de l’argent de la corruption (ou $50 milliards) et 10% de l’argent du blanchiment mondial (soit $80 -$200 milliards). Excusez du manque de précision. Je ne suis qu’un particulier qui estime. Mais un particulier qui sait que ce n’est pas impossible.
Constatant ces réalités, il semblerait alors que la Conférence des ONG n’ait commis que le seul crime de lèse-dragon des casemates, gardien du qu’en dira-t-on du centre financier: celui d’avoir estimé un montant de l’argent de la corruption qui se trouverait au Luxembourg, mais que d’autres estiment incorrect. Excusez-les du manque de précision. Ce n’est que les ONG et les autres qui estiment différemment.
Aussi selon Ernst & Young seulement 2% de l’argent sale serait détecté et confisqué. Donc, nous ne savons rien sur 98% du problème. Je ne sais pas non plus si le Luxembourg confisque sa part des 2%, soit $2,6 à $6,6 milliards par an. Je le souhaite. Cela aiderait pour couvrir les déficits budgétaires.
Pour consoler, retour à notre quiz. Si l’on considère les sommes d’argent aux divers stades du blanchiment de par le monde, dont un total de 98% ne sont jamais détectées, la Réserve Fédérale des Etats-Unis est forcément l’institution qui voit le plus d’argent blanchi sans jamais le détecter, étant donné que le cash utilisé mondialement pour payer le crime est le plus souvent le dollar américain. Voilà le bonus de la journée pour se sentir déjà moins coupable à Luxembourg.
Les conséquences pour le Luxembourg
Avec une telle accusation contre la Réserve Fédérale, nous pouvons laisser tranquilles les gens bien intentionnés du Cercle des ONG. Ils ont raison malgré tout au sujet de la grande lessiveuse: Et pourtant elle tourne !
Les rabrouer devant les yeux de tout le monde alors qu’en âme et conscience ils ont tiré une sonnette d’alarme à propos de ce qu’ils témoignent tous les jours, ce n’est certainement pas une leçon de démocratie. Ni chez nous, ni chez les Présidents à vie de toutes les couleurs, de A comme Afghanistan à Z comme Zimbabwe, qui sentent ainsi leurs kleptocraties indirectement confortées et protégées par le Luxembourg. Qui, à son tour, pour faire taire les gêneurs, s’inspire sans doute de leurs méthodes « en voie de développement » peu démocratiques. Ce n’est pas luxembourgeois.
La contre-offensive luxembourgeoise ne peut plus attendre
Dans l’intérêt des principes démocratiques, faisons tous demi-tour, car l’initiative des ONG a au moins dévoilé une incroyable opportunité. Si je comprends bien, d’aucuns diront que mes développements ci-dessus fourmilleraient d’erreurs. Si par impossible ils avaient raison, tout porterait à croire qu’il n’y a pas d’argent de la corruption à Luxembourg. Le Luxembourg officiel, place financière et Gouvernement confondus, ont protesté en effet les allégations des ONG, qui elles semblent avoir reconnu leur flagrante erreur et se sont rétractées.
Pour le Luxembourg, vierge de la sorte de tout argent de la corruption, c’est le moment d’attaquer ceux qui nous ont fait des misères pendant tout l’été à cause de quelques maigres comptes de l’évasion fiscale. Car ce sont eux, anciens colonisateurs, Londres, Paris, Francfort, New York et autres G20 qui maintiennent les régimes de pantins dans leurs anciennes colonies. Et pour sûr, ils doivent cacher les comptes inavouables des corrompus qu’ils supportent. C’est le moment pour le Luxembourg de remuer ciel et Terre, tant que le Soleil tourne autour d’elle, à l’ONU, à l’OCDE et à Bruxelles pour combattre ces exécrables paradis de la compromission. Le Luxembourg, champion de la démocratie sur Terre! Quelle belle revanche pour le paradis fiscal qu’on était jadis!
Egide Thein
egidethein.blogspot.com
(1) http://taxjustice.blogspot.com/2009/09/luxembourg-tax-haven-attacks-its-own.html
(2) Cercle de Coopération des ONG de Développement au Luxembourg a.s.b.l.
(3) http://www.allbusiness.com/crime-law/crime-prevention-financial/12369951-1.html
Il y a dans le monde des multitudes d’organisations appelées « non-gouvernementales » ou ONG, toutes actives et plus ou moins militantes pour des causes diverses. Parmi elles il y a deux principales qui militent pour la propreté du système financier international. « Transparency International » (TI) lutte contre la corruption dans le monde, alors que « Tax Justice Network » (TJN) pourfend les réseaux de l’évasion fiscale. Généralement, ce n’est pas très bon d’apparaître sur leurs écrans radar. Mais généralement aussi, quand le Luxembourg fait surface dans leurs publications, c’est en compagnie d’autres pays, parmi des statistiques, ce qui noie le poisson au moins un petit peu.
