Ukraine : Du Sitzkrieg au Blitzkrieg, ou de la Drôle de Guerre à WW III ?
En
Ukraine, l'histoire se répète. Les parallèles avec les années 1930 européennes
sont stupéfiants. La Russie ressort aujourd'hui le vieux manuel allemand. Ou
Poutine joue à Hitler. Voici, en coup par coup et côte à côte le calendrier
allemand d’antan et le calendrier russe actuel. Les deux mènent à la meme
destination : la guerre.
1. Au
début des deux calendriers il y a deux événements historiques. Le traité de
Versailles de 1919 finit par être ressenti par l'opinion publique allemande
comme un Diktat, politisé par Adolf Hitler. L'effondrement de l'Union
Soviétique finalisé en 1991 a laissé de nombreux nostalgiques de l'empire
perdu, parmi lesquels Vladimir Poutine. Les deux hommes ont déterminé que leur
destin était de corriger leurs événements catastrophiques nationaux respectifs.
2.
Les deux hommes ont saisi et consolidé le pouvoir absolu.
3.
Les deux hommes ont renforcé leur armée et ont commencé à exercer leur pouvoir
sur les territoires voisins "précédemment perdus".
4.
Après avoir habitué le monde à leur rhétorique menaçante, vient la phase
suivante d'une guerre non déclarée : Hitler est intervenu dans la guerre civile
espagnole, a annexé les Sudètes de la Tchécoslovaquie en 1938 et l'
"Anschluss" autrichien. La biographie de Poutine comprend un parcours
similaire : il déclenche la guerre en Tchétchénie, la guerre avec la
Géorgie en 2008 et l'annexion de la Crimée en 2015.
5.
Hitler a signé un "pacte de non-agression" avec Staline, sécurisant
sa frontière orientale. Poutine a noué une amitié sans précédent avec la Chine
de Xi, sécurisant ses arrières et alignant ses intérêts sur ceux de la Chine.
6.
Question en suspens : ces pactes sont-ils éphémères ? Staline a
appris en 1941 qu’en effet ils ne valent pas le papier qui se voulait un accord
solennel.
7.
Les puissances européennes ont tenté d'apaiser Hitler. Il convient de noter le
discours du Premier ministre britannique en 1938 au retour d'une réunion à
Munich où il a été attiré par Adolf Hitler. Neville Chamberlain a déclaré qu'il
ramenait « la paix pour notre temps ». Et "Rentrez chez vous et dormez
bien." Ces jours-ci, les puissances occidentales, notamment les présidents
Biden et Macron, ont multiplié les tentatives pour contenir Vladimir Poutine,
le menaçant de sanctions. Leurs efforts d'apaisement n'ont même pas abouti à un
accord de pacotille. Poutine a franchi une ligne le 22 février en envoyant des
troupes russes dans les provinces ukrainiennes dissidentes.
Cette
comparaison côte à côte ressemble à un calendrier copier-coller sur le chemin
de la Troisième Guerre mondiale. En divulguant et en définissant sa réaction
anticipée à une invasion de l'Ukraine comme étant des "sanctions",
l’option militaire occidentale a été retirée de la table. Peut-être pas
explicitement, mais Poutine vient de tester l'Occident en déplaçant des troupes
au-delà de la ligne du statu quo dans les territoires ukrainiens recyclés de la
« République populaire de Donetsk » et de la « République populaire de
Louhansk ». Et il ne voit aucune réaction militaire de l'Occident. Preuve que
les seules conséquences se limiteront aux sanctions. Ce qui ne sera pas tellement
gênant pour les sanctionnés, car l’effet de ces sanctions sera largement
compensé par l'amitié russo-chinoise et les liens commerciaux.
