Wednesday, October 23, 2024

CARITAS : OPÉRATION “JEAN L’AVEUGLE” : Dans le monde des aveugles, la voyante est reine.


 

CARITAS :

OPÉRATION “JEAN L’AVEUGLE” : Dans le monde des aveugles, la voyante est reine.


Ce timbre Caritas, émis en 1946 par l’Administration des PTT luxembourgeoise est aujourd’hui une allégorie qui révèle bien involontairement tous les éléments et circonstances qui en conjonction font le drame de Caritas. Il représente Jean l’aveugle, héros national, qui quoique aveugle, se lançait dans la bataille de Crécy en 1346 et est mort sur le champ de bataille.

Les successeurs modernes de Jean l’aveugle se trouvent aux antipodes. A la cécité dégénérative de Jean l’aveugle ils préfèrent être volontairement aveugles. Caritas et ses organes de contrôle n’ont pas vu € 61 millions s’évaporer sur 6 mois, en rafales de vingt transferts environ par mois. La BGL et la BCEE n’ont rien remarqué et ont même tenu la porte ouverte aux voleurs en avançant des crédits ! La CSSF et la CRF n’ont rien à rapporter encore, peut-être n’y a-t-il rien à voir ? La Justice, on le sait déjà, a les yeux bandés. Le gouvernement prend une longue vue pour ne pas confondre vitesse et précipitation : il n’y a pas urgence. La Politique a désormais un outil pour faire la lumière dans l’opacité : Une Commission d’enquête, qui n’a pas ses propres enquêteurs, et pas de sanctions. Si les membres de cette commission ne sont pas « volontairement aveugles », terme consacré dans le monde de la lutte anti-blanchiment, verront-ils les petits inconvénients d’être un paradis fiscal, un paradis réglementaire, un paradis judiciaire (pour les mauvais), une ile aux trésors cachés ou un tourniquet à corruption ?

Le comble de l’ironie est qu’un personnage clé dans cette affaire plus grande que le Luxembourg, est une voyante. Mais pour le moment le mot d’ordre est : Circulez, il n’y rien à voir ! Et les autorités restent bouche cousue, et ainsi, forcément on n’entendra rien. Tenez, rien à voir, rien à dire, et rien entendu ? Cela représente les trois singes !

On le sait déjà, les paradis ne subsistent pas, heureusement car ils ruinent une réputation. Voir Adam et Eve. Trop de curieux voudront voir un sonneur d’alerte comme Antoine Deltour, ou ICIJ, l’International Consortium of Investigative Journalists, ou OCCRP, l’Organized Crime and Corruption Reporting Project, et pourquoi pas une évaluation mutuelle du GAFI (Groupe d’action financière) ?

Comme dans toute crise, les autorités en charge ont intérêt à être transparentes de suite. Jouer aux trois singes invite le public et les media à développer des histoires de conspiration. L’occasion pour être transparent est unique non seulement pour endiguer le ridicule qui submerge le centre financier dans cette affaire rocambolesque qui met en scène deux piliers traditionnels du centre, BGL BNP Paribas et BCEE, surpris dans une position très peu catholique, et une vénérable institution charitable catholique, Caritas, dont une personne dirigeante va se confesser à une voyante.

CRF et CSSF auront la tâche difficile de fondre sur ces acteurs du centre financier, appartenant au gouvernement comme eux-mêmes, mais qui sont plutôt accoutumés à la permissivité rampante des autorités. D’où les paradis de toute sorte.

L’urgence, la gravité et les nécessaires réformes seront suivies par le monde entier. Notamment les actions ou inactions des gendarmes du centre financier. Il est clair que le GAFI a codifié le comportement des gouvernements et institutions financières face au blanchiment qui accompagne les crimes de ce genre. Ce sont les recommandations qui sont désormais en vigueur pratiquement dans le monde entier. Leur application divergente selon les pays fait l’objet de comparaisons et les Etats-Unis, grands instigateurs du GAFI, considèrent trois échelons pour évaluer la conformité d’un autre pays en posant ces trois questions : ce pays a-t-il des lois comparables à celles des Etats Unis, sont-elles appliquées, et s’il y a sanction pour non-conformité, sont-elles au niveau de celles des Etats-Unis ? Un jour ce sera leur loi, et ils l’appliqueront aux autres pays selon la formule avérée du long bras.