L’autre jour cependant le Luxembourg a eu les honneurs d’être mis à nu tout seul par TJN pour autre chose qu’une banale histoire d’évasion fiscale: pour un déficit démocratique! (1)
Harakiri des ONG luxembourgeoises, ou Galilée revisité
L’histoire veut qu’une association regroupant les ONG luxembourgeoises (2) ait fait une étude au sujet de l’argent de la corruption qui appauvrirait le « monde en voie de développement » pour venir se cacher au Luxembourg. Les forces vives de la place financière, outragées par pareil sacrilège (pas la corruption, mais l’allégation que cet argent se retrouverait au Luxembourg) ont neutralisé ces mauvaises langues avec un tir de barrage avant de les entrainer, coupables à priori, devant les instances gouvernementales qui leur accordent les subsides pour fonctionner et pour accomplir leurs missions, surtout d’aide au tiers monde.
Ces galiléens par qui le scandale était arrivé, se sont vus admonestés, puis menacés de se voir retirer leur havresac plein de subsides. Ils ont battu leur coulpe, jurant qu’ils ne le feraient plus tant que le Soleil tourne autour de la Terre. Ils ont dû escamoter leur étude qui a disparu d’à peu près tous les sites sur l’internet.
Je les encourage cependant à tenir tête et à insister sur le bien-fondé de leur étude au nom de la vérité, au nom du droit à la libre expression et pour souligner l’arbitraire dont ils ont été la cible au défi de tout principe démocratique. Leurs donateurs privés sont certainement solidaires avec eux. Je leur dis : « N’ayez pas peur que ce havresac magique des subsides vous soit confisqué. Sans vous, le Luxembourg n’a pas les moyens d’exécuter ses programmes d’aide ambitieux, pour lesquels il serait d’ailleurs champion du monde toutes catégories, s’il n’y avait pas ces zélés de Suédois qui nous devancent. » En fait, pour maintenir sa position tellement briguée dans le peloton de tête des pays donateurs, sans les ONG, le Gouvernement luxembourgeois devrait envoyer ses chèques directement aux potentats et autres démocrates suspects dans le tiers monde. Ceux- là mêmes qui si souvent ont tellement bien réussi à rester ce qu’ils sont: des preneurs d’otages de leurs peuples et de pays entiers et qui ne cessent d’être des pays en voie de développement, éternellement. Nul doute que beaucoup de ces Messieurs (les femmes sont rares dans ce business) prendraient ces chèques luxembourgeois pour les retourner et les déposer à Luxembourg, ou en Suisse, ou ailleurs. C’est précisément ce que le Luxembourg et les autres donateurs veulent éviter grâce à l’entremise de ces ONG dévouées, désintéressées et vigilantes sur le terrain.
L’argent de la corruption dans le monde
Quant au fond de cette étude incriminée, il y a peu de chose à réfuter en ce qui concerne les principes:
1. Le fait frustrant est que quelques douzaines de pays en voie de développement, malgré des milliards en aides, ne se sont pas développés comme espéré. C’est une indication que ces milliards ont été en partie dilapidés, voire volés par les systèmes et cliques politiques en place, pour les planquer dans une juridiction qui garantit confidentialité et sécurité. Les exemples historiques ne manquent pas. Sans parler d’autres pratiques peu généreuses qui heurtent le développement, comme le « transfer pricing », édifices fiscaux des multinationales qui souvent minimisent artificiellement leur dette fiscale dans les pays en développement.
2. Le Fonds Monétaire International estime le total de l’argent blanchi mondialement à $800- $2.000 milliards par an. Excusez du manque de précision. Ce n’est que le FMI qui estime. Cela montre en tous cas la difficulté de mesurer l’impact global de ces activités opaques.
3. Transparency International et Kroll estiment la corruption internationale, sur contrats uniquement, à $500 milliards annuellement minimum, soit à 10% des contrats passés. (3)
Il n’y aurait pas d’argent de la corruption à Luxembourg ?
Considérant ces faits et chiffres, il est statistiquement plausible d’estimer que cet argent sale se retrouve proportionnellement réparti, au pro rata des dépôts, dans les centres financiers du monde. Un peu plus d’ailleurs dans les centres qui n’attrapent jamais personne. Les mauvais garçons apprennent vite.
Voilà une bonne question de quiz radiophonique : Qui est le plus grand blanchisseur d’argent sur Terre dès lors ? Réponse, un peu plus loin.
