Les élections américaines 2020 dans 3 jours
Les sondages sont là : Joe Biden devrait confortablement gagner les élections
ce mardi pour devenir le 46e Président des Etats-Unis. Il pourrait
selon ces sondages également avoir une majorité dans la Maison des Représentants
et dans le Sénat. L’équivalent de pleins pouvoirs.
Les deux candidats en lice ont mené des campagnes très différentes. Le
Coronavirus a dominé les évènements et mis un frein sur les apparitions
publiques des deux candidats. Pour Biden, les restrictions étaient extrêmes,
avec un confinement strict chez lui dans son « sous-sol ». Pour
Trump, sauf quelques annulations, les rallyes publics de grande envergure vont
crescendo jusqu’au dernier jour, avec des milliers de supporters.
Cette différence d’approche est un message par sublimation pour suggérer lequel
des deux candidats a la meilleure réponse à la crise sanitaire. Covid -19 est
une priorité pour les électeurs. La grande priorité reste l’économie. Sous
Trump l’économie américaine brisait tous les records, jusqu’à la chute abrupte
au deuxième trimestre 2020 quand le Covid-19 a virtuellement arrêté l’activité économique.
Elle vient de rejaillir de façon explosive après le confinement au troisième trimestre
avec une croissance annuelle de 33,1% du PNB. Les autres préférences des électeurs
sont plus aléatoires comme par exemple l’assurance maladie qui est fournie par
les employeurs pour 180 millions d’assurés, BLM alors que les minorités noires
et hispaniques ont connu un bien-être historique dans l’économie Trump.
A l’heure actuelle, Biden mène les sondages avec une avance de 8% des
intentions de vote. A l’heure actuelle, 91 millions d’électeurs ont déjà voté, ce
qui si leurs intentions de vote sont comptées correctement, consoliderait l’avance
de Biden, car plus de gens ont voté qu’il y en a qui voteront encore. La
victoire de Biden est la conclusion logique de cet état des choses. A moins que
….
A moins qu’on assiste à une répétition des élections de 2016. L’avance de
Biden est similaire a celle que Hillary Clinton avait sur Trump à la même époque.
Certaines circonstances n’ont pas changé, surtout l’hostilité de la Presse en général
contre Trump, et leur support pour son opposant. Donc ce n’est pas une variable,
et n’a pas empêché Trump de gagner. Et clairement la situation générale et le
message politique des candidats entre ne jeu.
Biden qui est un vieux routier plutôt Prudence Petitpas au milieu du
chemin, s’est vu entrainé vers les franges gauches du parti, avec un programme
environnemental très ambitieux et une augmentation des impôts conséquente. Il
est aussi champion du confinement et parle d’un hiver noir si son opposant
gagne.
Pour Trump, il peut se vanter d’avoir propulsé l’économie vers des sommets
jamais atteints. Il aura sans doute perdu du support parmi ceux qui souhaitent
plus de confinements. Quoique c’est le domaine réservé aux Etats selon le
principe de subsidiarité. Il aura gagné du support dans les communautés noires
et hispaniques, qui pourraient bien le propulser devant Biden sur la ligne d’arrivée.
Eh oui, c’est une possibilité que quelques militants proéminents de Biden brandissent
comme une menace et un encouragement pour que les fidèles aillent voter. Il est
vrai que la campagne menée par le camp Biden, par la force de ses choix et du
confinement extrême du candidat est plutôt endormie et contraste avec l’enthousiasme
des foules qui maintenant plusieurs fois par jour se rendent aux rallyes du Président.
Il est clair que si en ces circonstances Trump fait la surprise encore une
fois, les agences de sondages auront définitivement perdu leur crédibilité.
Evidemment les sources d’erreurs dans les sondages peuvent être multiples.
Une erreur dans l’échantillonnage est la plus banale. Cette erreur peut même être
intentionnelle pour mieux contrôler un résultat désiré. C’est d’autant plus
facile que les électeurs doivent s’enregistrer comme Démocrate, Independent, ou
Républicain et le registre est public. Vient ensuite la méthodologie qui
implique des choix qui gèrent l’échantillonnage et le calendrier des sondages. Et
enfin il y a les erreurs résiduelles et le bruitage. Ce sont des erreurs
difficiles à dépister, tellement leurs origines sont granulaires et ont trait
souvent à la psychologie sociale et aux mouvements inconscients des foules. Un
tel phénomène s’est produit aux élections de 2016. Si cette vaste vague inattendue
a lieu, elle se passe maintenant dans les derniers jours sous notre nez. On ne
la verra pas jusqu’au résultat final.
Pour le Luxembourg le résultat des élections a deux types de conséquences,
toutes les deux avec leurs désavantages.
Une victoire de Biden sera celle d’un vétéran avec 47 ans de service avec
le Delaware comme port d’attache. Il sera un défenseur du Delaware comme havre
de confidentialité, alors que la pression sur les offshores pour révéler les bénéficiaires
économiques de sociétés dans leur juridiction est sans merci. D’ailleurs c’est
une constante démocrate de faire avaler des règles restrictives sur le reste du
monde. Il en a été ainsi sous Bill Clinton et Larry Summers qui en 2001 ont
introduit le « Qualified Intermediary », l’obligation pour les
banques étrangères de rapporter/dénoncer les comptes de contribuables américains.
Puis sous Obama, le QI s’est muté en FATCA, le même concept, mais plus
astreignant. On s’attendra à de nouvelles règlementations de la sorte qui sont
dans les tiroirs du Congrès américain, et qui le plus souvent représentent la même
démarche : une juridiction étrangère qui n’a pas de lois similaires aux
lois américaines, ou qui les a mais ne les applique pas, ou qui ne sanctionne
pas au même niveau que les Etats-Unis devra s’attendre à des sanctions.
Une victoire de Trump sera sans doute une bonne nouvelle pour l’économie américaine
qui comme locomotive pourrait faire bénéficier le reste du monde. La tradition républicaine
est moins intrusive en ce qui concerne l’octroi de nouvelles règles. Quoique
les accords passés sous Obama ont souvent été passés par le loup. Par contre on
assistera à l’essor de services concurrents à ceux de Luxembourg et d’autres
places financières au Nevada, Delaware et Wyoming. Et bien-sûr le rapatriement
de quelque 2.500 milliards de USD en profits internationaux dont une bonne
partie au Luxembourg retourneront aux Etats-Unis grâce à la nouvelle loi d’impôt
de 2018. Mille milliards ont déjà pris le chemin du retour. A ne pas oublier :
la contribution luxembourgeoise à l’OTAN de l’ordre de 2% du PNB seront
vraiment dus. On m’a dit qu’il y avait un « Ramplassang » (1) pour
compenser le manque d’effectifs : un satellite militaire et un avion de
transport pour gonfler le budget.
Un jour il faudra bien que quelqu’un visite Washington ?
(1) “Ramplassang” est
nom donné à un volontaire qui le plus souvent contre compensation a accepté de
remplacer un jeune homme tiré au sort pour servir dans les armées. Pièce de théâtre
d’Edmond de la Fontaine, (Dicks).
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