Le Luxembourg ne semble pas encore à niveau. Mais on peut apprendre selon le calendrier de leçons passées qui touchent le Luxembourg :

  •      1993 Banque Leu Luxembourg, établie par Crédit Suisse, est condamnée par la Justice américaine à une amende de USD 2.300.000 pour avoir blanchi ce même montant pour un client colombien. S’y ajoutaient d’autres amendes. C’était une des premières condamnations par le bras long appliqué par les Etats Unis : Banque Leu n’avait pas de présence aux Etats Unis. L’usage du dollar la mettait cependant dans la juridiction américaine, selon Washington.
  •      2014 BNP Paribas est condamnée à une amende record de USD 8,9 milliards pour avoir violé les sanctions, en camouflant des transferts vers le Soudan, l’Iran, et Cuba. A remarquer que l’amende représente de nouveau le montant total vérifiable des transferts frauduleux de BNP Paribas. On voit donc qu’une règle s’établit : le montant de l’amende équivaut le montant blanchi. Fait à ne pas cacher : le gouvernement luxembourgeois, donc le contribuable est propriétaire de BNP Paribas à raison de 1,138%, ce qui représente pour le contribuable luxembourgeois USD 101.282.000 comme part de l’amende américaine.
  •     2014 Luxleaks, l’année où PwC et le Luxembourg ont découvert une nouvelle espèce de menace, s’il y a quelque chose à cacher : le sonneur d’alerte ou le whistleblower qui racontera tout à l’ICIJ.
  •      2015 BCEE a été victime d’une taupe qui a fourni une longue liste de clients allemands aux autorités allemandes.
  •      2016 Panama Papers, la mère de toutes les fuites glanées de la firme d’avocats Mossack-Fonseca au Panama, avec ses ramifications mondiales et donc luxembourgeoises.
  •       2020 BIL est condamnée à une amende de € 4,6 millions par la CSSF pour manquements de vigilance.
  •       2024 BGL BNP Paribas est condamnée à € 3 millions par la CSSF pour non-respect des obligations professionnelles en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
  •       2024 Caritas devient la victime d’une fraude massive de €61 millions. Le crime tourne actuellement en plein vaudeville quand on découvre qu’une voyante avait pris la direction des affaires dans une gouvernance aveugle et endormie au volant.

C’est une longue liste d’apprentissages plus ou moins bien compris. Dans toutes ces affaires, un des coûts cachés est la perte de réputation. Dans ce cas non pas la réputation d’une seule banque, mais d’un centre financier tout entier. C’est une crise à gérer par Luc Frieden himself, profitant de l’expérience que lui et ses proches ont de la BCEE, BGL, BIL et autres bastions de la forteresse. La CSSF va-t-elle vraiment sanctionner la BGL et la BCEE à hauteur du montant de la fraude, c.à.d. € 61 millions, comme la coutume suggère ? Le gouvernement luxembourgeois, par le biais de la CSSF et la CRF sanctionnerait des banques dont il est propriétaire ? Et l’Espagne leur infligera d’autres sanctions ?

Dieu seul le sait. Et bien sûr la voyante aussi !


Wednesday, September 25, 2024

Le Scandale CARITAS : on a volé €61 millions et personne n’est vraiment fâché.

 









Le Scandale CARITAS : on a volé €61 millions et personne n’est vraiment fâché.

Vers la fin du mois de juillet éclatait le scandale Caritas, en pleine trêve estivale. Pendant environ 6 mois, depuis février 2024, Caritas a effectué environ 120 transferts pour un total de 61 millions d’euros vers des comptes à la Banco Bilbao Vizcaya Argentaria, BBVA, en Espagne. Il s’agissait bel et bien d’une fraude. Les fonds transférés provenaient de 28 millions en fonds propres de Caritas, 10 millions en prêts de la Spuerkeess, et 23 millions en prêts de la BGL BNP Paribas. Le plus étonnant est le manque d’urgence à informer le public et certainement l’absence de colère dans les communications des autorités. On dirait que le mot d’ordre est de suivre le modèle testé lors de l’affaire du Bommeleeër : Ce n’était pas personne. Était-ce alors tout le monde ? En ce cas ce n’était personne !