La réponse est simple à calculer. Ernst & Young estime le total des dépôts dans les banques privées du monde à plus de $15.500 milliards. Il suffit d’estimer le pourcentage détenu par les institutions luxembourgeoises, disons 10% pour faciliter les calculs, ce qui est proche de la réalité, surtout en considérant d’autres formes de dépôts. Il ya grand risque qu’on y trouve donc aussi 10% de l’argent de la corruption (ou $50 milliards) et 10% de l’argent du blanchiment mondial (soit $80 -$200 milliards). Excusez du manque de précision. Je ne suis qu’un particulier qui estime. Mais un particulier qui sait que ce n’est pas impossible.
Constatant ces réalités, il semblerait alors que la Conférence des ONG n’ait commis que le seul crime de lèse-dragon des casemates, gardien du qu’en dira-t-on du centre financier: celui d’avoir estimé un montant de l’argent de la corruption qui se trouverait au Luxembourg, mais que d’autres estiment incorrect. Excusez-les du manque de précision. Ce n’est que les ONG et les autres qui estiment différemment.
Aussi selon Ernst & Young seulement 2% de l’argent sale serait détecté et confisqué. Donc, nous ne savons rien sur 98% du problème. Je ne sais pas non plus si le Luxembourg confisque sa part des 2%, soit $2,6 à $6,6 milliards par an. Je le souhaite. Cela aiderait pour couvrir les déficits budgétaires.
Pour consoler, retour à notre quiz. Si l’on considère les sommes d’argent aux divers stades du blanchiment de par le monde, dont un total de 98% ne sont jamais détectées, la Réserve Fédérale des Etats-Unis est forcément l’institution qui voit le plus d’argent blanchi sans jamais le détecter, étant donné que le cash utilisé mondialement pour payer le crime est le plus souvent le dollar américain. Voilà le bonus de la journée pour se sentir déjà moins coupable à Luxembourg.
Les conséquences pour le Luxembourg
Avec une telle accusation contre la Réserve Fédérale, nous pouvons laisser tranquilles les gens bien intentionnés du Cercle des ONG. Ils ont raison malgré tout au sujet de la grande lessiveuse: Et pourtant elle tourne !
Les rabrouer devant les yeux de tout le monde alors qu’en âme et conscience ils ont tiré une sonnette d’alarme à propos de ce qu’ils témoignent tous les jours, ce n’est certainement pas une leçon de démocratie. Ni chez nous, ni chez les Présidents à vie de toutes les couleurs, de A comme Afghanistan à Z comme Zimbabwe, qui sentent ainsi leurs kleptocraties indirectement confortées et protégées par le Luxembourg. Qui, à son tour, pour faire taire les gêneurs, s’inspire sans doute de leurs méthodes « en voie de développement » peu démocratiques. Ce n’est pas luxembourgeois.
La contre-offensive luxembourgeoise ne peut plus attendre
Dans l’intérêt des principes démocratiques, faisons tous demi-tour, car l’initiative des ONG a au moins dévoilé une incroyable opportunité. Si je comprends bien, d’aucuns diront que mes développements ci-dessus fourmilleraient d’erreurs. Si par impossible ils avaient raison, tout porterait à croire qu’il n’y a pas d’argent de la corruption à Luxembourg. Le Luxembourg officiel, place financière et Gouvernement confondus, ont protesté en effet les allégations des ONG, qui elles semblent avoir reconnu leur flagrante erreur et se sont rétractées.
Pour le Luxembourg, vierge de la sorte de tout argent de la corruption, c’est le moment d’attaquer ceux qui nous ont fait des misères pendant tout l’été à cause de quelques maigres comptes de l’évasion fiscale. Car ce sont eux, anciens colonisateurs, Londres, Paris, Francfort, New York et autres G20 qui maintiennent les régimes de pantins dans leurs anciennes colonies. Et pour sûr, ils doivent cacher les comptes inavouables des corrompus qu’ils supportent. C’est le moment pour le Luxembourg de remuer ciel et Terre, tant que le Soleil tourne autour d’elle, à l’ONU, à l’OCDE et à Bruxelles pour combattre ces exécrables paradis de la compromission. Le Luxembourg, champion de la démocratie sur Terre! Quelle belle revanche pour le paradis fiscal qu’on était jadis!
Egide Thein
egidethein.blogspot.com
(1) http://taxjustice.blogspot.com/2009/09/luxembourg-tax-haven-attacks-its-own.html
(2) Cercle de Coopération des ONG de Développement au Luxembourg a.s.b.l.
(3) http://www.allbusiness.com/crime-law/crime-prevention-financial/12369951-1.html
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