En
géopolitique et en stratégie militaire, il est vain de vouloir sonder les
intentions d'un adversaire. Au lieu de cela, seules comptent ses possibilités
et ce sont celles-ci qui doivent être analysées. Une invasion du reste de
l'Ukraine est-elle imminente ? C'est une possibilité. Militairement, l'Ukraine
est seule, car l'Occident n'a aucun appétit pour la guerre. Poutine considère
que le leadership américain et européen sont faibles. Pire, combien de
Kompromat a-t-il sur les dirigeants occidentaux ? Et il est la solution à la
crise énergétique en Europe qui est en partie auto-infligée. La Chine ne se
mettra pas en travers de son chemin et pourrait utiliser la crise et les
faiblesses perçues de l’Occident comme une invitation à assouvir ses envies sur
Taïwan. Si l'annexion de l'Ukraine est dans les plans de Poutine, comme ses
actions passées semblent le montrer, son moment est venu : un Occident faible,
une Europe sans volonté politique d'appeler aux armes et sans aspirations
militaires, une Chine sympathique et des unités de combat pratiquement en
position d’attaque jouissant de sa supériorité aérienne. Sans parler de l'arme
nucléaire.
Compte
tenu de cet alignement unique des étoiles en faveur de la Russie, un assaut
contre l'Ukraine est une possibilité réelle. C’est l’occasion qui fait le
voleur. Le gouvernement ukrainien vient de mobiliser des unités de réserve. Les
signes pointent vers la guerre.
Nous
verrons alors un scénario classique se dérouler. Ironiquement, il semble
émerger une autre similitude avec 1940, le plan d’attaque allemand « von
Schlieffen ». Le dispositif russe à la frontière est complété par la
présence d’autres forces russes en Biélorussie. Des exercices combinés y
comprenaient l'utilisation de forces aéroportées. La configuration au sol indique
un plan possible copié du plan allemand von Schlieffen, jetant les forces
allemandes à travers le Luxembourg, la Belgique et les Pays-Bas, surprenant les
forces françaises par un mouvement en tenaille. En ce cas une manœuvre
identique à travers la Biélorussie exposerait la capitale Kiev
presqu’instantanément.
Même
si nous avons déjà établi la primauté de l’étude des possibilités d’un
adversaire, la recherche du renseignement connu ace jour nous permet de
spéculer sur les intentions russes en suggérant le scénario suivant :
Nous
saurons que le jour J et l'heure H sont arrivés lorsque des cyberattaques et
des attaques physiques se produisent sur les centres de commandement et de
contrôle ukrainiens. C'est le prélude à une attaque au sol imminente. Les forces
de défense ukrainiennes seront la cible d'une intense "préparation"
d'artillerie, y compris les orgues de Staline. Les exercices en Biélorussie ont
montré la présence de forces aéroportées. Le plan russe serait typique s'il
utilisait une division aéroportée à larguer à proximité d'un objectif clé,
peut-être Kiev. Les forces terrestres de la Biélorussie se frayeraient en
priorité un chemin, à moins de 150 km, vers cette zone de largage d’une
division aéroportée, pour une jonction avec les forces déjà présentes pour
tenir le gouvernement ukrainien a la gorge.
A
côté de Poutine il y aura un autre vainqueur, le Président Xi. Si l’histoire se
répète, il profitera du moment pour la conquête territoriale qui s’appelle
Taiwan.
Et
le Luxembourg dans cela ? Le gouvernement luxembourgeois a fustigé l’incursion
des chars russes dans les provinces ukrainiennes par la voix de son ministre
des Affaires Etrangères Jean Asselborn. En ce faisant, il n’a pas ménagé la chèvre
et le chou. Le Luxembourg est normalement très réservé quant à critiquer la Russie.
La raison en est que le Luxembourg compte parmi les plus importants
investisseurs en Russie. TASS, l’agence russe d’information estime ces
investissements entre 20 et 50 milliards d’euros par an. D’où vient l’argent ?
Très probablement de Russie. Il arrive à Luxembourg, devient luxembourgeois et
retourne en Russie. Vy ponimayete ?
Restent
trois personnages luxembourgeois importants au service d’oligarques russes :
Jeannot Krecké, Etienne Schneider et Jean-Claude Knebeler. Leurs maitres espèrent
échapper aux sanctions. Pourront-ils exaucer leurs vœux ? Comme vétérans d’un
gouvernement de l’OTAN et confidents de ces hommes russes proches du pouvoir,
ils pourront peut-être aider à sauver la paix ? Neville Chamberlain dirait :
» Rentrez chez vous et dormez bien ».
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