Le complexe Budget de l’Etat - ONG

L’affaire s’inscrit dans le large contexte de l’ambition du gouvernement d’être l’élève modèle dans les initiatives internationales au niveau européen et certainement dans les initiatives des Nations Unies, où le Luxembourg avec d’autres pays développés s’est engagé à contribuer 1% de son RNB comme Aide au Développement. Actuellement seul le Luxembourg atteint le niveau de 1%, la France 0,44% et les Etats-Unis 0,22%. En chiffres, le budget pour la « Coopération au Développement et Action Humanitaire » est de €445.858.505 ou 1,67% du budget national ou 37,52% du budget du Ministère. Nous sommes en présence d’un complexe Budget de l’Etat - ONG d’aide et de secours. En dollars américains c’est un demi-milliard ! Le risque est que l’action gouvernementale crée ce genre de complexe qui développe sa dynamique propre, pour prendre une influence indue sur le gouvernement, ou à l’inverse que le gouvernement soustrait ainsi une part du budget au contrôle du Parlement en déléguant une partie de la supervision des dépenses à des tiers. C’est similaire au schéma, toutes proportions gardées, que le Président Eisenhower a développé dans son discours d’adieu du 17 janvier 1961 au sujet du complexe militaire-industriel américain qui risque de prendre une influence démesurée sur le gouvernement américain.

Quand les ONG tentent le « whistleblower », la prise d'influence

Ce qui est certain, c’est que l’ambition de dépenser un demi-milliard en aide au développement serait impossible à mener à bien par le gouvernement sans l’action des ONG sur le terrain. Le gouvernement a appris cette leçon lorsque le 5 août 2009 il a convoqué le Cercle de Coopération des ONG pour leur donner une leçon. Le Cercle avait osé publier une critique de la place financière pour son influence néfaste sur les pays en voie de développement, permettant aux kleptocrates et aux artistes de l’évasion fiscale de voler l’argent des pauvres pour le cacher dans les paradis fiscaux. Flanqué de l’ABBL le ministre de l’époque a menacé le Cercle de Coopération de couper tous les fonds aux ONG. Avant de réaliser que la démonstration par l’absurde résidait dans le dilemme : comment dès lors assurer le programme d’aide ? C’était sans doute une prise d’influence par les ONG sur le gouvernement, mais en ce cas une leçon bénéfique qui prévalait sur l’hostilité et le désir de revanche du principal donneur d’argent, furieux que des activités occultes du paradis fiscal aient été démasquées.

La générosité mal ciblée ?

Reste à évaluer la totalité de l’aide et du secours luxembourgeois. Devons-nous être champion toutes catégories des programmes des Nations Unies, ce grand machin, seuls à contribuer 1% du RNB à son projet d’aide aux pays (éternellement) en voie de développement ? Le total de l’effort d’aide luxembourgeois, national – international est-il bien équilibré ? Il me semble que non, si 15% des enfants luxembourgeois vivent en-dessous du seuil de pauvreté. Qui se qualifie pour l’obtention des subsides de l’Etat, souvent source principale de financement d’une ONG ? Quels programmes sont encouragés ?

Il me vient à l’esprit un récent reportage d’une visite au Laos présidée par le Vice-Premier Xavier Bettel. Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage. Il était flanqué de deux députés, chaperons, depuis que Reporter veille aux dépenses des ministres. Le programme luxembourgeois d’aide au Laos dans le domaine Santé a été augmenté à €35,8 millions, celui pour promouvoir le développement de l’Etat de Droit au Laos à €11,4 millions. Ce dernier poste ne manque pas d’ironie : un mois plus tôt, Didier Reynders, Commissaire européen à la Justice, s’était rendu à Luxembourg pour élaborer sur son rapport sur l’Etat de Droit luxembourgeois. L’élève Luxembourg a réussi dans deux compartiments de recommandations surveillés par la Commission pour conférer le titre « Etat de Droit », et a obtenu une Datz dans deux autres, et un « peut mieux faire » dans les deux restants. Mais on apprendra aux Laotiens comment s’y prendre pour devenir un Etat de droit ? Il est vrai que le récipiendaire d’une telle générosité ne vérifie pas les compétences du donateur.

Gouvernance, gouvernance, avons-nous une tête de gouvernance ?

Le vrai problème pour le futur est l’absence de gouvernance. Ceci offre porte ouverte à toutes sortes de problèmes comme le scandale de Caritas. C’est que le complexe Budget de l’état – ONG est une hydre a deux têtes.  Il faut éviter que le duo Budget – ONG devienne une caisse noire pour le gouvernement, ou une carte de crédit pour les ONG. Pour l’éviter, des surveillances doivent exister et être vérifiées au niveau du gouvernement, des ONG et faut-il le dire des banques qui servent cette clientèle. Ces garde-fous existent peut-être sur papier mais apparemment l’édifice n’a fonctionné à aucun niveau. Spuerkeess et BGL ont fait preuve d’un manque flagrant de bonne diligence, laissant des millions s’évaporer sans sonner l’alerte. Cela en dit long sur les mesures anti-blanchiment telles qu’elles sont pratiquées par deux piliers modèles de la place financière. Ces deux banques pourraient sans doute apprendre de BBVA qui a lancé une alerte de suspicion et a sauvé parait-il une petite partie du magot détourné. Attendons-nous à voir les crampes intestinales du système quand la CSSF, et la CRF auront à sanctionner ces deux banques, propriétés à 100% et 34% respectivement de l’état luxembourgeois. Le détail des sanctions, si sanction il y a, est à suivre de près. Chiche que ce sera bien indulgent !

 Le contribuable luxembourgeois n’a pas perdu de l’argent ?

On est mal parti pour la transparence. Les informations sur le casse bancaire manquent cruellement. On ira donc vers des spéculations. Le Premier ministre Luc Frieden s’est par contre empressé à faire le premier pas pour informer le citoyen complètement. Il n’a pas épargné les efforts pour vérifier si le contribuable a perdu de l’argent. Bonne nouvelle : la réponse est non. Croira qui voudra, ce n’est pas la vérité. Quand l’Etat, càd le contribuable est propriétaire à 34% et à 100% des banques en question, sur les €61 millions blanchis le propriétaire, qui est le contribuable, assume les pertes, soit 10 millions plus 8 millions sans analyser et inclure le cas de 28 millions en fonds propres, et le coût des sanctions contre les banques au Luxembourg et qui sait, en Espagne ?

L’ABBL s’avisera sur la question si Compliance est chère. Essayez donc la Non-Compliance.


Monday, July 29, 2024

Olympics: The Grand-Duchess of Table Tennis

 












Gold at the horizon?


Olympics: The Grand-Duchess of Table Tennis

I would make the argument that one way to win at the Olympics is to become a feature story like this one in the Wall Street Journal.

https://www.wsj.com/sports/olympics/paris-olympics-table-tennis-oldest-olympian-ni-xialin-a53458e6

The Olympian Who Is 61 Years Old—and Destroying Athletes Half Her Age


It is the success story of Ni Xia Lian who represents Luxembourg in table tennis at the Paris Olympics.
It is a story of great human interest, of extraordinary skill, discipline, and the will to never give up. 






Sunday, June 2, 2024

ING « Internationale Nederlanden Groep » ferme ton compte au Luxembourg, mais ne veut pas que tu en fasses tout un fromage



Les réfugiés des petits comptes










ING « Internationale Nederlanden Groep » ferme ton compte au Luxembourg, mais ne veut pas que tu en fasses tout un fromage.

On ne l’avait pas entendu venir celui-là avec ses grosses Klompen, mais Michael Burch le CEO d’ING Luxembourg a délivré avec grand succès 40.000 messages à ses fidèles clients particuliers (et d’ailleurs à d’autres), les informant de la clôture de leurs comptes. ING, en excellent communicateur selon elle, a en même temps rassuré le public qu’en revanche la banque continuera son support au marathon nocturne ING annuel. Cette nouvelle sur le marathon n’a pas soulevé l’enthousiasme des clients luxembourgeois lésés, et son souffle ne faisait tourner aucun  moulin à vent. Le public a cependant fait tout un fromage autour des clôtures des comptes.

Une figure de proue de la place financière m’avait expliqué dernièrement l’acharnement avec lequel les banquiers luxembourgeois fermaient des comptes. « Est désormais un bon banquier celui qui ferme le plus de comptes, une aberration » m’a-t-il dit. Monsieur Burch est assuré de gagner la Tulipe d’Or 2024 qui revient à l’exterminateur du plus grand nombre de comptes. Et la banque sera la banque de l’année.

Mais il faudra s’occuper du fromage. Les émotions qui courront tout au long des deux mois de délais accordés aux clients indésirables devront être rencontrées. Cela s’appelle limiter les dégâts, damage control. Ou bien « Schadebeperking » comme l’apprendra Monsieur Burch. Difficile de manœuvrer sa péniche en ces eaux en 2024. Les résultats des banques luxembourgeoises étaient en hausse de 67,3% en 2023. C’est obscène de vouloir plus tout de suite. D’autres banques de la place se préparent pour récupérer les naufragés. 40.000 clients, c’est une belle part du marché. Pour ces banques-là, ces clients ne sont donc pas trop chers à maintenir. Peut-être ces sauveteurs pourront aussi engager les employés qui parmi le millier d’employés d’ING perdront logiquement leur emploi dans dette opération. Pas tout de suite. Ils doivent rester deux mois encore pour terminer la pénible besogne de l’écharnage et affronter les clients qui ne mâcheront pas leurs mots. Dans ce contexte, le damage control sera une vaste entreprise pour ING qui aura une réputation de bon voisinage, de banque et de bon employeur à réparer.

Reste le gouvernement luxembourgeois pris à contre-pied. Comment parler à une vache sacrée dans le paradis financier ? Le ministre Roth a essayé de lui parler. C’était sans doute une gentille conversation et on s’est quitté avec l’entendement qu’on va se reparler, peut-être brouter un petit repas ensemble, « Dutch treat ». Entretemps Monsieur Mosar, ami de parti de Monsieur Roth, a posé une question parlementaire au ministre Roth. La réponse tournait beaucoup autour des modalités de transfert des comptes d’ING à d’autres banques de la place. On s’éloigne donc déjà d’une discussion sur la cause fondamentale, le fait accompli de la décision unilatérale de la banque de clôturer des petits comptes en masse. On blâme un tiers pour la décision, le poids de la règlementation qui ferait que pour accepter un nouveau client il faudra compter 3 semaines en raison des règles de conformité KYC et anti-blanchiment. C’est cher et long dira ING pour sa défense, et l’ABBL, saisissant l’occasion, chantera la même chanson. Ah, les belles années 1990 et 2000 du secret bancaire !

Sachant qu’en général ce n’est pas le petit compte d’un particulier local qui nous vaut Luxleaks et les Panama Papers, on risque de se limiter à cajoler surtout des oligarques, des politiciens kleptomanes (étrangers bien-sûr), les corrompus du monde et les réfugiés de l’optimisation fiscale. Les réfugiés luxembourgeois, ces dizaines de milliers qui doivent s’expatrier juste au-delà de la frontière parce qu’ils ne peuvent pas se loger au Luxembourg, ils devront aussi expatrier leurs « petits comptes » pour en ouvrir à Arlon, Trèves ou Thionville. Pour le gouvernement luxembourgeois, quelle belle réussite ! Il faudrait sans doute revoir la loi du 13 juin 2017 sur certaines obligations minimales des institutions qui viennent au Luxembourg, qui y sont les bienvenues et profitent des privilèges que leur offre la niche souveraine du centre financier.

Un mot sur l’application des règles KYC du GAFI et les 3 semaines qu’il faut selon la réponse à la question parlementaire pour vérifier chacun des 40.000 noms : hier à Truth Technologies nous avons vérifié 95.000 noms pour un client en à peu près une heure. Nous faisons des milliards de vérifications similaires par an. Les clients d’ING sont déjà revus au moins une fois à l’ouverture des comptes. Il ne faudra donc pas beaucoup de remédiation sur des dossiers déjà revus maintes fois. Pas étonnant que 3 semaines d’interventions manuelles pour l’ouverture d’un compte coûtent du temps et de l’argent, mais est-ce vraiment à ce point ? Si c’était le cas, il y a longtemps que le client payerait des « frais sur règlementation ». Cette réponse qui décrit « compliance » comme un travail de Sisyphus de trois semaines est soit un mensonge, soit témoigne d’un problème d’organisation et de systèmes inadéquats.

Quel gâchis !